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Anonymous19 juin 2010 16:00
En réponse à votre article :
Madame, je ne plaindrais pas les conditions de travail des professeurs même si ces conditions comprennent une certaine pénibilité comme le bruit, la chaleur ou la fatigue nerveuse. Vous travaillez seulement je crois 18 heures par semaine en face à face avec les élèves. Et toutes les vacances scolaire (4 mois annuel) ; ce temps de récupération compense les contraintes et la difficulté de votre travail.
Privilégier le qualitatif sur le quantitatif est juste mais vous faite un raccourci en écrivant qu’il vaille mieux avoir un professeur souvent absent, qu’un professeur constamment présent et … incompétent, et en justifiant tout à la fois que « trop d’école, tue l’école ».
A cela je répondrai : « pas assez d’école, tue l’école » et j’ajouterai que la qualité des acquisitions dépend d’une bonne permanence et de la présence des professeurs avec leurs élèves.Et si certains professeurs… font des dépressions, développent des cancers et des maladies rares…, je souhaiterais que vous précisiez quels sont ces affections qui les touchent plus particulièrement.
Vous avez malgré tout un peu raison dans ce que vous écrivez mais encore faut-il utiliser sa force au moyen d’un bon générateur. L’absentéisme des professeurs aux cours est une chose récurrente que j’ai pu constater même si ce ne sont pas forcément des arrêts de maladies, mais des temps de réunions, des formations, des passages de brevets etc. Je vois cela comme une forme de dispersion dans le travail qui rend difficile de « tenir une classe » tout au long de l’année scolaire.
Ceci n’est que mon avis et je ne doute pas un seul instant qu’il faille trouver la motivation nécessaire pour se rendre au travail.
Personnellement, pour mes deux plus jeunes enfants, je n’ai qu’une seule hâte c’est qu’ils passent le cap de la troisième. Comme avec mon aîné, un tri à été fait ou plutôt une sélection. Je constate seulement mais n’explique rien car le problème est sociétal et il n’existe pas d’algorithmes simples pour le résoudre.
J’ai bien peur que l’école qui devrait ressembler à un sanctuaire, ne s’éloigne trop de ses missions et de ses valeurs.
Cordialement
Madame,
En réponse à votre commentaire.
Concernant l’absentéisme des professeurs, je ne vais pas vous contredire puisque je ne connais ni le collège, ni la classe de votre enfant.
Pour ma part, et cela fait maintenant plus de 17 ans que j’enseigne, la moyenne de mes absences a été une semaine à deux maximum par an. En dehors de ces deux dernières années où j’ai participé à des projets). Ce qui n’est pas beaucoup au regard des conditions de travail (car j’ai passé 11 ans en collège). J’ai eu pour ma part des collègues qui en grande majorité étaient assidus et les « cas » de professeurs constamment absentéistes étaient plutôt une minorité.
Pour vous répondre franchement,et au risque de vous choquer, je comprends cet absentéisme. Et il faut avoir travaillé en collège pour le comprendre. Beaucoup de parents affirment qu’ils n’arrivent pas à gérer leur unique ou leur binôme d’adolescents, et on nous demande de gérer 30 adolescents, en pleine crise (et ce n’est pas triste, je vous assure). C’est un travail particulier, difficile et parfois inhumain.
Vos enfants chéris adorables, peuvent se révéler adorables en groupes, mais en général les plus adorables sont infectes en groupes. Ils se sentent « couverts » par le nombre. D’ailleurs ils prononcent souvent la fatidique phrase « je n’étais pas le seul ». Ce qui justifie les écarts de conduite et les excès en tout genre.Il faut leur apprendre que la dilution dans le nombre n’enlève pas la responsabilité d’en faire partie.
Il faut savoir que le bruit dans un collège est infernal, et ce serait bien de faire cette expérience enrichissante de passer ne serait-ce qu’une journée au collège.
A mon avis, vous seriez surprise et vous risqueriez de nous trouver finalement pas si mal.
