57 Chapitre 14 : Le livre de Daniel

Le livre de Daniel : face au totalitarisme, la suprématie absolue de Dieu

Face à un pouvoir totalitaire, que faire :

•    Courber l’échine et subir ?

•    Résister activement au moyen des armes ?

•    Ou renoncer à la force mais susciter une résistance spirituelle ?

Le livre de Daniel exprime tout ce courant de résistance spirituelle.

Dans la première partie du livre, le jeune Daniel est considéré comme un sage. Grâce à sa capacité d’interpréter les songes et les visions, il devient le chef de tous les magiciens du royaume de Babylonie. Ce statut va provoquer la jalousie des autres fonctionnaires royaux (païens) qui voudront le faire tomber. Ils cherchent à l’attaquer sur sa religion, qui semble être son point faible. Mais la fidélité de Daniel à son Dieu est le garant de son salut et lui assure à chaque fois de rentrer dans les bonnes grâces du roi, qu’il soit babylonien ou perse.

La seconde partie est d’un tout autre genre. Les textes y sont rédigés en style autobiographique. Daniel n’est plus l’interprète des visions des autres, mais il est lui-même le bénéficiaire de visions qu’il ne réussit pas à interpréter sans l’aide d’un ange.

Sens du livre de Daniel

Les nations voisines ont une attitude très différente à l’égard d’Israël
La première partie du livre témoigne d’une bonne intégration des Juifs au milieu des empires païens, reflet de la situation historique de la période perse. Un roi comme Nabuchodonosor, pourtant responsable de la chute de Jérusalem, est présenté sous un jour plutôt favorable. Il représente certes le potentat dans toute sa dimension orgueilleuse, mais il finit toujours par reconnaître la supériorité du Dieu de Daniel.

Dans la seconde partie du livre, les nations païennes sont clairement hostiles aux Juifs et on retrouve un contexte de persécutions.

Dieu est le maître de l’Histoire
Tout le livre de Daniel confesse une absolue domination de Dieu sur l’histoire des hommes. C’est d’ailleurs le message d’encouragement adressé au lecteur alors même que l’histoire semble sans issue heureuse, tant la domination grecque semble invulnérable. Alors que les livres des Maccabées exaltent la révolte nationaliste, le livre de Daniel place son espérance dans une intervention décisive de Dieu pour mettre fin au règne d’Antiochus et restaurer le Temple.

La sagesse et la fidélité triomphent
Les récits de la première partie du livre sont ce qu’on appelle des « contes de cour ». Ce sont des récits dont de nombreuses variantes circulaient dans l’ancien Orient. La trame narrative présente la chute puis le relèvement d’un haut personnage de la cour.

Des anges et des hommes
Caractéristique de la littérature apocalyptique, le livre de Daniel propose une vision très large du cosmos. Alors que les prophètes se contentent de mettre en rapport Dieu et les hommes, le livre de Daniel y ajoute une troisième composante, les créatures angéliques, d’apparence hostile (comme l’ange protecteur de la Perse) ou bénéfique (comme l’ange Gabriel qui est l’ange interprète du livre de Daniel). Les anges sont présentés davantage comme des collaborateurs des humains plutôt que comme des inspirateurs.

L’annonce de la résurrection
Au sein de l’Ancien Testament, c’est dans le livre de Daniel qu’est le plus clairement attestée la résurrection des morts. A l’époque, cela constituait une nouveauté théologique considérable.

 

 

 

Histoire de la rédaction du livre de Daniel

Le livre de Daniel utilise le procédé de la pseudonymie, c’est-à-dire que l’on attribue à un sage du passé l’origine du livre. Cela donne une grande autorité à l’ouvrage et cela permet d’embrasser l’histoire sur une longue période. En Dn 1-6, on trouve des récits de cour mettant en scène les tribulations de hauts fonctionnaires juifs au sein d’une administration étrangère à Babylone. Certains récits de Dn 1-6 proviendraient de la diaspora orientale de l’époque perse.

A partir du chapitre 7, le contexte historique se précise autour de la figure d’Antiochus IV Epiphane, à l’époque hellénistique. L’auteur de Dn 7-12 écrit au moment des derniers événements annoncés, c’est-à-dire au IIe siècle av. J.-C. C’est un mashkîl, « un homme instruit », appartenant au groupe des Hassidim, « les pieux », qui se joignirent à la résistance organisée par Mattathias et Juda Maccabée.

L’ouvrage a reçu sa forme finale au cœur de la crise maccabéenne, sans doute au cours de l’an 164, mais avant l’annonce de la mort d’Antiochus.

 

 

 

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