155 Chapitre 81 : FRAGMENT SUR JOSEPH D’ARIMATHIE
FRAGMENT SUR JOSEPH D’ARIMATHIE
Excitée par le voisinage d’une relique, Anne Catherine communiqua, dans la matinée du 17 mars 1821, les fragments suivants d’une vision de la nuit précédente.
Je vis que Joseph était d’un endroit situé à environ six milles romains, c’est-à-dire à deux lieues de Jérusalem, au couchant du chemin de Nazareth. Je crois qu’il y avait dans le voisinage une espèce de fossé, à moins que ce ne fût le lit, souvent desséché, d’un cours d’eau. Il se trouvait là des hauteurs escarpées et des carrières de pierre blanche. Ces carrières appartenaient à Joseph. Il s’était séparé de ses frères qui habitaient encore cet endroit, et vers le commencement de la prédication du Sauveur, il avait tout à fait établi son domicile à Jérusalem. C’était un homme calme, intelligent, mais pourtant simple et qui allait tout droit devant lui. Il n’était pas marié et habitait une petite maison peu éloignée de celle de Jean Marc. Il y avait dans le voisinage des magasins et des cours entourées de murs où étaient déposées en grand nombre des pierres blanches, provenant de ses carrières. Il en faisait commerce, les travaillait quelquefois lui-même ou les faisait travailler par des tailleurs de pierre pour en faire des auges, des vases en forme de navires, et de grandes dalles où l’on figurait en creux un homme couché de grandeur naturelle. Ce devaient être des pierres tombales. Il était très lié avec Nicodème qui faisait quelquefois des travaux du même genre. Ils s’étaient associés pour diverses entreprises. Dernièrement, j’ai vu Nicodème, lorsque des disciples vinrent je visiter, travailler la pierre dans un caveau éclairé par une lampe. Il creusait dans une dalle la figure d’un enfant emmailloté, à face ronde, comme on représente le soleil : c’était peut-être la pierre sépulcrale d’un enfant. Je les ai vus aussi travailler ensemble au tombeau où fut déposé plus tard le très saint corps du Sauveur. Nicodème était veuf et avait deux enfants. Joseph n’avait pas de ménage à lui ; il mangeait chez ses amis, la plupart du temps chez Nicodème, souvent aussi chez le mari de Véronique. Voilà ce que je me rappelle encore de tout ce que j’ai vu aujourd’hui touchant Joseph. Je crois que, lors de la persécution qui eut lieu après la mort de Jésus, il fut chassé de la terre promise en même temps que Lazare et sa famille, et qu’il n’y revint plus. Ils étaient au nombre de sept, dont deux seulement revinrent. Je ne me souviens plus de leurs noms.