Pour ma part, je suis partie du collège en pensant qu’ils ne méritaient pas un si bon professeur, et qu’ils méritaient des professeurs précisément du type que vous décrivez.
C’était une question de survie.Ceux qui nous imposent des classes surchargées oublient souvent (ou peut-être ignorent) qu’un adolescent est un homme qui a un cerveau qui n’est pas « terminé ». Certaines notions comme les limites sont mal perçues.
La véritable réforme du collège aurait été de dédoubler systématiquement les classes. En collège on ne devrait JAMAIS avoir plus de 15 (je dis bien 15) élèves par classe.
Si on veut en mettre 30, il faudrait que nous ayons des assistants d’éducation DANS les classes.
Avec les dispositions prises « soit disant modernes », de laisser aux familles le soin d’accepter le redoublement ou pas, la catastrophe s’est accentuée.
Les enfants n’ont plus peur de redoubler, les parents vont faire appel et ils passeront. Le professeur n’a donc pas de moyen de pression pour s’imposer.
Résultat déplorable. On nous a retiré TOUT pouvoir :
– on n’a plus le droit de donner des avertissements,
– on n’a plus le droit de se prononcer contre le passage (de toute façon ça ne sert à rien).
Certains ont très bien compris le système et ce sont de loin les plus intelligents, ils nous narguent toute l’année…Ils savent qu’ils passent d’année en année, sans avoir acquis les connaissances et méthodes requises.
Et après on s’étonne qu’il soit TRES difficile d’obtenir le calme dans une salle de classe, afin que les conditions de travail soient correctes. La démocratisation nuit en réalité à la démocratisation quand une minorité empêche une majorité de travailler.
Le résultat est que c’est très dur nerveusement de subir cela et certains professeurs craquent, développent des maladies…
On n’est pas à l’abri d’enfants dont les parents ont oublié qu’il leur incombe de leur apprendre les règles élémentaires de la politesse.
Et dans ces conditions, il nous arrive en effet, d être malades car nous ne sommes pas des machines. Mes collègues sont nombreux à ne pas avoir vocation à jouer les gendarmes, et c’est ce qu’on demande en réalité à un enseignant en collège. L’expression « tenir le groupe » est une formule qui cache une terrible réalité. Certains sont déjà alcooliques, fument des joints, d’autres viennent avec des armes blanches dans l’établissement et on n’a pas le droit de les fouiller, on s’en aperçoit quand ils les sortent pour blesser un autre camarade. Parfois on doit gérer des jeunes qui ont déjà un casier judiciaire (cela m’est personnellement arrivé)…
Par ailleurs, je ne crois pas pour ma part que le problème du système scolaire soit que les enfants « aient des cours ». Je crois plutôt que le problème est qu’ils en aient trop, dans de mauvaises conditions et mal répartis sur la journée et sur l’année, en dépit du bon sens et en dépit du climat.
Grosso modo, aux Antilles, ils ont des cours au moment où il fait beau dehors et qu’ils rêvent d’aller à la plage, et on leur donne leurs vacances scolaires au moment où il pleut et qu’ils sont enfermés dans les maisons (j’ai déjà développé ce que je pense de la journée de travail dans mon article). Pour ceux qui ont la chance de pouvoir partir en métropole… c’est bien, mais pour ceux qui ne peuvent pas, c’est une violence annuelle qu’ils subissent.
L’enseignement a fait beaucoup de progrès les professeurs d’aujourd’hui n’enseignent pas comme ceux des années 1950, la pédagogie n’est pas la même, ni le rapport à l’élève, mais je crois sincèrement que les conditions de travail se sont considérablement aggravées et que nous avons un métier très difficile. Et paradoxalement, alors que nous travaillons de plus en plus dans de mauvaises conditions, que nous sommes de plus en plus compétents, nos salaires sont de moins en moins à la hauteur du travail demandé.
Travail d’autant plus difficile que nombreux sont ceux qui croient pouvoir s’improviser enseignant, et nombreux sont ceux qui nous méprisent. Et les maigres avantages qu’ils nous restent encore sont vécus comme des privilèges intolérables.
