132 Chapitre 58 : TREMBLEMENT DE TERRE, APPARITION DES MORTS A JERUSALEM

TREMBLEMENT DE TERRE,
APPARITION DES MORTS A JERUSALEM

Lorsque Jésus, poussant un grand cri, remit son esprit entre les mains du Père céleste, je vis son âme, semblable à une forme lumineuse, entrer en terre au pied de la crois, et avec elle une troupe brillante d’anges, parmi lesquels était Gabriel. Ces anges chassaient de la terre dans l’abîme une multitude de mauvais esprits. Jésus envoya plusieurs âmes des limbes dans leurs corps, afin qu’elles effrayassent et avertissent les impénitents et qu’elles rendissent témoignage de lui.

Le tremblement de terre qui fendit la roche du Calvaire causa beaucoup d’écroulements, surtout à Jérusalem et dans la Palestine. On avait à peine repris courage au retour de la lumière dans la ville et dans le Temple, que les secousses qui agitaient le sol et le fracas des édifices qui s’écroulaient répandirent une terreur encore plus grande. Cette terreur fut portée au plus haut degré quand les gens qui fuyaient en pleurant rencontrèrent sur leur chemin des morts ressuscités qui les avertissaient et les menaçaient.

Dans le Temple, les Princes des Prêtres venaient de reprendre le sacrifice, momentanément interrompu par la frayeur qu’avaient répandue les ténèbres, et ils triomphaient du retour de la lumière lorsque tout à coup le sol trembla, le bruit des murs qui s’écroulaient et du voile du Temple qui se déchirait frappa la foule d’une terreur muette, à laquelle succédèrent par endroits des cris lamentables. Mais il y avait tant d’ordre partout, l’immense édifice était si plein, les allées et venues des gens qui sacrifiaient si parfaitement réglées, les cérémonies de l’immolation des agneaux et de l’aspersion de l’autel avec Leur sang se développaient si régulièrement, à travers les longues files des prêtres, au milieu du chant des cantiques et du bruit des trompettes, tout cela occupait tellement les yeux et les oreilles, que la peur ne produisit pas tout d’abord un désordre et une déroute générale. Les sacrifices se continuèrent donc tranquillement. dans quelques endroits, tandis qu’ailleurs régnait l’épouvante et qu’ailleurs encore la terreur était calmée par les efforts des prêtres. Mais, à l’apparition des morts qui se montrèrent dans le Temple, tout se dispersa, et le sacrifice fut laissé la comme si le Temple eût été souille. Toutefois, cela ne se lit encore que successivement ; et pendant qu’une partie des assistants descendait précipitamment les degrés du Temple, d’autres étaient maintenus par les prêtres, ou n’étaient pas encore atteints par la frayeur universelle. Toutefois l’angoisse et l’épouvante se manifestaient partout, à divers degrés, d’une façon qu’on ne saurait décrire. On ne peut se faire une idée du ce qui se passait qu’en se représentant une fourmilière sur laquelle on a jeté des pierres, ou qu’on a remuée avec un bâton. Pendant que la confusion règne sur un point, le travail continue sur un autre et même à l’endroit où ce trouble a commencé, tout se remet promptement en ordre.

Le grand-prêtre Caïphe et les siens, dans leur audace désespérée, conservèrent leur présence d’esprit. Semblables aux chefs habiles d’une ville révoltée, ils conjurèrent le danger en menaçant, en exhortant et en faisant jouer tous les ressorts. Grâce à leur endurcissement diabolique et à la tranquillité apparente qu’ils gardèrent, ils empêchèrent qu’il y eut une perturbation universelle et firent si bien que la masse du peuple ne vit pas dans ces terribles avertissements un témoignage rendu à l’innocence de Jésus. La garnison romaine de la forteresse Antonia fit aussi de grands efforts pour maintenir l’ordre, en sorte que, malgré la terreur et la confusion générales, la célébration de la fête cessa sans qu’il y eût de tumulte populaire ; la foule se dispersa peu à peu et l’explosion qu’on pouvait craindre fut étouffée, tout se borna à l’agitation pleine d’angoisse que chacun remporta chez soi, et que l’habileté des Pharisiens comprima chez le plus grand nombre.

