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114 Chapitre 3 : JESUS ET HERODE LE GRAND
BIOGRAPHIE DE HERODE IER LE GRAND –
Hérode Ier le Grand est né le 1 janvier 73 av. J.-C. à Ascalon (Israêl). Il est mort le 1 janvier 4 av. J.-C. à Jérico (Cisjordanie).
Biographie courte de Hérode Ier le Grand –
Bénéficiant de l’appui de Rome, en la personne de Marc Antoine, puis d’Auguste, Hérode Ier est reconnu en 39 avant J.-C. roi de Judée. Il commence son règne deux ans plus tard et épouse la princesse Mariamne, afin d’être accepté par la dynastie asmonéenne, au pouvoir jusque là. Cependant, son alliance ne lui apportant pas le soutien espéré, il décide de tuer la famille asmonéenne, sa femme y compris. Il fait construire en Judée théâtres, amphithéâtres et cirques, notamment pour y organiser des jeux en l’honneur de Rome. Il fait également rebâtir le Temple de Jérusalem. Hérode est cependant considéré comme un tyran, à qui l’Évangile de saint Matthieu attribue le « massacre des innocents ».
HÉRODE IER LE GRAND : DATES CLÉS
37 av. J.-C. : Hérode le Grand est proclamé « roi des Juifs »
À la mort de son père, Antipater, Hérode le Grand s’empare des rênes de la Judée. C’est ainsi que quelques années après l’invasion romaine, il est proclamé « roi des Juifs ». Il doit rapidement faire face aux conflits entre les Juifs sadducéens et les Juifs pharisiens. Son règne connaîtra toutefois une certaine prospérité, marquée par l’architecture et la reconstruction du Temple de Jérusalem.
S’il est un épisode de la Bible le plus cruel à l’égard des enfants, c’est bien le terrible massacre des Innocents, un fait historique rapporté par l’évangéliste Matthieu…L’effrayant récit du massacre des Innocents débute pourtant par une scène inoubliable et méditée par tous les chrétiens, celle de la Nativité de l’Enfant Jésus. Alors que Marie, accompagnée de son époux Joseph, accueille la naissance divine de Jésus dans une grotte de Bethléem, ce fait ordinaire pour un roi comme Hérode lui est, cependant, rapporté par les mages venus de loin lui rendre hommage. Mais, au lieu de s’en réjouir, Hérode s’en inquiète, car il sait qu’une prophétie annonce la venue d’un roi qui pourrait menacer son propre royaume (Mt 2, 6) :
« Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël ».
Un enfant esseulé sans protection avec ses parents dans une grotte de Bethléem fait ainsi trembler le puissant Hérode. Aussi, ce dernier ourdit-il un plan terrible, et pour cela demande aux mages de lui faire connaître à leur retour le lieu où l’enfant vient de naître (Mt 2, 8) :
« Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
Comment le croire ?…
Un massacre décrété
Heureusement, lorsque la naissance de Jésus survient quelque temps plus tard, les mages après avoir rendu hommage à la sainte Famille sont avertis par un songe de ne pas retourner chez Hérode et de prendre un autre chemin pour regagner leur pays. Hérode est furieux de ce subterfuge, il estime avoir été berné par des étrangers et, qui plus est, par un enfant inconnu de tous… Sa réponse n’en sera que plus terrible (Mt 2, 16) :
« Il envoya tuer tous les enfants jusqu’à l’âge de deux ans à Bethléem et dans toute la région, d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages ».
La violence était quotidienne en ces temps reculés, mais il demeure difficile d’imaginer la rare barbarie qui s’ensuivit, tous les enfants de moins de deux ans nés à Bethléem et dans toute la région furent implacablement passés au fil de l’épée des soldats d’Hérode… La scène est tristement célèbre et a inspiré les plus grands peintres tels Giotto, Rubens, Nicolas Poussin, sans oublier le grand écran avec Pasolini et « L’Évangile selon saint Matthieu ».
Une réalité historique toujours interrogée
Comme à l’accoutumée, la réalité historique de ce massacre a été interrogée et même remise en cause par certains historiens. Cependant, des sources historiques autres que l’évangile de Mathieu viennent corroborer ces tristes faits. L’historien Paul Veyne évoque également le témoignage de Macrobe, auteur romain du Ve siècle, pour confirmer le caractère plausible de ce terrible massacre qui n’aurait rien d’étonnant au regard de la personnalité d’Hérode.
Enfin, soulignons que cette tragique scène n’est pas sans évoquer la prophétie de Jérémie dans l’Ancien Testament qui déjà relatait le cruel sort réservé à des enfants en des temps reculés (Jr 31, 15) :
« Ainsi parle le Seigneur : Un cri s’élève dans Rama, une plainte et des pleurs d’amertume. C’est Rachel qui pleure ses fils ; elle refuse d’être consolée, car ses fils ne sont plus ».
Le massacre des Innocents a rapidement pris dans l’histoire de l’Église une dimension sacrificielle de plus en plus importante au point de commémorer leur mémoire dans le calendrier liturgique chaque 28 décembre, une mémoire pour ces enfants de Bethléem – et celle de tous les enfants – sacrifiés et innocents.