Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait. Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Les disciples le réveillent et lui disent : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? »
Il n’était pas rare qu’éclatent de violentes tempêtes sur ce lac qui pouvait alors se transformer en une véritable mer démontée. Mais, à l’étonnement de ses disciples, Jésus dort, mentionne l’évangéliste avec cette surprenante précision – sur un coussin à l’arrière – rendant plus réaliste encore le récit. Or, ces hommes pourtant habitués à pêcher et à la dureté des éléments prennent peur et doutent : leur fin est proche et Celui qui est là pour les sauver sommeille… Cette angoisse pointe dans leur interrogation jusqu’à ce que Jésus s’éveille, menace le vent en lui intimant de se taire et que le calme revienne immédiatement. Jésus les questionne alors « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » comme pour mettre cette dernière à l’épreuve. Deux éléments centraux structurent ainsi ce bref récit : le pouvoir divin de Jésus sur les éléments soumis à sa volonté et la foi encore fragile de ses disciples, ces derniers toujours dans une grande crainte malgré le calme revenu s’interrogeant encore au terme de ce miracle : « Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »…
La maîtrise des éléments
La mer déchainée, les cieux tourmentés et la barque malmenée par les éléments sans oublier les disciples apeurés offrent dans ce récit biblique un contraste saisissant avec le calme absolu de Jésus qui à peine éveillé va enjoindre à la tempête de se taire… Bien avant cet épisode rapporté par les évangélistes, le thème même de la tempête sur les flots était déjà évoqué dans l’Ancien Testament notamment aux psaumes qui développent cette dimension ou force divine sur les éléments. Ainsi, le Psaume 88 rappelle très précisément cette puissance : « C’est toi qui maîtrises l’orgueil de la mer ; quand ses flots se soulèvent, c’est toi qui les apaises. »
Le Psaume 106 reprend également cette symbolique :
Dans leur angoisse, ils ont crié vers le Seigneur, et lui les a tirés de la détresse, réduisant la tempête au silence, faisant taire les vagues. Ils se réjouissent de les voir s’apaiser, d’être conduits au port qu’ils désiraient.
Arriver à bon port, malgré les tempêtes de la vie, sera effectivement le souhait de bien des hommes, mais cela ne sera possible que grâce au soutien divin…