139 Chapitre 65 : LE RETOUR DU TOMBEAU. JOSEPH d’ARIMATHIE MIS EN PRISON.
LE RETOUR DU TOMBEAU.
JOSEPH d’ARIMATHIE MIS EN PRISON.
Le sabbat allait commencer ; Nicodème et Joseph rentrèrent à Jérusalem par une petite porte voisine du jardin, et qui était percée dans le mur de la ville : c’était, je crois, par suite d’une faveur spéciale accordée à Joseph. Ils dirent à la sainte Vierge, à Madeleine, à Jean et à quelques-unes des femmes qui retournaient au Calvaire pour y prier, que cette porte leur serait ouverte lorsqu’ils y frapperaient, aussi bien que celle du Cénacle. La soeur aînée de la sainte Vierge, Marie, fille d’Héli, revint à la ville avec Marie, mère de Marc, et quelques autres femmes. Les serviteurs de Nicodème et de Joseph se rendirent au Calvaire pour y prendre les objets qui y avaient été laissés.
Les soldats se joignirent à ceux qui gardaient la porte de la ville et Cassius se rendit auprès de Pilate portant avec lui la lance ; il lui raconta ce qu’il avait vu, et lui promit un rapport exact sur tout ce qui arriverait ultérieurement, si on voulait lui confier le commandement des gardes que les Juifs ne manqueraient pas de demander pour le tombeau. Pilate écouta ses discours avec une terreur secrète, cependant il le traita de rêveur fanatique, et moitié par dégoût, moitié par superstition, il lui ordonna de laisser devant la porte la lance qu’il avait apportée avec lui.
Comme la sainte Vierge et ses amies revenaient du Calvaire où elles avaient encore pleuré et prié, elles virent venir à elles une troupe de soldats avec une torche et se retirèrent des deux côtés du chemin jusqu’à ce qu’ils fussent passés. Ces hommes allaient au Calvaire, vraisemblablement pour enlever les croix avant le sabbat et pour les enfouir. Quand ils furent passés, les saintes femmes continuèrent leur chemin vers la petite porte du jardin.
Joseph et Nicodème rencontrèrent dans la ville Pierre, Jacques le Majeur et Jacques le Mineur. Tous pleuraient ; Pierre surtout était en proie à une violente douleur ; il les embrassa, s’accusa de n’avoir pas été présent à la mort du Sauveur, et les remercia de lui avoir donné la sépulture. Il fut convenu qu’on leur ouvrirait la porte du Cénacle lorsqu’ils y frapperaient, et ils s’en allèrent chercher d’autres disciples dispersés en divers lieux. Je vis plus tard la sainte Vierge et ses compagnes frapper au Cénacle et y entrer, Abénadar y fut aussi introduit, et peu à peu la plus grande partie des apôtres et des disciples s’y réunirent. Les saintes femmes se retirèrent de leur côté dans la partie où habitait la sainte Vierge. On prit un peu de nourriture et on passa encore quelques minutes à pleurer ensemble et à raconter ce qu’on avait vu. Les hommes mirent d’autres habits, et je les vis se tenant sous une lampe et observant le sabbat. Ensuite ils mangèrent encore des agneaux dans le Cénacle, mais sans joindre à leur repas aucune cérémonie, car ils avaient mangé, la veille, l’agneau pascal ; tous étaient pleins d’abattement et de tristesse. Les saintes femmes prièrent aussi avec Marie sous une lampe. Plus tard, lorsqu’il fit tout à fait nuit, Lazare, la veuve de Naim, Dina la Samaritaine et Mara la Suphanite (1), vinrent de Béthanie : on raconta de nouveau ce qui s’était passé, et on pleura encore.
