10 Chapitre 9 : RETOUR D’EGYPTE A NAZARETH

RETOUR D’EGYPTE A NAZARETH.

Après six ans d’exil en Egypte, le Père éternel ordonna expressément au Verbe incarné de retourner h Nazareth. Sa mère qui priait à côté de son fils, le vit dans son coeur se conformer à la divine volonté; l’ange dans le même temps avertit saint Joseph du départ, comme le rapporte l’évangéliste.

Après avoir tout réglé entre eux, ils distribuèrent aux pauvres les ustensiles de leur maison qui étaient peu nombreux, et cette aumône se fit par l’entremise du divin enfant, qui avait coutume de faire aussi les autres petites aumônes.

Ils partirent d’Héliopolis, accompagnés encore des saints anges, à travers ces mêmes déserts où ils étaient passés sept ans. auparavant. La sainte Vierge était sur la pauvre monture avec l’enfant sur les bras, saint Joseph marchait devant sa sainte épouse, il se soulageait dans ses peines, tantôt en priant, tantôt par des saints entretiens avec la divine mère, ou bien en contemplant le divin enfant et en lui chantant quelques saints cantiques. Ils épuisèrent en quelques jours la petite provision qu’ils avaient prise, mais le fils multipliait le pain et ordonnait aux anges de les secourir dans cette nécessité.

Après les souffrances de ce long et pénible voyage ils arrivèrent aux confins de la Palestine ou le saint époux apprit que le cruel Hérode était déjà mort et qu’Archélaüs son fils régnait en Judée. Il jugea bon de faire un détour et de traverser le pays de la tribu de Dan et d’Issachar dans la partie inférieure de la Galilée, ils suivirent la côte de la Méditerranée laissant à main droite Jérusalem et arrivèrent enfin à Nazareth.

Ils rendirent des actions de grâces à Dieu, et saint Joseph chercha aussitôt la sainte femme leur ancienne voisine, à qui ils avaient confié leur maison de Nazareth. En entrant dans la maison, la sainte Vierge se prosterna à terre et remercia de nouveau le Très-Haut de les avoir délivrés des mains d’Hérode. Elle mit en. ordre les choses de la maison et se livra à ses occupations ordinaires, suivant son règlement de vie.

Le Seigneur voulant que sa sainte mère fut un exemplaire de toutes les vertus, quoique pure créature, s’appliqua avec un soin tout spécial à la perfectionner, pendant les vingt-trois années qu’il passa avec elle dans cette sainte maison.

Pour l’éprouver dans la grandeur du saint amour et dans l’exercice de toutes les plus héroïques vertus, il la priva de la vue intérieure de son intérieur qui lui donnait une consolation inexprimable. Il commença à agir envers elle avec une plus grande gravité, il lui parlait rarement et se retirait souvent à l’écart. La tendre Vierge mère, ne connaissant pas le motif de cette manière d’agir, avait recours à sa profonde humilité, elle s’estimait indigne de cette faveur, et elle s’affligeait moins d’avoir perdu la vue de son Seigneur, qu’elle n’éprouvait de peine dans la crainte de l’avoir dégoûté par son ingratitude. Jésus ressentait vivement les afflictions de sa chère mère, mais il ne voulut jamais lui en témoigner extérieurement quelque compassion.

Quelquefois lorsque sa mère l’appelait pour prendre la nourriture nécessaire à l’entretien de sa vie, il n’accourait pas aussitôt comme auparavant, ensuite il arrivait et ne la regardait point. Il ne disait pas un seul mot, mais dans cette manière d’agir extérieurement si sévère, il éprouvait une joie intérieure inexprimable, en voyant une si inébranlable et si grande vertu dans une pure créature. Il montrait encore un plus grand sérieux lorsqu’elle le conduisait pour dormir, car tandis qu’elle lui demandait pardon à genoux de son peu de zèle et de soin envers lui dans ce jour, il ne répondait rien à ces humble paroles, quoiqu’il la vit toute baignée de larmes, mais il lui commandait de se retirer. Cette dure et cruelle épreuve qui faisait éprouver à sa tendre et bonne mère une souveraine douleur et à Jésus une grande complaisance à la vue de la grandeur de l’amour divin de sa mère, dura plusieurs jours.

Enfin après trente jours de ce douloureux martyre, elle vint se prosterner à ses pieds et le supplia instamment avec larmes de lui découvrir, si elle avait bus quelque négligence à le servir, mais de ne pas continuer plus longtemps de la priver de la douce correspondance de son amour. Le Seigneur alors lui dit : Levez-vous, ma mère.

A ces amoureuses paroles, la tendre mère accablée de douleur se sentit renaître, elle fut aussitôt transformée et élevée à une extase très-sublime, où toute sa tristesse se changea en un doux contentement intérieur de l’âme. Mais à cette affliction il en succéda bientôt une autre.

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LA VIE DE JESUS© par campionpierre. Tous droits réservés.

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