Jean-Marc ELA

Pour la première fois dans l’histoire, l’Afrique subsaharienne se trouve, seule, face à son destin. Cette situation est particulièrement grave pour des millions d’hommes et de femmes confrontés à l’insécurité alimentaire, à la pauvreté et au chômage dans les pays du continent où l’on assiste à la décomposition d’États post-coloniaux sans que s’amorce la construction d’espaces de vie d’une dimension suffisante pour s’affirmer face aux pôles structurant le monde. L’on mesure l’ampleur des défis à relever en prenant en compte l’écart entre le taux de croissance démographique très élevé et la rareté des ressources dont disposent les sociétés profondément affectées par les mutations liées à l’explosion urbaine et à la dégradation de l’environnement. Les déséquilibres et les dysfonctionnements qui se manifestent dans tous les domaines risquent d’accroître et d’amplifier les tensions explosives dont les signes se multiplient ici et là, dans un climat de violence qu’accentue la crise économique qui soumet les pays du continent aux thérapies de l’ajustement structurel dont les résultats sont loin d’être encourageants pour l’avenir.

Comme l’observe G. Duruflé,  «En raison du caractère excessivement serré des contraintes financières, ce qui est annoncé comme un « processus d’ajustement » tend à devenir une « gestion de l’enlisement » dont on ne voit pas le terme (…).  Aucun de ces scénarios (de sortie de crise) ne résiste vraiment à une analyse serrée, et, de fait, année après année, les besoins de financement dépassent les prévisions, tandis que le pays s’installe dans la stagnation (voire la récession) et le désinvestissement.[1] Bref, « de rééchelonnement en rééchelonnement, on ne fait que leur maintenir la tête hors de l’eau, tout en leur imposant des programmes d’austérité qui contreviennent à toute autre perspective de croissance et de développement et qui se traduit par une dégradation souvent dramatique des conditions de vie de couches importantes de la population ».[2]

Avant d’aborder les questions qui sont au centre de notre réflexion, quelques remarques préalables sont nécessaires. Pour éviter toute généralisation abusive, il importe de prendre en considération la diversité des régions du continent avec leurs trajectoires propres sur le plan politique, économique ou stratégique. L’on ne peut confondre la nouvelle Afrique du Sud, qui apparaît comme le seul pôle d’une renaissance possible du continent avec le ventre creux de l’Afrique subsaharienne où l’on distingue des zones utiles et, enfin, le Maghreb stratégiquement orienté vers le continent européen à partir des enjeux qui s’observent autour de la Méditerranée. Nous nous intéressons particulièrement ici à l’Afrique noire où le passage du système de parti unique au multipartisme ne s’est traduit ni par le progrès, ni par l’avènement de régimes réellement démocratiques, ni par le redressement économique. Crises, conflits et marasme économique se conjuguent dans ces régions aux prises avec le lourd héritage des années d’autoritarisme et les contraintes d’une économie de rente. Face aux défis que constituent la sortie de la dictature et l’amélioration des conditions de vie des populations démunies, l’on doit se garder de reproduire les images et les stéréotypes commodes qui dissimulent la situation et les enjeux réels des sociétés africaines.

La perception que l’on se fait de l’Afrique à travers les médias ne peut créer dans une large couche de l’opinion que l’impression de marginalité. Pour beaucoup de téléspectateurs et de téléspectatrices, l’Afrique est d’abord le continent de la famine. Elle est aussi le continent du sida. De plus en plus, elle apparaît comme la patrie des réfugiés en quête d’un lieu d’asile. Plus généralement, l’Afrique constitue le champ des « guerres tribales ». À travers ces images qui renvoient à une série de représentations et de concepts forgés spécifiquement pour le continent noir, l’on ne peut occulter la volonté de marginaliser celui-ci en le présentant comme un monde à part. Dans beaucoup de milieux, il est encore difficile de banaliser les sociétés africaines en les considérant comme les autres. De toute évidence, ni le sida, ni les conflits, ni la faim et la pauvreté ne sont le monopole des Africains. Dans ce sens, la marginalisation ne fait pas exception. Car, on en trouve les formes dans d’autres sociétés contemporaines. Ce qu’il nous faut comprendre, ce sont les trajectoires propres qui conduisent l’Afrique à ce processus qui s’observe dans un contexte général où, comme on l’a bien vu au Sommet mondial du développement social, l’on se trouve désormais en présence d’une « mondialisation de la pauvreté » et de l’exclusion. À cet égard, si être marginal signifie « ne faire partie d’aucun système » comme le veut le dictionnaire Larousse, l’on ne peut parler véritablement de marginalisation de l’Afrique. En effet, à partir de sa plantation de cacao, de café, de coton ou d’arachides, le paysan noir fait bel et bien partie du système économique mondial. Tout le problème est de savoir quel rôle il joue et quelle place il occupe dans ce système.

