Mon engagement au service de questions sociales, sanitaires, environnementales, et politiques à la Martinique s’est surtout exprimé ces dix dernières années par l’écriture. J’ai régulièrement rédigé des articles que j’ai mis en ligne depuis 2006, cela fera donc 10 ans en 2016. J’ai voulu rassembler dans cet ouvrage tous les articles publiés afin de mieux faire connaître mon action qui n’a pas commencé en 2015 avec la perspective des élections, mais bien avant ! Ces articles étaient jusqu’ici disséminés sur Internet, et l’ensemble et la cohérence de mes actions mal appréhendées précisément à cause de cette dilution.
Mes travaux et lectures, m’ont fait acquérir la conviction qu’une nouvelle manière de concevoir l’économie pouvait être aujourd’hui envisagée. Cette nouvelle économie devait absolument intégrer la relation avec la nature sur la base d’un équilibre retrouvé. Au début de la colonisation, les colons européens avaient un rapport à la nature et à l’homme qui relevait de la prédation. Ils puisaient dans la nature et dans les populations autochtones pour répondre à leurs besoins et même au-delà de leurs besoins. L’impact de l’homme qui utilise la nature en causant des dommages parfois irréversibles, est mieux connu aujourd’hui ; on sait que des espèces ont disparu, d’autres se sont raréfiées. Anne-Marie Crétieneau rappelle que : « dès 1820, Lamarck (attirait) l’attention sur le risque que l’homme ne s’extermine lui-même après avoir rendu la terre inhabitable (…) Et Marx dans Le Capital (1867) (soulignait) le fait que la production capitaliste à cause notamment du développement technologique qu’elle suppose « ne fait qu’épuiser les sources originaires de toute richesse : la terre et les travailleurs ». »[1]
Sortir de l’ère de la prédation, pour entrer dans l’ère de la responsabilisation
Il me semble nécessaire aujourd’hui de sortir de cette logique de la prédation pour envisager l’homme non pas « à l’extérieur » de la nature, mais bien comme une partie intégrante de cette nature. Prendre conscience que la détérioration de l’espace environnant a un impact direct sur les hommes qui occupent cet espace semble être une évidence, mais ne l’est pas forcément dans la pratique. On voit encore des personnes jeter des déchets dans la nature comme si celle-ci était une poubelle sans fond, ou comme si elle était un « décor » extérieur sans se rendre compte de l’impact possible sur sa propre santé et celle des siens ; on pourrait imaginer repenser l’économique en l’insérant dans la biosphère, c’est à dire en respectant le vivant y compris l’homme qui fait partie du vivant, et ce, dans l’intérêt général. Penser les « lois » économiques en traitant l’homme comme un objet au service de l’économie, c’est rester dans cette logique de prédation. Pour comprendre ce que je veux dire, ce serait comme si on disait qu’une partie des hommes (soumise) devaient être au service d’une minorité (qui maîtrise ces lois et qui ont le pouvoir économique), dans l’unique intérêt économique de cette élite, ce serait pour faire bref comme si on légitimait une forme d’asservissement global.
Or il me semble qu’il faudrait penser inversement : L’économie ne devrait-elle pas être au service de l’Homme ? Ne devrait-elle pas permettre aux hommes de mieux vivre ? Doit-on continuer à développer nos territoires aux dépens de la nature ? Pour prendre une image, continuer ainsi serait comme si l’ours polaire contribuait à faire fondre la banquise ; sans la banquise, l’ours mourra. Et bien l’homme se comporte comme tel sur la terre.
Une nouvelle manière d’être-au-monde réclamera de développer notre créativité, toute notre énergie, toutes les intelligences mises en réseau, tous les talents. Il est maintenant plus que temps d’entrer dans l’ère de la responsabilisation ; chacun doit faire ce qui est en son pouvoir pour amorcer la transition économique qui passera nécessairement par la transition énergétique ; oeuvrer pour que l’économie soit désormais un outil au service de l’intérêt général et non un outil d’asservissement de l’homme par l’homme. Ce sera l’enjeu d’aujourd’hui, si ce n’est pas le cas nous donnerons raison à Lamarck.
Sortir de l’ère du pouvoir confisqué, vers une ère de pouvoir partagé.
Une nouvelle manière d’être-au-monde : -prendre conscience de la part de « monde » dans notre « être » – Suppose donc une élévation des consciences, je veux dire par là que nous entrions dans l’ère non pas seulement de la solidarité, mais de l’empathie. J’ai pu entendre pendant la décennie qui a précédé venant de personnalités pourtant chargées de mission dans la haute fonction publique, exprimer clairement leur mépris du peuple. Ces attitudes, en dehors du fait qu’elle sont indignes de telles fonctions, témoignent d’un temps maintenant moribond, où les hiérarchies structuraient des rapports sociaux. On a pu assister dans les années 1990 et 2000 à une période de régression sociale où l’élite au pouvoir, avait pris l’habitude de considérer de haut le citoyen. J’aime à penser que ces régressions ne sont que les derniers soubresauts avant le changement définitif vers une ère de pouvoir partagé, et mettra un point final à l’ ère du pouvoir confisqué.
