24 Chapitre 1 : La géographie physique

1. La géographie physique🔗

Le nom de Palestine n’était pas usuel chez les Romains. Il dérive de Philistin, qui à son tour dérive des habitants établis sur les rives de la mer Égée, du côté de Crète, qui y bâtirent cinq villes au moment où les nomades hébreux y pénétrèrent depuis le désert et des collines de l’est. À l’époque a lieu la première confrontation entre l’Europe et l’Asie, tout au moins celle que nous connaissons par les annales historiques. Le pays n’a jamais été clairement délimité jusqu’au moment où l’Empire britannique y exerça son mandat et qu’avec une certaine précision il y traça des frontières. Pour les Romains, la Judée et la Samarie, plus encore la première, formeront la Palestine. Ils y ont reconnu des principautés mineures et tinrent la province indépendamment de la Syrie.

La terre où est né notre Sauveur rappelle le village de Bethléem dont il est dit qu’il est le plus petit en Judée.

Résumons ici l’excellent Atlas de la Bible de H.H. Rowley.

« La géographie, en effet, influe profondément sur l’histoire, et quantité de passages, particulièrement dans l’Ancien Testament, ne peuvent être bien compris que si on les replace dans leur contexte géographique.

La Palestine est un pays remarquable à bien des égards. Sa longueur, “de Dan jusqu’à Beershéba” (Jg 20.1), n’est que de 240 km et, dans sa plus grande largeur, elle en mesure à peine 120. Pourtant, elle a exercé dans le monde un rôle sans proportion aucune avec ses dimensions. Elle s’étendait à l’extrémité occidentale du “Croissant fertile” (on appelait ainsi la région cultivée qui va de l’extrémité nord de la péninsule arabique, et englobe les vallées du Tigre et de l’Euphrate, la Syrie, la Palestine, jusqu’à la frontière de l’Égypte). Elle constituait un pont entre les anciens empires de la Mésopotamie et de l’Asie Mineure, et celui de l’Égypte, autre berceau de la civilisation du Proche-Orient. Sa puissance politique ne fut jamais prépondérante, bien que son peuple eut souvent rêvé de jouer un grand rôle. Mais les empires géants qui l’entouraient se rendaient bien compte de l’importance de ce “pont”. Longtemps, les Israélites subirent les pressions culturelles et religieuses des populations cananéennes qu’ils avaient vaincues; le fait est reconnu par la Bible. De même, tout au long de leur histoire, ils subirent l’influence de leurs voisins et de leurs vainqueurs, Perses, Grecs et Romains.

Malgré tout cela, la Palestine a joué dans le monde un rôle plus important et plus durable que n’importe quel autre pays de superficie comparable. Si son apport artistique n’est guère considérable, sa littérature, que nous trouvons dans la Bible, a été traduite en d’innombrables langues et est partout conservée avec amour. Pourtant, ce respect ne tient pas aux mérites littéraires de la Bible, quelque grands qu’ils soient, mais à ces qualités religieuses et à son message. Le mérite n’en revient pas au cadre extérieur d’Israël, mais à son expérience de Dieu et de sa puissance. Ses chefs religieux n’étaient pas des hommes qui délivraient un message imaginé par eux : ils disaient seulement ce qu’ils croyaient être la Parole de Dieu. Cela dit, ce message ne peut se comprendre sans référence à la géographie et à l’histoire de la terre. La géographie influençait l’histoire, et le message des porte-parole de Dieu se référait souvent à la situation concrète du moment. Certes, elle invitait l’homme à adorer Dieu, mais aussi à écouter sa voix : elle le dirigeait dans toutes ses entreprises et lui apportait l’assurance que son vrai bien résidait dans l’obéissance à sa Loi.

Du point de vue géographique, la Palestine est un pays très varié. En allant de l’ouest à l’est, on y distingue quatre régions :

1. La plaine côtière, qui comprend la Philistie et la plaine de Saron, jusqu’à l’endroit où le mont Carmel fait un saillant dans la mer; plus au nord, nous trouvons la plaine d’Akko et la Phénicie. Au sud, la plaine s’élève dans la Shéphéla, dans la direction de la région montagneuse de Juda.

2. La région des hautes terres. À l’est de la plaine côtière, du nord au sud du pays, s’étend une région montagneuse, qui laisse place parfois à des zones plus basses. Au sud, le massif montagneux de Juda culmine à plus de 1000 m. Plus au nord, les collines diminuent d’altitude; plus au nord encore, nous trouvons la région d’Ephraïm, où se détachent le mont Ebal et le mont Garizim, de part et d’autre de Sichem. Puis les collines s’affaissent et font place à une plaine qui s’étend du mont Carmel au Jourdain, et que l’on désigne à l’ouest sous le nom de plaine d’Esdrelon et à l’est sous la vallée de Yisréel. Au sud de la vallée de Yisréel se dresse le mont Guiboé.