L’urgence oubliée

Ce qui donne ici à réfléchir, c’est qu’au moment où l’Afrique bascule dans le « hors-monde », elle se présente en même temps comme l’urgence oubliée.[3] Plus précisément, dans quelle mesure l’Afrique incarne-t-elle l’exclusion dans un tournant de l’histoire où se mettent en place les mécanismes de notre planète à l’approche de l’an 2000? La marginalisation de l’Afrique nécessite un effort d’analyse si l’on veut comprendre en profondeur l’état du monde où nous vivons. Les réflexions qui vont suivre proposent des jalons visant à cerner la situation des Africains dans la jungle du Grand marché où les plus forts écrasent les plus faibles. Dans cette perspective, je voudrais d’abord examiner la place de l’Afrique dans le système-monde à partir des bouleversements provoqués par l’effondrement du communisme dans l’Est européen. Je m’interrogerai ensuite sur l’articulation des rapports entre le processus de globalisation et la dynamique de marginalisation. Enfin, l’on verra si les politiques d’ajustement structurel (PAS) imposées par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ne contribuent pas à aggraver la mise à l’écart de l’Afrique du reste du monde. En guise de conclusion, l’on cherchera à étudier les stratégies permettant à l’Afrique de sortir de la marginalisation.

Si, comme on le verra bientôt, l’Afrique occupe une place insignifiante dans ce système, la question qui nous préoccupe trouve sa raison d’être : l’Afrique a-t-elle pris l’initiative de se marginaliser ou bien ne peut-elle qu’être marginalisée? Dans le premier cas, on suppose qu’elle assume la responsabilité de sa mise à l’écart. Dans le second, la marginalisation ne peut être son initiative. On le voit : l’enjeu du débat est celui du rapport de l’Afrique à l’histoire. Il s’agit de déterminer, en fin de compte, si l’Afrique est sujet ou objet de l’histoire. Tel est le lieu de la réflexion qui nous ramène à la situation de l’Afrique dans les relations internationales.

Après la guerre froide, des observateurs avertis l’ont bien relevé : L’Afrique, considérée hier comme continent stratégique, est aujourd’hui délaissée» écrit Laïdi.[4] De fait, la décrispation des rapports Est-Ouest a entraîné une révision de la place de l’Afrique dans les relations internationales. Depuis la Deuxième Guerre mondiale, l’idéologie de confrontation Est-Ouest avait transformé le continent noir en zone d’influence des grandes puissances. Dans les pays qui accédaient à leur indépendance, le monde dit libre voyait un rempart contre l’avancée du communisme. Quant au régime socialiste, il s’agissait d’annexer les déçus du capitalisme et de la colonialisation (sic) à la lutte contre l’impérialisme international. Pris dans le corset Est-Ouest, les Africains devaient assumer les contraintes d’une rivalité dont il fallait intégrer la gestion en mettant en valeur leur capacité de mobiliser à leur profit les conflits Est-Ouest. L’insertion des superpuissances dans le champ politique africain et la capture de ses acteurs rendent compte des enjeux stratégiques que représente le continent noir dans un contexte socio-économique où, par ailleurs le « développement » constitue l’une des préoccupations majeures relevant des rapports entre les nations riches et les nations pauvres. La mort du communisme et la victoire du capitalisme font que l’Afrique n’a plus le poids nécessaire pour intéresser véritablement le reste du monde. Le déclassement international dont l’Afrique est l’objet montre bien que si elle a été longtemps un enjeu et un allié potentiel convoité par les deux blocs antagonistes, elle a été utilisée en fait comme un otage dans un conflit qui n’était pas le sien. À la limite, l’Afrique apparaît aujourd’hui comme la principale victime de la guerre froide dans la mesure où son développement a été bloqué par un ordre économique international défavorable qui n’a jamais été mis en question par la guerre froide. Que l’Afrique n’intéresse plus personne dans les pays du Nord, c’est la preuve qu’elle s’est laissée piéger par les groupes d’intérêt qui se restructurent à l’heure où le Plan Marshall tant réclamé pour l’Afrique est en train de se mettre en place au profit de l’Est. Si l’Afrique est transformée en une sorte de jachère géopolitique, c’est bien parce qu’elle ne représente aucun intérêt majeur pour le capitalisme en expansion à l’échelle de la planète.

Les Africains dans la jungle globale

Pour s’en rendre compte, il suffit de considérer quelques repères situant le continent noir à la périphérie des grands pôles économiques qui se constituent à la fin de ce siècle. Dans une « Afrique en panne », le sous-développement s’est accentué au cours des décennies perdues. Rappelons que les deux tiers des pays moins avancés (PMA) se trouvent en Afrique : leur nombre est passé de 17 à 29 dans les années 1980, pour se situer à 21 en 1992 avec l’inclusion de la Zambie, de Madagascar et du Zaïre. Il n’est plus nécessaire d’insister sur l’explosion de la pauvreté dont certaines enquêtes réalisées par la Banque mondiale permettent de mesurer l’ampleur comme on le voit au Cameroun, au Sénégal ou au Niger. Entre 1980 et 1993, une vingtaine de pays africains ont touché le fond de la récession. Témoin, le Zaïre considéré pourtant comme un « scandale géologique » mais dont le niveau de vie des habitants ne cesse de régresser. En Afrique sub-saharienne, un habitant sur cinq survit dans un pays en pleine déliquescence. Il y a peu de maux collectifs pour lesquels l’Afrique ne tient une des premières places. La précarité et la disette sont devenues l’état normal de la majorité des Africains pour lesquels vivre est un défi quotidien.

