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Le Pérou est entré dans une terrible violence politique, du jamais vu depuis les années 80 (événements du sentier lumineux). Depuis maintenant deux mois, les indiens manifestent contre une serie de lois qui ouvrent les forêts communautaires à des compagnies d’exploitation gazière , pétrolière, minière, et à l’exploitation du bois. Une vraie manne financière pour les multinationales, compte-tenu de la flambée des cours des matières premières comme le bois, le pétrole, le gaz…
La récente découverte de nombreux gisements importants menace de détruire la forêt qui est le lieu de vie des amérindiens. Ces gisements deviennent aujourd’hui rentables, malgré l’éloignement et les travaux nécessaires.

Ces affrontements violents au Pérou ont eu lieu vendredi 5 juin 2009 entre les forces de l’ordre du président Alan Garcia et les amérindiens organisés par l’AIDESEP, avec pour leader Alberto Pizango (ci-contre). L’AIDESEP, c’est un collectif qui représente un total de 600 000 amérindiens, 65 groupes ethniques et 1300 communautés.
Alberto Pizango est le défenseur des communautés amérindiennes dans ce conflit. Actuellement il est recherché par la police d’Alan Garcia, et réfugié à la mission diplomatique du Nicaragua à Lima. Le gouvernement d’Alan Garcia, un des rares gouvernement de droite d’Amérique latine se distingue par sa politique favorable aux mulinationales internationales de toutes nationalités : Perenco (compagnie franco-britannique, Petrolifera (compagnie canadienne), Repsol (Compagnie espagnole) Petrobras (compagnie brésilienne) , pour ne citer que celles-ci.

Si ce n’est plus le Pérou des amérindiens, car les terres de leurs ancêtres ont été spoliées par les colonisateurs, c’est en revanche le Pérou pour les multinationales internationales ! C’est aussi une source non négligeable de revenus pour le gouvernement péruvien qui touche des royalties des multinationales en question.

Les forces de l’ordre péruviennes sont entrées en conflit avec les amérindiens. Conflit d’intérêt, les amérindiens cherchant à protéger et à préserver leur milieu de vie, le gouvernement péruvien à trouver des ressources financières.

Les amérindiens avaient ainsi effectué des barrages en bloquant les routes et les rivières en Amazonie péruvienne, 5.000 Indiens du Pérou ont tenu un barrage routier dans la région Amazonas à Bagua. La Police Nationale du Pérou depuis des hélicoptères a tué environ 50 manifestants et fait plus de deux cents blessés. Le couvre-feu a été immédiatement décrété et de nombreuses arrestations de militants ont eu lieu, y compris même au sein des hôpitaux où des blessés ont été arrêtés. On dénombre également de nombreux disparus.

Cependant, le conflit en réalité a commencé en 2008, en août, 12.000 amérindiens avaient protesté contr le loi qu’ils avaient appelé ironiquement « la loi de la jungle », qui consistait en un accord donné par le gouvernement aux multinationales, leur permettant l’achat des terres indigènes, alors que celles-ci sont le lieu de vie des communautés locales. A cette occasion, les amérindiens avaient manifesté leur désapprobation en occupant l’usine hydro-électrique d’El Muyo (de la firme Oriental Electric Corp), mais également les installations gazières de Camisa, où se trouve le plus important gisement péruvien et des plateformes et bâtiments pétroliers dans le sud du pays, des immeubles publics avaient été occupés ainsi qu’une partie d’un oléoduc dans le nord du pays. Al’époque des membres de l’ORPIAN (Organisation régionale des peuples indigènes du nord de l’Amazone) avaient bloqué des routes et des ponts. C’est dire que le conflit ne date pas d’hier, et que les dernières terres des amérindiens sont devenues aujourd’hui des espaces où la convoitise mondiale s’exerce, d’autant plus facilement que le gouvernement penche en faveur du capitalisme. Reste à savoir si le capitalisme de Garcia aura suffisamment d’humanisme pour envisager avec bienveillance la revendication des natifs.

D’autre part, les européens, constitués en lobbies écologistes armés de l’argument d’un écologie mondiale, réclament que ce « poumon de la planète » qu’est l’Amazonie soit préservé des ravages de l’utra-capitalisme. Thèse intéressante, prononcée par les européens, qui ont défriché depuis le 14ème siècle, qui ont pollué la terre entière depuis le 17ème et qui maintenant viennent faire la morale aux peuples d’Amérique latine qui cherchent à exploiter les ressources minières, exploitées par leurs propres multinationales.
On n’a pas fini avec les paradoxes de la triade, cette triple entente financière, qui pille le monde et ensuite qui fait la morale à tout le monde.
Concernant la préservation de la forêt amazonienne comme espace amérindien à protéger, je considère cet argument fondamental, qui n’a pas besoin de support écologique pour être recevable. C’est une simple question politique. les amérindiens doivent conserver leur territoire et en faire ce qu’ils veulent, préserver leurs arbres, exploiter leur pétrole ou non, ce doit être leur choix de vie.
Il n’est ni acceptable ni pensable qu’on doive leur expliquer comment gérer leur territoire. Et si les amérindiens du Pérou venaient vous expliquer qu’il faut que vous préserviez votre forêt de Fontainebleau pour l’oxygène mondial, je ne sais pas comment vous réagiriez.
Concernant l’importance de cette forêt amzonienne pour l’oxygène mondial, si l’on veut faire pression sur les peuples indigènes pour éviter la déforestation, il faudrait une compensation financière mondiale en contrepartie, une sorte d' »impôt sur l’oxygène » payé par les puissances de la Triade, qui ont largement contribué à la dégradation de l’atmosphère mondiale, où bien que la Triade, se décide à replanter, ce qu’elle a déforesté !
Les amérindiens n’ont pas fini de se battre, pour défendre un territoire, qui somme toute est l’objet de convoitises, pas seulement pour le pétrole, le gaz , le bois, mais aussi pour la biodiversité et l’oxygène maintenant. Pourquoi devraient-ils réparer aujourd’hui au niveau mondial ce que les occidentaux ont contribué à dégrader ?
Le chamane amérindien du Brésil, Davi Kopenawa, aurait déclaré à ce sujet que « la terre n’a pas de prix, qu’elle n’appartient à personne… » Phrase à méditer par les capitalistes pour qui la terre des autres leur appartient.

Marie-Line Mouriesse.
Sources (pour les informations sur le conflit – les prises de position sont personnelles).
– www.survival-international.com
– http://rue-affre.20minutes-blogs.fr
www.developpementdurablelejournal.com

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10 ans d'engagement social et politique. Droit d'auteur © 2015 par Marie-Line Mouriesse est sous licence License Creative Commons Attribution - Partage dans les mêmes conditions 4.0 International, sauf indication contraire.

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