Du soir du jeudi saint au dimanche de Pâques, les chrétiens célèbrent le mystère central de leur foi : la mort et la résurrection du Christ.
Qu’est-ce que le triduum pascal ?
Le triduum pascal est la période de trois jours durant laquelle les chrétiens célèbrent le cœur de leur foi, la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Ce terme vient du latin (tres, « trois », et dies, « jour »).
Le triduum pascal commence le soir du jeudi saint et se termine le jour de Pâques, après les vêpres. Ces trois jours constituent le centre de gravité de toute l’année liturgique. Successivement, les chrétiens commémorent le dernier repas du Christ avec ses disciples, son arrestation, sa crucifixion et sa mise au tombeau, puis sa résurrection d’entre les morts.
Ces trois jours ont un caractère fortement symbolique : ils rappellent ceux évoqués dans l’Évangile de Jean. Jésus ayant chassé les marchands du Temple, des juifs lui demandent de manifester l’autorité au nom de laquelle il remet en cause le lieu saint de Jérusalem, et il leur répond : « Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai. » Préfigurant de la résurrection, l’évangéliste précise : « Il parlait du sanctuaire de son corps » (Jean 2, 18-21).
Pourquoi ces trois jours ?
L’Église célèbre dans un seul et même mouvement la passion, la mort et la résurrection du Christ. Elle manifeste ainsi le lien essentiel entre la manière dont le Christ vit et meurt, « donnant sa vie pour ses amis » (Jean 15, 12), et sa résurrection d’entre les morts. Celle-ci manifeste que l’existence du Christ, telle qu’elle a été vécue jusque sur la croix, est accueillie et sauvée par Dieu.
« La résurrection ne signifie pas le début d’une nouvelle période de la vie de Jésus, (…) mais précisément la dimension définitive permanente, sauvée, de la vie de Jésus une et unique », écrivait le théologien Karl Rahner (1).
Que célèbre-t-on le Jeudi saint ?
Dans la soirée du jeudi avant Pâques, les catholiques célèbrent la Cène, l’ultime repas du Christ avec ses disciples, où il leur annonce le don qu’il va faire de sa vie, librement et par amour. Ce don est signifié de manière différente selon les quatre Évangiles. Marc, Matthieu et Luc montrent Jésus partageant aux Douze du pain et du vin, dont il fait les signes de son corps et de son sang livrés.
Dans l’Évangile de Jean, cette scène est absente, et le don de Jésus est traduit au travers du geste du lavement des pieds. Jésus se place ainsi dans la situation du serviteur et laisse à ses disciples ce testament : « C’est un exemple que je vous ai donné pour que vous fassiez, vous aussi, comme moi j’ai fait pour vous » (Jean 13, 15).
Fidèle à la mémoire du Christ, l’Église procède, le soir du Jeudi saint, au rite du lavement des pieds et célèbre solennellement l’Eucharistie. À la fin de la messe, les fidèles poursuivent leur prière en accompagnant le Christ dans la nuit de son arrestation au Jardin des oliviers. « Voilà ce qui distingue les chrétiens des païens », écrira le théologien Dietrich Bonhoeffer. « « Ne pouvez-vous veiller une heure avec moi ? » demande Jésus à Gethsémani. C’est le renversement de tout ce que l’homme religieux attend de Dieu. »
Le pasteur allemand y voyait le signe d’une vie chrétienne débarrassée des idoles : « Dieu est impuissant et faible dans le monde, et ainsi seulement il est avec nous et nous aide. »
Le Vendredi saint est-il un jour de deuil ?
Pas simplement cela, car ce jour-là les chrétiens célèbrent l’amour de Dieu allant jusqu’au bout de lui-même. Ils célèbrent la « kénose » de Dieu, son abaissement qui va jusqu’à la croix pour rejoindre les hommes. Dans ce geste radical d’humilité, qui renverse la vision païenne d’un dieu dominateur, les chrétiens reçoivent la révélation d’un Dieu qui n’est qu’amour.
Durant cette journée, les chrétiens accompagnent le Christ en sa Passion, relisant ensemble le récit de son arrestation et de sa mise à mort. Au cours de l’office, la liturgie prévoit un geste de vénération de la croix. Depuis la fin du Moyen Âge, la pratique du chemin de croix s’est par ailleurs largement diffusée. Celui-ci a lieu dans l’après-midi du vendredi et consiste en une pérégrination en quatorze (ou quinze) étapes à la suite du Christ.
Le Samedi saint est-il un jour « vide » ?
La journée du Samedi saint est la seule de l’année liturgique qui ne comprend aucun office collectif, hormis la liturgie des heures (prière du bréviaire). Aucun sacrement n’est célébré. C’est un jour de silence et de recueillement, un jour d’attente.
La Tradition lui associe « la descente aux enfers », particulièrement présente dans la spiritualité byzantine : le Christ rejoint les morts restés loin de Dieu, à commencer par Adam et Ève, pour les associer à la délivrance imminente de sa résurrection. La journée du Samedi saint est aussi consacrée aux préparatifs de la fête de Pâques dans les familles et les communautés chrétiennes.
Que célèbre la veillée pascale ?
À Pâques – aussi bien lors de la liturgie nocturne du Samedi saint qu’au dimanche de Pâques -, l’Église célèbre la résurrection de Jésus, son « passage » de la mort à la vie. Selon la foi chrétienne, Dieu n’a pas laissé son Fils crucifié aux mains de la mort. « Dieu a ressuscité », « Dieu a glorifié », « Dieu a relevé » de la mort – tels sont les termes utilisés en grec par le Nouveau Testament – celui qui a donné sa vie par amour pour son Père et pour les hommes.
Pour les chrétiens, cette victoire sur la mort concerne toute l’humanité. « Nous le savons, celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus, nous ressuscitera nous aussi avec Jésus », écrit Paul aux Corinthiens (2 Co 4, 14). Cette annonce d’une vie surabondante, plus forte que la mort, est le salut, la « bonne nouvelle » fêtée à Pâques.