Sortir du management autoritaire vers une management humain au service de l’efficacité intelligente
J’ai eu à plusieurs reprises à échanger avec des salariés sur leurs conditions de vie. Des mères qui n’ont pas leur mercredi et à qui cela pose un problème de garde des enfants, alors que d’autres salariés célibataires de la même entreprise en bénéficient alors même que ces personnes n’en ont rien à faire, car ce n’est pas un jour qui les intéresse particulièrement. D’autres à qui on impose une pause de 4 heures en milieu de journée. Ces gens ne sont pas vraiment libres et pas vraiment au travail, mais c’est une façon d’hypothéquer leurs journées de libre et d’affecter leur qualité de vie. Je me suis demandé si une meilleure organisation du travail ne permettrait pas de donner à ces salariés en leur donnant de meilleures conditions de travail, précisément d’augmenter peur productivité. La réponse est OUI. Oui, on pourrait organiser mieux le travail, on pourrait respecter les voeux du salarié, OUI, on pourrait donner de manière préférentielle les mercredis aux mères de famille, OUI on pourrait éviter d’imposer des pauses de 4 heures en travaillant en collaboration dans l’entreprise afin que tous puissent mieux vivre; et pourquoi ne le fait-on pas ? Tout simplement parce que, ai-je entendu dire : « On ne fait pas dans le social ! »Je traduis : on n’en a rien à faire des gens. En fait certains chefs d’entreprise manquent totalement de compassion, ils sont dénués de la compétence qui consiste à « savoir mettre à la place des autres ». Cependant en s’investissant aussi peu dans le bien-être de leurs salariés, en fait ils se coupent d’une bien plus forte productivité qui aurait résulté du sentiment des employés d’être respecté dans leurs besoins ; le salarié respecté travaille davantage, car il a plus de temps pour sa famille, il se sent mieux dans l’entreprise. Il est plus reposé donc plus productif; associer « travail » et « torture » est il est vrai étymologiquement un fait historique très français ; mais il est temps d’en sortir. On peut travailler en étant épanoui dans son activité. Les chefs d’entreprise qui agissent ainsi semblent ne pas comprendre que l’indifférence au bien-être des salariés a un impact sur la santé de leur propre société. Plus les salariés se sentiront méprisés et épuisés moins ils s’investiront dans la société. Si j’évoque ce problème, c’est que j’ai pu VOIR, percevoir, sentir ce malaise. Les gens ne sont pas des objets, les gens doivent être respectés et ce n’est pas parce qu’ils sont des employés qu’ils n’ont pas droit au respect. Certains sans doute doivent jouir de faire du mal aux autres, car les pervers existent on le sait, certes, mais je préfère croire qu’une majorité est simplement indifférente et maladroite et n’a pas pas trop réfléchi aux conséquences sur le quotidien de leurs actes pensant que diriger une entreprise c’est imposer leur autoritarisme aux employés. Pour eux, être un bon chef c’est faire preuve de rigidité et faire preuve de souplesse c’est signe de faiblesse. Le bon chef d’entreprise ce serait davantage quelqu’un qui aurait compris que la direction intelligente d’une entreprise c’est être capable de gérer des personnes dans le but de produire, et que ces personnes participent pleinement au projet de réussite de l’entreprise quand elles s’identifient à l’entreprise qui les emploie; une vraie réussite entrepreunariale est réalisée quand l’employé s’associe pleinement à la réussite de l’entreprise. Et pour ce faire, il faut qu’il bénéficie lui aussi des profits faits par l’entreprise, sous forme de primes lorsque cette entreprise se porte bien, sous forme de pourcentage du chiffre d’affaire, sous forme de récompense quelle qu’elle soit, sous forme de temps libre accordé ou d’avantages quelconques etc… sous forme de valorisation quelconque. Le développement durable c’est aussi cela : mieux organiser le temps travaillé, latéraliser les relations humaines, organiser de manière collaborative et en finir avec les fonctionnements pyramidaux anciens où un individu impose aux autres ses décisions parfois sans concertation.
Préserver l’environnement pour la protection des nouvelles générations
Le développement durable est souvent compris comme la volonté de préserver l’environnement, mais l’homme et l’intérêt de l’homme sont au coeur des politiques de développement durable. Vouloir transmettre aux nouvelles générations une Martinique « saine » est une priorité, certes, mais chez nous en Martinique, l’environnement a subi de tels dommages, que les hommes en paient aujourd’hui la facture ; Les générations de nos parents disparaissent beaucoup plus jeunes que les générations de nos grands-parents; soutenir aujourd’hui que nous avons une espérance de vie longue, c’est ne pas voir la réalité en face. On sait aujourd’hui qu’il faut prendre en compte l’espérance de vie en bonne santé pour nuancer ces chiffres. Les nouvelles générations voient même leur capacité à procréer diminuer. Ce qui fait que la préoccupation centrale chez nous n’est pas seulement la préservation de notre cadre de vie, mais la capacité qu’auront nos enfants à mettre au monde une nouvelle génération.
