62 Chapitre 1 : La Passion selon saint Marc 14. 1. – 15. 47
La Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Marc
L. La fête de la Pâque et des pains sans levain
allait avoir lieu dans deux jours.
Les chefs des prêtres et les scribes
cherchaient le moyen d´arrêter Jésus par ruse,
pour le faire mourir.
Car ils se disaient :
A. « Pas en pleine fête,
pour éviter une émeute dans le peuple. »
L. Jésus se trouvait à Béthanie, chez Simon le lépreux.
Pendant qu´il était à table,
une femme entra,
avec un flacon d´albâtre
contenant un parfum très pur et de grande valeur.
Brisant le flacon, elle le lui versa sur la tête.
Or, quelques-uns s´indignaient :
A. « A quoi bon gaspiller ce parfum?
On aurait pu le vendre
pour plus de trois cents pièces d´argent
et en faire don aux pauvres. »
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L. Et ils la critiquaient.
Mais Jésus leur dit :
« Laissez-la ! Pourquoi la tourmenter ?
C´est une action charitable
qu´elle a faite envers moi.
Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous,
et, quand vous voudrez, vous pourrez les secourir;
mais moi, vous ne m´aurez pas toujours.
Elle a fait tout ce qu´elle pouvait faire.
D´avance, elle a parfumé mon corps pour mon ensevelissement.
Amen, je vous le dis:
partout où la Bonne Nouvelle sera proclamée
dans le monde entier,
on racontera, en souvenir d´elle,
ce qu´elle vient de faire. »
L. Judas Iscariote, l´un des Douze,
alla trouver les chefs des prêtres
pour leur livrer Jésus.
A cette nouvelle, ils se réjouirent
et promirent de lui donner de l´argent.
Dès lors Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer.
Le premier jour de la fête des pains sans levain,
où l´on immolait l´agneau pascal,
les disciples de Jésus lui disent :
D. « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs
pour ton repas pascal ? »
L. Il envoie deux disciples :
« Allez à la ville ;
vous y rencontrerez un homme portant une cruche d´eau.
Suivez-le. Et là où il entrera, dites au propriétaire:
« Le Maître te fait dire :
Où est la salle où je pourrai manger la Pâque
avec mes disciples ? »
Il vous montrera, à l´étage,
une grande pièce toute prête pour un repas.
Faites-y pour nous les préparatifs. »
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L. Les disciples partirent, allèrent en ville ;
tout se passa comme Jésus le leur avait dit ;
et ils préparèrent la Pâque.
L. Le soir venu, Jésus arrive avec les Douze.
Pendant qu´ils étaient à table et mangeaient,
Jésus leur déclara :
« Amen, je vous le dis:
l´un de vous, qui mange avec moi, va me livrer. »
L. Ils devinrent tout tristes,
et ils lui demandaient l´un après l´autre :
D. « Serait-ce moi? »
L. Il leur répondit :
« C´est l´un des Douze,
qui se sert au même plat que moi.
Le Fils de l´homme s´en va, comme il est écrit à son sujet;
mais malheureux celui qui le livre!
Il vaudrait mieux pour lui qu´il ne soit pas né. »
L. Pendant le repas, Jésus prit du pain,
prononça la bénédiction, le rompit,
et le leur donna, en disant :
« Prenez, ceci est mon corps. »
L. Puis, prenant une coupe et rendant grâce,
il la leur donna, et ils en burent tous.
Et il leur dit :
« Ceci est mon sang, le sang de l´Alliance,
répandu pour la multitude.
Amen, je vous le dis:
je ne boirai plus du fruit de la vigne,
jusqu´à ce jour où je boirai un vin nouveau
dans le Royaume de Dieu. »
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L. Après le chant d´action de grâce,
ils partent pour le mont des Oliviers.
Jésus leur dit :
« Vous allez tous être exposés à tomber, car il est écrit :
Je frapperai le berger et les brebis seront dispersées.
Mais, après que je serai ressuscité,
je vous précéderai en Galilée.
