Luz PIEDAD CAICEDO

Aujourd’hui, plus que jamais, la défense des droits humains est une tâche qui doit surmonter la place marginale où elle demeure depuis le 11 septembre 2001. Depuis cette date, la doctrine selon laquelle la défense nationale est le devoir premier des États s’instaure à nouveau, cette fois-ci, sur une autre jeune idée de sécurité qui n’avait pas eu l’occasion de célébrer encore son huitième anniversaire. En 1994, le rapport de développement présenté par le PNUD parlait, pour la première fois, de la sécurité humaine et non pas de la sécurité tout court. Le nouveau concept ainsi que la nouvelle énonciation enlevaient du centre la sécurité de l’État et sa défense par les armes, situaient les personnes comme protagonistes et destinataires de ladite sécurité et proposaient de la comprendre comme la possibilité de vivre une vie sans peur, sans nécessités et avec la liberté pour décider par soi même. Pour réussir une telle réalisation, il faut que l’État garantisse qu’il n’y ait plus de menaces, de dangers et que les personnes aient confiance en elles-mêmes par rapport à leurs propres capacités. On ne se demande plus comment garantir la sécurité de l’État, mais comment garantir la sécurité des personnes.

Ce nouveau concept a aussi un départ d’analyse différent. Les menaces contre la sécurité ont leurs racines dans l’inégalité et l’iniquité, la discrimination et l’exclusion. La famine, la déforestation et la brèche entre ceux qui détiennent le pouvoir politique, économique et social et les pauvres, sont autant d’éléments qui produisent de l’insécurité.

Cet horizon proposé en 1994 a été complété par les féministes; pensons particulièrement à Charlotte Bunch. Elle avertit qu’il n’est pas possible de parler de sécurité si les États ne considèrent pas les droits humains des femmes et ne s’occupent pas de ce qui se passe dans les foyers et les entourages privés. L’expropriation historique soufferte par les femmes est une question de sécurité humaine ; la violence commise contre les femmes par les époux est une question de sécurité humaine. C’est non seulement parce que les femmes, en tant qu’humaines, ont des droits inaliénables et donc ont aussi le droit de vivre une vie libre de violence ou libre d’insécurité, mais parce que l’existence de ce genre de violation dévoile la banalisation de la violence dans la société.

L’idée de sécurité comme protection de l’État plutôt que des gens se traduit en attaque, en préparation pour la guerre et en militarisation de la vie civile. Elle se traduit, aussi, en investissements et montants de dollars que l’État consacre à l’obtention de matériels de guerre au détriment, par exemple, des sommes destinées à l’éducation, la santé et les services publics. La sécurité comme attaque encourage une certaine masculinité, celle qui associe la virilité à la domination, l’utilisation de la force, qui méprise les sentiments et sème la méfiance par rapport à l’autre.

Une sécurité ayant comme but la sécurité des gens, incluant les femmes, s’harmonise avec les idées qui conçoivent les droits humains intégraux et indivisibles. Une telle conception des droits exigent des États, non seulement un grand respect, mais surtout qu’ils mettent en place des mesures pour garantir sa réalisation. Ce concept de sécurité exige aussi que l’on consacre des énergies sociales et des ressources économiques pour combler la brèche entre les hommes blancs et riches — en tant que symbole de ceux qui majoritairement détiennent le pouvoir politique, économique et social dans le monde — et les femmes, étant donné que ce groupe de la population sera toujours le plus dépossédé des pauvres.

En Colombie, depuis la première élection du président Alvaro Uribe, s’est instaurée une politique de sécurité, appelée par le gouvernement « sécurité démocratique », qui conçoit la confrontation armée du pays (qui date de 1950) comme un problème de terrorisme (sous lequel sont comprises surtout les actions du groupe de guérillas FARC) ou de délinquance organisée (entre autres le narcotrafic et les actions des groupes qui émergent du paramilitarisme de seconde génération[1]). Pendant que le gouvernement d’Uribe, réélu en 2006, réclame la réussite de la sécurité démocratique, la Commission interaméricaine des droits humains considère que la situation des droits humains du pays est une des plus graves et difficiles du continent.[2]

Le gouvernement considère qu’il faut approfondir le pouvoir et la présence militaire dans tout le pays pour connaître la réussite totale de sa formule sur les terroristes et les bandits. Par contre, les contradicteurs réclament une action étatique différente du camp militaire et conséquente avec ses obligations de garantir la réalisation des droits humains. C´est ainsi que, par exemple, la cour constitutionnelle a déclaré, depuis 2004[3], qu’il y existe un état de choses inconstitutionnel à cause de l’inattention apportée à la population déplacée. Récemment, cette même instance a exigé l’action du gouvernement pour répondre convenablement aux milliers de femmes déplacées par la force et qui ont été victimes de violence sexuelle.[4] Récemment aussi la Cour a exigé des mesures pour que le système de santé ne discrimine pas les plus pauvres.