Notre définition du développement durable à la Martinique, devrait donc être formulé de la manière suivante : le développement durable à la Martinique c’est le « développement qui répond aux besoins des générations présentes, sans compromettre la capacité des générations suivantes à exister. » Nous avons donc franchi une étape d’urgence environnementale dans notre Martinique et cette expérience de l’impact de l’environnement sur la vie nous donne le devoir de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que les générations qui montent puissent être en capacité de transmettre la vie. C’est pour cette raison que j’ai modifié la définition de Gro Brundtland en y insérant ce sentiment d’urgence.
Aider l’agriculture à passer du chimique au biologique
La pratique d’une agriculture surconsommatrice de pesticides dangereux comme le Paraquat et le Chlordécone a conduit à notre empoisonnement est le principal responsable de la catastrophe sanitaire martiniquaise. La santé et même la fécondité des Martiniquais est aujourd’hui affectée à cause de cet usage prolongé et excessif de pesticides, malgré l’interdiction de ces substances sur le sol métropolitain et même aux USA, car les agriculteurs locaux obtenaient des dérogations. Le résultat de cette politique permissive est que notre département enregistre aujourd’hui un nombre de cancers alarmant. Faut-il rappeler que la France est le premier consommateur européen de pesticides? Notre empoisonnement est d’autant plus important que les pesticides ont été pulvérisés dans notre île par voie aérienne. S’ajoute à cela l’ingestion de pesticides en consommant des fruits et légumes, en buvant de l’eau. Pourtant dès la fin des années 60, la toxicité des pesticides organochlorés avait été démontrée. Dès 1975, les USA -qui n’étaient pourtant pas particulièrement sensibles à ces questions environnementales-, avaient interdit l’usage du chlordécone suite à un accident en juillet 1975 dans l’usine de Hopewell (Virginie). Malgré cette interdiction américaine qui aurait pu clairement sensibiliser à la dangerosité du produit, on a continué à l’utiliser pendant 40 ans encore ! Cécile Dumas (Sciences et Avenir- 2010) précisait que : « Jusqu’à son retrait définitif en 1993, 3 kg de chlordécone par hectare ont été déversés plusieurs fois par an sur les plantations antillaises. » Le Grenelle de l’environnement, prévoit de réduire de 50 % l’utilisation de pesticides d’ici 2018 (Plan « écophyto 2018). On peut donc espérer une amélioration. Cependant la réalité est que le chlordécone a été utilisé au-delà de 1993 et cela jusqu’en 2002. Il s’agit d’un véritable scandale ; il s’agit d’un véritable crime contre la population locale.
A la veille de la COP 21 (CMP11) à Paris, nous avons le devoir d’alerter, de nous exprimer sur nos préoccupations environnementales, sur nos inquiétudes concernant l’urgence sanitaire qui nous touche. Du 4 au 6 décembre aura lieu le sommet mondial des dirigeants locaux et régionaux (CGLU) qui sera l’occasion de s’exprimer sur les problématiques écologiques de notre territoire.
Mais nous martiniquais nous ne sommes pas uniquement touchés par les pesticides. D’autres facteurs contribuent à affecter la santé des personnes de notre île : la mal-bouffe, par exemple. Nous recevons via la métropole -le commerce régional n’étant pas suffisamment développé- de la nourriture industrielle souvent de mauvaise qualité et vendue fort chère à cause de l’inflation qui a sévi encore plus durement depuis la loi sur la liberté des prix (1986) et le passage à l’euro (2000). L’inflation causée aussi par une taxe supplémentaire : l’octroi de mer, faisant les Martiniquais supporter une inflation de guerre en période de paix. Le Martiniquais moyen cherche à préserver son pouvoir d’achat et achète ce qui est bon marché, mais en ce faisant, il affecte encore plus sa santé fragilisée par l’usage intensif de pesticides dans l’île. Cette nourriture industrielle est souvent emballée dans des plastiques (qui crée des désordres endocriniens), dans des conserves (en aluminium), sont souvent trop salés, trop sucrés, il consomme des aliments qui contiennent des acides gras trans, des additifs qui créent dans le corps de véritables bombes à retardement. Il ne fait aucun doute que cette alimentation de mauvaise qualité contribue également à la dégradation de l’état de santé des personnes fragiles et affecte également la santé des autres. Le nombre important de cancers : cancers de la prostate, cancers du côlon-rectum, cancers du col de l’utérus, mais aussi de l’estomac, du pancréas, des testicules, du sein… dont nous enregistrons des taux souvent records localement, nous inquiète, et les responsables sanitaires le sont aussi. La nourriture de mauvaise qualité aggrave le phénomène d’obésité et le risque de maladies cardio-vasculaires.