L. Pierre lui dit alors :
D. « Même si tous viennent à tomber,
moi, je ne tomberai pas. »
L. Jésus lui répondit :
« Amen, je te le dis :
toi, aujourd´hui, cette nuit même,
avant que le coq ait chanté deux fois,
tu m´auras renié trois fois. »
L. Mais lui reprenait de plus belle :
D. « Même si je dois mourir avec toi,
je ne te renierai pas. »
L. Et tous disaient de même.
L. Ils parviennent à un domaine appelé Gethsémani.
Jésus dit à ses disciples :
« Restez ici; moi, je vais prier. »
L. Puis il emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean,
et commence à ressentir frayeur et angoisse.
Il leur dit :
« Mon âme est triste à mourir.
Demeurez ici et veillez. »
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L. S´écartant un peu, il tombait à terre et priait
pour que, s´il était possible, cette heure s´éloigne de lui.
Il disait :
« Abba… Père, tout est possible pour toi.
Éloigne de moi cette coupe.
Cependant, non pas ce que je veux,
mais ce que tu veux ! »
L. Puis il revient et trouve les disciples endormis.
Il dit à Pierre :
« Simon, tu dors !
Tu n´as pas eu la force de veiller une heure ?
Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation :
l´esprit est ardent, mais la chair est faible. »
L. Il retourna prier, en répétant les mêmes paroles.
Quand il revint près des disciples,
il les trouva endormis, car leurs yeux étaient alourdis.
Et ils ne savaient que lui dire.
Une troisième fois, il revient et leur dit :
« Désormais, vous pouvez dormir et vous reposer.
C´est fait; l´heure est venue :
voici que le Fils de l´homme est livré
aux mains des pécheurs.
Levez-vous! Allons!
Le voici tout proche, celui qui me livre. »
L. Jésus parlait encore quand Judas, l´un des Douze, arriva
avec une bande armée d´épées et de bâtons,
envoyée par les chefs des prêtres,
les scribes et les anciens.
Or, le traître leur avait donné un signe convenu :
D. « Celui que j´embrasserai, c´est lui :
arrêtez-le, et emmenez-le sous bonne garde. »
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L. A peine arrivé, Judas, s´approchant de Jésus, lui dit :
D. « Rabbi ! »
L. Et il l´embrassa.
Les autres lui mirent la main dessus et l´arrêtèrent.
Un de ceux qui étaient là tira son épée,
frappa le serviteur du grand prêtre
et lui trancha l´oreille.
Alors Jésus leur déclara :
« Suis-je donc un bandit
pour que vous soyez venus m´arrêter
avec des épées et des bâtons ?
Chaque jour, j´étais parmi vous dans le Temple,
où j´enseignais, et vous ne m´avez pas arrêté.
Mais il faut que les Écritures s´accomplissent. »
L. Les disciples l´abandonnèrent et s´enfuirent tous.
Or, un jeune homme suivait Jésus;
il n´avait pour vêtement qu´un drap.
On le saisit.
Mais lui, lâchant le drap, se sauva tout nu.
Ils emmenèrent Jésus chez le grand prêtre,
et tous les chefs des prêtres, les anciens et les scribes
se rassemblent.
Pierre avait suivi Jésus de loin,
jusqu´à l´intérieur du palais du grand prêtre,
et là, assis parmi les gardes, il se chauffait près du feu.
Les chefs des prêtres et tout le grand conseil
cherchaient un témoignage contre Jésus
pour le faire condamner à mort,
et ils n´en trouvaient pas.
De fait, plusieurs portaient de faux témoignages contre Jésus,
et ces témoignages ne concordaient même pas.
Quelques-uns se levaient pour porter contre lui
ce faux témoignage :
A. « Nous l´avons entendu dire:
« Je détruirai ce temple fait de main d´homme,
et en trois jours j´en rebâtirai un autre
qui ne sera pas fait de main d´homme ».
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L. Et même sur ce point, ils n´étaient pas d´accord.