La pauvreté de l’Afrique alimente suffisamment les réunions internationales, les articles de journaux ou les rapports d’enquêtes pour qu’on se dispense de multiplier les arguments statistiques de ce phénomène. C’est une évidence qui s’impose de plus en plus. Dans son rapport annuel de 1990, la Banque mondiale constatait : « Alors que la croissance annuelle du PNB par habitant a été de 3.1% pour la période de 1965-1988 dans les pays à faible revenu, elle n’a été que de 0.2% en Afrique subsaharienne. Le PNB par habitant en 1988 y était de 330 $. » Seule l’Asie du Sud-Est a une situation encore pire (320 $ par habitant). Si l’on compare les progrès de l’Afrique subsaharienne à ceux des pays industrialisés, comme le fait le Rapport sur le développement humain, les années 1980 ont été pour la plupart des PMA situés au Sud du Sahara une « décennie perdue ». Dans ces pays où le PAS « s’est traduit par une tentative de rééquilibrer l’économie en déséquilibrant la vie des populations» , comme le constate encore le PNUD, la pauvreté semble avoir un avenir prospère.  « Le risque ne se limite pas simplement à ce que les bénéfices de la mondialisation contournent ces pays, mais que ceux-ci se marginalisent de plus en plus à mesure que leur part dans les échanges mondiaux et le flux de capitaux internationaux continuent de décroître» . (Rapport sur le Développement humain 1996, p. 116). La précarisation des conditions de vie est la manifestation d’un système de carences qui illustre la marginalisation accrue de l’Afrique. Celle-ci est quasiment exclue du commerce mondial auquel elle ne participe que dans une proportion de 1%. Autrement dit, si l’Afrique venait à disparaître aujourd’hui de la planète, c’est à peine si l’économie mondiale s’en apercevrait. En fait, le monde des affaires tend à s’organiser comme si l’Afrique n’existait pas au moment où les investisseurs incluent l’Est dans leur zone de prédilection face à la concurrence des nouveaux pays industrialisés (NPI) d’Asie ou d’Amérique latine.[5]

Boudés par les banques commerciales, les pays africains n’ont aucun accès au marché international des capitaux. Cette mise au ban de la communauté financière se traduit aussi par le « désengagement des promoteurs étrangers », lorsqu’il s’agit de financer les systèmes productifs. Non seulement l’investissement direct étranger continue de baisser – 2,2 milliards de dollars (- 33% par rapport à 1994) contre 18 milliards respectivement pour l’Asie de l’Est et l’Amérique latine – mais il ne profite plus qu’aux pays exportateurs de pétrole ou de produits miniers (Gabon, Nigeria, Cameroun, Ghana, Zambie). Cette sélectivité est un phénomène nouveau. Cela revient à dire que les ambitieux projets de privatisation lancés ici et là n’intéressent pas grand monde. Hormis le Ghana qui a vendu le géant des mines d’or Ashani Gold Fields, remarque la Banque mondiale, les privatisations dans la région ne se sont pas traduites par un apport de nouveaux capitaux étrangers.[6]

Sans doute, la marginalisation de l’Afrique ne date pas d’aujourd’hui. Depuis la Renaissance, le monde n’est plus l’Occident mais c’est l’Occident qui domine le monde et contrôle les richesses de la terre. Les Africains entrent à titre d’esclaves dans le nouveau système d’accumulation qui s’organise à partir de l’Atlantique. Absorbés dans l’orbite du capitalisme occidental, les peuples colonisés subissent la marginalisation à travers les processus de prolétarisation dans les lieux de production où les migrations de travail et l’émergence d’une conscience ouvrière accélèrent le processus de revendications sociales. Les révoltes et les résistances qui jalonnent l’histoire coloniale témoignent d’une situation où les peuples africains sont traités avec mépris et considérés comme inutiles dans l’évolution du monde. S’ils travaillent la terre pour produire ce qu’ils ne mangent pas comme le montre l’économie du cacao, les Africains sont pratiquement exclus de tous les secteurs stratégiques de l’économie (industries, banques, commerce, plantations industrielles) qui sont sous contrôle étranger. Au moment où l’on s’interroge sur les comportements, les attitudes et les rapports sociaux qui font obstacle à l’émergence de l’esprit d’entreprise dans les sociétés africaines, ne faut-il pas revenir à la colonisation pour comprendre les blocages à l’essor du secteur privé africain? Au-delà de la dérive culturaliste, il convient de mettre en lumière les contraintes qui, depuis la colonisation, ont pesé sur les opérateurs économiques africains dans un contexte où la concurrence des entreprises européennes est impitoyable. Pour les autorités coloniales, le secteur privé est considéré comme réservé aux Européens. En permanence, l’on a peur de voir monter une bourgeoisie d’affaires locale susceptible de devenir une force menaçante pour les intérêts coloniaux.

