26 Chapitre 3 : Chez Anne et Caïphe

Chez Anne et Caïphe

Il convient tout d’abord de noter que « les peines de cet adorable Seigneur ne furent point communes, et il n’y aura jamais de douleur semblable à la sienne… Il ne souffrit point pour Lui-même, ni pour ses péchés, mais pour nous et pour nos propres crimes. » (1256)

Jésus est conduit chez Anne

« Le très doux Agneau Jésus-Christ, ayant été pris et garrotté dans le jardin, fut amené chez les pontifes et d’abord chez Anne. » Les soldats étaient secrètement irrités par Lucifer et ses princes afin qu’ils traitassent le Seigneur avec une cruauté impie et un mépris sacrilège et pour exercer sur Jésus toutes les inhumanités possibles.

Ce premier chemin douloureux du Seigneur rejoint celui qui a été décrit par A.C. Émmerick (voir plus loin). Marie d’Agreda écrit: « Ils Le lièrent avec une fort longue chaîne d’une telle manière qu’ils Lui en firent divers tours à la ceinture et au cou, laissant deux bouts libres… ils joignirent à cette pesante chaîne deux cordes assez longues; ils en jetèrent une autour du cou du Sauveur, et, la lui croisant sur la poitrine ils lui en entourèrent le corps et l’attachèrent avec des noeuds fort serrés… Ils laissèrent les deux bouts pendre sur le dos, où Il avait les mains liées, afin que deux autres soldats pussent Le tirer et Le relever, (1257) les uns Le tirant par les cordes de devant, les autres par celles qui Lui assujettissaient les bras par derrière, et cela avec une violence inconcevable… (1258) Ils Le faisaient souvent tomber, et, comme Il avait les mains liées par derrière, Il donnait de la tête contre terre, et sa face vénérable en était toute meurtrie et toute couverte de poussière. Quand Il tombait, ils se jetaient sur Lui, L’accablaient de coups et foulaient aux pieds sa personne sacrée et jusqu’à son visage. »

A ces mauvais traitements se mêlaient toutes sortes d’insultes et de sanglantes moqueries. (1258)

Jésus chez Anne

Arrivés chez Anne les soldats présentèrent Jésus: « Nous vous amenons, Seigneur, ce méchant homme qui a troublé tout Jérusalem et toute la Judée par ses sortilèges et par ses méchancetés. » (1260) L’interrogatoire auquel Anne soumit Jésus est connu par l’Évangile. De même le dialogue avec le serviteur du grand-prêtre. « Pendant ce temps, Pierre et Jean pénétrèrent dans la cour de la maison contiguë à la salle du pontife, et Pierre s’approcha du feu où les soldats se chauffaient car la nuit était froide. » (1263)

On assiste ensuite au triple reniement de Pierre. Le récit de Maria d’Agreda, n’apporte rien de nouveau par rapport à l’Évangile, sauf les quelques commentaires qui suivent: « Le renoncement (reniement) de Pierre causa une plus grande douleur à notre divin Maître que le soufflet qu’Il reçut… Jésus pria le Père Éternel pour son apôtre, et disposa que la grâce et le pardon de ses trois reniements successifs lui seraient ménagés par le moyen de l’intercession de la bienheureuse Marie… » (1264)

Marie, la Mère de Jésus, ajouta à propos du reniement de Pierre: « Je vous le dis en vérité, ma très chère fille, que mon intercession et les mérites que je représente au Père Éternel de son Fils et du mien, peuvent seuls apaiser sa juste colère, et empêcher qu’Il ne détruise le monde et qu’Il ne punisse les enfants de l’Église, qui savent la volonté du Seigneur et ne l’accomplissent point. Mais je suis fort indignée d’en trouver si peu qui s’affligent avec moi et qui consolent mon Fils dans ses peines… » (1266)

Marie se plaint aussi de ce que l’orgueil et beaucoup d’autres péchés « sont autorisés et applaudis; de ce que l’humilité, la vérité, la justice et les vertus sont opprimées; et de ce qu’il n’y a que la cupidité et que la vanité qui triomphent. » Et Marie regrette douloureusement que les conseils évangéliques soient oubliés, les préceptes transgressés, la charité presque éteinte. (1266) Et elle ajoute: « Que l’exemple de Pierre vous fasse fuir les dangers auxquels exposent les créatures, car vous n’êtes pas plus forts que cet apôtre. » (1267)

Remarque: Les paragraphes 1265 à 1267 sont tellement importants qu’il faudrait les transcrire dans leur intégralité. Mais il faut savoir se limiter.