De leur côté, les organisations de femmes du pays ont dénoncé la situation des femmes qui ne s’est pas améliorée à la suite de la politique sur la sécurité démocratique ni après la démobilisation des paramilitaires; tout au contraire, les conditions de vie des femmes semblent se détériorer à cause d’une politique de DDR (démobilisation, désarmement et réinsertion) qui ne prend pas en compte les effets différenciés du conflit et de la paix sur la vie des femmes et d’une politique de récupération de la souveraineté à travers la présence militaire. Deux recherches de la Corporation Humanas[5] et une autre de l’INER[6] permettent de dire que les risques, pour la sécurité des femmes, ont augmenté comme conséquences de cette absence de politiques sensibles au genre et aussi parce que, dit-on, la vie continue à se dérouler selon les arrangements précédents de genre, de classe, de race, etc. D’autre part, là où le nombre de militaires a augmenté, a augmenté aussi le nombre de grossesses, de viols et d’agressions sexuelles contre les jeunes filles.

Que le gouvernement parle maintenant de groupes terroristes et de bandits a-t-il changé ou va-t-il changer la vie des personnes, particulièrement des femmes? Non, puisque la réalité peut être nommée selon ce qu’il convient de dire ou de faire sans que cela se traduise vraiment en une autre situation. Ce qui change vraiment, c’est que le noyau du problème reste intouchable, qu’il n’y a pas une action, des actions, inspirées quant à la réalisation des droits humains, mais des actions ciblées pour gagner une guerre, un détournement des ressources économiques vers des fusils, des camouflages, des avions de combat, etc. Des actions, en plus, qui peuvent justifier la violation massive des droits humains puisque la raison d’État est considérée comme supérieure.

La présentation des cas suivants peut aider à illustrer ce que je vous expose :

En ce qui concerne les droits sexuels et reproductifs des femmes

Le paramilitaire Hernán Giraldo qui dominait une zone de la Sierra Nevada de Santa Marta (au nord du pays, sur la côte Atlantique) a violé une grande quantité de filles vierges qui avaient à peu près entre 13 et 16 ans. Les violations étaient concertées avec les parents des filles. C’étaient eux, la plupart du temps, qui promouvaient les viols. Les parents ont agi de la même façon qu’ils l’ont fait avant l’entrée des paramilitaires dans leur territoire : échanger la virginité de leurs filles contre la protection du Seigneur. Selon les faits et selon le Statut de Rome de la CPI, Giraldo a commis un crime contre l’humanité en autant que les viols ont été généralisés. Mais pour la communauté, est-ce que ce crime est un outrage contre l’humanité?

Au sud de la capitale du pays (le sud de Bogota concentre la population plus pauvre), dans une zone appelée Ciudad Bolívar, les voisins savent que Maria, fille de 6 ans, est envoyée tous les jours chez Pedro, âgé de plus de 60 ans, pour qu’il profite sexuellement d’elle en échange d’une panela (produit qui s’obtient de la canne de sucre, moins cher qu’une livre de sucre). Récemment, les médias ont pris connaissance d’une histoire semblable qui se passe aussi à Bogota, à Corabastos, le plus grand marché de la ville.

En ce qui concerne les droits politiques des femmes

Pendant la domination paramilitaire, les organisations de femmes ont été stigmatisées comme subversives. Plusieurs parmi elles, pour préserver leur vie, ont laissé de côté les revendications explicites envers la réalisation des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels. D’autres organisations comme l’Association nationale qui groupe femmes paysannes et indigènes (ANMUCIC) et l’Organisation féminine populaire (OFP) ont souffert la persécution, les assassinats et le viol avec de sérieuses conséquences pour leurs organisations et leur réussite politique.

La démobilisation des paramilitaires n’a pas signifié pour les femmes organisées la possibilité de redresser leur drapeau. Leurs revendications pour la vérité, la justice et la réparation sont vues, sous le scénario le plus favorable, comme obstacles pour atteindre la paix et la réconciliation ou bien comme demandes exagérées ou une espérance de devenir riche avec les biens acquis par les paramilitaires, selon l’affirmation d’un démobilisé, il y a deux ans. L’année dernière Yolanda Izquierdo a été assassinée le 1er février; elle était leader d’un groupe de 700 victimes qui réclamait leur droit sur une terre expropriée par les paramilitaires. Comme conséquence de cet assassinat, plusieurs familles ne veulent pas poursuivre leur réclamation. Le 7 février 2007, Carmen Cecilia Santana Romana a été aussi assassinée; elle était leader syndicaliste et elle était en train de préparer une demande à propos de l’assassinat de son mari commis par les paramilitaires. La même année, le 23 avril, Judith Vergara Correa est assassinée; elle était une activiste de paix de Redepaz et faisait l’accompagnement d’un groupe de mères victimes du paramilitarisme.