Telle était la situation générale de la ville : voici maintenant les faits particuliers dont je me souviens. Les deux grandes colonnes situées à l’entrée du sanctuaire du Temple, et entre lesquelles était suspendu un magnifique rideau s’écartèrent l’une de l’autre ; le linteau qu’elles supportaient s’affaissa, le rideau se déchira avec bruit dans toute sa longueur, et le sanctuaire fut ouvert à tous les regards. Ce rideau était rouge, bleu, blanc et jaune. Plusieurs cercles astronomiques y étaient représentés ainsi que diverses figures comme colle du serpent d’airain. Près de la cellule où priait habituellement le vieux Siméon, laquelle était à côté du sanctuaire, dans les murs du nord, une grosse pierre tomba et la voûte s’écroula. Dans quelques salles, le sol s’abaissa, les seuils se déplacèrent et des colonnes s’écartèrent.

(1) En 1821, la Soeur eut des visions relatives à la première année de la prédication de Jésus. Elle le vit s’entretenir avec un vieil Essénien nommé Eliud, neveu de Zacharie père de Jean Baptiste. Il demeurait en avant de Nazareth, dans un endroit où Jésus s’arrêta quelques Jours avant son baptême. Elle apprit par les discours d’Eliud plusieurs faits relatifs à l’histoire de la sainte Famille. Dans la sixième année de la prédication de Jean. dit-elle, sa mère Elisabeth vint le trouver dans le désert. Elle ne pouvait plus rester dans sa maison à cause de la tristesse qui l’accablait, car Hérode avait fait prendre son mari Zacharie qui allait d’Hébron à Jérusalem pour taire son service au Temple, et après l’avoir livré à de cruels tourments. Il avait fini par le faire mourir parce qu’il ne voulait pas faire connaître le séjour de son fils. Plus tard ses amis l’enterrèrent près du Temple. Ce n’est pas là le Zacharie tué entre le Temple et l’autel, que je vis apparaître après la mort de Jésus. Je le vis sortir du mur du Temple prés de l’oratoire du vieux Siméon et se promener dans le Temple : son tombeau, qui était dans le mur, s’écroula ainsi que plusieurs autres tombeaux cachés et inconnus. ”

