173 Chapitre 6 : CONTENU DU LIVRE DE L’APOCALYPSE

Prologue et lettres

Les chapitres 1-3 contiennent le prologue du livre : celui-ci est présenté comme une « révélation de Jésus-Christ » qui est communiquée par un ange à un voyant, le « serviteur Jean » (τῷ δούλῳ αὑτοῦ Ἰωάννῃ), dans laquelle le Christ révèle le sens divin de l’époque, « ce qui doit arriver bientôt » et comment le peuple sera bientôt délivré50.

L’adresse du texte (1,4-8) précise les destinataires visés par l’auteur : les « sept Églises qui sont en Asie »51. La dimension pascale est centrale dans le texte et le Christ est présenté à travers l’autorité que lui confèrent sa mort et sa résurrection51 et Dieu comme « celui qui était, est et vient », (ὁ ὢν καὶ ὁ ἦν καὶ ὁ ἐρχόμενος), l’« Alpha et l’Oméga », la première et la dernière lettres de l’alphabet grec, symbolisant l’existence de Dieu au commencement et à la fin. Suit une première vision du Christ (1,9-20) qui apparaît avec des attributs merveilleux et royaux attestant sa divinité51. Les chapitres 2 et 3 regroupent des lettres adressées aux différentes communautés de chrétiens des villes d’Asie Mineure occidentale, la plus longue étant adressée à Thyatire et la plus courte à Smyrne52. L’auteur avertit des dangers guettant les communautés, externes à celles-ci comme des persécutions, mais aussi internes, comme les faux enseignements et la suffisance52, le consentement au monde présent51 ==== le nicolaïsme y est notamment dénoncé. Il évoque le martyre d’Antipas de Pergame.

Visions

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Vision de la grande prostituée 

Après cette partie épistolaire, il n’est pas aisé de distinguer le plan d’ensemble que l’auteur a donné au livre mais, généralement, les exégètes s’accordent pour distinguer deux grandes parties dans l’expérience de révélation, l’une commençant avec la vision d’une porte ouverte dans le ciel (4,1), la suivante débutant par un grand signe qui apparaît dans le ciel (12,1)53.

La première série de visions est ainsi regroupée dans les chapitres 4 à 11 et débute (4-5) par les visions de Dieu et de l’Agneau — l’un créateur et l’autre rédempteur53 — entourés d’une cour céleste incluant le tétramorphe, glorifiés tour à tour dans une célébration cultuelle cosmique51. Le « Livre aux sept sceaux », un codex qui peut être lu recto-verso, et scellé de sept sceaux, apparaît dans la vision ==== il pourra être ouvert par l’Agneau53.

La partie suivante de cette première série (6 à 11) met en scène le jugement du Monde comme témoignage de la colère51 et du jugement eschatologique de Dieu54 dans les chapitres concernant l’ouverture des sept sceaux (6,1-17 ==== 8,1-5) — où apparaissent les Cavaliers de l’Apocalypse — et les sept trompettes de sept anges (8,6-9,21 ==== 11,15-19), proposant une série de catastrophes qui ne sont interrompues que par la présentation des 144 000 élus et d’une foule de toutes nations (7) puis par l’épisode de l’ingestion du petit livre (10) et des deux témoins élevés au ciel (11), épisodes qui soulignent l’importance du témoignage51.

La seconde série de visions (12-22,5) met en scène de manière symbolique la lutte eschatologique qui oppose Dieu, le Christ et son peuple à Satan et aux puissances terrestres inspirées par ce dernier51. Elle commence par trois chapitres de visions qui introduisent le personnage du « Dragon » (12) — « l’antique serpent, celui qu’on nomme Diable et Satan », qui combat la descendance de « la femme » avant d’être vaincu par l’archange Michel pendant l’épisode de la guerre des anges — et des deux « bêtes », l’une issue de la mer, l’autre de la terre, qui dominent le reste de l’ouvrage dans des passages qui sont souvent considérés comme le cœur de l’Apocalypse55. La Bête surgie de la mer (13,1-10), avec dix cornes et sept têtes, incarne les persécutions de l’empire romain idolâtre tandis51 que la Bête venue de la terre (13,11-18), avec deux cornes tel un agneau mais parlant comme le Dragon, est une parodie malveillante du Christ56, assimilée à un faux prophète : elle marque les gens sur la main ou sur le front, à l’instar des serviteurs de Dieu. Elle incarne le système impérial dominant, le culte de l’empereur et le sacerdoce païen à son service56 qui menacent ceux qui refusent de se plier à ses règles51.

La communauté des 144 000 en communion avec l’Agneau (14, 1-5) survit aux assauts des Bêtes et du Dragon et le jugement auquel Satan et ses affidés seront soumis est ensuite décrit (14,6-20). Comme aux chapitres 8 et 9 apparaissent alors sept anges et leurs malheurs (15-16) avant que n’interviennent les jugements de la grande prostituée et de Babylone, symboles probables de Rome et de l’Empire idolâtre (17-18), dont les richesses et le luxe ne sont que des biens fragiles et éphémères51.

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Adoration du Christ. Noces de l’agneau.

Les croyants célèbrent alors la victoire (19,1-10) tandis que le jugement, au-delà du seul Empire, devient cosmique (19,11-20) ouvrant à la victoire du Messie sur les Bêtes, le faux prophète (19,21-20) et le Dragon momentanément enchaîné pour mille ans, pendant le règne sur terre du Christ et des saints martyrs (20,1-6) avant l’affrontement final avec Satan libéré. Celui-ci rassemble Gog, Magog et les nations de la Terre avant d’être précipité dans le lac de feu où ont déjà échoué les Bêtes avant lui (20,7-15)57.

C’est alors la venue du nouveau monde, de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre remplaçant les précédents, dévastés51 tandis qu’une nouvelle Jérusalem descend du ciel (21-22)57.

Épilogue

L’épilogue est composé des versets 6 à 21 du chapitre 22. Il met à nouveau en valeur le voyant ainsi que son propos prophétique appuyés par l’autorité de l’Alpha et Oméga, demande de ne pas le maintenir secret car la fin des Temps est proche et de ne rien retrancher ou ajouter aux paroles prophétiques de l’ouvrage58. Ayant présenté les termes de la victoire du Christ, l’auteur exprime la certitude de son accomplissement qui s’exprime dans la proclamation liturgique finale : « Maranatha, viens Seigneur Jésus » (22,21)59.

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