La marginalisation de l’Afrique prend des formes nouvelles dans le marché mondial contrôlé par les pays du Nord à travers les monopoles suivants :

  • monopole de la production scientifique et de la haute technologie
  • monopole du contrôle du système financier
  • monopole du contrôle d’accès aux ressources naturelles au niveau global
  • monopole des médias et de la capacité de manipulation de l’opinion
  • monopole des armes de destruction massive.

En affichant un mépris de type colonial à l’égard des savoirs endogènes, il est bien évident que les « apôtres » du progrès renforcent l’exclusion de l’Afrique dans le processus de globalisation qui conduit aujourd’hui à la formation des grands pôles à partir desquels un nouveau monde est en gestation.

Pour mieux saisir les nouveaux mécanismes de marginalisation de l’Afrique, l’on doit rompre avec l’image bucolique du village global et nuancer les perceptions simplificatrices de l’ordre des choses qui se mettent en place. «Le monde d’aujourd’hui – celui du 20e siècle finissant s’organise en pans géopolitiques, en blocs identifiés par leurs espaces naturels».[7] Comme le rappelle le marché commun européen, l’ALENA ou le Japon qui regroupe autour de lui les pays de l’Asie du Sud pour créer l’espace du Pacifique, cette réorganisation de l’économie continentale se fait dans le but de se positionner dans la guerre qui n’est plus nucléaire mais économique. Les pôles qui se créent expriment la volonté pour chaque région de contrôler l’économie internationale secteur par secteur dans un environnement dominé par la féroce compétition entre les puissances industrielles. Au cœur de ce système où triomphe le culte de l’argent-roi, tout se passe comme si les échanges entre nations et continents devaient se soumettre à la rationalité du « tout-marchand ». Avec la montée en puissance des marchés financiers, l’on identifie le solvable avec l’unique réel, le reste étant en dehors de son champ. Si tout doit être soumis aux critères d’efficacité et de performance économiques dictés par les nouvelles règles du jeu, la mondialisation du capital devient un enjeu névralgique pour l’avenir de nos sociétés. Car, l’Afrique est d’emblée écartée des processus de globalisation qui, en fin de compte, n’intègrent réellement que les marchés solvables. Bien avant les bouleversements des relations internationales des années 1990, la réduction des flux des capitaux du Nord vers le Sud et singulièrement vers l’Afrique rappelle que les pays en cessation de paiement ne sont plus un risque intéressant. Les entreprises qui cherchent à augmenter leur part de marché mondial n’ont que faire des pays enfoncés dans l’engrenage de la pauvreté. La recomposition interne des champs géopolitiques et la réorganisation des pôles économiques sous la poussée de ce que Ricardo Petrella appelle « l’Évangile de la compétitivité »[8] sont un facteur déterminant de la margifialisation du continent africain. Nous entrons dans « le temps des exclusions » où les riches réduisent à l’inexistence la multitude des pauvres qui peuplent « la planète des naufragés ».

On le voit bien dans les pays du Nord où les milieux d’affaires boudent les pays africains lourdement endettés alors que le continent offre à ces investisseurs privés des rendements plus lucratifs que dans les autres régions du tiers-monde.[9] Tandis que l’ONU, sous l’impulsion de Boutros Boutros-Ghali, continue à accorder sa priorité à l’Afrique, la majorité des pays appartenant à cette organisation dont les États-Unis ont contribué à la crise financière,[10] a tendance à se détourner de l’Afrique. Washington se désengage et réduit son effort d’assistance sur un très petit nombre de pays en fonction de leur rôle stratégique sur le continent comme l’Égypte et l’Afrique du Sud.[11] À l’Est, l’on se concentre sur l’effort de transition vers l’économie de marché. Le Japon croit si peu à l’Afrique qu’il se dispense d’y établir son réseau d’ambassades. La politique d’aide à l’Afrique divise les pays européens dont beaucoup se demandent, comme l’Allemagne, s’il ne faut pas privilégier l’Europe centrale au détriment du continent noir. En France, Chirac affirme sa confiance en l’Afrique[12] mais il n’est pas évident que le Pré-carré reste une priorité. «Contrairement à ce que prétendent les responsables de la coopération française», constate J.P. Prouteau, le président du Conseil des investisseurs en Afrique noire, la crise de confiance est patente. Je n’en veux pour preuve que la stagnation des investissements étrangers depuis la dévaluation». Voici un autre signe qui ne trompe pas : «Paris s’apprête à supprimer les postes de conseillers économiques dans quinze des ambassades en Afrique et à en créer autant en Asie du Sud-Es.[13] Comme on peut le vérifier, la tendance au désengagement est générale. L’organisation de la marginalisation progressive de l’Afrique semble dictée par :

  • la politique de restructuration d’une coopération a moindre coût
  • la réorientation du flux d’assistance vers les pays de l’Est dans le but d’achever le processus de démantèlement du bloc socialiste
  • l’importance stratégique que représente l’Europe de l’Est où de nouveaux investissements semblent plus rentables
  • la nécessité de concentrer les ressources financières sur les grands pôles économiques
  • la construction du marché unique européen qui relativise l’importance de l’Afrique dans la dynamique de la mondialisation en cours.