On vit apparaître dans le sanctuaire le grand-prêtre Zacharie, tué entre le Temple et l’autel, il fit entendre des paroles menaçantes, et parla de la mort de l’autre Zacharie (t), de celle de Jean, et en général du meurtre des prophètes. Il sortit de l’ouverture formée par la chute de la pierre qui était tombée près de l’oratoire du vieux Siméon, et parla aux prêtres qui étaient dans le sanctuaire. Deux fils du pieux grand-prêtre Simon le Juste, aïeul de Siméon, qui avait prophétisé lors de la présentation de Jésus au Temple, se montrèrent près de la grande chaire ; ils parlèrent aussi de la mort des prophètes et du sacrifice qui allait cesser, et exhortèrent tout le monde à embrasser la doctrine du Crucifié. Jérémie parut près de l’autel, et proclama d’une voix menaçante la fin de l’ancien sacrifice et le commencement du nouveau. Ces apparitions ayant eu lieu en des endroits où les prêtres seuls en avaient eu connaissance, furent niées ou tenues secrètes, il fut défendu d’en parler sous une peine sévère. Mais un grand bruit se fit entendre : les portes du sanctuaire s’ouvrirent, et une voix cria : “  Sortons d’ici. ” Je vis alors des anges s’éloigner. L’autel des parfums trembla : un encensoir tomba l’armoire qui contenait les écritures se renversa, et tous les rouleaux furent jetés pêle-mêle ; la confusion augmenta on ne savait plus où l’on en était. Nicodème, Joseph d’Arimathie et plusieurs autres quittèrent le Temple. Des morts ressuscités s’y montraient encore ou erraient parmi le peuple qui se retirait du Temple. A la voix des anges qui prononçaient des paroles menaçantes, ils rentrèrent dans leurs tombeaux. La chaire qui était dans le vestibule s’écroula. Cependant plusieurs des trente-deux Pharisiens qui étaient allés en dernier lieu au Calvaire étaient retournés au Temple. S’étant déjà convertis au pied de la croix, ils furent d’autant plus frappés de tous ces signes, firent de vifs reproches à Anne et à Caiphe et se retirèrent du Temple. Anne, le véritable chef des ennemis acharnés de Jésus, qui depuis longtemps avait dirigé toutes les menées secrètes contre lui et ses disciples, et qui avait fait leur leçon à ses dénonciateurs. Anne était presque fou de terreur ; il s’enfuyait d’un coin à l’autre dans les chambres les plus reculées du Temple. Je le vis criant, gémissant et se tordant dans les convulsions : on l’avait transporté dans une chambre secrète, et il était entouré de plusieurs de ses adhérents. Caïphe l’avait serré dans ses bras pour tâcher de relever son courage : mais il n’y avait pas réussi : l’apparition des morts l’avait jeté dans la consternation. Caiphe, quoique frappé de terreur, était tellement possédé du démon de l’orgueil et de l’obstination, qu’il ne laissait rien voir de ce qu’il éprouvait, et qu’il opposait un front d’airain aux signes menaçants de la colère divine. Ne pouvant plus, malgré ses efforts, faire continuer les cérémonies de la fête, il donna l’ordre de cacher tous les prodiges et toutes les apparitions dont la multitude n’avait pas eu connaissance. Il dit lui-même, et fit dire par d’autres prêtres, que ces signes du courroux céleste avaient été occasionnés par les partisans du Galiléen qui étaient venus dans le Temple en état de souillure ; que les ennemis de cette loi sainte que Jésus aussi avait voulu renverser, avaient seuls excité ces terreurs, et qu’il y avait là beaucoup de choses provenant des sortilèges de cet homme, qui, dans sa mort comme pendant sa vie, avait troublé le repos du Temple. Il réussit à tranquilliser les uns et à intimider les autres par des menaces ; cependant, plusieurs furent profondément ébranlés et cachèrent leurs véritables sentiments. La fête fut ajournée jusqu’après la purification du Temple. Beaucoup d’agneaux ne furent pas immolés et le peuple se dispersa peu à peu.

Le tombeau de Zacharie qui était sous le mur du Temple s’écroula sur lui-même, et plusieurs pierres se détachèrent du mur. Zacharie sortit du tombeau, mais il n’y rentra pas ; j’ignore où il déposa de nouveau sa dépouille mortelle. Les fils de Simon le Juste déposèrent de nouveau leur corps dans le caveau qui est au pied de la montagne du Temple, lorsqu’on fit les préparatifs de la sépulture de Jésus.

Pendant que tout ceci se passait dans le Temple, la même épouvante régnait en plusieurs lieux de Jérusalem. Un peu après trois heures, beaucoup de tombes s’écroulèrent, surtout dans les jardins situés au nord-ouest ; j’y vis des morts ensevelis, dans quelques-unes il n’y avait que des lambeaux d’étoffe et des ossements ; il y en avait d’autres d’où sortait une odeur infecte. Les marches du tribunal de Caiphe, où Jésus avait été outragé s’écroulèrent, ainsi qu’une partie du foyer où Pierre avait renié son maître. On y vit apparaître le grand-prêtre Simon le Juste, aïeul de Siméon, qui avait prophétisé lors de la présentation de Jésus au Temple. Il fit entendre des paroles terribles sur le jugement inique qui avait été rendu en ce lieu. Plusieurs membres du Sanhédrin s’y étaient rassemblés. Les gens qui, la veille, avaient fait entrer Pierre et Jean, se convertirent et s’enfuirent vers les disciples. Près du palais de Pilate, la pierre se fendit et le sol s’affaissa au lieu où Jésus avait été montré au peuple ; tout l’édifice fut ébranlé, et la cour du tribunal voisin s’affaissa au lieu où les innocents, égorgés par Hérode, avaient été enterrés. Dans plusieurs autres endroits de la ville, des murs se fendirent ou s’écroulèrent ; toutefois, aucun édifice ne fut entièrement détruit. Le superstitieux Pilate était frappé de terreur, et incapable de donner aucun ordre. Son palais s’ébranlait, le sol tremblait autour de lui, et il fuyait d’une chambre dans l’autre. Les morts se montraient dans la cour intérieure, et lui reprochaient son jugement inique. Il crut que c’étaient les dieux du prophète Jésus, et se réfugia dans le coin le plus retiré de sa maison, où il offrit de l’encens et fit des veux à ses idoles pour qu’elles empêchassent les dieux du Galiléen de lui nuire. Hérode était dans son palais, tout tremblant, et il y avait fait tout fermer.