Alors le grand prêtre se leva devant l´assemblée
et interrogea Jésus :
A. « Tu ne réponds rien
à ce que ces gens déposent contre toi ? »
L. Mais lui gardait le silence,
et il ne répondait rien.
Le grand prêtre l´interroge de nouveau :
A. « Es-tu le Messie, le Fils du Dieu béni ? »
L. Jésus lui dit :
« Je le suis,
et vous verrez le Fils de l´homme
siéger à la droite du Tout-Puissant,
et venir parmi les nuées du ciel. »
L. Alors, le grand prêtre déchire ses vêtements et dit :
A. « Pourquoi nous faut-il encore des témoins ?
Vous avez entendu le blasphème.
Quel est votre avis ? »
L. Tous prononcèrent qu´il méritait la mort.
Quelques-uns se mirent à cracher sur lui,
couvrirent son visage d´un voile,
et le rouèrent de coups, en disant :
F. « Fais le prophète ! »
L. Et les gardes lui donnèrent des gifles.
L. Comme Pierre était en bas, dans la cour,
arrive une servante du grand prêtre.
Elle le voit qui se chauffe, le dévisage et lui dit :
A. « Toi aussi, tu étais avec Jésus de Nazareth. »
L. Pierre le nia :
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D. « Je ne sais pas,
je ne comprends pas ce que tu veux dire. »
L. Puis il sortit dans le vestibule.
La servante, l´ayant vu, recommença à dire
à ceux qui se trouvaient là :
A. « En voilà un qui est des leurs! »
L. De nouveau, Pierre le niait.
Un moment après, ceux qui étaient là lui disaient :
F. « Sûrement tu en es! D´ailleurs, tu es galiléen. »
L. Alors il se mit à jurer en appelant sur lui la malédiction :
D. « Je ne connais pas l´homme dont vous parlez. »
L. Et aussitôt, un coq chanta pour la seconde fois.
Alors, Pierre se souvint de la parole de Jésus:
« Avant que le coq chante deux fois,
tu m´auras renié trois fois. »
Et il se mit à pleurer.
L. Dès le matin, les chefs des prêtres convoquèrent
les anciens et les scribes, et tout le grand conseil.
Puis ils enchaînèrent Jésus et l´emmenèrent
pour le livrer à Pilate.
Celui-ci l´interrogea:
A. « Es-tu le roi des Juifs? »
L. Jésus répond :
« C´est toi qui le dis. »
L. Les chefs des prêtres multipliaient contre lui
les accusations.
Pilate lui demandait à nouveau :
A. « Tu ne réponds rien?
Vois toutes les accusations qu´ils portent contre toi. »
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L. Mais Jésus ne répondit plus rien,
si bien que Pilate s´en étonnait.
A chaque fête de Pâque, il relâchait un prisonnier,
celui que la foule demandait.
Or, il y avait en prison un dénommé Barabbas,
arrêté avec des émeutiers
pour avoir tué un homme lors de l´émeute.
La foule monta donc,
et se mit à demander à Pilate la grâce
qu´il accordait d´habitude.
Pilate leur répondit :
A. « Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? »
L. (Il se rendait bien compte que c´était par jalousie
que les chefs des prêtres l´avaient livré.)
Ces derniers excitèrent la foule
à demander plutôt la grâce de Barabbas.
Et comme Pilate reprenait :
A. « Que ferai-je donc de celui
que vous appelez le roi des Juifs? »
L. Ils crièrent de nouveau :
F. « Crucifie-le! »
L. Pilate leur disait :
A. « Qu´a-t-il donc fait de mal ? »
L. Mais ils crièrent encore plus fort :
F. « Crucifie-le ! »
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L. Pilate, voulant contenter la foule,
relâcha Barabbas.
Et après avoir fait flageller Jésus,
il le livra pour qu´il soit crucifié.
Les soldats l´emmenèrent à l´intérieur du prétoire,
c´est-à-dire dans le palais du gouverneur.
Ils appellent toute la garde,
ils lui mettent un manteau rouge,
et lui posent sur la tête une couronne d´épines
qu´ils ont tressée.
