29 Chapitre 6 : Le crucifiement

La Passion de Jésus selon Marie d’Agreda

 

Le crucifiement

Marie d’Agreda qualifie Jésus qui va être crucifié de Nouvel Isaac

« Notre véritable et nouvel Isaac, Fils du Père éternel, arriva au Mont du Sacrifice, au même lieu où fut essayée la figure sur le fils du patriarche Abraham… Le mont du Calvaire était un lieu méprisé, destiné au supplice des plus insignes criminels dont les cadavres infects le rendaient encore plus ignominieux. Notre très doux Jésus y arriva épuisé de fatigue, couvert de sang et de plaies, et tout défiguré… Navrée de douleur, la divine Mère parvint aussi au sommet du Calvaire, et put corporellement s’approcher de son Fils… Jean et les trois Maries étaient auprès d’elle. » (1375)

Marie priait sans cesse. On était à la sixième heure (environ midi). Les bourreaux, pour crucifier Jésus Le dépouillèrent de sa tunique sans couture, et, la Lui retirant par le haut, ils y mirent tant de violence qu’ils arrachèrent la couronne d’épines réouvrant ainsi les blessures de sa tête. La couronne fut ensuite replacée sur la tête avec une cruauté inouïe.

Jésus est dépouillé de ses vêtements

« On dépouilla quatre fois notre admirable Sauveur au cours de sa Passion:

-la première pour Le fouetter lorsque qu’on Le lia à la colonne.
-la seconde pour Lui mettre le manteau de pourpre par dérision.
-la troisième quand on le Lui ôta pour Le revêtir de sa tunique.
-la quatrième fois sur le Calvaire, pour Le laisser en cet état. »
 (1378)

Les bourreaux préparèrent tout ce qui était nécessaire pour les crucifixions. Pendant ce temps Jésus priait toujours le Père pour tous les hommes qu’Il était venu racheter. Quand tout fut prêt, « les bourreaux voulant marquer sur la croix les trous où ils devaient mettre les clous, ordonnèrent au Créateur de l’univers de s’étendre sur la croix, et le maître de l’humilité obéit sans résistance. Mais par une malice inouïe, ils marquèrent la place des trous à une distance plus grande que ne l’indiquait la longueur des bras et du reste du corps. » Les dimensions prises, les bourreaux firent lever Jésus pour qu’ils puissent faire les trous. Quand les trous furent faits, on fit de nouveau étendre Jésus sur la croix pour L’y clouer. (1382 et 1383)

La Crucifixion

Quand la première main fut clouée, avec un gros clou aigu qui disloqua les os et rompit les veines et les nerfs, il fallut clouer l’autre main qui ne put arriver à sa place, parce que les trous étaient trop distants l’un de l’autre. « Alors, pour en venir à bout, ces hommes impitoyables prirent la chaîne avec laquelle Jésus avait été lié, et plaçant dans sa main une espèce de menotte qui garnissait l’un des bouts de la chaîne, ils tirèrent de l’autre bout avec tant de violence qu’ils ajustèrent la main au trou et la clouèrent. Ils passèrent ensuite aux pieds, et les ayant posés l’un sur l’autre, ils les lièrent avec la même chaîne; en les tirant avec une cruauté inouïe, ils les clouèrent tous deux avec le troisième clou. » Le corps de Jésus avait été tellement écartelé qu’on pouvait compter ses os tant ils étaient luxés, disloqués et déboîtés d’une manière sensible. (1384)

Nota: L’écartèlement de Jésus n’est pas mentionné dans les récits de la Passion, même chez Saint Jean. Pourtant, comme tous les mystiques ayant « assisté » à la Passion de Jésus rapportent ce fait, on peut légitimement penser que Jésus, en plus des autres, subit également le supplice de l’écartèlement.

« Il n’est pas possible d’exprimer les douleurs atroces que notre Sauveur souffrit dans ce supplice… Si nous les méditons sérieusement, nous y trouverons des motifs efficaces pour abhorrer le péché et pour ne plus le commettre, puisqu’il a causé tant de souffrances à l’Auteur de la vie… Pensons aussi aux grandes douleurs qui affligeaient le corps et l’esprit de sa très pure Mère. » (1385)

Quand Jésus eut été cloué, craignant que les clous ne lâchent sous le poids du corps, les soldats retournèrent la croix, avec Jésus dessus, pour replier les clous par derrière. « Cette nouvelle cruauté fit frémir tout le peuple qui, ému de compassion, jeta un grand cri. » Ensuite les bourreaux élevèrent la croix et la poussèrent dans le trou préparé à cet effet. Jésus se trouva alors suspendu sur le bois de la croix, élevé de terre.

Autre cruauté signalée par Marie d’Agreda: « …en se servant de la pointe de leurs armes pour soutenir la croix pendant qu’ils L’élevaient, ils Lui firent de profondes blessures en divers endroits de son très saint corps, et surtout sous les bras… »

Jésus perdit beaucoup de sang par les blessures faites par les clous, car la secousse qu’Il reçut quand la croix tomba dans le trou agrandit ses plaies. Les deux larrons furent ensuite crucifiés, mais les princes des prêtres ne s’occupaient que de Jésus à qui ils disaient: « Toi qui détruis le temple de Dieu et qui le rebâtis en trois jours, sauve-Toi Toi-même maintenant, etc… » Les larrons aussi blasphémaient et se moquaient de Lui. (1388) Il s’agit bien, ici, des larrons, car Dismas, celui qu’on appellera plus tard « le Bon Larron », ne s’était pas encore converti.

Marie d’Agreda relate ensuite la polémique entre Pilate et les Juifs au sujet de l’inscription que portait l’écriteau, puis décrit les bouleversements qui survinrent dans la nature: obscurcissement du soleil, tremblements de terre, etc. (1390)

 

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