Sargasses en Martinique et réchauffement climatique
4 Avril 2015
Tous ceux qui ont un peu lu Christophe Colomb se rappellent de cette description de la « mer des Sargasses » traversée avant de parvenir aux Antilles. Cela correspond à une zones couverte d’algues , où les navires sont à l’arrêt à cause de l’absence de vents. L’IFREMER fournit une carte claire qui permet la localisation de cette « mer des Sargasses » qui est le point d’origine de cette catastrophe écologique sur les littoraux martiniquais qu’est le déferlement de plus en plus important de ces algues qui libèrent sur nos littoraux cette odeur désagréable qui provient de l’hydrogène sulfuré qu’elles émettent.
Il s’agit de Sargassum fluitans et non pas de Sargassum muticum qui sévit en métropole et qui est originaire du Japon.
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1) La situation en Martinique : Une situation dramatique, un règlement du problème qui tarde à venir.
Les plages de l’Atlantique (Robert, François, Vauclin, Marin, Sainte-Anne) sont actuellement totalement polluées par une masse de Sargasses qui afflue en quantité de plus en plus importante. Une situation que l’on n’a jamais constaté dans une telle ampleur, contrairement à ce que l’on affirme « on a toujours connu ça » : non, c’est faux, jamais on n’avait connu cela dans de telles proportions.
Les conséquences sont multiples et touchent plusieurs domaines : nuisances touchant les populations résidant sur les littoraux, détérioration de leur matériel électronique, électrique, conséquences sanitaires
Les risques pour la santé (site du gouvernement)
http://www.travailler-mieux.gouv.fr/hydrogene-sulfure-H2S.html
– Des intoxications aiguës (exposition de courte durée) : troubles respiratoires, irritations oculaires, conjonctivites, vertiges, céphalées, œdème aigu du poumon, pertes de connaissance (« plomb des vidangeurs »)
– Des intoxications chroniques (exposition prolongée) : bronchites irritatives, irritations cutanées
– Des perte de connaissance à partir de 500 ppm
– Une possibilité d’accident mortel très rapide en cas de fortes inhalations (> 1000 ppm)
En dehors de ces risques sanitaires qui touchent les populations locales, les conséquences sur le tourisme ne sont pas à négliger mais aussi toutes les activités liées au tourisme (restauration en bord de mer, sports en mer etc..). Par ailleurs, les conséquences sur la flore et faune marine sont à prendre en compte :, les poissons étant pris dans cette masse d’algues, la masse si elle est trop importante étouffe toute vie marine car elle empêche le soleil d’entrer, et provoque des « déserts marins ». Elle pourrait donc affecter durablement la pêche en Martinique déjà très affectée par le problème de la pollution au chlordécone.
2) Pourquoi cet afflux d’algues ?
Les facteurs avancés actuellement et disponibles en ligne sont : l’augmentation de la température de l’océan Atlantique, la modification du Golf Stream. Le Gulf Stream est un courant marin majeur parcourant l’Atlantique dans l’hémisphère nord notamment et serait affaibli actuellement. Cette modification provoquerait une dispersion de la mer des Sargasses plus au sud.
La modification du courant pourrait aussi causer bientôt une baisse des températures en France hexagonale (On pourrait avoir des hivers québécois). Cet affaiblissement serait la cause de l’afflux de Sargasses aux Antilles.
Le réchauffement de l’océan permettrait l’augmentation de la prolifération des algues, et peut-être aussi l’augmentation de la surface de la mer des Sargasses.
http://www.laterredufutur.com/accueil/index.php/gs-a-dna/174-anomalies-dans-locean-atlantique.html
Autre facteur avancé : la masse de plastiques dans la zone dite de la « mer des Sargasses » et provoquerait leur prolifération anormale. Je cite ci Patrick Deixonne (voir le lien ci-dessous) et Alexandra Ter Halle, chimiste au CNRS :
« Normalement, les algues sargasses se développent et se reproduisent en face du Mexique, Avec les courants marins, elles se déplacent ensuite vers la mer des sargasses. Avec l’augmentation des déchets plastiques dans cette zone, souligne la scientifique de l’expédition 7e continent, on se demande si les algues qui ont besoin d’un support pour se reproduire ne trouvent pas sur place, en pleine mer, le moyen de proliférer ».
http://www.la1ere.fr/2014/11/06/patrick-deixonne-les-sargasses-pourraient-proliferer-dans-le-plastique-en-mer-204004.html
Autre explication avancée : les algues proviendraient de Guyane et non de la mer des Sargasses, et seraient liées à l’augmentation de la pollution qui créérait des conditions favorables à sa prolifération ; Il s’agirait d’une autre variété et ne viendrait pas de la mer des Sargasses. (Information Marine REJON, Biologiste marine).
3) Quelles solutions à la Martinique ?
a) On pourrait développer une filière des Sargasses. Cette filière existe à la Barbade et est exploitée pour réaliser un engrais végétal de très bonne qualité. Y-t-il un marché dans ce secteur ? Toujours est-il que l’île connaît comme en Martinique un recrudescence des Sargasses.
http://www.barbadostoday.bb/2015/03/25/pluses-from-sargassum/
Pourrait-on exploiter cet hydrogène sulfuré ? Ce serait intéressant de mettre une équipe de recherches sur le sujet, car nous pourrions peut-être transformer cette catastrophe écologique en opportunité de développement durable si nous pouvions exploiter cet hydrogène émis par les intruses.
Cependant il ne faudrait pas interpréter la volonté de « trouver une solution » comme une mauvaise appréciation de la gravité de la situation. Je suis parfaitement consciente que si l’hypothèse que tout changement affectant le Gulf Stream n’affectera pas que notre île mais affectera la planète entière et est un signe alarmant du réchauffement climatique.
Les quatre hypothèses avancées par ailleurs ne sont pas contradictoires : le réchauffement de l’océan, le changement de trajectoire des courants marins et l’afflux de plastiques permettant les conditions de prolifération de ces algues sont d’ailleurs toutes deux valables, la pollution côtière provenant de Guyane, et peut-être même du Brésil en plein développement. Le changement de trajectoire ou le phénomène provenant du littoral américain, expliquerait le fait que les algues se déversent sur nos plages, la masse de plastique, la température élevée,la pollution le fait qu’elles se déversent dans de si grandes quantités.
Quoiqu’il en soit des recherches scientifiques mériteraient d’être financées sur le sujet et la question doit être prise en compte dans une politique environnementale durable.
A lire aussi : Lien vers l’Association des consommateurs manrtiniquais :
http://cccaraibe.unblog.fr/category/les-sargasses/