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Pourquoi faut-il lutter contre la mondialisation ?
J’ai visionné une conférence de l’économiste italien  Riccardo Petrella , qu’avait mis en ligne un facebookien.
J’espère que ce compte-rendu vous fera connaître cet économiste et politologue italien et que vous comprendrez mieux mon militantisme altermondialiste, et par conséquent mon opposition à la mondialisation actuelle. Pour comprendre mon opposition, il faut avoir en mémoire que la mondialisation n’est pas uniquement réduite aux échanges internationaux. La mondialisation touche à la sphère politique, à l’idéologie économique même (elle impose le libéralisme comme postulat dogmatique), elle revêt un volet culturel également. Elle draine une idée du monde, que tout le monde ne partage pas nécessairement, une idéologie de la domination du pouvoir économique sur le politique, elle contribue à affaiblir la souveraineté des peuples ; Elle pose le postulat de la dérèglementation comme profitant à l’ensemble des citoyens. Et comme ce postulat est erroné (l’ensemble des citoyens ne tire pas profit de la dérèglementation, bien au contraire), il faut bien reconnaître qu’une autre politique est possible. Une politique qui redonne à la sphère publique son pouvoir qui était le garant des abus de la sphère privée et protecteur des peuples.

Je vous soumet mon résumé des principaux arguments de Riccardo Petrella dans cette conférence.

Compte-rendu de la conférence : « Les pièges de la mondialisation ».

1) Le constat du caractère inéluctable, irrésistible de la mondialisation.

On présente généralement la mondialisation comme un phénomène contre lequel on ne peut s’opposer, comme un phénomène consécutif au progrès contre lequel il serait absurde de lutter, et par conséquent il faut serait sage de « s’adapter », sinon, vous serez balayé, car vous ne serez pas « compétitif ».

2) Et contre quoi faudrait-il ne pas lutter ?

Il ne faudrait pas lutter contre les transactions financières, les flux d’informations, les flux de marchandises… bien évidemment qui circulent dans nos économies occidentales.

3) La mondialisation transforme le monde en « village mondial ».

Elle réduit les distances, elle permet au monde de communiquer d’un continent à l’autre. On ne peut lutter car cela participe de l’accélération de l’histoire liée aux progrès technologiques.

4) Saturation des marchés et besoins des populations.

Dans les années 70, on s’était aperçu, alors que les économies occidentales commençaient à subir les contrecoups de la crise, que les marchés pouvaient être « saturés ».
On parle de saturation des marchés lorsque l’offre est supérieure à la demande. le marché automobile, par exemple est saturé dans la mesure où sur environ 30 millions de véhicules produits, 8 à 9 millions sont invendus.
Cela ne signifie pas que les besoins de la société sont saturés. Les besoins du marché ne sont pas les besoins de la société. c’est une supercherie d’affirmer que les marchés expriment les besoins de la société, les marchés m’expriment que leurs propres besoins.

Les besoins de la société, eux, ne sont pas saturés :
Actuellement dans le monde :
– 1 milliard d’hommes manquent d’eau
– 1 millard meurt de faim
– 3 milliards n’ont pas accès au téléphone ou n’ont pas de lignes.
– 1,300 milliard n’ont pas accès aux médicaments.
Pourtant le marché des médicaments est dit « saturé ».
Car le Marché ne produit pas de médicaments pour ceux qui en ont besoin, mais pour les sociétés occidentales qui sont surmédicalisées. Car ceux qui en ont besoin ne sont pas solvables. Donc ils n’existent pas pour le « Marché ».
En réalité les laboratoires pharmaceutiques produisent des médicaments pour ceux qui n’en ont pas besoin.

5) Il faut tuer le soldat « Providence » (Le Welfare nuit aux profits !).

Dans les années 70, l’Etat-providence a été accusé d’être la cause de la baisse des profits, il fallait donc remédier à la situation en s’attaquant sur deux fronts :
– D’une part s’assurer de bas salaires en se comportant en déserteur (en délocalisant les entreprises); L’entreprise Ford par exemple a délocalisé en Corée du Sud dès 1950. (NDA-et ainsi profiter des sociétés moins développées)

– D’autre part, s’attaquer aux taxes (aux impôts) .