Par ailleurs, la population d’origine africaine est aussi touchée par la drépanocytose, ce qui accroît la vulnérabilité des personnes touchées.
En 2016, la décision de la liberté des prix aura 30 ans. Le 1er décembre 1986, JEAN-PAUL CHARIÉ est député UMP du Loiret avait été à l’origine de cette loi. Ici à la Martinique, j’ai rédigé plusieurs articles sur l’inflation que l’on a enregistré dans l’île suite à cette décision. Pourtant en théorie, la libre concurrence devait conduire « au juste prix »; dans nos îles cette théorie est ni plus ni moins qu’un mirage, le mirage de la « concurrence pure et parfaite » se cogne sur la triste réalité des ententes informelles, de la surveillance mutuelle dans un marché captif où le client s’il n’est pas content, n’a pas la possibilité de faire jouer la concurrence.
La question de la Grande distribution approvisionnant massivement une population captive, dans le cadre d’une liberté des prix sans limites, pose un véritable problème social. Prétendre que la population peut se tourner vers la production agricole et acheter directement entre les mains de ceux-ci c’est ne pas avoir fait l’expérience d’acheter ainsi sans intermédiaire. Les agriculteurs vendent souvent plus cher leur production quand vous cherchez à les faire vendre. Il y a là un véritable problème, car si la grande distribution pratique ce que Domota a appelé la profitation (le profit), les agriculteurs pourraient jouer un rôle nourricier de la population locale; aussi eut-il fallu qu’ils comprennent que le consommateur doit lui aussi être gagnant.
La malbouffe aux Antilles : un véritable question sanitaire, qu’il faut relier à l’inflation
D’abord, la liberté sur les prix a donc des conséquences sanitaires en permettant que des prix excessifs soient pratiqués. Le non-contrôle des prix dans des marchés captifs que représentent nos petites îles a un effet désastreux sur les ménages martiniquais. Nous mangeons mal, parce que les aliments « bon marché » sont souvent de mauvaise qualité, et que le « bon marché » à la Martinique est déjà très cher! Le deuxième facteur correspond à la présence de métaux lourds dans notre consommation : nous avons longtemps fait à manger dans des casseroles en aluminium et on continue à en vendre à la Martinique alors même que le caractère toxique de l’aluminium n’est plus à démontrer. L’Union Européenne pourtant n’a pas interdit son utilisation. En Martinique la présence d’aluminium en quantité non négligeable et naturelle dans l’eau expose d’autant plus les consommateurs que l’eau est filtrée, devinez avec quoi, des sels d’aluminium ! Ce qui contribue à augmenter la dose déjà naturellement forte dans cette eau. Or cet apport régulier est précisément aujourd’hui considéré comme pouvant être incriminé dans la maladie d’Alzheimer ainsi que d’autres maladies neurodégénératives, comme la maladie de Parkinson.. Si vous ajoutez à cela l’ingestion pendant des décennies de chlordécone dans l’eau et par l’ingestion de racines et de fruits contaminés, cela va de soi que la santé des Martiniquais a subi les contrecoups de ces toxiques.
Contribuer à la protection de la santé des martiniquais en contribuant à la baisse des prix de l’alimentaire
L’alimentation est en effet souvent l’occasion de faire le plein de métaux lourds qui ne peuvent que contribuer à affecter la longévité et la fécondité des Martiniquais. Repenser notre manière de produire et de consommer est une priorité sanitaire. Mais la question de la dépollution des sols ne doit pas être éludée. Ceux qui ont tiré profit de l’usage du chlordécone notamment, ceux qui ont permis son usage, devraient être ceux qui payent cette politique de dépollution et de reconversion de notre agriculture en un autre type d’agriculture. Je crois que les pollueurs et les responsables de cette pollution ont le devoir de payer ce qu’ils ont sali et d’investir dans ce sens.
La question du diabète elle aussi a attiré mon attention. Elle est aussi particulièrement importante dans l’île, là encore nous enregistrons des chiffres beaucoup trop importants dans notre région, car le pourcentage serait 2 à 3 fois plus élevé qu’en métropole. Ici la responsabilité des industriels et de l’État est engagée. Les produits (jus, yaourts, boissons gazeuses) sont vendus avec un apport en sucre supérieur à la métropole. Sucrés à l’excès prenant pour prétexte que les « Martiniquais aiment ça », sans proposer une alternative à ceux qui « n’aimeraient pas ça ». L’eau fraîche dans les supermarchés est un produit quasi inexistant et du jus excessivement sucré (que j’appelle « sirop ») et parfois les boissons gazeuses (sodas) sont trop souvent les uniques boissons vendues fraîches. Je considère que la grande distribution devrait avoir pour obligation de proposer de l’eau fraîche dans ses rayons dans un pays chaud comme le nôtre. J’ai écrit à ce sujet deux articles cherchant à sensibiliser les populations sur le sujet.
