2 Chapitre 2 : L’agonie et l’arrestation du Seigneur

 

La Passion de Jésus selon Anne-Catherine Emmerick

 

L’agonie et l’arrestation du Seigneur

Jésus sur le Mont des Oliviers (Chapitre I)



Nota: Tous les textes en italique sont extraits de La douloureuse Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ, d’Anne-Catherine Émmerick, publiée par les Éditions TÉQUI. Les numéros des chapitres sont ceux qui ont été retenus dans cette étude. Ici, il faut se rapporter au grand chapitre global intitulé La douloureuse Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Après l’institution du Saint-Sacrement, Jésus se dirigea vers le Mont des Oliviers avec ses onze apôtres. Nous connaissons les propos tenus alors par Jésus à ses apôtres pour les mettre en garde sur tout ce qui allait se passer durant les heures à venir. Mais ce que nous ignorons c’est que la tristesse de Jésus allait croissant et que ses disciples « ne comprirent pas et crurent, ce qui leur arriva souvent au cours de cette soirée, que la faiblesse et l’épuisement Le faisaient délirer. » (sic) Quand ils furent arrivés à Gethsémani, Jésus semblait tellement abattu que « Jean Lui demanda comment Lui, qui les avait toujours consolés, pouvait être si abattu. »

Bientôt, quand Il se fut éloigné des trois apôtres, Jésus vit de tous côtés l’angoisse et la tentation s’approcher, et Il se réfugia dans une grotte afin d’y prier, mais les visions menaçantes L’y poursuivirent: horrible spectacle de tous les péchés commis depuis la première chute jusqu’à la fin du monde.



Anne-Catherine continue: « J’eus le sentiment que Jésus… se livrant à la justice divine en satisfaction pour les péchés du monde, faisait rentrer en quelque façon sa divinité dans le sein de la Sainte Trinité… Il se renfermait dans sa pure, aimante et innocente humanité… et la dévouait à toutes les angoisses et à toutes les souffrances. »
Laissé à sa seule humanité Jésus prit sur Lui tous les péchés du monde et s’offrit à la justice du Père pour payer cette effroyable dette. Satan s’agitait au milieu de toutes ces horreurs avec un rire infernal. « Lorsque la masse des forfaits de l’humanité eut passé sur l’âme de Jésus et qu’Il se fut offert comme victime expiatoire, Satan lui suscita des tentations innombrables, comme autrefois dans le désert… » Satan Lui reprocha aussi une foule de fautes imaginaires ou commises par d’autres: massacre des innocents, souffrances de ses parents, mort de Jean-Baptiste, etc, etc… car, pour Satan, Jésus n’était que le plus juste des hommes, sa divinité lui étant cachée. Anne-Catherine avoue que, parmi les péchés du monde, elle vit aussi les siens.

C’est en proie à une angoisse et à une douleur d’une extrême violence que Jésus s’écria: « Père, si c’est possible, que ce Calice s’éloigne de Moi… Cependant, que votre volonté se fasse et non la mienne. » Méconnaissable, baigné d’un sueur froide et tout chancelant, Jésus se leva et se traîna jusqu’auprès des trois apôtres, car Il n’ignorait pas qu’eux aussi étaient dans l’angoisse et la tentation…

La suite, on la connaît, mais à une question de Jean qui s’inquiétait et voulait appeler les autres, Jésus répondit:  » N’appelle pas les huit. Je les ai laissés parce qu’ils ne pourraient me voir dans cette détresse sans se scandaliser: ils tomberaient en tentation, oublieraient tout et douteraient de Moi. Pour vous qui avez vu le Fils de l’homme transfiguré, vous pouvez Le voir dans son obscurcissement et son délaissement… »

Pendant ce temps, tout semblait calme à Jérusalem, les Juifs étant occupés à préparer la Pâque dans leurs maisons. Les amis de Jésus ne savaient encore rien de la trahison de Judas.

Quand Jésus fut retourné dans la grotte, pendant qu’Il priait le Père, des anges vinrent Lui montrer tout ce qu’Il devait souffrir afin d’expier le péché, « et comment la dette du genre humain devait être payée par la seule nature humaine exempte de péché, celle du Fils de Dieu. L’horreur de ces visions fut telle qu’une sueur de sang sortit de son corps. Dans cette seconde agonie, Jésus vit dans toute son étendue et son amertume, la souffrance expiatoire nécessaire à la justice divine… »

Jésus s’étant complètement abandonné à la volonté du Père, Satan éveilla des doutes dans son âme « et posa la terrible question: « Quel sera le profit de ce sacrifice? » Et le tableau du plus terrible avenir accabla son coeur aimant. »

