Nous apprenons avec étonnement que la loi proposée par Victorin LUREL, député socialiste et Conseiller régional de Guadeloupe, pour diminuer les taux de sucre dans les produits industriels locaux rencontre l’opposition des députés UMP.
Je m’adresse donc à ces messieurs qui paraissent soucieux de ne pas taquiner les intérêts des industriels locaux ou d’un industriel en particulier, et de perdre de vue l’intérêt public, afin de les informer sur la situation d’urgence dans nos îles, car il s’agit de notre santé à tous et de celle de nos enfants.
De quoi s’agit-il ? De question de quotidien. Les arguments des industriels locaux vendeurs de yaourts et de boissons (et sirops) sucrés consistent à dire que les gens « aiment » manger sucré dans l’île. Pour ma part, martiniquaise depuis des générations, quand j’ai à manger ces produits, je suis écoeurée par le sucre excédentaire. J’avais d’ailleurs rédigé un article à ce sujet il y a maintenant plusieurs années.
Si les martiniquais disaient qu’ils aiment le goût de la cocaïne dans les produits, devraient_on leur en servir, et ne pas considérer l’intérêt public ?
Les produits venant de l’industrie locale jouissent d’un quasi-monopole de fait, qui lui aussi n’est pas « normal ». Lorsque vous avez soif (et dans nos îles c’est une expérience que je vis quotidiennement , vous n’avez pas d’autres choix que ce type de produits venant presqu’exclusivement du même industriel local qui sont placés dans les rayons frais. Les autres boissons sont présentes mais proposées à température ambiante, c’est-à-dire entre 25 et 30 degrés.
Les boissons qui se retrouvent dans les rayons « frais » s’apparentent plus à des sirops qu’à des jus tant leur teneur en sucres est élevée. Or dans nos îles, on ne propose pas aux jeunes ni aux adultes d’alternative « santé » ; On ne vend jamais d’eau fraîche dans nos supermarchés. Une enseigne s’était risquée à proposer des thés froids et de l’eau fraîche au niveau des caisses. Aujourd’hui ces réfrigérateurs n’existent plus. Pourquoi ? On ne sait pas. On aimerait bien savoir.9 à 10 % de de diabétiques en Martinique (plus de 35 000 cas en Martinique) et en Guadeloupe (45 000) contre 3 % à Sainte-Lucie (5 000 environ).
Nous avons à la Martinique et en Guadeloupe un nombre impressionnant de diabétiques. Bien sûr on expliquera que les noirs ont plus de propension au diabète que les blancs, comme on nous a expliqué il n’y a pas si longtemps que les noirs avaient plus de propension à développer des cancers de la prostate et du col de l’utérus. Par contre il semblerait que l’origine des populations est singulièrement la même à Sainte-Lucie où nous avons 3 % de diabétiques. La moyenne mondiale est en effet à 3 %. Nos îles sont donc trois fois plus touchées que les autres régions du monde en matière de diabète.. A part qu’aux Antilles, même les blancs sont atteints par ces cancers, et on a finalement fini par pointer du doigt les pesticides (chlordécone et paraquat) après avoir pendant des années noyé le poisson. Aujourd’hui en matière de sucre, on noie le poison..
Par ailleurs on a déjà dans l’île dans nos organismes depuis les années 60-70 des condensés de matières toxiques aussi dangereuses les unes que les autres : métaux lourds pris dans les marinas comme le cadmium des peintures de bâteaux, que nous avons ingéré via les poissons en bout de chaîne trophique. Nous avons été badigeonnés de mercure en nous mettant dessus quand nous étions petits, de Mercurochrome (maintenant interdit) et de Mercryl. Nous avons consommé des repas fait avec des casseroles en aluminium et l’on continue alors que l’on sait que l’aluminium est toxique de nous vendre des casseroles et des ustensiles mangers de ce alliage. Nos bouches sont constellées de plomb et j’en passe…. Avec tous ces métaux lourds, qui sont autant de facteurs de risques cancéreux, avec notre chlordécone dont nous avons eu droit à cause de mauvaises décisions prises en tenant compte des planteurs locaux, nous avions pourtant suffisamment de matières nocives à notre santé.25 % des enfants de Guadeloupe et de Martinique touchés par l’obésité, 18 % en métropole
Pourquoi infliger à nos enfants 16 kilocalories de plus par jour quand il mange un yaourt local par rapport aux yaourts de la métropole ? Le résultat est que 25 % des enfants martiniquais et guadeloupéens sont touchés par l’obésité dans nos îles contre 18 % en métropole.Doit-on penser que l’on considère-t-on à l’UMP que les intérêts des industriels sont plus importants que la santé de nos enfants ?
Pourquoi nous infliger des taux de sucres insupportables, supérieurs aux taux proposés en métropole ? Pour empoisonner davantage une population déjà fragilisée par les problèmes sanitaires ? Le sucre n’est pas un produit inoffensif, comme veulent le considérer les industriels locaux, le sucre est un produit qui en excès dans nos organismes nuit à notre santé. Il fut une époque où l’on considérait le tabac comme inoffensif et où les publicitaires n’hésitaient pas à montrer des bébés ou des médecins avec des paquets de cigarettes.
