25 Chapitre 2 : L’agonie et l’arrestation
L’agonie et l’arrestation
L’Agonie de Jésus
L’agonie du Seigneur est décrite ici avec beaucoup moins de réalisme que chez les autres voyantes. Par contre abondent toutes sortes de considérations sur la prière de Jésus, le genre humain et l’instruction future de l’Église.
« Notre Sauveur… passa le torrent du Cédron, et entra dans le jardin de Gethsémani. S’adressant aux apôtres, Il leur dit: « Asseyez-vous ici pendant que Je m’en irai là pour prier, et priez de votre côté de peur que vous n’entriez en tentation. » Notre Seigneur leur dit aussi qu’ils seraient tous scandalisés à son sujet, cette nuit, de ce qu’ils Lui verraient souffrir… Ensuite Jésus appela Pierre, Jacques et Jean, et « se retira avec eux dans un autre endroit où ils ne pouvaient être vus ni entendus des huit autres apôtres. »
Jésus pria et s’offrit de nouveau au Père pour satisfaire sa justice… Il dit aux trois apôtres: « Mon âme est triste jusqu’à la mort… (1210) Il fut aussi nécessaire, pour satisfaire l’amour immense que notre Sauveur avait pour nous, de permettre à cette tristesse mystérieuse de Le plonger dans une mortelle agonie… » Jésus, en effet, devait confirmer la foi de ses trois disciples, « cette foi qui devait leur faire croire que le Sauveur était aussi un homme véritable et passible. Il fut convenable qu’ils Le vissent de leurs propres yeux, triste et affligé comme un homme véritable, et qu’avec le témoignage de ces trois apôtres privilégiés par de telles faveurs, la Sainte Église pût étouffer les erreurs que le démon prétendrait y semer touchant la réalité de l’humanité de Notre Seigneur Jésus-Christ… et enfin, que les autres fidèles trouvassent dans cet exemple un grand motif de consolation lorsqu’ils seraient dans les afflictions et dans la tristesse. » (1211)
Jésus s’éloigna ensuite des trois en leur recommandant de « veiller et de prier ». Puis se prosternant le visage contre terre, Il pria le Père: « Mon Père, s’il est possible, que ce calice soit détourné de Moi. » (1212) La raison de cette prière est donnée: l’amertume de ce calice venait de ce que Notre Seigneur savait que ses souffrances et sa mort seraient « non seulement inutiles aux réprouvés, mais qu’elles leur seraient une occasion de scandale et leur attireraient un châtiment plus terrible, à cause de l’abus et du mépris qu’ils en feraient… Et Jésus suppliait que, sa mort étant inévitable, personne, s’il était possible, ne se perdît, puisque la Rédemption qu’Il offrait était surabondante pour tous les hommes. » (1214)
Par trois fois Jésus refit cette prière; et sachant que sa Passion ne serait pas mise à profit par tous, « Il sua de grosses gouttes de sang en si grande abondance qu’elles découlaient jusqu’à terre… Le Père Éternel Lui envoya l’Archange Saint Michel afin qu’il Le fortifiât… Saint Michel dit au Sauveur… qu’il n’était pas possible que ceux qui ne voudraient pas se sauver fussent sauvés; mais qu’au gré divin le nombre des prédestinés était inestimable, quoiqu’il fût moindre que celui des réprouvés… »
Quand on lit ces phrases, et quelle que soit la crédibilité qu’on veuille bien leur donner, il est impossible de ne pas penser au terrible « J’ai soif! » de Jésus, peu de temps avant de mourir. En effet Jésus était venu pour sauver toutes les âmes, Il mourait pour accomplir la Rédemption totale de tout le genre humain. Or Jésus savait maintenant que de nombreuses âmes refuseraient son amour et le salut qu’Il leur proposait. Jésus savait que des âmes qu’Il aimait s’en iraient volontairement à la damnation. La souffrance morale endurée par Jésus dut être particulièrement atroce, et on comprend la sueur de sang… Mais heureusement, il y avait les sauvés qui faisaient que sa mort n’était pas inutile.
« Parmi les sauvés se trouvait au premier rang sa sainte Mère… puis les patriarches, les prophètes, les apôtres, les martyrs, les vierges et les confesseurs… L’ange lui nomma plusieurs de ceux-ci après les apôtres, entre autres les fondateurs des ordres religieux, dont il lui marqua les qualités particulières. » (1216) Le reste est connu par les Évangiles.
