169 Chapitre 2 : LE GENRE LITTERAIRE DE L’APOCALYPSE

Un genre littéraire

Étymologiquement, le mot « apocalypse » est la transcription du terme grec ἀποκάλυψις / apokálupsis signifiant « dévoilement » ou, dans le vocabulaire religieux, « révélation »3.

Le terme s’est chargé au fil des siècles d’une série de connotations et de travestissements, qui l’ont éloigné de son sens premier pour souvent évoquer une catastrophe massive et violente3. Il est « devenu populaire pour de mauvaises raisons »4. Cette évolution est notamment liée à la difficulté d’appréhender son genre littéraire déroutant5, qui ne trouve pas de comparaison dans la littérature contemporaine6.

La littérature apocalyptique est un genre littéraire ancien. Il apparaît probablement à l’époque biblique de l’exil à Babylone, au VIe siècle av. J.-C., avec les textes d’Ézéchiel, de Joël et de Zacharie, avant de s’épanouir avec Daniel (vers 165 av. J.-C.), qui sert de modèle à l’Apocalypse de Jean, mais aussi à d’autres apocalypses apocryphes juives et chrétiennes, ou encore aux textes apocalyptiques de Paul de Tarse7.

Dans les littératures juive et chrétienne, le genre de ces écrits se définit par les relations entre leur forme, leur contenu et leur fonction, sans qu’ils appartiennent pour autant à un mouvement ou un milieu particulier. Ils ne témoignent d’aucun courant théologique spécifique et peuvent véhiculer des idéologies très éloignées, voire contraires3. S’ils présentent une grande diversité, ils ont en commun un usage prononcé de l’allégorie et du symbolisme8.

On peut ainsi déceler comme terreau commun à ce genre prophétique une ossature narrative qui a pour fondement une vision-révélation divine transmise à un homme1, généralement par un être surnaturel9, dans une représentation du monde caractérisée par deux niveaux de réalité : celui de l’expérience humaine perceptible, et celui d’une réalité supranaturelle, invisible et inaccessible à l’expérience courante mais déterminante pour le destin humain3. La révélation elle-même est présentée comme procédant d’une réalité transcendante et comprend à la fois une dimension temporelle, dans la mesure où elle propose un salut eschatologique, et spatiale, dans celle où elle annonce l’imminence d’un monde nouveau1.

La limite entre l’ancien monde arrivé à son terme et le nouveau en passe de s’accomplir, est marquée par l’intervention divine, qui juge les impies et récompense les élus10. Trois traits sont également caractéristiques de ce genre de littérature : d’abord, le voyant d’une apocalypse est un écrivain qui, à la différence d’un prophète, consigne ses visions par écrit ; ensuite, ce texte est souvent pseudépigraphique, c’est-à-dire faussement attribué à un auteur ; enfin, le texte fait usage de chiffres, d’objets et de personnages symboliques, sans s’attacher à rendre cohérent ce symbolisme11.

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