Compte tenu de l’accélération de la concurrence entre les firmes et les pays de la triade, ceux-ci ne sont intéressés que par les rapports sélectifs qui ne concernent qu’un petit nombre limité de pays du tiers-monde. Certains pays sont éventuellement encore requis comme source de matières premières. D’autres le sont, surtout par le capital commercial, concentré, comme base de la sous-traitance délocalisée à très bas coûts de salaires. Un très petit nombre d’autres pays, enfin, sont attractifs du fait de leur marché intérieur potentiel. Mais en dehors de ces cas précis, les firmes de la Triade ont besoin de marchés et n’ont surtout pas besoin de concurrents industriels de premier plan. La Corée et Taïwan leur suffisent amplement.[14]

En dehors de quelques cas isolés comme les régions minières et pétrolières, l’Afrique du Sud et le Nigeria, quel intérêt représente l’Afrique dans le nouvel espace économique où domine la logique de mondialisation des marchés? Aucun, reconnaissent les milieux d’affaires. En revanche, si les pays africains veulent s’intégrer à l’économie globale, ils doivent s’adapter aux diktats des firmes multinationales.

Les enjeux politiques de l’ajustement structurel

Tel est l’objectif principal des PAS qui doivent soumettre l’Afrique à l’impératif de la compétitivité. Là se trouve le seul espoir des pays du Sud de se hisser au statut de membre associé, même périphérique, d’un des trois pôles de la Triade (USA, CEE, Japon). Désormais, l’unique leçon que ces pôles sont capables de donner aux pays pauvres est celle-ci : « Soyez compétitifs. Ajustez-vous aux règles de l’économie de marché».

Dans cette optique, s’ajuster, c’est s’adapter et se disposer à s’aligner sur les coûts sociaux élevés grâce auxquels les firmes sont désormais « compétitives » compte tenu des stratégies offensives imposées par la loi du marché. Dans la mesure où le monde est un vaste espace de libre concurrence livré à l’appétit féroce de quelques firmes de plus en plus transnationales pour un coût de plus en plus intolérable, s’ajuster signifie d’abord rembourser les dettes (nouveau slogan). C’est le prix à payer pour accéder aux transactions internationales, un droit d’entrée, en quelque sorte, au royaume de la compétitivité. Si on considère l’importance du capital concentré dans les trois pôles de la Triade, il n’y a pas d’autre alternative pour affronter la concurrence entre les firmes industrielles. Mais s’ajuster, c’est accepter également les conditions dans lesquelles l’adaptation aux forces du marché doit se faire. Depuis le Rapport BERG, les Africains ont appris qu’il n’y a pas de salut en dehors du néolibéralisme. Aussi, la seule politique qui s’impose, c’est l’ajustement structurel. Or, le prix à payer pour le difficile passage à l’économie mondialisée, c’est la déconfiture de l’État.

Le vrai problème du capitalisme avec l’Afrique est de savoir comment en finir avec le modèle postcolonial de l’État profiteur. Il n’y a rien à faire tant que le processus de démantèlement de l’État africain n’est pas achevé. Pour la Banque mondiale, aucune chance de réussir les réformes économiques n’est possible sans que soit surmontée la « crise de gouvernance » en Afrique noire. Depuis 1989, la Banque mondiale a ouvert le débat sur les réformes institutionnelles dont les systèmes politiques africains ont besoin : « Les investisseurs et producteurs n’ont plus confiance. Il y a trop longtemps que l’instabilité règne dans de nombreux pays d’Afrique, aussi bien sur le plan des politiques que celui des institutions. L’échec à gouverner est si commun que l’on n’espère plus grand chose». (De la crise à la Croissance de marché, 1989, 1227). La capacité à bien gouverner apparaît donc comme une condition primordiale exigée par les processus d’ajustement structurel.[15] Pour la Banque mondiale, «le succès de ces réformes (d’ajustement) suppose une transformation radicale du rôle de l’État».[16]

Pour atteindre cet objectif. il s’agit de rompre avec le modèle de l’État postcolonial, de l’affaiblir et de le laisser jouer le rôle de gendarme. Cela nécessite des restructurations budgétaires par une chute des investissements publics des dépenses sociales. Si l’on considère l’ampleur de l’appareil administratif de l’État qui a surtout prélevé mais n’a pas aidé à produire, c’est en réduisant les moyens de l’État que l’on oblige l’appareil étatique à se soumettre à des réformes profondes. « Repenser le rôle de l’État » est un impératif catégorique qui impose la « volonté » de « casser » ce modèle néocolonial dont on a souligné l’épuisement et les dysfonctionnements.[17] C’est pourquoi, après être parvenus à ébranler le trop d’État, les bailleurs de fonds, en Afrique, veulent un État meilleur. Son rôle consisterait à légiférer afin d’assurer un contexte favorable au secteur privé et à poursuivre les politiques économiques qui accompagnent la stratégie de l’entreprise privée devenue l’acteur central du développement.