Sargasses : prendre en compte la catastrophe sanitaire et environnementale, trouver des solutions écologiques
La catastrophe des sargasses présentée parfois comme une « catastrophe naturelle », quant à elle qui n’a rien de « naturel », mais est le résultat là encore de la politique de dérèglementation, celle du « laisser-faire les-entreprises » à l’échelle mondiale. Elle conduit là encore à affecter la santé des personnes fragiles de l’île et celle des habitants et usagers des littoraux de manière générale. La prolifération des algues rencontre un terrain favorable, on le sait bien en cas d’usage de pesticides (agriculture intensive) et d’augmentation de la température de l’eau de mer. Le développement d’une agriculture intensive sur les littoraux de l’Amérique du sud ont inévitablement un impact sur la prolifération des algues.
Nos coraux souffrent également du réchauffement climatique. Plus les températures montent et plus ils meurent. Or ils sont indispensables à la faune et à la flore marine. Ce sont des ressources halieutiques perdues, qui impactent la pêche, ce sont des ressources pour les activités touristiques, qui impactent tous ceux qui travaillent sur les littoraux. Les barrières coralliennes, de même que les mangroves jouent un rôle protecteur du foncier en littoral, en limitant l’érosion des sols, en absorbant l’énergie des vagues.
Prendre la mesure de l’impact du réchauffement climatique sur notre environnement fragile
Nous sommes particulièrement vulnérables aux effets du réchauffement climatique, car nous sommes une petite île. La violence des cyclones et des inondations ne nous ont pas épargné ces dernières années. Nous en subissons les contrecoups de plein fouet, nous en subirons les contrecoups davantage encore si le réchauffement climatique n’est pas contenu. Le risque de montée du niveau des océans est à prendre en compte pour nos bourgs qui sont en majorité situés en littoral. Notre zone centrale très peuplée, espace de plaine marécageuse est particulièrement vulnérable d’autant qu’elle est le réservoir d’hommes, un espace d’activité industrielle et commerciale, un espace où l’on trouve nos aménagements majeurs portuaires et aéroportuaires.
Nos récifs coralliens sont affectés également par les brumes de sable. La brume de sable que l’opinion considère comme un élément naturel, est probablement un phénomène aggravé par l’exploitation minière à ciel ouvert dans le désert du Sahara. Le phénomène « naturel » d’aspiration à cet endroit qui se dirige vers les Antilles, est amplifié par les activités humaines de ces dernières années faisant que le ciel martiniquais est régulièrement chargé en microparticules. Ces microparticules affectent notre santé, aggravent les phénomènes d’asthme, les allergies, affaiblissent les personnes fragiles. Le tourisme là encore est impacté, lorsque vous venez dans une île qui a constamment le ciel gris, que vous être affaibli et malade, vous n’y revenez plus !
En matière de développement durable et de transition énergétique notamment, nous avons, je l’ai dit, été touchés en 2011 par le nuage radioactif de Fukushima, et là encore, nous n’avions pas besoin d’un fléau sanitaire supplémentaire dans l’île. J’imagine que dans quelques années nous aurons à faire face à un autre fléau : une épidémie prévisible de dérèglement de la glande thyroïde chez de nombreux Martiniquais, voire de cancers thyroïdiens, liés à l’absence totale d’information en amont et de précaution lors du passage du nuage dans l’île (pas de distribution d’iode, pas de confinement des populations, pas de mesure disponible au moment du passage du nuage). Je sais que cette « politique » qui consiste à ne pas faire de prévention, souvent sous le prétexte de ne pas « affoler la population », est un approche qu’il faut absolument combattre, car la prévention passe par l’information et non par la désinformation. On avait bien connu cela lors du passage du nuage de Tchernobyl sensé s’être « arrêté à la frontière ». Pourtant, l’augmentation de cancers de la thyroïde suite à ce passage, semble, elle, avoir franchi les frontières nationales.
Cacher à la population la vérité, n’a jamais permis à une population de prendre les bonnes décisions en matière de protection. Cela est d’autant plus insupportable qu’il s’agit d’une entreprise française qui exploite cet uranium dans le désert, d’autant plus insupportable que l’électricité d’origine nucléaire est la plus mauvaise option qu’un pays puisse choisir, que ce choix n’a pas été fait de manière démocratique et qu’ici nous en subissons les conséquences, conséquences de l’extraction d’uranium, conséquences des catastrophes nucléaires avec le passage du nuage radioactif de Fukushima en 2011 à la Martinique qui a touché notre île.
