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Le time off dans le système scolaire aux Antilles

Et si on appliquait ce principe du time off pour le système scolaire ?

S’arrêter de travailler : une véritable source d’inspiration pour ce designer amoureux de musique qu’est Stefan Sagmeister.
Dans l’éducation Nationale, on devrait y penser mais adapté à l’année scolaire : une modification des rythmes, pour plus d’efficacité, mais aussi pour que les élèves et les professeurs se ressourcent, car il n’y a pas que l’école, dans la vie.

Deux semaines à Toussaint et à Carnaval au lieu d’une, retirées sur début juillet (1ère semaine) et fin août (dernière semaine).
Ces moment-là sont des moments de fatigue intense. Mieux réparties, les vacances permettraient aux professeurs et aux élèves de mieux s’organiser dans leur travail). Le côté chaotique des rythmes sur l’année est énergétivore. Sans énergie, vous ne pouvez être efficace.La régularité est un facteur d’organisation.

Veut-on vraiment une éducation efficace ou seulement parquer les enfants parce que ça « arrange les parents » et la société de manière globale ?
Qu’est-ce que l’on cherche à avoir car enfin pour arriver à des « résultats » comme on aime à dire dans les EPLE, et bien il faut avoir une idée claire de ses objectifs.
On doit faire des choix.Et parfois trancher dans le vif et ne pas s’attendre à ce que tout le monde adhère au premier essai. Car on sait bien que la « nature a horreur du … changement ».
Les rythmes sur la journée aux Antilles doivent aussi être repensés car ils sont inadaptés à la réalité locale qui est différente de la réalité métropolitaine.

Par exemple un enfant en métropole se lève vers 7 heures, va en cours vers 8 heures (à une heure près), donc il mange à midi, ce qui est logique, c’est à dire 4 heures après.

Un enfant aux Antilles se lève en moyenne à 5 heures, mange à 12 heures, c’est à dire qu’on lui impose un jeûne de 7 heures au lieu de 4 dans l’autre cas. Alors je vois d’ici ceux qui vont m’expliquer que les enfants mangent tout le temps, prennent des goûters.. Déjà, ce ne sont pas tous les enfants et ensuite, c’est une question de survie, car celui qui ne mange pas à 10 heures a tout simplement faim. Comment pouvez-vous imaginer les conditions de travail d’un enfant qui n’a pas mangé le matin, qui n’a pas de goûter et qui attend la cantine pour son repas de midi. Je vous laisse imaginer et ce n’est pas rare; Après on s’étonne des difficultés des enfants aux Antilles.
Evidemment certains s’imaginent que c’est fantastique, qu’on est sous les cocotiers et qu’on a du 30 degrés toute l’année. Personne ne semble réaliser que 30 ° pour travailler sans climatisation c’est tout simplement infernal, c’est comme si on imposait à un petit métropolitain de travailler en plein hiver sans chauffage, pauvre petit…ou de travailler en pleine canicule, si vous préférez. Mais quand on impose cela à nos enfants aux Antilles, c’est normal, n’est-ce pas. Ils devraient s’estimer heureux ?
Personnellement j’ai travaillé dans les deux conditions car j’ai passé 7 ans étudiante en métropole et j’ai trouvé beaucoup plus facile de travailler dans le froid que dans la chaleur. Ah, ça dérange vos certitudes ?
J’espère bien que oui, parce que les certitudes sont les ennemies du progrès, elles empêchent de voir le monde de demain à la lumière de changements salutaires. Les changements salutaires, qu’on soit bien d’accord, ce n’est pas demander aux personnes de se transformer en bête de somme, car certains en ont l’impression. A voir certains management…
Le progrès c’est précisément tenir compte de l’humain, pour optimiser son bien-être et optimiser son efficacité, ce serait ça le progrès et ce n’est pas « utopique » c’est tout simplement de la réflexion. En France, la tradition voudrait que travailler se fasse dans la douleur, d’ailleurs le mot signifie « torture », c’est vous dire comme c’est ancré son essence même. Le vécu au travail n’est pas le même dans les pays anglo-saxons.
Pour revenir à nos Antilles,une amplitude horaire moindre, et un arrêt entre midi et deux plus court. Car les journées de nos lycéens et collégiens sont beaucoup trop longues. Ils se réveillent entre 4 et 5 heures, et retournent dans le meilleur des cas vers 17 heures. Une amplitude beaucoup trop longue et d’autant plus mal vécue qu’à 17 heures, c’est la tombée de la nuit et que dans la plus grande partie de l’année à 18 heures il fait nuit noire.
Pour résumer, une bonne partie de l’année, ils partent au lever du soleil et retournent au coucher du soleil. Vous voyez bien que dans ces conditions, les cocotiers on s’en contrefiche, puisqu’on n’a pas le temps d’en profiter.
On a donc globalement le sentiment de travailler.. comme au Moyen-âge ou comme au temps de l’esclavage. Encore un peu on travaillerait « au noir », dans le sens littéral du terme moyenâgeux, c’est à dire la nuit (et donc pire que du temps de l’esclavage puisque les esclaves travaillaient jusqu’à la nuit tombée.)

La solution : raccourcir la journée en faisant sortir les enfants plus tôt (vers 15 heures maximum). Ce qui leur permettrait d’être chez eux entre 16 et 17 heures et non dans la nuit comme c’est le cas pour la plupart aujourd’hui. A cela on doit ajouter le temps de transport qui est souvent long, car l’enfant n’habite pas dans une petite case en paille sous les cocotiers, en face du collège ou du lycée, chez nous.

On a l’air de considérer cette question des rythmes comme ridicule, elle l’est peut-être en métropole, mais pas du tout chez nous, où elle devrait conduire à une amélioration notable des résultats scolaires et du potentiel d’attention de nos enfants.

Un vrai chantier avec de réels enjeux, devraient être mis en place sur cette question car il pourrait considérablement améliorer non seulement les conditions de travail mais également augmenter les rendements, car cela favoriserait le travail personnel.
Par ailleurs il pourrait entraîner l’ensemble de l’économie.
Publié il y a 8th June 2010 par Marie-Line Mouriesse

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