Telle est la préoccupation majeure de la Banque mondiale : Imposer le néolibéralisme par la décompression de l’État postcolonial. Redéfinir le rôle de l’État dans le cadre du processus d’ajustement structurel n’est pas neutre. Cette tâche relève d’une stratégie visant à fonder la recolonisation de l’Afrique. Avec la liquidation de l’État africain, la marginalisation économique a toutes les chances de réussir dans les pays où une classe d’entrepreneurs dynamiques n’est pas en place. Comme au XIXe siècle, l’Afrique est désormais disponible pour une nouvelle ère de conquête. Les nouveaux conquérants, grâce à leurs capacités financières, sont appelés à devenir les véritables patrons de l’eau, de l’électricité, des communications, des transports ou des grandes plantations dans les régions où la privatisation des entreprises publiques se confond souvent avec la braderie du patrimoine national. En écartant l’État du circuit de l’argent, les bailleurs de fonds soumettent la société elle-même, y compris les structures du pouvoir, à l’emprise des marchands. Pour un peuple, il n’y a pas d’exclusion plus radicale que celle qui le dépossède de sa souveraineté et de sa capacité de contrôle sur ses ressources.

Un fait est sûr : « pour disposer du minimum de moyens nécessaires à son développement, l’État africain est obligé d’être placé sous ajustement assorti de multiples conditionnalités (sic) qui restreignent, voire suppriment son espace de liberté et de décision».[18] Or l’obligation faite aux pouvoirs de procéder à l’allégement (sic) des finances publiques et de créer des conditions sociales favorables à un capitalisme sans entraves entraîne l’adoption des dispositions antidémocratiques adaptées aux enjeux économiques.

L’objectif de ces mesures est clair : il s’agit de briser les stratégies de résistance populaires face aux États ajustée.[19] On mesure les contradictions et les dérives de la « démocratie de marché » encouragée par la Banque mondiale en Afrique noire.

Ce modèle qui émerge dans un contexte d’ajustement structurel s’articule avec le renforcement de l’appareil policier et répressif. Dès lors, les programmes d’austérité imposés par les bailleurs de fonds contribuent à inscrire les processus de marginalisation dans le champ politique des pays du continent où l’on assiste au retour en force des dictatures et à la « criminalisation de l’État » comme on peut le constater au Cameroun, au Togo ou au Zaire. Le multipartisme administratif des années 1990 risque de masquer les « démocraties en trompe-l’œil » [20] soutenues par les métropoles néocoloniales[21] dans un contexte où des groupes d’intérêts reproduisent les mécanismes de l’économie de pillage amorcée à l’époque des comptoirs et des grandes concessions. Le spectre d’une Afrique noire largement « abandonnée » et « marginalisée » ne saurait donc faire oublier la résurgence des convoitises au sein des réseaux mafieux dont on mesure la puissance dans les États qui leur servent de couverture juridique.

À travers des connections multiples, l’Afrique tend à devenir le lieu d’intermédiation financière ou de blanchissement des capitaux. De plus en plus, l’empire des jeux (loterie, pari mutuel urbain, casino), le pillage des forêts, l’exploitation de la banane (Cameroun) et du pétrole au fond du golfe de Guinée (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Équatoriale, Angola) témoignent de l’emprise omniprésente des mécanismes d’une économie livrée au pillage dont bénéficie le processus de restauration autoritaire en Françafrique.

L’Afrique est confrontée à un système global qui tend à réduire nos sociétés à une modernité de rebut, une sorte de banlieue du Nord où les États sous tutelle doivent sacrifier la santé et l’éducation de la majorité des populations pour rembourser les dettes par la mise en œuvre d’un processus de clochardisation des travailleurs et de surexploitation de la force de travail des paysans noirs. Dans cette perspective, le «Quart-Monde africain ne représente déjà plus la « périphérie type » mais les vestiges en voie de destruction de la périphérie d’hier.[22]

L’Afrique est en passe d’être marginalisée, de subir une déconnexion passive (…) La véritable périphérie de demain est constituée par les NPI d’Asie et d’Amérique latine. En d’autres termes, la situation de l’Afrique est, dans l’ensemble, plus grave parce que ni la révolution agricole, ni l’industrialisation n’y sont encore amorcées.[23] Or, «Si on laisse les choses suivre leur cours actuel, observe Abdoulaye Wade, la position de l’Afrique sera encore plus marginalisée. Nous risquons de tomber dans ce que les astronomes appellent le « trou noir », cet endroit inconnu où disparaissent définitivement les étoiles».[24]