Il y eut bien une centaine de morts de toutes les époques qui parurent avec leurs corps à Jérusalem et dans les environs. Ils s’élevaient hors des tombeaux écroulés, se dirigeaient, le plus souvent deux par deux, vers certains endroits de la ville, se présentaient au peuple qui fuyait dans toutes les directions et rendaient témoignage de Jésus en prononçant quelques paroles sévères. La plupart des tombeaux étaient situés isolément dans les vallées en dehors de la ville, mais il y en avait aussi beaucoup dans les quartiers nouvellement adjoints à Jérusalem, surtout dans le quartier des jardins vers le nord-ouest, entre la porte de l’angle et celle du crucifiement : il y avait aussi autour du Temple et au-dessous plusieurs tombeaux cachés ou ignorés. Tous les cadavres qui furent mis au jour lorsque les tombeaux s’ouvrirent, ne ressuscitèrent pas ; il y en eut qui ne devinrent visibles que parce que les sépultures étaient communes. Mais beaucoup dont l’âme fut envoyée des limbes par Jésus se levèrent, découvrirent leurs visages et errèrent dans les rues comme s’ils n’eussent pas touché la terre. Ils entrèrent dans les maisons de leurs descendants et rendirent témoignage pour Jésus avec des paroles sévères contre ceux qui avaient pris part à la mort du Sauveur. Je les voyais aller par les rues, le plus souvent deux à deux : je ne voyais pas le mouvement de leurs pieds sous leurs longs linceuls ; il semblaient qu’ils planassent à fleur de terre. Leurs mains étaient enveloppées de larges bandes de toile, ou cachées sous d’amples manches pendantes attachées autour des bras. Les linges qui couvraient je visage étaient relevés sur Leurs têtes. Leurs faces pâles, jaunes et desséchées, se détachaient sur leurs longues barbes ; leur voix avait un son étrange et insolite. Cette voix qu’ils firent entendre et leur passage rapide d’un lieu à l’autre sans s’arrêter et sans prendre garde à ce qui se trouvait sur leur chemin, fut leur unique manifestation ; ils semblaient n’être rien que des voix. Ils étaient ensevelis suivant l’usage qui régnait au moment de leur mort avec quelques différences selon leur condition et leur âge. Aux endroits où la sentence de mort de Jésus avait été proclamée avant qu’on se mit en marche pour le Calvaire, ils s’arrêtèrent un moment et crièrent : “ Gloire à Jésus et malheur à ses meurtriers ! ” Le peuple se tenait à une grande distance, écoutait, tremblait et s’enfuyait lorsqu’ils s’avançaient. Sur le forum, devant le palais de Pilate, je les entendis proférer des paroles menaçantes : je me souviens de ces mots : “  Juge sanguinaire ”. La terreur était grande dans la ville, et chacun se cachait dans les coins les plus obscurs de sa maison. Les morts rentrèrent dans leurs tombeaux vers quatre heures. Après la résurrection de Jésus, il y eut encore, en divers endroits, plusieurs apparitions. Le sacrifice fut interrompu, la confusion se mit partout et peu de personnes mangèrent le soir l’agneau pascal.

Je vis aussi, à la même heure, dans d’autres parties de la terre sainte et dans des pays éloignés, des bouleversements et des signes de toute espèce dont je parlerai plus tard.

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LA PASSION DE JESUS© par campionpierre. Tous droits réservés.

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