Resterait à construire (on peut toujours rêver) une école respectueuse des enfants, des enseignants et de l’environnement dans lequel ils vivent et de notre époque et qui se préoccupe autant du bien-être du personnel que des élèves et non pas seulement agrippée aux résultats, plongeant ainsi les enfants dans un esprit de compétitivité prématurément.
Pour le collège : il faudrait reconnaître sa pénibilité, et faire des classes de 15 élèves maximum.
– Avec une aération (ou climatisation) correcte dans les salles.
– Toutes les salles équipées de matériel audiovisuel (vidéoprojecteur,son correct, écran au moins).
– Avec un vrai accompagnement individuel (et à l’emploi du temps des professeurs) et soutien personnel. (et non pas des travaux de groupes). Ce système existe au Canada, pourquoi pas en France, sommes-nous incapables de faire ce que les canadiens font ?
J’aime mieux vous dire, Madame, et avec regret, que l’on ne s’achemine pas vers une école de ce type et à la rentrée prochaine vous allez peut-être découvrir que la classe de votre entant est surchargée, et que certains professeurs… font des dépressions, développent des cancers et des maladies rares… et avec la retraite maintenant bientôt à 62 ans, il se pourrait bien que mémé-professeur décède devant eux ! Alors, au lieu de vous attaquer aux troupes, attaquez vous aux généraux qui prennent des décisions pour notre école car nous ne sommes que les employés d’un système malade.
Je ne suis pas sûre de vous avoir rassurée, si ce n’est sur un point que je voulais vous faire partager : pour ma part, je ne suis pas certaine que le meilleur de ce que j’enseigne soit dans la « quantité » des heures de cours dispensées, sinon dans la qualité des cours proposés. Et j’ai tendance à penser qu’il vaut mieux avoir eu d’excellents cours, même avoir un professeur souvent absent, qu’un professeur constamment présent et… incompétent. Je prononce souvent la phrase « trop d’école, tue l’école ». Je le crois sincèrement.
Bien sûr l’idéal serait d’avoir des personnes présentes et compétentes, je sais bien. Ce que l’on arriverait à faire en tenant compte du bien-être des personnes.
Ce que j’entends aussi, et c’est ce que la société nous renvoie quand on est en grève, c’est qu’on nous demande plus d' »être là », que d’être efficace.
En réalité, j’ai plutôt eu l’impression qu’on nous demande de « garder » les enfants que de leur apprendre des choses intelligentes qui les font progresser. Une heure de cours me demande une dépense énorme d’énergie, et une heure n’équivaut pas à une heure dans un autre métier (absolument pas car j’en ai exercé d’autres). Là encore, il faudrait l’avoir vécu. Ceux qui le comprennent mieux ce sont ceux qui ont eu à assurer des stages ou à faire des conférences. Ils savent quel effort on doit déployer pour transmettre et gérer un groupe. Et ils sont les premiers à nous demander « comment faites-vous ! ?) Imaginez 8 heures par jour de cours. J’ai eu des journées comme cela, on termine sur les rotules. Huit heures de cours par jour cela n’est pas équivalent à 8 heures de travail dans un autre emploi. Ceux qui le prétendraient mentiraient ou pêcheraient par ignorance.
J’ai très peu été complimentée par les parents sur la qualité de mes cours. Par contre j’entends beaucoup de critiques quand j’ose prendre une journée ou deux pour un projet.
Voilà donc pour ce que m’inspire votre commentaire.
Ne vous y trompez pas, j’ai juste voulu vous éclairer sur le métier et vous donner mon ressenti de professeur.
Je sais bien que le ressenti du parent n’est pas le même, puisque je suis moi-même parent. Cependant, je ne refuse jamais à mon enfant une journée de repos quand je sens qu’il est fatigué. Sans doute parce que je crois que le « trop » est ennemi du bien.