En ce qui concerne les droits économiques

À l’Est du pays, pendant que Miguel Arroyave était le plus grand et puissant narcoparamilitaire de la zone, les revenus du commerce de la drogue pouvaient totaliser la somme de 70 millions de dollars US. Les salaires des hommes armés en 2005 oscillaient, selon leur travail, entre 210 dollars canadiens et 5 300 dollars canadiens par mois. Les femmes qui offraient des services sexuels pour la troupe pouvaient avoir comme revenus 52 dollars canadiens pour une fin de semaine et celles qui servaient les commandants entre 1 050 dollars canadiens et 10 500 dollars canadiens.

Les femmes qui travaillaient comme cuisinières dans les plantations de coca pouvaient gagner 79 dollars par jour. Dans cette zone, dans la ville capitale du département, les filles qui travaillaient comme prostituées gagnaient 8 dollars pour chaque relation, tandis que le salaire minimum pour un jour de travail était évalué, en 2007, à environ 8 dollars et que les femmes qui font des ventes ambulatoires gagnaient au maximum 3 dollars pour une journée de travail dans la rue. Le chômage au niveau national était selon l’organisme officiel de 11 %; selon des études privées dans cette ville 75 % du travail est informel, et 48 % des gens qui faisaient ce genre de travail étaient des femmes chefs de famille avec, en moyenne, 4 personnes à charge.

La politique pour assister la population démobilisée inclut un forfait quotidien de 358 000 pesos (188 dollars canadiens) à peu près, à être payé tous les mois pendant un an et demi. Par contre, l’assistance prévue pour la population déplacée a droit, selon la loi, à deux salaires minimum pendant trois mois, exceptionnellement cette aide peut être prolongée pour trois mois.

Récemment j’ai interviewé un groupe de femmes qui avaient participé comme miliciennes dans des groupes paramilitaires; elles sont maintenant démobilisées et sont couvertes par la politique de réinsertion du district de la capitale (de Bogota). Trois d’elles sont entrées dans le groupe pour échapper à la violence faite contre elles dans leur foyer soit par la mère, soit par le père ou la belle-mère. Une d’elles était entrée d’abord dans la guérilla à l’âge de 11 ans, elle s’est échappée et, en conséquence, elle croit que le commandant a assassiné son père. Pour cette raison, elle a décidé de s’enrôler avec les paramilitaires. Une quatrième a décidé de faire partie des milices parce qu’elle avait été forcée à se déplacer, elle avait une petite fille et elle avait besoin de travail; les paramilitaires lui assuraient un salaire. Une des femmes reçoit actuellement des pressions pour se réarmer.

Ce panorama oblige à insister sur le travail de défense, de promotion et de revendication des droits sexuels et reproductifs, des droits à vivre une vie libre de violence et à avoir accès aux ressources économiques. Comme minimum, l’État, pour sécuriser la population, doit concevoir des politiques publiques en concordance avec les compromis acquis comme signataire de différents conventions et traités établis par les Nations Unies et l’Organisation des États américains envers la protection des femmes contre toutes formes de violence et de discrimination.

L’État a la responsabilité de garantir l’exercice des droits sexuels et reproductifs de la population et de garantir une vie libre de violences pour les femmes. La conférence du Cairo en 1994 et le programme issu de celle-ci, ainsi que la Cedaw (1975), la convention de Belem do Para et la Résolution 1325 (2000) resteront lettre morte tant que la conception de la sécurité-état restera prioritaire. Une société répressive, coercitive, qui exploite la sexualité en tant que marchandise et commet des abus et de la violence sexuelle détruit l’autonomie de la personne. Les féministes insistent sur l’importance des droits sexuels et reproductifs puisqu’il s’agit du corps des femmes, celui qu’on exploite soit comme marchandise pour le plaisir d’autres, soit comme ventre pour la reproduction de l’espèce, du groupe ethnique, ou de la communauté. Les droits sexuels et reproductifs sont le droit des femmes à disposer de leur corps. La garantie de l’exercice des droits sexuels devient le symbole de la liberté et de l’autonomie.

L’État devrait aussi garantir la sécurité économique des femmes, comme il est obligé aussi de protéger les droits économiques en général. Pour les femmes, la garantie d’accès aux biens et ressources signifie la possibilité de satisfaire leurs besoins alimentaires, leurs besoins de santé et d’éducation ainsi que les besoins des personnes à charge; la sécurité économique pour les femmes signifie aussi la possibilité de prendre par soi-même des décisions. L’absence ou la précarité du travail se traduit pour les femmes en dépendance de tierces personnes, en général des hommes. La majorité des femmes se voient obligées d’accepter des travaux dénigrants ou qui constituent des risques pour leur sécurité physique, psychologique et sexuelle.