A l’échelle nationale, il est temps de se tourner et cela à l’échelle mondiale, vers une politique d’arrêt définitif de l’énergie nucléaire, car celle-ci est mal maîtrisée, est dangereuse et continuer dans ce sens relève de l’irresponsabilité. A l’échelle régionale, nous pouvons opérer une rupture avec les énergies fossiles : le solaire, l’éolien, la géothermie, l’ETM (Énergie thermique des mers) notamment.
A l’échelle nationale, renoncer au choix du nucléaire, ce n’est pas « revenir à la bougie » comme a pu entendre, mais faire le choix d’autres énergies moins dangereuses, moins polluantes, plus respectueuses de la vie ; aujourd’hui le nucléaire c’est le choix d’affecter non seulement son pays, mais également d’en faire subir les conséquences au-delà de ses frontières y compris dans des états qui n’ont pas fait ce choix énergétique. C’est pour cette raison que je parle d’irresponsabilité.
En matière d’énergie durable le seul projet sérieux est le projet d’ETM, qui est un projet pionnier, est un chantier entamé par Alfred MARIE-JEANNE alors que celui-ci était Président de la Région Martinique.
Les questions d’éducation me touchent particulièrement, mais si je les ai positionnés en second rang c’est que la vie est primordiale ; le problème d’éducation n’existe que si la vie est préservée. En tant qu’enseignante maintenant depuis 20 ans, je considère la question de l’éducation en termes d’investissement et non de coût; investir sur l’éducation, c’est croire en l’avenir. J’ai été récemment choquée d’une approche de l’éducation qui présentait les lycées comme une charge pour la Nation. Les écoles, lycées et collèges ne sont pas une charge pour la nation, comme une « entreprise peu rentable ». Les lycées n’ont pas à être « rentables ». Ils sont la condition nécessaire de la naissance même de la Nation. C’est parce que nous avons une culture partagée, que nous existons en tant que peuple. Sans le travail des enseignants, nous ne serions pas un peuple, mais un agglomérat d’individus. C’est cette culture commune dispensée dans les établissements qui soude un peuple, par leur formation, qui fait le citoyen; c’est ce travail qui crée même le principe de citoyenneté. Cette approche des établissements à la manière d’un pilotage d’une entreprise a commencé dans les années 90. Un établissement scolaire n’est pas une entreprise, il n’a pas à être rentable, on ne doit pas l’envisager en terme de coûts. Ces idées ont été empruntées au management, et c’est précisément l’identité même de notre organisation qu’il faut préserver, conserver les établissements publics, comme des structures publiques. Le glissement que certains appellent « transfert », en voulant favoriser une « identité d’établissement » est habile. La volonté à moyen terme est évidente : on veut transformer le chef d’établissement de manière à ce qu’il se positionne en chef d’entreprise, pour mieux faire accepter (en tout cas, je le crains) le glissement vers la privatisation. En faisant accepter l’idée d ‘identité organisationnelle en l’appliquant aux unités on transforme en réalité l’identité de l’organisation de la structure dans son ensemble. Il faut être naïf pour ne pas voir que la tendance actuelle est de brader nos services publics pour en faire cadeau à des fonds privés. C’est le principal danger actuel dans l’Éducation Nationale. Je suis particulièrement inquiète quant à la préservation de notre école en tant que structure publique de qualité ouverte à tout public. L’enjeu économique correspond à une manne : tous les parents veulent que leur enfant ait accès à l’éducation; Aux USA : le résultat est le creusement entre des écoles de « riches », chères, et des écoles de pauvres, bon marché et où le niveau est bas. Ceux qui ont plus à perdre : la classe moyenne et les défavorisés qui verront l’ascenseur social non pas en panne selon la formule de Bourdieu, non pas au sous-sol selon la formule de Djamel, mais pas d’ascenseur du tout avec une cage d’escalier bétonnée. L’élite s’autoreproduisant sans que l’enfant du peuple puisse avoir une chance d’émerger, et tout cela pour l’enrichissement de sociétés privées. En bref, si on n’est pas vigilant, ce que vous avez aujourd’hui gratuitement (mais qui est payé par la collectivité), vous devrez payer pour l’avoir en enrichissant des sociétés privées. Je suis totalement hostile à la privatisation de nos établissements, car l’école publique fait partie intégrante de notre identité et que c’est l’idée même d’une France égalitaire qui serait là en jeu.
Ce pourrait être notre combat bientôt; leur « technique d’approche » est déjà en cours en réalité : mettre en difficulté les établissements en faisant des coupes budgétaires, en précarisant les emplois, en formant les chefs d’établissement à plus d’autonomie à la manière de chefs d’entreprise, en les mettant en compétition en comparant leurs « résultats », en mettant même en compétition les collègues entre eux. En remettant en question la spécificité de l’emploi des fonctionnaires « à vie », puis pour justifier la privatisation en mettant en évidence les difficultés qui ne résultent que de leurs propres agissements (coupes budgétaires, personnels mal payés, moins bien formés, non-renouvellement des départs à la retraite, etc…)
Adapter nos rythmes scolaires en tenant compte de notre spécificité caribéenne.