Et qu’il faut savoir dire stop quand le système s’affole. Cependant je sais aussi que la régularité du travail est un facteur de réussite. Apprendre à son enfant à se mettre régulièrement à travailler une ou deux heures le soir. Lui apprendre à approfondir ou à travailler le matin le WE par exemple et à se donner du temps de repos dans l’après-midi…
J’espère que j’ai pu vous éclairer sur le collège et les conditions de travail de mes collègues. Cependant ce ne sont que mes idées et d’autres collègues pourraient ne pas avoir les mêmes positions sur les mêmes questions.
Concernant le développement durable : le développement durable c’est aussi prendre soin de nos enfants. Au sujet de la climatisation, au lieu d’envisager l’arrêt de son utilisation comme j’ai pu voir suggérer à la télévision, ce serait plus intelligent d’envisager des systèmes de refroidissement de l’air qui préservent l’environnement. C’est comme si on demandait aux personnes dans l’hexagone d’arrêter de se chauffer en hiver pour faire des économies d’énergie ! Quelle personne sensée y songerait ?
Je suis certaine que ce ne serait si compliqué, mais l’homme aime à penser que tout est impossible, et ce sera ainsi jusqu’à ce qu’on trouve effectivement des systèmes de refroidissement qui respectent l’atmosphère.
Bonsoir Madame et merci encore pour votre commentaire.
Publié il y a 20th October 2012 par Marie-Line Mouriesse
Bonjour, j’ai toujours plaisir à vous lire dans vos différents articles.
Message ci-dessous écrit d’un trait en m’autocensurant de certains commentaires qui n’aurait sans doute pas leur place ici:
Concernant l’emploi du temps de ma fille je ne fais que constater des heures mal réparties en prenant pour exemple le fait d’imposer aux élèves de sa classe des cours le mercredi matin à partir de 8h, soit 1h de soutien scolaire et 1h de mathématiques. Inutile de vous dire que les heures de soutien scolaire sont peu opérantes car il n’existe pas de prise en charge réelle des élèves (tout au long de l’année ils utilisent des cartes à jouer et des Ds Nitendo ou les téléphones portables pour ceux qui en possèdent même si c’est interdit dans l’établissement). Néanmoins même si ma fille connaît mes réticences par rapport à un système scolaire parfois absurde je l’oblige à se lever et suivre une heure de cours le mercredi matin. Evidemment j’aurais beaucoup d’autres exemples à citer, où des cours sont annulés pour des temps de concertation des enseignants sur des heures de cours ou bien tout simplement le fait que les élèves rendent les manuels scolaires le 17 juin. Est-ce possible que le rectorat cautionne une fin d’année scolaire au 17 juin ?, (en réalité bien avant). Les cours s’arrêtent avec un effectif de 4 élèves dans sa classe. 66h de cours non dispensés au 3ème trimestre jusqu’au 17 juin, c’est beaucoup trop! Tout les quatre ans c’est plus d’une année scolaire qui s’envole et encore si dame nature nous laisse tranquille. L’année dernière avec la grande grève je pensais que des mesures seraient prises pour endiguer tout ce retard scolaire mais non! Je pense malheureusement que le système scolaire n’est pas contenant pour nos jeunes comme il le faudrait et qu’il existe un laxisme ambiant général. Je ne cherche pas à jeter la pierre sur le corps enseignant car je sais que des professeurs tiennent à cœur leur travail mais pas tous.
Je sais aussi que l’on peut toujours rêver d’une scolarité studieuse et sereine car l’institution scolaire est mise à mal depuis des années par des différentes réformes qui ne font que fragiliser le corps enseignants. A mon avis l’on va vers une privatisation de l’école si l’on possède les moyens financiers. C’est ce que je constate dans mon entourage.
Vous parler de démocratisation qui nuit en réalité à la démocratisation quand une minorité empêche une majorité de travailler. J’en déduis peut-être rapidement soit, qu’il faut maintenir des classes de niveau pour préserver un nivellement par le haut plutôt que par le bas. Et qu’il faut jouer par un système d’option (latin ou des langues) pour être dans une bonne classe.
Merci de m’avoir lu. Cordialement
Une maman en colère et désabusée
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