L’État a l’obligation de garantir aussi la participation des femmes là où les décisions sont prises, puisque c’est justement là que le devenir de la société est décidé.

Pour conclure

Je veux souligner qu’une conception de la sécurité basée sur la défense de l’État encourage la méfiance et l’attaque à l’égard des gens tandis qu’une conception de la sécurité humaine féministe encourage la confiance et la défense des gens. Pour la sécurité de l’État centriste, l’utilisation de la force et même de la violence est la règle; pour la sécurité humaine, c’est une exception. La sécurité de l’État requiert de penser aux mesures de contrôle, aux dangers, ou aux possibles attaques des ennemis; elle requiert de penser comme l’ennemi. La sécurité humaine dépense son imagination à trouver des solutions pour les problèmes de famine, de contamination, d’iniquité, de discrimination; elle requiert de penser comme les enfants, comme les femmes, comme les LGTB, comme les hommes, comme les indigènes, comme chacune des particularités de l’humanité. La sécurité de l’État centriste conçoit les droits humains comme des parties qui peuvent être raccourcies ou abrogées selon un bien supérieur extrahumain; la sécurité humaine situe les droits de la personne comme un bien qui peut toujours être mieux satisfait.

D’autre part, les droits humains sont un pacte de solidarité. Dire que quelqu’un a des droits et aussi dire qu’elle ou lui est un être humain, une personne qui jouit de la protection et des soins de l’État, c’est assurer que, si ses droits sont violés, l’État agira pour renverser l’agression; si le violeur est l’État, ce sera la société qui fera le plaidoyer; si la société n’est pas capable de faire valoir les droits de cette personne, c’est la communauté internationale qui devra intervenir. La Charte des droits humains est une reconnaissance de notre caractère humain, de la valeur que chacune et chacun de nous possède et de l’importance qu’a notre bien-être pour les autres.

§

Luz PIEDAD CAICEDO, anthropologue. Coordonnatrice du département de la recherche à la Corporation Humanas en Colombie, elle a mené d’importants travaux sur l’impact du programme Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) sur la vie et la sécurité des femmes colombiennes.

Source : PIEDAD CAICEDO, Luz, « La défense des droits des femmes après le 11 septembre », Dossier du Congrès – 2008 – D’hier à demain : des voies de solidarité, Montréal, 2008, p. 27-32.


  1. Les paramilitaires de seconde génération sont les groupes qui ont accordé au gouvernement d’Uribe le désarmement et la démobilisation. À cette dénomination, j’associe historiquement les expressions armées qui se sont conformées à l’idée d’abattre les groupes guérilleros et qui ont eu le soutien de militaires, politiciens, industriels, population et qui se sont fédérées sous l’appellatif AUC (Autodéfenses Unies de la Colombie). Les groupes qui émergent du paramilitarisme de seconde génération sont ceux dont l’activité armée se déroule après la démobilisation et qui ne sont pas reconnus ni par le gouvernement ni par les chefs paramilitaires (qui ont accordé la paix) comme structures du paramilitarisme.
  2. Comisión Interamericana de Derechos Humanos (2007). Informe sobre la implementación de la Ley de Justicia y Paz : Etapas iniciales del proceso de desmovilización de las AUC y primeras diligencias judiciales.
  3. Il s’agit de la Sentence T-025 de la Cour Constitutionnelle de 2004.
  4. Voir Auto 0-92 de la Corte Constitutional.
  5. Voir Caicedo, Luz Piedad (2006). Riesgos para la seguridad de las mujeres : Estudio sobre el impacto de la reinserción paramilitar en la vida y la seguridad de las mujeres en los municipios Montería y Tierralta, departamento de Córdoba. Corporación  Humanas, Bogotá et Barraza, Cecilia y Caicedo, Luz Piedad (2007). Mujeres entre mafiosos y señores de la Guerra. Impacto del proceso de desarme, desmovilización y reintegración en la vida y seguridad de las mujeres en comunidades en pugna. Caso Villavicencio. Corporación Humanas, Bogotá. Ces recherches peuvent être téléchargées du site www.humanas.org.co.
  6. Il s’agit de la recherche de Londoño, Luz María y Ramírez, Patricia (2007). La dominación de regreso a casa. Impacto de la reinserción paramilitar en la seguridad humana de las mujeres. Caso Medellín, Bajo Cauca y Urabá. Instituto de Estudios Regionales –INER– de la Universidad de Antioquia y Gobernación de Antioquia, Medellín.

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