171 Chapitre 2 : Le calendrier religieux et civil

Le calendrier religieux et civil🔗

Faute de connaissances astronomiques précises, les anciens ne pouvaient lire leur calendrier sans comporter de sérieuses inexactitudes. Aucune des méthodes imaginées ne réussissait à opérer une division du temps qui ne laissa subsister quelque vide dans le cours de l’année. Les Égyptiens, par exemple, prenaient pour base de leurs calculs le jour. Ils en comptaient, comme nous 365 par an et divisaient l’année en 12 mois de 30 jours chacun, sans tenir aucun compte des lunaisons. Il leur restait ainsi cinq jours non incorporés aux mois. Chez les anciens Hébreux, c’est l’année dont la longueur n’était pas rigoureusement déterminée comme celle des Égyptiens, mais qui délimitait suffisamment, en pratique, le retour régulier des saisons. Les 12 mois étaient, comme plus tard chez les musulmans, des mois lunaires, mais se succédaient sans que l’on se souciât de faire coïncider le début de l’année avec le premier jour d’un premier mois. En un mot, les années d’une part, les mois d’autre part, suivaient leurs cours sans qu’on essayât de les synchroniser. L’inconvénient de ce système se voyait en la nécessité d’intercaler, de temps en temps, un treizième mois dans l’année.

L’année israélite, aux temps anciens, finissait en automne. C’était une année agricole. La clôture d’une période de vie agricole était très naturellement la rentrée des dernières récoltes. Le cycle de toutes les fêtes de l’année s’achevait par la fête des récoltes (voir Ex 23.16). La crise de l’Exil, sur ce point comme sur tant d’autres, introduisit en Israël de nouvelles habitudes. Il devenait tentant pour les déportés d’adopter le calendrier plus savant et mieux équilibré des Babyloniens. C’est ainsi que le commencement de l’année fut transféré de l’automne au printemps et en vint à coïncider avec la Pâque (Ex 12.2). Plus tard, sous les Séleucides et l’influence de leur calendrier, on revint, dans la vie civile tout au moins, à l’année commençant en automne, mais en conservant une année religieuse qui commençait au printemps.

Le mois étant lunaire était tantôt de 29, tantôt de 30 jours. Cette longueur variable ne dépendait d’aucune règle permettant de déterminer à l’avance si tel ou tel mois aurait 29 ou 30 jours. Il commençait, empiriquement, au moment où la nouvelle lune devenait visible dans le ciel.

Les noms des mois hébreux ont varié au cours de l’histoire. Les plus anciens de ces noms, conservés dans l’Ancien Testament, sont abib, le mois de la maturation des épis du froment; ziv, mois de la splendeur, mois des fleurs; éthanim, mois où les ruisseaux se remettent à couler; bul, mois de pluie. Ces noms, ainsi que les huit autres que nous ne connaissons pas, changèrent avec l’Exil et furent remplacés par les nombres ordinaux correspondants à la position qu’ils occupaient dans le nouveau calendrier qui inaugure l’année au printemps. Abib devint le premier mois, ziv le second, éthanim le septième, bul le huitième, etc. Plus tard, les Juifs prirent l’habitude de désigner les mois non plus par leurs nombres d’ordre, mais par leurs noms babyloniens; ceux qui sont mentionnés dans l’Ancien Testament sont nisan, sivan, éboul, kislev, tébet, chebat et adar.

Pour ce qui concerne la semaine, les Hébreux commencèrent vraisemblablement par suivre la méthode babylonienne consistant à diviser les 28 premiers jours du mois lunaire en quatre périodes finissant les septièmes, quatorzièmes, vingt-et-unièmes et vingt-huitièmes jours, la première semaine du mois commençant toujours à la nouvelle lune, ce qui présentait l’inconvénient de laisser chaque mois un ou deux jours hors de compte. On en vint vite, peut-être à cause de ce désavantage, à abandonner cet étroit rapport de la semaine et du mois. Les semaines se suivirent désormais sans ces intervalles illogiques, mais par suite, en dehors de toute considération d’ordre astronomique, les jours de la semaine ne semblent pas avoir été distingués les uns des autres par des noms. L’Ancien Testament du moins ne nous en rapporte qu’un, celui du septième, le jour du repos, le sabbat. On se contentait sans doute de désigner le jour dont on voulait parler en indiquant la position qu’il occupait dans la semaine, le troisième, le quatrième jour de la semaine. Le Nouveau Testament nous donne en outre le nom du sixième jour, celui de la préparation ou l’avant-sabbat.

Voici un tableau synoptique de l’année religieuse et civile juive :

1 (7) Nisan (mars-avril) : début de la moisson de l’orge; le 14, Pâque; le 15, pains sans levain; le 21, fin de la Pâque.

2 (8) Lyar (avril-mai) : moisson de l’orge.

3 (9) Sivan (mai-juin) : moisson du blé : fête de la Pentecôte, sept semaines depuis la Pâque; marque la fin de la moisson.

4 (10) Tammuz (juin-juillet).

5 (11) Ab (juillet-août) : vigne, figuiers, olives mûres.

6 (12) Elul (août-septembre) : début des vendanges.

7 (1) Tishri (septembre-octobre) : premières pluies, labourage; 1-2, fête des Tabernacles, Rosh Hashanah; début de l’année civile, fin des vignes et de la moisson d’olives. 10, jour de l’Expiation, Yom Kippour, jour de repentance nationale, jeûne et expiation; 15-21, fête des Tabernacles, commémoration du séjour sous les tentes en route pour Canaan, fête joyeuse.

8 (2) Heshvan (octobre-novembre) : semailles du blé et de l’orge.

9 (3) Kislev (novembre-décembre) : 25, fête des Lumières ou Dédicace, Hanukhah, commémoration de la dédicace du temple par Judas Maccabée (164 avant J.-C.), lumières brillantes dans le Temple, dans la région et dans les maisons juives.

10 (4) Tebeth (décembre-janvier) : mois pluvieux.

11 (5) Shebat (janvier-février) : Nouvel An.

12 (6) Adar (février-mars) : amandiers fleurissent; 14, fête des Purim, commémoration de la délivrance d’Israël à l’époque de la reine Esther, lecture publique du livre d’Esther dans les synagogues.

13 Adar Shemi, mois intercalaire.

Mentionnons encore que le matin, avant toute activité, et le soir, les hommes adultes prient. Tournés vers le Temple, ils récitent une prière de bénédiction puis le « Shema », ainsi que les premières et les dernières des dix-huit bénédictions, ou du « Shémoné Esré », certainement déjà en usage.

Licence

LE PAYS DE JESUS© par campionpierre. Tous droits réservés.

Partagez ce livre