Pendant ce temps, au Cénacle, Marie vivait, dans la lumière divine, tous les divins mystères « que son très saint Fils opérait dans le jardin. Elle pleura aussi la perte des réprouvés, parce qu’elle découvrit mieux alors, les grands mystères de la prédestination… Et pour imiter en tout le Rédempteur du monde et coopérer avec Lui, elle eut une sueur de sang semblable à celle du Seigneur, et l’Archange Gabriel lui fut envoyé, par ordre de la très Sainte Trinité… » (1219 et 1220)
L’arrestation de Jésus
Les faits essentiels de l’arrestation de Jésus sont, à quelques détails près, ceux racontés dans les Évangiles. En attendant l’arrivée de ses bourreaux qu’Il entendait venir, Jésus pria avec intensité. Pendant que Judas Lui donnait le baiser du traître, Jésus lui fit connaître « l’horrible noirceur de sa trahison et le châtiment dont il était menacé s’il ne réparait son crime par une sincère pénitence; et que, s’il voulait y recourir, il obtiendrait son pardon de la divine clémence. Mais Judas résista à la divine miséricorde et s’abandonna au désespoir… » (1227)
Suivent les scènes où Jésus demande: « Qui cherchez-vous? », la blessure à l’oreille du dénommé Malchus et sa guérison, et l’ordre de Jésus à Pierre de remettre l’épée au fourreau. Ces scènes suscitent à Maria d’Agreda de nombreuses réflexions parmi lesquelles on peut extraire:
« Que les enfants de l’Église sachent que les victoires de Jésus-Christ se remportent en confessant la vérité et en laissant passer la colère; en imitant sa douceur et son humilité de coeur…
« Que la loi de l’Évangile n’enseigne point à combattre et à vaincre le démon, le monde et la chair avec des épées matérielles, mais par l’humilité, la patience, la douceur et la charité parfaite. (1232)
Maria d’Agreda note, au § 1234, que Marie était très au courant de ce qui arriva au Seigneur lors de son arrestation, et qu’elle en pénétrait par l’intelligence, tous les mystères que renfermaient les paroles et les oeuvres de son divin Fils. « Lorsqu’on attacha notre Sauveur, la très pure Mère sentit aussitôt les douleurs que les cordes et les chaînes Lui causèrent… Elle ressentit aussi tous les coups et les mauvais traitements. » (1236)
La Vierge Marie donne ensuite quelques instructions à Maria: méditer sur la Passion, les douleurs et la mort de Jésus crucifié est la science des saints que les gens du monde ignorent, « c’est le pain de vie et d’intelligence qui rassasie les petits et leur donne la sagesse… Si Jésus a bien voulu être la voie et la vie des hommes par le moyen de la passion et de la mort…, ne faut-il pas, pour marcher dans cette voie et pour embrasser la vérité, qu’ils passent par les outrages, par les afflictions, par la flagellation et par le crucifiement de Jésus-Christ? » (1237) « C’est en méditant sur la Passion, en vous en pénétrant, que vous parviendrez au sommet de la perfection, et que vous acquerrez l’amour d’une véritable épouse. » (1239)
La fuite des apôtres
Quand les apôtres virent que l’on attachait leur Maître, ils passèrent de la tristesse à un grand trouble et leur foi commença à chanceler. Ils profitèrent du fait que les soldats étaient occupés à ficeler Jésus et à le maltraiter pour s’enfuir sans que les juifs s’en aperçurent… Ils se séparèrent pour fuir en divers endroits. Seuls Pierre et Jean suivaient Jésus de loin.
Marie, considérant la fragilité des apôtres, redoubla ses prières à leur intention.(1245) Dans ses instructions elle ajoute, à l’attention de Maria d’Agreda: « Je veux ma fille, que vous considériez dans la chute des apôtres le danger de la fragilité des hommes qui s’accoutument facilement à une grossière ingratitude et à une inconcevable négligence, jusqu’au milieu des faveurs dont les comble le Seigneur… Ce danger vient de ce que les hommes sont naturellement sensibles et enclins à tout ce qui est apparent et terrestre; de ce que ce penchant a été dépravé par le péché, et de ce qu’ils s’accoutument à vivre et à agir plus pour les choses terrestres et charnelles que selon l’esprit. « (1255)