Les montagnes de Basse Galilée, qui comprennent le mont Tabor, sont moins élevées que celles de Haute Galilée, qui vont jusqu’à la frontière du Liban. Ici, la plaine côtière est très étroite, ce qui explique pourquoi les Phéniciens regardèrent toujours vers la mer et devinrent une grande nation de navigateurs.

Au sud des monts de Juda s’étend le Néguev, entre Beershéba et Cadès Barnéa, mais ses limites sont assez imprécises. Sa pluviosité insuffisante le rendait impropre aux cultures, mais il permettait les pâturages.

3. La vallée du Jourdain. Elle est encaissée dans une profonde dépression qui sépare la Palestine occidentale de la Palestine orientale et se continue jusqu’à la mer Rouge. Les sources du Jourdain jaillissent dans les montagnes du Liban et de l’Anti-Liban; le fleuve coule à travers le lac de Tibériade et se jette dans la mer Morte. Le lac de Tibériade se trouve 212 m au-dessous du niveau de la mer et la mer Morte à 392 m au-dessous. Entre le lac de Tibériade et la mer Morte, le Jourdain suit un tracé plein de méandres et ses rives sont en partie boisées. En se rapprochant de la mer Morte, la vallée du Jourdain s’élargit. C’est dans cette région qu’est située Jéricho; le climat y est étouffant et la végétation tropicale. La mer Morte n’a aucun débouché et ses eaux sont si salées qu’aucune forme de vie n’y est possible. Sur la rive sud-ouest s’avance une péninsule, qu’on a appelée, d’après sa forme, “la langue”; au sud de cette péninsule, la profondeur de la mer diminue.

À l’ouest de la mer Morte s’étend le désert de Juda, où David chercha refuge pour échapper à Saül (Enguédi). Et c’est dans ce désert, à Qumrân et à Murabb’at, que furent découverts les manuscrits de la mer Morte.

Les montagnes de Juda plongent brusquement vers la mer Morte : en effet, de Jérusalem à Jéricho, la route descend de plus de 1000 m sur une distance de 22 km à vol d’oiseau.

Au sud de la mer Morte s’étend la Araba (Dt 2.8), qui s’élève au-dessus du niveau de la mer, puis s’abaisse de nouveau vers le golfe d’Aqaba.

4. L’est du Jourdain. C’est un haut plateau divisé par quatre rivières : le Yarmuk, le Yabbok, l’Arnon et le Zérèd. L’Arnon et le Zérèd coulent au fond de gorges profondes, qui cloisonnent étroitement la région. Au nord du Yarmuk se trouve le pays de Bashan et, au-delà, l’Anti-Liban avec l’Hermon, dont on aperçoit les sommets neigeux du lac de Tibériade. Entre le Yarmuk et le Yabbok s’étend le plateau de Galaad; entre le Yabbok et l’Arnon, le territoire des tribus de Gad et de Ruben, qui fut souvent envahi par les Ammonites venus de l’est. Là se dresse le mont Nébo, d’où Moïse aperçut la terre promise (Dt 34.1). Entre l’Arnon et le Zérèd s’étend le territoire des Moabites; au sud du Zérèd, celui des Édomites.

Ce survol de la configuration de la Palestine éclaire son histoire. Des obstacles naturels si nombreux rendaient très difficiles les communications et gênaient considérablement le maintien de l’unité politique. Une route principale traversait tout le pays, qu’utilisaient les armées des pays voisins pendant les guerres, et les caravanes de marchands en temps de paix. Elle partait de Damas, traversait la Galilée, puis la plaine, obliquait vers la côte au sud du Carmel, pour aboutir, à travers la plaine côtière, à la frontière de l’Égypte. Juda se trouvait donc à l’écart, ce qui explique qu’il fut moins influencé par le flot d’étrangers qui traversaient le pays. […]

La côte de Palestine n’offre pas de bons ports naturels. […] Les pluies les plus abondantes tombent au printemps et en automne, mais la pluviosité décroît au fur et à mesure qu’on descend vers le sud.

L’eau y était donc très précieuse : à Jérusalem et dans les autres villes, on la conservait dans des citernes creusées sous des maisons (Jr 5.21). En dehors des remparts de Jérusalem jaillit une source. Avant la prise de la ville par David, l’eau était amenée par un tunnel, de la source jusqu’à un point où les habitants pouvaient venir la puiser grâce à un puits grossier creusé dans le rocher. Mais cette eau pouvait être détournée par les ennemis; c’est pourquoi Ézéchias fit creuser un tunnel et canalisa l’eau jusqu’à la partie inférieure de la ville, à la fontaine de Siloé (2 R 20.20).1 »

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LE PAYS DE JESUS© par campionpierre. Tous droits réservés.

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