(1) D’après les visions de la Soeur Emmerich, les trois femmes nommées ici demeuraient depuis quelque temps à Béthanie, dans une sorte de communauté établie par Marthe, afin de pourvoir a l’entretien des disciples lors des voyages du Seigneur et à la répartition des aumônes. La veuve de Naim, dont le fils Martial fut ressuscité par Jésus, selon la Soeur le 23 Marcheswan (13 Novembre), dans la seconde année de la vie publique du Sauveur, et appelait Maroni. Elle était fille d’un oncle paternel de saint Pierre Son premier mari était fils d’une soeur d’Elisabeth. appelée Rhode, qu’elle-même était fille d’une soeur de la mère de sainte Anne. Ce premier mari de Maroni étant mort sans enfants, elle avait épouse Eliud, proche parent de sainte Anne, et avait quitté Chasaluth, prés du Thabor, où résidait la famille de Rhode pour s’établir à Naim, qui était à peu de distance et où elle avait perdu bientôt son second mari.
Dina la Samaritaine est celle qui, suivant les visions de la Soeur, s’entretint avec Jésus près du puits de Jacob, le 7 du mois d’Ab (31 Juillet) de la seconde année de la prédication du Sauveur. Elle était née prés de Damas, de parents moitié Juifs, moitié paiens. Les ayant perdus de bonne heure, elle avait pris, chez une nourrice débauchée, le germe des passions les plus coupables. Elle avait eu plusieurs maris, supplantés tour à tour les uns par les autres ; le dernier, parent des précédents, habitait Sichar où elle l’avait suivi et changé son nom de Dina contre celui de Salomé. Elle avait, de ses liaisons antérieures, trois grandes filles et deux fils qui se réunirent aux disciples par la suite. Ces enfants ne demeuraient pas avec elle à Sichar. mais chez les parents de leurs pères, près de Damas. La soeur Emmerich disait que la vie de la Samaritaine était une vie prophétique, que Jésus avait parlé en sa personne à toute la secte des Samaritains, et qu’ils étaient attachés à l’erreur par autant de liens qu’elle avait commis d’adultères. Dans la plénitude des temps, tous ceux qui rencontrèrent dans la personne de Jésus la voie et la vérité, eurent également l’honneur d’être des types prophétiques.
Mara la Suphanite était une Moabite des environs de Suphan elle descendait d’Orpha, veuve de Chélion, le fils de Noëmi, car Orpha s’était remariée dans Moab. Mara avait par Orpha, belle-soeur de Ruth, une alliance avec David, ancêtre de Jésus. La soeur Emmerich vit, à Ainon, Jésus délivrer Mara de quatre démons et lui remettre ses péchés, le 17 Elul (9 septembre) de la seconde année de la prédication. Elle vivait à Ainon, chassée par son mari, riche Juif qui avait gardé avec lui les enfants qu’il avait eux d’elle. Elle en avait près d’elle trois autres fruits de l’adultère. Je vis, disait la Soeur, comment ce rejeton égaré de la souche de David se purifiait en sa personne par la grâce de Jésus et entrait dans le sein de l’Eglise. Je ne saurais exprimer combien Je vois de ces racines et de ces filaments se croiser, se perdre, puis revenir un jour.
Joseph d’Arimathie revint tard du Cénacle chez lui ; il suivait tristement les rues de Sion, accompagné de quelques disciples et de quelques femmes, lorsque tout à coup une troupe d’hommes armés, embusqués dans le voisinage du tribunal de Caiphe, fondit sur eux et s’empara de Joseph, pendant que ses compagnons s’enfuyaient en poussant des cris d’effroi. Je vis qu’ils renfermèrent le bon Joseph dans une tour attenante au mur de la ville, à peu de distance du tribunal. Caïphe avait chargé de cette expédition des soldats paiens qui n’avaient pas de sabbat à observer. On avait, je crois, le projet de le laisser mourir de faim et de ne rien dire de sa disparition.
Ici se terminant les récits du jour de la Passion du Sauveur ; nous ajouterons divers suppléments qui s’y rattachent, puis viendront les visions relatives au Samedi saint, la descente aux enfers, à la Résurrection et à quelques apparitions du Seigneur.