La question des rythmes scolaires à la Martinique a été également pour moi été un chantier de réflexion. Ces rythmes ne prennent pas suffisamment en compte la réalité locale. Des journées de travail beaucoup trop longues, des heures de repas mal fixés… contribuent à la fatigue chronique de nos enfants. Là encore, j’ai rédigé plusieurs articles sur cette question. Professeure et maman de 3 enfants, j’ai pu voir les ravages de ces rythmes inadaptés et au coeur même du système scolaire.
Dans le cadre de ma mission d’enseignement, nous avons la responsabilité d’assurer la sécurité des enfants qui nous sont confiés. La question de la prévention aux risques majeurs est un sujet qui m’a beaucoup préoccupé; la prévention en matière cyclonique et en matière sismique, car la Martinique est un département à haut risque majeur. Le système d’alerte cyclonique aux Antilles équivaut aujourd’hui à ne jamais mettre les populations en alerte et pire à les exposer au danger. J’avais déploré ce problème à l’occasion du passage du cyclone DEAN, et aussi TOMAS. Je pense que nous devons proposer une modification de ce système « européen » totalement inadapté à nos risques majeurs locaux. La prévention en matière sismique est encore insuffisante, certes quelques progrès ont été réalisés; on est passé de rien à…. quelque chose. Mais c’est encore insuffisant, une vraie culture du risque contribue à sauver des vies en cas de catastrophe. Faire comme si le risque n’existait pas ne conduit pas à sauver des vies quand le problème survient; or en matière de risques, on a longtemps misé sur la politique de l’autruche.
Développer des transports en commun à faible émissions de GES, favoriser les transports maritimes et travailler à la planification intermodale
La question des transports est aussi un chantier qui attire L’attention des écologistes. Louis BOUTRIN s’est personnellement impliqué dans un projet de développement du transport maritime afin de désenclaver non seulement le nord, mais aussi de manière globale de désengorgement des routes martiniquaises. Ce projet s’inscrit dans l’histoire de la Martinique : la voie maritime était la voie de circulation adoptée par les Caraïbes de l’île et très utilisée pendant la période coloniale jusqu’à l’arrivée des automobiles au début du XXe siècle.
La question des transports est la clé de la qualité de vie. Dans un espace restreint, nous devons fonctionner en Martinique comme si l’île entière était un espace urbain, c’est à dire développer un quadrillage systématique de manière à répondre aux besoins en déplacement de la population sans affecter la qualité de l’air ; Pour cette raison il faut favoriser les transports à émission zéro carbone. Par ailleurs le coût des transports en commun participe aussi de cette qualité de vie, des systèmes de forfaits au mois ainsi que la gratuité pour certains publics : handicapés, personnes à faibles revenus, demandeurs d’emploi, étudiants, devrait être envisagée. Les transports sont un facteur de développement économique et d’insertion sociale. Les villes du monde qui sont les plus agréables à vivre sont aussi celles où les transports collectifs en partie gratuits ont été mis en place.
Les transports en Martinique ne nécessitent pas uniquement une multiplication de l’offre pour désengorger les routes mais également de travailler de manière à coordonner les réseaux afin de réaliser le treillage le plus fin possible.
A l’échelle nationale, européenne et mondiale, ma préoccupation est la reconquête de notre souveraineté. Ce que l’on appelle la « gouvernance mondiale » a largement contribué à diminuer la participation des peuples à la vie politique, des groupes transnationaux se sont infiltrés à une échelle de manière à prendre le pouvoir « au dessus de nos états » (à l’échelle européenne et mondiale notamment, ce que l’on appelle l’échelle supranationale, chère aux fédéralistes) . On a assisté au développement d’une forme de mépris pour les peuples qui s’est traduit par des pratiques de contournement des procédures démocratiques, par le développement de la corruption au plus haut niveau. Travailler dans le sens d’un assainissement de la vie politique est une nécessité sans laquelle nous risquons de perdre nos acquis démocratiques et sociaux.
Je me suis rendu compte de la difficulté pour les femmes de s’engager en politique. Les réunions nombreuses, chronophages, et une femme soucieuse de sa famille comprend vite que le sacrifice est lourd à tenir dans le temps. Si les hommes peuvent s’impliquer plus facilement en politique c’est qu’il y a souvent une femme à la maison qui gère famille et intendance ». Par ailleurs, la manière de faire la politique a été façonnée par un monde masculin. Une femme ne peut pas se permettre de consacrer tous ses week-ends à des activités extérieures. Pour que les femmes s’impliquent en politique, il faudra repenser la manière même de faire de la politique de manière à respecter les femmes et à intégrer la nécessité pour elles de s’organiser et de ne pas sacrifier leur vie familiale.