Jésus vit toutes les souffrances de ses disciples, de l’Église primitive, les hérésies, les schismes, l’orgueil des hommes et leurs désobéissances. Il vit la tiédeur, la corruption d’un nombre infini de chrétiens, les sacrilèges des prêtres vicieux, les scandales de tous les siècles, jusqu’à la fin du monde. Il vit tous les apostats, les hérésiarques, les corrupteurs, les réformateurs à l’apparence sainte. Beaucoup le maltraitaient, le reniaient, l’insultaient. Il vit ceux qui s’éloignaient de son église blessée, Il vit les troupeaux égarés conduits par des mercenaires dans de mauvais pâturages, et ceux « qui lançaient les débris de leurs cabanes contre la pierre angulaire de l’Église qui restait inébranlable. »

Jésus les vit tous et pleura sur eux. Pendant toutes ces visions la voix du tentateur ne cessait de répéter: « Veux-tu donc souffrir pour de pareils ingrats? » Le combat fut si terrible que la sueur de sang coulait de son corps jusqu’à terre. « Les images hideuses de l’ingratitude des hommes futurs roulaient vers Lui toujours plus terribles et plus impétueuses. Au milieu de toutes ces apparitions je voyais Satan se mouvoir sous diverses formes hideuses qui se rapportaient aux diverses espèces de péchés… Il me fut dit que ces troupes innombrables d’ennemis du Sauveur étaient ceux qui maltraitaient de différentes manières Jésus-christ réellement présent dans le Saint-Sacrement… Je reconnus toutes les espèces de profanateurs de la divine Eucharistie et tous les outrages qu’elle subit: négligence, irrévérence, omission, mépris, abus et sacrilèges. Parmi ces ennemis du Sauveur, je vis des aveugles qui ne voulaient pas voir la vérité, des sourds qui refusaient d’écouter ses avertissements… des enfants égarés à la suite de parents et de maîtres mondains et oublieux de Dieu… Parmi ces enfants je vis beaucoup d’enfants de choeur mal élevés et irrévérencieux… Je vis avec épouvante que beaucoup de prêtres maltraitaient aussi Jésus dans le très Saint-Sacrement…

Tout était abandonné dans la maison du Seigneur, tout dépérissait dans la poussière et la saleté… Je vis que souvent les plus pauvres étaient mieux entourés dans leurs cabanes que le Maître du Ciel et de la terre. Par suite de semblables négligences, je vis les faibles scandalisés, le Sacrement profané, l’Église abandonnée, les prêtres méprisés… Je vis des prêtres légers, ou sacrilèges dans la célébration du Saint Sacrifice et la distribution de la Sainte Eucharistie, des troupes de communiants tièdes et indignes, des serviteurs du démon employant la Sainte Eucharistie aux mystères d’un effroyable culte infernal. Je vis des personnes… perdre la foi dans la présence réelle… Je vis une troupe nombreuse d’apostats, chefs de sectes …arracher du Coeur de Jésus une multitude d’hommes pour lesquels Il a répandu son sang… Je vis des peuples entiers arrachés de son sein et privés de la participation au trésor des grâces laissées à l’Église. Je vis tous ceux qui s’étaient séparés de l’Église plongés dans l’incrédulité, la superstition, l’hérésie, la fausse philosophie mondaine. »

Remarque: Force est de constater, une fois encore, que ce sont les péchés des hommes qui sont la cause de l’Agonie de Jésus, tout comme ce sont les âmes qui se perdent définitivement qui sont la vraie soif de Jésus mourant sur la Croix.

Jésus, tremblant et gémissant s’approcha de ses trois apôtres. Lorsqu’ils le virent dans la clarté de la lune, ils ne Le reconnurent pas d’abord. Ensuite, Jésus leur prédit ce qui allait se passer le lendemain et « les pria de consoler sa mère et Madeleine. » Pendant ce temps, les huit autres apôtres s’étaient endormis après s’être longuement entretenus sur ce qu’ils deviendraient quand on aurait fait mourir Jésus.