Puis ils se mirent à lui faire des révérences :
F. « Salut, roi des Juifs. »
L. Ils lui frappaient la tête avec un roseau,
crachaient sur lui,
et s´agenouillaient pour lui rendre hommage.
Quand ils se furent bien moqués de lui,
ils lui ôtèrent le manteau rouge,
et lui remirent ses vêtements.
Puis ils l´emmenèrent pour le crucifier,
et ils réquisitionnent, pour porter la croix, un passant,
Simon de Cyrène,
le père d´Alexandre et de Rufus,
qui revenait des champs.
Et ils amènent Jésus à l´endroit appelé Golgotha,
c´est-à-dire Lieu-du-Crâne ou Calvaire.
Ils lui offraient du vin aromatisé de myrrhe;
mais il n´en prit pas.
Alors ils le crucifient,
puis se partagent ses vêtements,
en tirant au sort pour savoir la part de chacun.
Il était neuf heures lorsqu´on le crucifia.
L´inscription indiquant le motif de sa condamnation
portait ces mots:
« Le roi des Juifs. »
Avec lui on crucifie deux bandits,
l´un à sa droite, l´autre à sa gauche.
Les passants l´injuriaient en hochant la tête :
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F. « Hé! toi qui détruis le Temple
et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même,
descends de la croix ! »
L. De même, les chefs des prêtres se moquaient de lui
avec les scribes,
en disant entre eux :
A. « Il en a sauvé d´autres,
et il ne peut pas se sauver lui-même !
Que le Messie, le roi d´Israël,
descende maintenant de la croix ;
alors nous verrons et nous croirons. »
L. Même ceux qui étaient crucifiés avec lui l´insultaient.
Quand arriva l´heure de midi,
il y eut des ténèbres sur toute la terre,
jusque vers trois heures.
Et à trois heures, Jésus cria d´une voix forte :
« Éloï, Éloï, lama sabactani ? »
L. Ce qui veut dire :
« Mon Dieu, mon Dieu,
pourquoi m´as-tu abandonné ? »
L. Quelques-uns de ceux qui étaient là
disaient en l´entendant :
F. « Voilà qu´il appelle le prophète Élie ! »
L. L´un d´eux courut tremper une éponge
dans une boisson vinaigrée,
il la mit au bout d´un roseau,
et il lui donnait à boire, en disant :
A. « Attendez !
Nous verrons bien si Élie vient le descendre de là ! »
L. Mais Jésus, poussant un grand cri, expira.
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Ici on se met à genoux et on s´arrête un instant.
L. Le rideau du Temple se déchira en deux,
depuis le haut jusqu´en bas.
Le centurion qui était là en face de Jésus,
voyant comment il avait expiré, s´écria :
A. « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu ! »
L. Il y avait aussi des femmes,
qui regardaient de loin,
et parmi elles, Marie Madeleine,
Marie, mère de Jacques le petit et de José,
et Salomé, qui suivaient Jésus
et le servaient quand il était en Galilée,
et encore beaucoup d´autres,
qui étaient montées avec lui à Jérusalem.
Déjà le soir était venu;
or, comme c´était la veille du sabbat,
le jour où il faut tout préparer,
Joseph d´Arimathie intervint.
C´était un homme influent,
membre du conseil,
et il attendait lui aussi le Royaume de Dieu.
Il eut le courage d´aller chez Pilate
pour demander le corps de Jésus.
Pilate, s´étonnant qu´il soit déjà mort,
fit appeler le centurion, pour savoir
depuis combien de temps Jésus était mort.
Sur le rapport du centurion,
il permit à Joseph de prendre le corps.
Joseph acheta donc un linceul,
il descendit Jésus de la croix,
l´enveloppa dans le linceul
et le déposa dans un sépulcre
qui était creusé dans le roc.
Puis il roula une pierre contre l´entrée du tombeau.
Or, Marie Madeleine et Marie, mère de José,
regardaient l´endroit où on l´avait mis.