Le principe de l’Etat-Providence était basé sur la nécessité de redistribuer une partie des richesses produites issues des marchés. D’une part, on redistribuait :
– sous la forme d’augmentation des salaires
– sous la forme de transferts à l’Etat qui lui même développait les hôpitaux, les sevices publics : l’éducation etc…
– D’autre part, la redistribution s’opérait en baissant les prix, ainsi le pouvoir d’achat des population augmentait.

Les capitalistes se sont donc attaqués à la taxation, aux syndicats (ils les ont affaiblis), aux salaires (les gens gagnaient trop, le coût du travail était TROP élevé !). Il fallait donc : baisser les salaires mais augmenter les revenus financiers.

6) Ce sont les marchés financiers qui font la loi aujourd’hui, et les états… dorment.

Les multinationales sont plus puissantes aujourd’hui que les parlements nationaux.
Mais quelle est la légitimité des marchés financiers ?
Ils représentent qui ?

7) La prétendue « régulation du marché », auto-régulation ou les privatisations en masse.

On a telement privatisé, que maintenant même les prisons aux USA sont privatisées. Il y a aux USA 1, 800 000 personnes dans les prisons. Aux USA, on met les chômeurs dans les prisons, ainsi ils ne sont pas comptés dans les statistiques du chômage. Aucun pays au monde n’a autant de personnes dans les prisons. Pourquoi ? « Because it’s a very good business ».
L’ancienne ministre du travail de l’administration Clinton avait dénoncé cela, et s’était retrouvée remerciée.

L’eau est encore le seul domaine a avoir échappé à la privatisation. Mais au Canada, la question est d’actualité et on parle de la privatiser. C’est un marché juteux. On parle d' »Or bleu ».
Il s’agit en fait de s’approprier un bien collectif pour des profits privés.

8) Bien investir… être « compétitif », flexible.

Le plus « compétitif » est celui qui dit d’investir comme ci ou comme ça et qui a été capable de conquérir des parts de marché.
On parle de « flexibilité » lorsque l’on s’adapte au client…
La seule logique est celle de la fructification du capital.

La règle est de maximiser le capital privé même si celui-ci ne profite qu’au capital mais pas aux populations.

9) La définition de la mondialisation selon Riccardo Petrella.

La mondialisation c’est l’ensemble des règles, des mécanismes, des institutions qui légitimisent le fait que le principe organisateur de l’économie mondiale, c’est faire en sorte que le capital privé puisse maximiser son utilité.

Quel est le progrès scientifique et technique ?
– Quel est le progrès politique ?
– Quel progrès social ?

On nous enseigne aujourd’hui partout que le seul principe raisonnable c’est de créer le marché le plus compétitif; tant qu’on laisse le marché régler l’économie, on laisse le meilleur gagner.
« The winner takes all ». C’est le jackpot.
Les autres qui n’arrivent pas à être compétitifs, ce sont des loosers.

C’est à ce discours sur la mondialisation que l’on veut vous voir adhérer.

10) Quelles sont les conséquences de la mondialisation dans le monde actuel.

a) Le démantèlement de l’Etat-Providence. (Le welfare)
b) La diminution du pouvoir des états au profit des multinationales.
c) la réduction des déficits publics
d) La réduction des dépenses de santé, et des dépenses sociales en général.
e) la réduction par conséquent des transferts sociaux
f) Et donc : l’appauvrissement des populations;
c’est pour cette raison que les écarts sociaux se creusent.

11) Pourquoi les populations s’appauvrissent-elles aujourd’hui ?

Parce que le revenu des population est composé du revenu direct (les salaires) additionné des transferts sociaux (les médicaments, les hôpitaux, l’école gratuite).

Si les salaires baissent et que les transferts sociaux diminuent, le pouvoir d’achat diminue.