Jésus, épuisé de fatigue, retourna dans la grotte en disant encore, pour la troisième fois: « Mon Père, si c’est votre volonté, éloignez de Moi ce calice. Cependant que votre volonté se fasse et non la mienne. » « Alors l’abîme s’ouvrit devant Lui et les premiers degrés des Limbes Lui apparurent… » Et Jésus vit Adam et Eve, les patriarches, les prophètes,… tous les justes, et Jean Baptiste qui attendaient son arrivée. Cette vue Le fortifia. Les anges Lui présentèrent ensuite les cohortes des bienheureux à venir qui joignaient leurs combats aux mérites de sa Passion. « Jésus vit le salut et la sanctification qui sortaient à flots intarissables de la source de rédemption ouverte par sa mort: les apôtres, les disciples, les vierges, les saintes femmes,… l’armée entière des bienheureux s’offrit à sa vue… Tous puisaient à une source unique: le Saint Sacrement et sa Passion… Cette vue donna à l’âme de Jésus un peu de consolation et de force. »

Mais ces images consolantes s’évanouirent et les anges Lui montrèrent les différentes scènes de sa Passion maintenant très proche. Jésus accepta tout et les visions s’évanouirent. Enfin un ange descendit près de Jésus, Lui donna un aliment mystérieux, Le fit boire à un petit calice lumineux et disparut. Jésus fortifié essuya son visage, remit ses cheveux en ordre et revint vers ses apôtres: le traître était proche.

Judas et sa troupe (Chapitre II)


Quelques considérations sur Judas :
« Judas ne s’attendait pas à ce que sa trahison eût les conséquences dont elle fut suivie… L’argent seul préoccupait son esprit. Il était las de la vie fatigante, errante et persécutée que menaient les apôtres… Il avait toujours espéré un royaume temporel de Jésus et un emploi brillant et lucratif dans ce royaume. Ne le voyant pas paraître, il cherchait à amasser une fortune, et dans les derniers mois il n’avait cessé de voler. Voyant les persécutions s’accroître, il pensait à se mettre bien avec les puissants ennemis du Sauveur. » Il n’est pas nécessaire de rapporter ici les diverses démarches de Judas, mais peut-être est-il intéressant de noter qu’il fut frappé du mépris et de la méfiance qui perçaient dans leurs manières (celles des membres du Sanhédrin) envers lui. Il est curieux de remarquer que même les soldats qui accompagnèrent Judas jusqu’auprès de Jésus manifestèrent la même méfiance envers lui.


Jésus est fait prisonnier (Chapitre III)

Il est inutile d’insister sur les détails de l’arrestation de Jésus mais il convient de noter que Malchus, le valet du grand prêtre à qui Pierre avait coupé l’oreille, et tous les soldats qui étaient tombés à terre les deux fois que Jésus avait dit: « C’est Moi » à ceux qui cherchaient Jésus de Nazareth, se convertirent et devinrent chrétiens plus tard.



Quand Jésus fut bien ligoté, ce qui se fit très brutalement, « ils Lui mirent autour du corps une espèce de large ceinture où étaient des pointes de fer et y assujettirent ses mains avec des liens d’osier. Ils Lui passèrent autour du cou une sorte de collier où étaient des piquants d’où partaient deux courroies se croisant sur la poitrine… A la ceinture aboutissaient quatre longues cordes au moyen desquelles ils tiraient le Seigneur selon leurs caprices inhumains. »


Les disciples erraient çà et là. Jean suivait de près. Quand on voulut l’arrêter, il s’enfuit, laissant son vêtement (le texte traduit suaire, mais il s’agit en fait d’une sorte de vêtement de dessous court et sans manche) entre les mains des soldats.
Nota: En ce qui concerne la façon dont Jésus fut ligoté, lors de son arrestation, certains détails diffèrent entre les visions des différentes mystiques étudiées. Mais il s’agit toujours de liens préparés d’avance pour être très douloureux.

Commença alors pour Jésus ce que l’on pourrait appeler le premier chemin de croix. Jésus, pieds nus, fut mené par les chemins les plus rudes, sur les pierres et dans la boue. Les archers Le malmenaient et Le maltraitaient de la manière la plus cruelle… Avec des cordes à noeuds ils Le frappaient violemment et L’insultaient de manière ignoble. On marchait vite. Par deux fois Jésus fut jeté à terre puis jeté de toute sa hauteur dans le torrent du Cédron. Jésus but l’eau du Cédron accomplissant ainsi une prophétie du psaume 110: « Au torrent il boit en chemin, c’est pourquoi il redresse la tête. »

Le sinistre cortège continua et Jésus continua à endurer de multiples mauvais traitements. Il tomba encore et fut relevé, toujours au milieu des insultes les plus ignobles.

« Les habitants d’Ophel, quartier pauvre où Jésus avait fait beaucoup de miracles furent réveillés par les cris des soldats. » Ils voulurent s’interposer mais furent violemment repoussés par les soldats. Cependant la canaille qui venait de la ville grossissait sans cesse et fut l’occasion, pour les bourreaux de Jésus, de redoubler d’insultes.

On arriva enfin à la maison d’Anne. Sur le chemin, Jésus était tombé sept fois.

 

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LA PASSION DE JESUS© par campionpierre. Tous droits réservés.

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