Le Livre d’Osée ouvre la collection des Douze petits prophètes dans la Bible hébraïque et dans la Septante (traduction grecque).
L’amour inconditionnel de Dieu pour son peuple est le thème central du Livre d’Osée. L’originalité du livre d’Osée est que le narrateur de ce livre associe sa situation conjugale et la situation du peuple d’Israël dans son alliance avec le Seigneur. Osée (en hébreu Hoshea, « Yahwé est venu au secours ») a épousé une prostituée sacrée nommée Gomer. De même que l’épouse d’Osée a été infidèle à son mari, de même le peuple d’Israël s’est tourné vers d’autres dieux, notamment Baal, le dieu des Cananéens. Osée établit ainsi un parallèle entre sa vie privée et la relation de Dieu avec la nation d’Israël. Mais Dieu n’abandonne pas son peuple pour la même raison qu’Osée n’abandonne pas Gomer. La notion d’alliance est ainsi au centre de la réflexion de ce livre.
Sens du livre d’Osée
La signification du livre d’Osée.
Le prophète en phase avec Dieu
Ce qui frappe dans le livre d’Osée, c’est la forte implication affective du prophète dans le message qu’il transmet. Amour, colère, déception, conflit intérieur… tout cela transparaît au fil des lignes. Mais dans ces états d’âme, il y a plus que de simples réactions psychologiques aux événements : l’affectivité du prophète est elle-même message prophétique. Elle dit quelque chose de Dieu et notamment que Dieu est tout sauf impassible. Tout ce que vit le prophète dit quelque chose de ce que Dieu vit dans sa relation avec son peuple : amour, déception, colère, projet de châtiment, amour qui finit par triompher… Le livre d’Osée fait entrer le lecteur dans l’intimité du prophète, et l’intimité du prophète fait entrer dans celle de Dieu.
L’alliance est une relation d’amour
Le livre d’Osée introduit un nouveau vocabulaire pour parler de l’alliance. Il néglige le vocabulaire juridique pour lui substituer la notion de relation amoureuse, dans une double dimension :
• L’amour conjugal, trame des trois premiers chapitres. Le mariage est aussi affaire de droits et de devoirs. L’épouse infidèle et adultère a rompu le contrat, elle est fautive et passible d’une répudiation. Mais Osée introduit une autre dimension : l’amour. Il ne s’agit pas d’un procès comme les autres, où un accusateur porte plainte contre un coupable car l’accusateur aime le coupable. Le chapitre 2 n’est pas une liste de griefs, c’est le cri d’un amour blessé et jaloux, jaloux de voir l’amour des hommes se porter sur d’autres dieux, jaloux de voir son amour méconnu. Cet amour ardent de Dieu va faire également éclater le cadre strict péché-punition. Tout le livre est un appel au retour, à la conversion, décrite comme un retour au temps de la jeunesse, du premier amour.
• L’amour parental. Cet amour fait complètement disparaître le cadre juridique. Dans le chapitre 11, c’est le Seigneur qui finalement prend sur lui le « châtiment », le bouleversement qui menaçait son peuple infidèle. Ce chapitre donne la clé du lien créé par l’Alliance: un lien d’amour ! La notion de Dieu comme père de son peuple n’est pas nouvelle, mais prend une autre dimension. Ce n’est pas l’autorité qui est mise en valeur, mais la tendresse, le souci de voir grandir et mûrir l’enfant, l’amour prêt à tout, même à changer d’avis.
Les infidélités des hommes sont multiples
Le livre d’Osée révèle aussi ce qui, dans le comportement des hommes, apparaît comme un refus de cet amour que le Seigneur propose à son peuple :
• La principale infidélité, qui sert de trame aux premiers chapitres, est le culte rendu à d’autres dieux.
A côté de cette forme extrême de trahison de l’Alliance, il en est une autre, plus subtile, c’est la banalisation du culte du Seigneur. En dehors de ceux qui offrent officiellement des sacrifices à Baal, il y a la multitude de ceux qui offrent des sacrifices au Seigneur Dieu d’Israël, mais exactement de la même manière que leurs compatriotes adorent les Baals. Ce que critique le prophète, c’est l’ultime corruption de l’amour, le rejet du Seigneur pour ce qu’il est. On garde le nom, mais on change le contenu … (Os 6,6 : « C’est l’amour qui me plaît et non les sacrifices, la connaissance de Dieu plutôt que les holocaustes. » repris en Mt 9,13 et 12,7).
• Pour cette raison, Osée dénonce très vigoureusement cette perte de la connaissance de Dieu. Pour aimer Dieu, pour entrer dans la véritable relation d’alliance qu’il propose, il faut le connaître (le verbe « connaître » en hébreu sert aussi pour décrire la relation sexuelle entre un homme et une femme). Le livre d’Osée s’en prend à l’illusion de croire que les rituels ont une quelconque prise sur Dieu. C’est le cœur des hommes qui doit être fidèle à Dieu.
• Enfin, dans le même contexte que le livre d’Amos et même si ce n’est pas le thème central, Osée dénonce les injustices sociales et le relâchement des mœurs. Mais cela apparaît plus comme une conséquence des infidélités et de la perte de la connaissance de Dieu.
La théologie féministe a fait ressortir l’idéologie machiste qui sous-tend la pensée du livre écrit par des hommes. La femme comme le petit et le gros bétail est la propriété du mari (Baal en hébreu veut dire maître, mari et propriétaire). Dans la métaphore du couple Dieu/peuple d’Israël, l’homme représente Dieu (masculinisation du divin) et la femme qui représente Israël est sans cesse tentée par l’adultère (femme = péché).
Histoire de la rédaction du livre d’Osée
Il faut distinguer entre le prophète Osée qui est le héros du livre et les véritables rédacteurs. »]Le commencement du livre indique les rois sous le règne desquels Osée a exercé son ministère. Quatre rois de Juda et un seul roi d’Israël sont cités.
Cela permet de situer approximativement les dates d’Osée : début de son ministère à la fin du règne de Jéroboam II (vers 750 ?) et fin de son ministère sous Ézéchias (716-687). C’est plus difficile de situer le terme, tout au plus peut-on dire que la mission d’Osée s’achève aux alentours de 722, date de la chute de Samarie. Le prophète Osée va intervenir durant une trentaine d’années et donc couvrir toute la période des derniers jours du royaume de Samarie.
On ne sait pas si Osée a lui même mis par écrit une partie de ses prophéties. Certains commentateurs pensent que cela pourrait être le cas dans les trois premiers chapitres qui relèvent de la biographie intime du prophète, et surtout dans le chapitre 3. Le reste du livre pose problème car on y trouve une accumulation de courts oracles dont l’ordre de classement n’est pas évident. Si le thème permet de regrouper parfois quelques oracles, l’ensemble demeure assez disparate.
Le travail de mise par écrit et d’édition de ces oracles s’est très vraisemblablement poursuivi dans le royaume de Juda, comme l’indique l’introduction du livre qui fait la part belle aux rois de Juda. Il s’est poursuivi durant les périodes assyrienne et néo-babylonienne, peut-être aussi, selon certains spécialistes, durant la période perse. L’histoire de la rédaction de ce livre s’est faite en plusieurs étapes qui furent comme autant de relectures du noyau initial.