Parallèles : Mt 10,1-15 | Mc 6,6-13
Les péripéties autour du Lac, depuis la tempête jusqu’au relèvement de la fille de Jaïre, ont permis de mieux saisir encore l’avènement de la Bonne Nouvelle et de son Messie. Maintenant, les Douze sont invités à prendre la route, à leur tour.
Jésus rassembla les Douze (9,1-2)
9, 1 Jésus rassembla les Douze ; il leur donna pouvoir et autorité sur tous les démons, et de même pour faire des guérisons ; 2 il les envoya proclamer le règne de Dieu et guérir les malades.
De l’appel à l’envoi
Entre le choix des Douze (6,12-14) et leur envoi, il s’est déroulé de nombreux événements comme, en premier lieu, le discours introduit par les béatitudes (6,17-49) et promouvant l’amour des ennemis à l’aune de miséricorde du Père et de la charité fraternelle. Ils ont également entendu les paraboles du semeur et de la lampe (8,4-18). Mais les Douze nommés furent aussi les témoins de ce salut offert : guérison de l’esclave d’un centurion (7,1-10), retour à la vie du jeune homme à Naïm (7,11-17), de la femme pécheresse lors du repas chez Simon (7,35-50), la guérison du démoniaque gérasénien (8,26-39), de la femme hémorroïsse et du retour à la vie de la fille de Jaïre (8,40-56), sans oublier la tempête apaisée (8,22-25)…
Il nous faut tenir compte de cette temporisation entre le choix des Douze et leur envoi en mission désormais éclairée par l’action et la parole du Christ. L’annonce du règne de Dieu ne se limite pas à de simples discours. La mission prend sa source et s’incarne dans ces paroles, gestes et ces guérisons, signes de son avènement. Ainsi, ils sont invités à transmettre ce dont ils furent les témoins et les premiers destinataires, y compris au sein de prochaines tempêtes et autres difficultés.
Contrairement à Marc (Mc 6,7), le récit de l’envoi des Douze ne comporte pas d’envoi deux par deux. Luc a choisi de mettre en lumière l’unité des Douze, de la future Église, nécessaire à l’annonce de la Bonne Nouvelle. Le premier verbe de ce passage insistait déjà : Jésus rassembla les Douze.
Ne prenez rien (9,3-6)
9, 3 Il leur dit : « Ne prenez rien pour la route, ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent ; n’ayez pas chacun une tunique de rechange. 4 Quand vous serez reçus dans une maison, restez-y ; c’est de là que vous repartirez. 5 Et si les gens ne vous accueillent pas, sortez de la ville et secouez la poussière de vos pieds : ce sera un témoignage contre eux. » 6 Ils partirent et ils allaient de village en village, annonçant la Bonne Nouvelle et faisant partout des guérisons.
Autorité et pouvoir, les mains vides
Jésus a confié à ses apôtres autorité et pouvoir. Mais ce pouvoir et cette autorité, ce don du Christ, nécessitent un réel abandon. Jésus envoie les Douze dans un dénuement le plus total. En cela, Luc est plus catégorique que Marc (Mc 6,8 sauf un bâton et des sandales,) et, à l’inverse de Matthieu, ne motive pas cette pauvreté au regard du travail à accomplir (Mt 10,10 L’ouvrier, en effet, mérite sa nourriture.)
Chez Luc, le dénuement des apôtres est déjà un témoignage du règne à venir, où Dieu pourvoie à la vie des siens – comme il le leur rappellera à la veille de sa passion : 22, 35 Puis il leur dit : « Quand je vous ai envoyés sans bourse, ni sac, ni sandales, avez-vous donc manqué de quelque chose ? » 36 Ils lui répondirent : « Non, de rien. »
L’absence de bagage oblige à combler ce vide par la parole de Dieu qui sera tout autant leur bâton que leur pain. Voyageant léger, ils ne parcourront que de faibles distances. Dans cette première mission, les Douze sont appelés, en cette Galilée, à la proximité, allant de ville en village, pour l’aujourd’hui de la Bonne Nouvelle, qui s’accomplit ici et maintenant.