62 Chapitre 3 : Le livre d’Amos

Le livre d’Amos : malheur à ceux qui travestissent la religion !

Nous ne sommes plus à la grande époque des rois David et Salomon. En effet, l’ancien royaume unique d’Israël est maintenant divisé.

Cependant, dans le royaume du Nord (nommé « Israël » par opposition à « Juda », le royaume du Sud), tout va bien :

•   En matière politique, Israël profite de la faiblesse de ses voisins et a conquis la Transjordanie.

•   Sur le plan économique, les terres du Nord sont bien plus fertiles que celles du Sud. De plus, le développement des relations commerciales avec les cités phéniciennes a permis l’émergence d’une bourgeoisie prospère. Samarie, la capitale, est devenue une ville brillante et luxueuse.

•  Au niveau religieux, le vieux sanctuaire de Béthel est remis à l’honneur au détriment de Jérusalem. Il devient un centre important de pèlerinages.

Tout va bien, à l’exception de la situation sociale qui génère un grand nombre de pauvres et d’exclus.

C’est contre cette situation que va s’élever Amos, dénonçant le mal social et la perversion de la religion : pour lui, ceux qui ont été délivrés de l’esclavage en Égypte font maintenant régner l’injustice et la superstition.

C’est un Dieu de justice que révèle le prophète Amos. Il fera éclater ses exigences lorsque viendra la fin du monde, et cela sera terrible pour les méchants.
Amos finit néanmoins sur une note d’espérance puisque Dieu ne saurait totalement détruire son peuple. Il maintiendra ainsi un « reste » qui sera garant de l’avenir.

Sens du livre d’Amos

La critique de la société, le châtiment, et l’universalité de Dieu.

1 – Amos critique radicalement la société de son temps

L’aspect qui frappe en premier le lecteur, c’est la critique impitoyable des mœurs de son temps. Toutes les situations sont passées au crible et le livre comporte de nombreuses annonces de catastrophes imminentes.

Les fautes d’Israël dénoncées sont diverses et nombreuses : insouciance et cupidité des classes dirigeantes, rapacité des marchands, corruption des juges…

Mais ce qui indigne le plus le prophète, et à travers lui Dieu, c’est le mépris du pauvre et du faible qu’entraîne cette situation. Le plus grave, c’est que le droit et la justice sont bafoués.

Or pour Amos, mépriser le pauvre, c’est aller contre la volonté de Dieu.

Il dénonce également une dissociation entre :

• une pratique cultuelle purement formelle par laquelle on se donne bonne conscience et dont on pense qu’elle suffira à assurer la sécurité de son âme,

•  et une pratique de la vie quotidienne livrée à l’injustice.

Or comment peut-on à la fois offrir un culte au Seigneur dans le sanctuaire et le mépriser dans les pauvres ?

 

2 – Il annonce le châtiment qui arrive

Cette annonce ressort de tout le livre : une catastrophe est sur le point d’arriver sur le royaume d’Israël, malgré (et peut-être à cause de) son statut de peuple choisi.

Là où un regard extérieur ne verrait que des luttes politiques, le prophète discerne le dessein de Dieu. À travers l’invasion des Assyriens et la déportation qui s’en suivra, c’est le Seigneur qui est à l’œuvre.

À première vue, la sentence semble irrévocable. Le prophète lui-même a tenté d’intercéder, mais y a finalement renoncé. Même s’il est fait mention ça et là d’un «reste», ce terme évoque plutôt l’ampleur de la catastrophe que la renaissance du peuple.

Amos insiste sur le fait que le temps de la patience divine est passé. C’est l’anéantissement qui va venir. La mission d’Amos, par bien des aspects, semble être de placer le peuple en face de la réalité.

 

3 – Amos, un précurseur de l’universalité du Dieu d’Israël

Amos souligne de manière assez nette que le Dieu d’Israël n’est pas seulement le Dieu particulier d’un peuple particulier.

Le seul fait, qu’originaire du royaume du Sud, il prêche dans le royaume du Nord, montre que la parole de Dieu dépasse les frontières.

Parmi les oracles proférés par Amos contre les nations, celui contre Israël se situe à la fin. Ceci montre bien que le statut de peuple élu doit être sérieusement révisé : Israël est une nation parmi les autres, et Dieu intervient et juge toutes les nations même si leur comportement fautif ne se rattache pas directement à une atteinte aux droits d’Israël.

Amos ne conteste pas le lien particulier qui unit Israël à son Dieu, mais il le replace dans cette vision plus vaste d’un pouvoir divin s’exerçant hors des frontières humaines.

 

 

 

Le personnage principal du livre d’Amos : Amos !

Amos : c’est un simple paysan qui vient du royaume de Juda où il était berger et éleveur de sycomores.

Ce n’est pas un ignorant car il est ouvert aux pays voisins et connait leur histoire. Mais c’est un rural qui n’aime pas la ville et se méfie des citadins.

Quand on lit ses oracles qui sont essentiellement consacrés à l’annonce de calamités, l’expression « prophète de malheur » semble parfaitement convenir à Amos.

 

 

 

Histoire de la rédaction du livre d’Amos

Les oracles d’Amos dateraient de la fin du règne de Jéroboam, c’est-à-dire vers 750 avant Jésus-Christ. »]Amos exerce son ministère en Israël à l’époque de deux règnes longs et parallèles :

•  celui d’Ozias, roi de Juda (785-747)

•  et celui de Jéroboam II, roi d’Israël (787-747).

Il s’agit donc d’un prophète pré-exilique*, en activité quelques décennies avant la chute du royaume du Nord.

Par ailleurs, il est probable que le ministère d’Amos ait duré seulement deux ans voire même moins longtemps.

Nous devons aussi avoir conscience que plusieurs versets ne proviennent pas d’Amos lui-même, mais sont l’œuvre de rédactions successives, en particulier à l’époque de l’Exil et après.

* L’exil forcé des Hébreux à Babylone par le roi Nabuchodonosor a eu lieu en – 597

 

 

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