Jésus chez Caïphe

Anne envoya Jésus, toujours lié, à son gendre Caïphe qui remplissait cette année là les fonctions de grand- prêtre. « Le dragon excitait tous les princes des prêtres,… à insulter et à maltraiter le Seigneur de la façon la plus abominable… Ô ignorance diabolique et stupide aveuglement des mortels!… c’est quand le Roi de gloire… triomphe des vices, de la mort et du péché par les vertus de patience, d’humilité et de charité, que le monde croit L’avoir vaincu par son orgueil! » (1269)

On assiste chez Caïphe aux scènes avec les faux témoins rapportées dans les Évangiles, à la profession de foi de Jésus, Fils du Dieu vivant, à la scène théâtrale de Caïphe déchirant ses vêtements, et à la condamnation à mort de Jésus par les siens. Marie, toujours au Cénacle ressentait tous les sanglants affronts que subissait le Sauveur. (1270 à 1274)

Seule Marie a connu ce que Jésus souffrit et pria durant le cours de sa terrible Passion. Notons que Jésus renouvela, en faveur de ses élus, les béatitudes qu’il leur avait prêchées et promises auparavant. (1275 et 1276) C’est chez Caïphe qu’eut lieu le reniement de Pierre. « Lucifer employa toutes ses ruses et toutes ses forces pour perdre Pierre » dont la force du reniement alla crescendo: « Le premier renoncement de Pierre fut simple, le second avec serment, et il ajouta au troisième des imprécations contre lui-même… Mais le Seigneur excita Lui-même le coeur de Pierre et le reprit avec douceur par le moyen de la lumière qu’Il lui envoya, afin qu’il reconnût sa faute et qu’il la pleurât. » (1279)

Tous les évènements présentés ci-dessus furent l’occasion, pour Marie, de donner quelques instructions à Maria d’Agreda: « La divine philosophie consiste à comprendre et à aimer le bonheur inestimable du sort de ceux qui sont pauvres, humbles, affligés, méprisés et inconnus parmi les enfants de la vanité. Jésus établit cette école quand Il prêcha et proposa à tous les huit béatitudes sur la montagne. » (1280)

Durant la nuit du Jeudi Saint au Vendredi Saint

« Comme minuit était déjà passé, ceux du conseil déterminèrent que, pendant qu’ils dormiraient, Notre Seigneur serait gardé dans un lieu de sûreté jusqu’au lendemain. C’est pourquoi ils Le firent mettre, garrotté comme Il était, dans une espèce de cave souterraine qui servait de prison pour les plus grands voleurs et les plus scélérats… On mena dont le Créateur du Ciel et de la Terre au fond de cet immonde cachot… dans lequel Il n’avait pas la liberté de se redresser ni de s’asseoir pour prendre le moindre soulagement. » Cela ne suffisant pas, les soldats descendirent dans le cachot, délièrent Jésus, Le placèrent au centre du cachot tout en Le maltraitant et en blasphémant, et, après Lui avoir bandé les yeux, se mirent à Lui donner des coups en Lui demandant de deviner qui L’avait frappé. Jésus se taisait toujours et priait…

La nuit étant fort avancée, les soldats lièrent de nouveau Jésus et sortirent du cachot. (1285 à 1291) Quand notre Sauveur fut seul Il fut assisté par des esprits célestes et par la prière de sa Mère. (1292)

Marie donne de nouveau des instructions à la voyante: au moment du jugement « éclatera au grand jour l’immensité de la miséricorde avec laquelle les hommes ont été rachetés, et l’équité de la justice avec laquelle ils seront condamnés. » Marie rappelle aussi que la plus grande peine de son Fils et d’elle-même fut de savoir que malgré les mérites infinis de la Passion, il se trouverait quand même beaucoup d’hommes qui se damneraient. (1295) C’est encore l’agonie de Jésus et son « J’ai soif! » qui sont évoqués par Marie.

Mais, ajoute Marie, « Mon Fils et moi regardons avec une complaisance particulière ceux qui nous imitent en cette douleur, et s’affligent de la perte de tant d’âmes… Ne cessez pas de prier… Demandez au Seigneur la patience, la douceur la tranquillité dans les souffrances et l’amour de la Croix. Unissez-vous à elle, prenez-la avec une pieuse affection, et suivez Jésus-Christ votre Époux afin que vous puissiez L’atteindre. » (1296)

Jésus de nouveau devant le Conseil

Le vendredi matin, le conseil se tint dans la maison de Caïphe où Jésus était en prison. On amena Jésus. « Il était si défiguré par les coups et par les crachats dont Il n’avait pu se nettoyer, qu’Il causa de l’horreur à ceux du conseil, sans qu’ils en eussent la moindre compassion. »

Suivit le nouvel interrogatoire rapporté dans les Évangiles au cours duquel Jésus confirma qu’Il était véritablement le Fils de Dieu. Cette affirmation de Jésus fut considérée comme un blasphème digne de mort et la décision fut prise d’emmener Jésus chez Pilate.

 

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LA PASSION DE JESUS© par campionpierre. Tous droits réservés.

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