S’il faut bien insister sur la marginalisation de l’Afrique dans l’Économie-Monde, on ne doit pas occulter la reproduction de cette marginalisation au sein des sociétés à partir des mécanismes d’exclusion dont on retrouve les relais au plan interne. En ces temps de crise économique aggravée par les effets pervers des PAS, aux disparités socio-économiques traditionnelles s’ajoutent des nouvelles formes d’inégalités. Pensons à l’inégal accès au marché du savoir qui s’aggrave avec la crise de l’enseignement dans les pays où l’État se désengage sous la pression du FMI et de la Banque mondiale. Dès lors que l’école est une affaire de gros sous, de nombreux jeunes doivent limiter leurs ambitions et s’auto-exclure de la société en gestation. Pour comprendre l’inégalité des chances, il convient de prendre en compte les stratégies des familles qui cherchent à assurer leur reproduction sociale en mettant en valeur les positions de pouvoir où les réseaux de relations et de solidarités permettent de préparer l’avenir de leur progéniture. Dans cet environnement difficile, la dévalorisation des diplômes est plus importante pour les jeunes qui n’ont pas de « parents stratégiques ». Car, le capital social que représentent les « relations » permet aux milieux aisés d’introduire leurs enfants auprès des connaissances qui les aident à trouver un emploi. Plus que jamais, la sélection s’opère en fonction des niveaux de salaire, des conditions de vie et de travail, des positions d’accumulation des classes dirigeantes.

Mais s’il faut mettre l’accent sur les difficultés d’accès à l’éducation, à la santé et au travail salarié, l’on doit éviter de réduire l’exclusion à un simple problème économique. Assurément, les contraintes matérielles conduisent à l’exclusion que la crise économique et les politiques d’ajustement structurel ne font que renforcer. Plus radicalement, la situation d’exclusion traduit la crise de la société qui ne sait plus insérer ses membres. Tel est le drame de la jeunesse africaine que mettent en évidence les enfants de la rue dont le nombre révèle l’aggravation de la désintégration sociale et l’avènement d’une culture des marges dans las sociétés en mutation.

Construire la rupture

Au terme des réflexions qui précèdent, contentons-nous de suggérer quelques pistes à explorer. Face à la mondialisation qui est un processus irréversible et tend à réduire le monde en un immense marché, l’on insiste désormais sur la nécessité pour les Africains de construire des espaces de vie d’une dimension suffisante pour leur permettre de s’affirmer dans un monde qui se structure autour des grands pôles et des grands ensembles. Plus que jamais l’on doit reconnaître l’archaïsme des micro-États dictatoriaux dont parlait Cheikh Anta Diop. Les nouvelles générations s’interrogent pour savoir comment réactualiser le projet fondateur du panafricanisme dans un contexte où l’Afrique doit s’unir pour sortir de la marginalisation qui l’affecte dans son ensemble. Dans cette perspective, la seule voie qui s’offre à elle, c’est de reconstruire dans une certaine mesure des grands ensembles de la période précoloniale. Cela ne peut se faire que par une réelle intégration régionale.

Mais, pour s’adapter à un monde complexe qui exige un renouvellement des savoirs et des pratiques dans tous les domaines, l’on sent le besoin de relever le défi de l’innovation. Il s’agit de changer notre manière d’habiter le monde par une révolution culturelle qui crée des conditions nécessaires à l’émergence de nouveaux dynamismes et de nouvelles stratégies de développement qui soient maîtrisés de l’intérieur et ne soient pas porteurs des mêmes déséquilibres que par le passé. Enfin, devant la démission des pouvoirs dans le nouvel ordre du monde où le véritable gouvernement est exercé par les milieux financiers qui dictent des conduites aux hommes politiques, seul un profond mouvement social enraciné dans les structures du quotidien peut reconstruire des rapports de force qui soient favorables à la masse des exclus produite par les mécanismes de l’Argent-dieu dans les pays d’Afrique.

La clé de toute alternative réside, pour nous, dans la souveraineté des sociétés et des peuples qui se réapproprient l’initiative politique afin de faire des choix de civilisation et d’élaborer des stratégies de résistance à l’économie barbare en expansion à l’échelle de la planète. Dans les États sous-tutelle, l’enjeu du débat qui s’impose est, en fin de compte, celui de la citoyenneté des hommes et des femmes écartés de toute décision en matière de choix de société par les bailleurs de fonds internationaux qui imposent les programmes d’ajustement structurel comme seule voie d’accès à l’économie-monde.

Si le modèle de développement imposé par le néolibéralisme n’est pas universalisable ni soutenable, ne faut-il pas refuser la barbarie en s’interrogeant sur la pertinence et la nécessité d’inscrire dans les dynamiques institutionnelles et historiques les initiatives et les pratiques par lesquelles l’Afrique s’invente au-delà de la crise et de l’ajustement structurel? Bref, pour relever les défis des sociétés africaines soumises aux contraintes de la globalisation ne faut-il pas réhabiliter le politique et l’État afin de reconstruire un espace de vie où s’articulent l’économique et le social? À la limite, l’Afrique et ses marges ne doivent-elles pas retrouver la capacité de mobilisation en vue de tenter l’expérience d’une économie au service de la vie et de la société? Telles sont les questions fondamentales posées par les dynamiques à l’œuvre dans ce « monde d’en bas » où les jeunes et les femmes exposés au chômage, à la pauvreté et à l’exclusion s’organisent pour relever les défis du quotidien.