NDAuteur du blog : C’est pour cette raison que nous nous appauvrissons en France aujourd’hui avec la politique actuelle qui est ennemie du peuple, il est temps que les français s’en rendent compte !)

12) L’homme est devenu une « ressource humaine ».

une ressource humaine se doit d’être « rentable ». C’est pour cette raison qu’il n’est pas judicieux d’atteindre 50 ans, parce que vous ne devenez plus « rentable » et que vous risquez d’être sans emploi, mis à la retraite anticipée…
NDA Blog : C’est pour cette raison que les décisions en matière de retraite vont à l’encontre du bon sens, cela signifie tout simplement que des milliers des gens vont se retrouver dans la pauvreté car ils ne toucheront plus de retraite « pleine », qu’ils n’auront plus les moyens de se soigner (car les soins deviennent de plus en plus chers)/ mais qu’importe, n’est-ce pas, ce sont des « loosers » qui ne sont pas « compétitifs, pas « flexibles, qui n’ont rien compris au Système mondialisé !)

13) L’Apartheid social selon Ricardo Petrella.

C’est le monde divisé en deux : les pauvres d’un côté et les riches de l’autre.
Pour illustrer, aux USA, en 1960, 1 % de la population se partageait 22 % de la richesse nationale. En 1996, 1 % de la population se partage 44 % de la richesse nationale.
Et 42 millions d’américains n’ont pas de protection médicale, alors que c’est … dit-on le pays le plus développé au monde 🙂

14) Vos enfants qui ne seront pas « compétitifs » seront laissés pour compte.

On vous parle de « guerre économique », de « lutte pour la conquête des marchés ».
Avec le système actuel nos enfants n’auront pas intérêt à s’intéresser à la littérature byzantine au 15ème siècle, parce que ce n’est pas « compétitif ».
l’éducation n’a plus pour fonction de former des citoyens mais des « ressources humaines, compétives, flexibles, polyvalentes ».

15) Que faire ? Comment lutter, ne sommes-nous pas « impuissants » ?

1) Il faut lutter contre l’idée d’être « impuissants », il faut redécouvrir notre pouvoir.

2) Il faut se convaincre que la mondialisation n’est pas inéluctable. C’est comme si la mondialisation conduisait la voiture, pour l’instant vous êtes dans le coffre. Il faut reprendre le volant et diriger vos états.

3) Devenez des militants de la révolte anti-mondialisation.

La crise de l’Asie du sud est, cela a été concrètement :
– 80 millions d’indonésiens (sur 280) qui sont tombés du jour au lendemain dans la pauvreté,
– 10 millions de coréens (sur 40)
– 40 millions de russes.

En tout 120 millions de personnes sont devenues, du jour au lendemain, pauvres.

Quand les choses vont mal, on prend conscience que les règles du système mondial sont mauvaises.

4) Il faut taxer les revenus financiers.

Il faut rétablir l’ordre logique des choses : ce sont les finances qui doivent être au service des hommes et non l’inverse;
Il faut taxer les revenus financiers ;
Aujourd’hui, Chaque JOUR, 2000 milliards de dollars sont échangés dans des transactions financières, et seulement 10 % de cette somme profite à nos revenus réels; L’argent n’est donc pas redistribué mais sert à gonfler à nouveau le capital des mêmes actionnaires qui ne participent pas à l’enrichissement général ni au bien-être de l’ensemble des populations.

5) Que faire ? Comment lutter ?

Il faut lutter politiquement, seule une lutte sociale et politique peut remettre l’ordre des choses en place. Si on ne fait rien c’est la moitié de l’humanité qui sera dans la pauvreté.


 

Eloge de la solidarité :

https://vertigo.revues.org/5208

Six idées qui changent le monde :

https://www.youtube.com/watch?v=GNK9Fh15c_k
Publié il y a 17th October 2010 par Marie-Line Mouriesse

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10 ans d'engagement social et politique. Droit d'auteur © 2015 par Marie-Line Mouriesse est sous licence License Creative Commons Attribution - Partage dans les mêmes conditions 4.0 International, sauf indication contraire.

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