De la parité symbolique à une véritable parité égalitaire en politique
Si les femmes sont sous-représentées en politique, c’est pour plusieurs raisons, d’abord et surtout à cause de ce soi-disant sacrifice soi-disant nécessaire de leurs temps et de leur vie de famille. La politique telle qu’elle existe aujourd’hui a été façonnée par les hommes et vouloir que les femmes s’y impliquent semble signifier aussi pour ces derniers qu’elles se fondent dans une « moule masculin »; Si on veut plaquer du féminin sur un système masculin, où ce sont trop systématiquement les hommes qui occupent le premier plan ou qui décident pour nous, qui décidons de l’organisation du politique dans son ensemble, sans véritable discussion d’ordre organisationnel, cela conduirait à l’échec assuré de la parité.
En politique en France règne traditionnellement un fonctionnement vertical. Les « chefs », les « têtes de parti » structurent une « pyramide « . Or il devient manifeste que ni les femmes, ni la jeunesse ne sont aujourd’hui représentées, ni attirés par ce système qui semble les exclure d’office, de par leur fonctionnement même.
Les femmes peuvent contribuer à remettre en question ce fonctionnement rigide qui est un obstacle à leur implication, mais aussi au brassage des idées. Si elles se sentent dépendantes du bon vouloir des hommes, les jouets de l’humeur du moment, tantôt propulsées à un poste de responsabilité, tantôt expulsées, nombreuses sont celles qui renoncent, car elles sentent bien que le combat est perdu d’avance car elles ne maîtrisent rien dans les règles du jeu.
A la Martinique une surreprésentation des hommes par rapport aux femmes est d’autant plus antidémocratique que les femmes sont majoritaires.
La femme engagée en politique doit faire montre d’ une disponibilité qu’elles n’ont pas et qu’elles ne souhaitent pas toujours avoir. A moins d’être célibataires sans enfants, ou âgée, cette disponibilité est presqu’impossible à dégager. Le monde politique vit littéralement dans une bulle en dehors de la réalité quotidienne; cette manière de faire de la politique est d’un autre temps et nécessite une refondation dans l’intérêt de tous.
Des femmes viendront, je l’espère, des changements salutaires dans l’organisation même du politique facteur de profondes mutations pour plus d’égalité et pas seulement de parité.
Le temps est maintenant venu pour oeuvrer pour que les femmes entrent véritablement en politique, non pas en leur imposant une manière ancienne, verticale (hiérarchisée) de faire de la politique, et d’être sommées de s’y adapter, mais en transformant la politique pour que les femmes puissent s’investir pleinement, être respectées dans leurs idées, et puissent ainsi contribuer au progrès de leur pays. La Martinique n’avancera pas sans la participation entière des femmes martiniquaises, car tout pouvoir politique qui se satisfera de l’absence des femmes ou qui affichera les femmes au second plan, ou encore qui devront subir les décisions des hommes sans avoir leur mot à dire … dans un climat flairant la rétention d’information, ne pourra conduire au progrès sur le plan politique.
Il est important de se rendre compte qu’un des obstacles à l’implication des femmes en politique, c’est précisément le fonctionnement antidémocratique au sein des partis. La manière dite « traditionnelle » de fonctionner, qui est en fait qu’une manière pyramidale et machiste de fonctionnement, conduit au désintérêt non seulement des femmes en politique, mais également des jeunes. Il me semble donc important de proposer une manière durable de faire de la politique. Cette manière durable inclura précisément la parité réelle, l’ensemble des générations, mais aussi l’ensemble des classes sociales pour une véritable mixité sociale.
Il me semble temps pour mettre à l’ordre du jour un pouvoir latéral où personne ne soit perçu comme supérieur à l’autre mais partie intégrante de tout, participant pleinement aux décisions et aux idées. Le cloisonnement fonctionnel est un frein au brassage des idées, un frein au progrès, un frein au renouvellement démocratique. Les femmes ne doivent pas tolérer d’être présentes en politiques à titre décoratif. Si la Martinique accepte de mettre ses femmes au second plan, alors que la population martiniquaise est en majorité féminine, il s’agit là d’une grave atteinte à la démocratie, d’une entrave à l’égalité, car la parité ne suffira pas, il faudra se battre pour l’égalité politique, il faudra se battre pour la latéralité DU POLITIQUE. Nous devons devenir de réelles actrices dans notre pays et non des éternelles secrétaires au service des hommes.
- Cretieneau Anne-Marie, « Economie sociale et solidaire et développement durable : pensée et actions en conjonction. », Marché et organisations 1/2010 (N° 11) , p. 31-71 URL : www.cairn.info/revue-marche-et-organisations-2010-1-page-31.htm. DOI : 10.3917/maorg.011.0031- p. 11 ↵