Peut-être l’Afrique doit-elle se remettre à l’écoute de ses marges pour apprendre à réinsérer les exclus au sein de la société globale. Pour restaurer le lien social, elle doit s’interroger sur la manière de gérer le « capital social » et les réseaux de solidarité au niveau institutionnel. Dans ce sens, le problème de la marginalisation oblige à réhabiliter l’État en Afrique noire. L’enjeu est politique au moment même où l’on prend conscience de l’emprise des forces socio-économiques qui orientent le cours de l’histoire africaine. Ce qu’il faut retrouver, c’est la capacité politique des sociétés africaines à gérer l’incertitude dans un sens qui leur soit favorable. Cela suppose que les Africains retrouvent la confiance en eux-mêmes et en leur potentiel d’invention et de créativité. Tout le problème est là, avant même qu’un « contrat de génération » entre les exclus du Nord et ceux du Sud vienne appuyer les stratégies de lutte et d’action des peuples africains qui ne sauraient se laisser pousser vers un avenir déterminé par les forces du marché qui enferment la vie dans la culture de l’instant. Les pistes que l’on suggère peuvent aider à construire la rupture : elles rappellent que le chemin à faire sera long et difficile. Pour affronter les défis d’aujourd’hui et de demain, les Africains ont besoin de réinvestir leurs capacités de lutte et de résistance dont ils n’ont cessé de faire preuve au cours de leur histoire tourmentée. En dépit des apparences, rien n’est joué. L’espoir demeure toujours possible au milieu des brouillards. Comme des poètes, il nous fait faire lever les soleils qui brillent derrière nous.

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Jean-Marc ÉLA, sociologue et théologien, camerounais, membre de l’Association œcuménique des théologiens du tiers monde et membre fondateur du Centre de recherche africain pour l’inculturation. Il a écrit une dizaine de livres dont Ma foi d’Africain, où il développe le concept de la « théologie sous l’arbre » adaptée au contexte africain.

Source : ÉLA, Jean-Marc, « L’Afrique marginalisée? », Dossier du Congrès – 1996 – Le temps des exclusions, Montréal, 1996, p. 29-38.


  1. G. Duruflé : L'ajustement structurel en Afrique (Sénégal, Côte d'Ivoire, Madagascar), Paris, Karthala, 1988, p. 14
  2. G. Duruflé, op. cit. p. 15.
  3. Sur ce thème, voir I. Ramonet, « Oublier le Sud », Le Monde diplomatique, avril 1990; lire aussi S. Bessis, « Enlever au Sud pour donner à l'Est? », Le Monde diplomatique, février 1990; S. Diallo, Jeune Afrique, 1er janvier 1990.
  4. Zald Laïdi dans Le Nouvel État du monde, bilan de la décennie 1980-1990, Paris, La Découverte 1990, pp. 51-52. Du même auteur, lire aussi, « Le déclassement international de l'Afrique », Politique étrangère, n° 3, 1988.
  5. Cf. N. Rodet, « Est-Sud : Y a-t-il éviction? »,  Économie et humanisme, 336, février 1996, pp. 74-83.
  6. Voir Jeune Afrique, n° 1837, 28 mars 1996, p. 52.
  7. G. Montifroy, Amérique-Europe, Montréal, Ed. Sciences et Cultures, 1993, p. 25.
  8. Le Monde diplomatique, septembre 1991.
  9. A. Char, Le Devoir, 06-07-1995.
  10. J. Ziegler, « Boutros Ghali : Les Américains insultent le tiers monde » dans Jeune Afrique, n° 1855 du 24 au 30 juillet 1996, p. 46.
  11. Jeune Afrique, n° 1846 du 22 au 28 mai 1996
  12. Voir Le Monde, 5-6 février 1995, p. 2.
  13. Jeune Afrique, 22 mai 1996.
  14. F. Chesnais, La Mondialisation du capital, Paris, Syros, 1994.
  15. B. Campbell, Débats actuels sur la reconceptualisation de l'État par les organismes de financement multilatéraux et l'USAID, GEMDEV, l'État en Afrique : Indigénisations et Modernités. Paris, juin 1994, p. 33-44.
  16. L'ajustement structurel en Afrique, réformes, résultats, et le chemin parcouru., 1994, p. 257-258.
  17. G. Duruflé, L'ajustement structurel en Afrique, 1988, p. 17.
  18. Abdoulaye Wade, cité dans le Nouvel Afrique-Asie, n° 82-83, juin-août 1996, p. 18.
  19. F. Akinsès, Les mirages de la démocratie en Afrique subsaharienne francophone, Paris, Karthala, 1996.
  20. A. Bourguii, Jeune Afrique, n° 147, du 29 mai au 4 juin 1996, p. 16.
  21. Sur le soutien de la France à des régimes contestés par le peuple, voir à titre d'exemple, les interventions de l’armée française en Afrique francophone, le dernier cas en date est celui de Bangui, en R.C.A.
  22. S. Amin, La faillite du développement de l'Afrique et du tiers monde, Paris, L'Harmattan, 1989, p. 107.
  23. S. Amin, op. cit.
  24. Voir Africa, n° 294, mai 1996. p. 29.

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