156 Chapitre 82 : FRAGMENT SUR LONGIN

FRAGMENT SUR LONGIN

Le 15 mars 1821, la soeur Emmerich communiqua ces fragments d’une vision qu’elle avait eue la nuit sur saint Longin, dont la fête tombait ce jour même, ce que la soeur ignorait.

J’ai vu cette nuit, dit-elle, beaucoup de choses touchant Longin (je ne sais pas, du reste, si c’est là son vrai nom). Je ne pourrai en rapporter que peu de chose. Longin faisait un service demi civil, demi militaire, auprès de Pilate. Il courait de côté et d’autre, s’occupait de beaucoup de choses, observait tout, prenait des renseignements et faisait des rapports. C’était un homme très actif, ressemblant à N. de B. qui, lorsqu’il est venu me visiter, m’a tout à fait rappelé Longin : seulement celui-ci était un peu plus grand. Il était bon et serviable : mais avant sa conversion, Il manquait de solidité et de force de caractère. Il faisait tout avec empressement, aimait à se donner de l’importance, et comme il était louche et avait la vue mauvaise, il était souvent en butte aux railleries de ses compagnons. Je l’ai vu souvent cette nuit, et à son occasion, j’ai vu toute la Passion : ce matin je ne savais pas d’abord comment j’étais venue là, puis je me suis souvenue que c’était à cause de lui.

 » Longin n’avait qu’un grade inférieur dans l’armée, mais, comme attaché au service particulier de Pilate, il se trouvait partout où se faisait quelque chose d’un peu important et venait rendre compte au gouverneur de ce qu’il avait vu. Je vis que dans la nuit où Jésus fut conduit au tribunal de Caïphe, il était dans le vestibule, parmi les soldats, et allait et venait sans cesse. Il était tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre. Je le vis une fois prés de Notre Seigneur, sur les degrés où celui-ci se tenait en présence du tribunal, et je remarquai que l’aspect de Jésus le touchait. Ensuite il descendit et se promena de nouveau dans le vestibule. Lorsque Pierre fut effrayé des propos de la servante auprès du feu, ce fut lui qui dit une fois :  » Tu es aussi des partisans de cet homme « . Lorsqu’on conduisit Jésus au Calvaire, il se tenait près du cortège par ordre de Pilate, et le Sauveur lui lança un regard qui le toucha. Je le vis ensuite sur le Golgotha avec les soldats. Il était à cheval et avait une lance. Je le vis chez Pilate après la mort du Seigneur ; il demandait avec chaleur qu’on ne rompit pas les jambes de Jésus (1). Il revint promptement au Calvaire.

(1) Il semble ici qu’après la mort de Jésus, Cassius (Longin) se rendit une fois du Calvaire à la ville pour voir Pilate. Dans ses récits sur la Passion, la soeur Emmerich a oublié de mentionner cette circonstance, à moins qu’elle ne l’ait indiquée vaguement par ces paroles (page 296),  » Cassius, à cheval, allait de côté et d’autre « .

Sa lance était faite de plusieurs morceaux qui rentraient l’un dans l’autre : en les tirant on pouvait la rendre trois fois plus longue. C’est ce qu’il venait de faire au moment où il se détermina subitement à percer le côté du Sauveur. Je le vis aussi assister à la mise au tombeau de Notre Seigneur : il voulait être informé de tout. Il se convertit sur le Calvaire, et exprima plus tard à Pilate sa conviction que Jésus était le fils de Dieu. Pilate le traita de rêveur, et comme il se présentait devant lui avec sa lance Pilate, par un sentiment de dégoût ou par superstition, lui ordonna de la déposer devant la porte. Bientôt après, Longin s’entretint avec Nicodème qui demanda que la lance lui fût donnée et l’obtint du gouverneur. Je vis Nicodème en séparer les diverses parties afin de pouvoir mieux les conserver. Au commencement il les garda dans une enveloppe de cuir, plus tard dans une auge de pierre. J’ai vu beaucoup de choses relatives à l’histoire de cette lance. Longin converti quitta le service militaire et s’adjoignit aux disciples. Lui aussi vit le Seigneur après sa résurrection. Il fut des premiers auxquels le baptême fut donné après la Pentecôte, ainsi que deux autres soldats qui s étaient convertis au pied de la crois.

J’ai vu ensuite Longin et ces deux hommes, habillés de longs vêtements blancs, revenir dans leur patrie. Ils y habitaient à la campagne, prés d’une petite ville, dans une contrée stérile et marécageuse. C’est dans ce lieu que moururent les quarante martyrs. Longin n’était pas prêtre mais diacre : il parcourait le pays en cette qualité, annonçait le Christ et racontait sa Passion et sa Résurrection comme témoin oculaire. Il convertissait beaucoup de monde et guérissait des malades en leur faisant toucher un morceau de la sainte lance qu’il portait avec lui. Il avait aussi du précieux sang desséché, recueilli au pied de la croix. Les Juifs étaient très irrités contre lui et contre ses deux compagnons, parce qu’ils faisaient connaître partout la vérité : de la résurrection du Sauveur, et révélaient leurs cruautés et leurs fourberies. A leur instigation, on envoya des soldats romains dans la patrie de Longin pour le prendre et le juger, comme troublant la tranquillité publique. Il était occupé à cultiver son champ lorsqu’ils arrivèrent, et il les conduisit dans sa maison où il leur donna l’hospitalité. Ils ne le connaissaient pas, et quand ils lui eurent fait savoir l’objet de leur voyage, il fit appeler ses deux compagnons qui vivaient dans une espèce d’ermitage à peu de distance, et il dit aux soldats qu’eux et lui étaient ceux qu’ils venaient chercher. La même chose arriva au saint jardinier Phocas. Les soldats furent très affligés, car ils l’avaient pris en amitié. Je vis ses deux compagnons et lui conduits dans une petite ville voisine, où us furent interroges. On ne les mit pas en prison : je les vis, pendant deux jours, aller et venir comme des prisonniers sur parole, mais us avaient un signe particulier sur l’épaule. On les décapita ensuite tous les trois sur une colline située entre la petite ville et la demeure de Longin, ils furent enterrés là même. Je crois me souvenir que cette colline lui appartenait et qu’il avait demandé à être exécute et enterré en cet endroit. Les soldats mirent la tête de Longin au bout d’une pique, et la portèrent à Jérusalem pour prouver qu’ils avaient rempli leur mission. Je crois me ressouvenir que ceci arriva peu d’années après la mort de Notre Seigneur.

 » J’eus ensuite une vision d’une époque postérieure. Une femme aveugle du pays de saint Longin s’en alla avec son fils en pèlerinage à Jérusalem, espérant trouver sa guérison dans la sainte ville où les yeux de Longin avaient été guéris. Elle se faisait conduire pat son enfant, mais il mourut et elle resta délaissée et sans consolation. Alors saint Longin lui apparut et lui dit qu’elle recouvrerait la vue lorsqu’elle aurait tiré sa tête d’un égout où les Juifs l’avaient jetée. C’était une fosse revêtue en maçonnerie où plusieurs conduits amenaient les immondices. Je vis plusieurs personnes y conduire cette pauvre femme : elle entra dans l’égout jusqu’au cou et en tira la sainte tête. Elle fut guérie et s’en retourna dans sa patrie ; ceux qui l’avaient accompagnée conservèrent la tête. Voilà tout ce dont je me souviens « .

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LA PASSION DE JESUS© par campionpierre. Tous droits réservés.

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