Comment le sucre tue-t-il ? selon Henriette Sarraseca
« La plus grande confusion règne. Elle vient sans doute du fait qu’en médecine on parle de « sucre » pour désigner le glucose nécessaire à nos cellules. « Nos cellules ont besoin de sucre », affirment médecins et diététiciens. Oui, mais la ménagère comprend « sucre blanc (NDLR -et même sucre roux) » : elle prépare alors de délicieux gâteaux à son mari ou ses enfants afin qu’ils aient « plus d’énergie »… et ne fait qu’aggraver leur pré-diabète! Les fabricants, ainsi que les puissantes agences chargées de promouvoir le sucre (blanc) ont, quant à eux, tout intérêt à entretenir cette confusion et à en minimiser les effets.
De fait, le glucose (et non pas le sucre) est le carburant qui permet à nos cellules de produire de l’énergie – les muscles et le cerveau, notamment, consomment beaucoup de glucose. Le glucose provient des glucides que nous ingérons. Ces glucides, qui devraient constituer 55 à 60 % de notre ration quotidienne, sont les principaux constituants des aliments suivants : légumes, algues (de mer et d’eau douce), fruits, céréales complètes (riz non poli, blé complet, etc.), et légumineuses (lentilles, fèves, pois chiches, haricots…). Notre organisme n’a pas besoin d’autres glucides ni d’autres « sucres » que de ceux-là (…)
L’ingestion de sucre (…) ou des aliments qui en contiennent provoque une hyperglycémie (montée brutale du taux de glucose sanguin). Notre pancréas réagit en secrétant de l’insuline. Une hypoglycémie réactionnelle s’ensuit. Evident ou insidieux, le besoin de consommer à nouveau du sucre se fait sentir : vite, on boit ou on grignote sucré. Notre organisme est alors entré dans un cercle vicieux qui peut aller jusqu’au diabète, d’autant qu’un mode alimentaire sucré comprend toujours, à côté du sucre blanc, des céréales raffinées (riz blanc, pain blanc, biscottes) et des aliments à index glycémique élevé (les mêmes, plus la pomme de terre frite, en chips, au four ou en purée). L’excès de sucre entraîne une dépendance, et le sucre a été, avec raison, comparé à une drogue.
L’excès de sucre entraîne une dépendance à la manière d’une drogue
Privés de leurs vitamines et minéraux d’origine par le raffinage, ces sucres appauvrissent nos réserves en magnésium, calcium, ou chrome – un élément qui contribue, justement, à protéger du diabète.
Ce n’est pas tout. Plusieurs études ont fait le lien avec les maladies cardio-vasculaires (Nasa Research Center) : le sucre, en effet, fait monter les triglycérides ainsi que le cholestérol LDL. Il peut favoriser des pathologies oculaires comme la cataracte et, par un phénomène que les scientifiques nomment glycation (liaisons anormales entre sucres et protéines), le vieillissement prématuré de tous les tissus de l’organisme. Des chercheurs y voient aussi un agent favorisant plusieurs cancers : du pancréas, de l’estomac, du côlon, de l’endomètre (Centre international du cancer de Lyon, Ecole de Harvard). Car aussi bien les bactéries que les champignons intestinaux et les cellules cancéreuses prospèrent grâce au sucre. »
Toujours selon Henriette Sarraseca (RFI), comment expliquer que l’on ait « envie » de produits sucrés ? …. Si les produits trop sucrés disparaissaient des rayons de nos supermarchés, nous consommerions MOINS de produits sucrés. Il y va donc d’une décision de l’état qui DOIT LEGIFERER sur la question. Et faire confiance à ceux qui ont intérêt à nous servir du sucre, et purement et simplement de l’utopie. Un peu comme pendant la grève du 5 février, où l’on espérait une prise de conscience de ceux –là mêmes qui n’avaient aucun intérêt à baisser les prix. Notez bien que l’on attend encore, du reste.
Henriette Sarrateca, précise que l’envie de sucre vient :
Du souvenir de saveurs sucrées primales : liquide amniotique et lait maternel
• Du souvenir des délicieux desserts de fête de notre enfance
• D’un conditionnement parental : un bonbon si on est gentil !
• D’un conditionnement publicitaire : une barre X, et ça repart ! Un soda Y et la vie pétille !
• D’un déficit en vitamines B (nécessaires entre autres à l’équilibre nerveux
• De l’usage exagéré du café, du thé ou du tabac : l’hormone stimulée par ces « dopants » (adrénaline) est suivie d’une baisse d’énergie… qui peut amener à manger sucré
• De champignons intestinaux qui réclament du sucre ou des farineux (il est presque impossible d’y résister)
• D’une baisse de moral favorisée par le déficit « messager » cérébral : la sérotonine
• D’un besoin de se rassurer, suite à un stress, à la solitude, à la dépendance affective, avec un aliment qui rappelle inconsciemment… le giron maternel. » (H. Sarrateca, RFI).En tout état de cause, comme le tabac, sur ces questions, c’est le rôle de l’état de penser à l’intérêt général. Nous espérons que ces quelques précisions vous feront comprendre qu’en votant contre cette loi, chers députés UMP, vous avez pris une décision aussi bonne que ceux qui n’avaient pas chauffé le sang et qui ont « contaminé » les populations, aussi bonne que celle qui a consisté à laisser faire en matière d’amiante, aussi bonne que ceux qui pendant des années ont présenté le tabac comme peu nocif pour la santé, viendra un jour où sur les paquets de sucre, sera écrit l’avertissement : « le sucre tue ». Et vous aurez peut-être contribué à stopper les avancées sociales et sanitaires en cette matière. Nous espérons aux Antilles que vous n’irez pas dans ce sens et que vous saurez résister aux pressions qui pourraient être exercées en cette matière.