37 Chapitre 25 : Le livre d’Esther

Le livre d’Esther : résister à la persécution

Le livre d’Esther se présente comme un roman édifiant.

L’action se situe après la victoire des Perses sur les Babyloniens. Ce succès a permis le retour d’exil, mais tous les Juifs déportés à Babylone ne sont pas rentrés à Jérusalem. De nombreux juifs sont restés en Mésopotamie. L’héroïne du récit appartient à ces Juifs de la diaspora (la « dispersion ») établis à Suse. Remarquée par l’empereur des Perses, elle devient son épouse.

Devenue reine des Perses, Esther va œuvrer afin de protéger son peuple dont le statut demeure fragile. En effet, le ministre Aman désire éliminer la communauté juive qui, selon lui, ne le respecte pas assez. A la demande d’Aman, le roi donne l’autorisation de préparer le massacre des Juifs. Mais Esther, forte de son pouvoir de séduction auprès du roi, parvient à retarder l’échéance. Lors d’un banquet qu’elle organise, elle fait chuter Aman dans un piège. Une fois Aman exécuté, le roi autorise que les juifs puissent se défendre si on les attaque. Ces derniers vont ainsi assassiner tout le clan d’Aman sans que le roi ne les sanctionne. Ce triomphe sera ensuite commémoré dans la fête des Pourim.

Sens du livre d’Esther

Esther se présente comme un modèle de l’intégration des Juifs au sein des nations païennes chez qui elles vivent. Bien que juive, elle devient reine des Perses et vit selon la coutume des Perses. Elle organise ainsi des festins sans paraître se soucier des interdits alimentaires.

Le message du livre d’Esther est à destination aussi bien des Juifs que des païens. Chacun tire bénéfice à vivre ensemble :

• grâce à Esther, la communauté juive est sauvée,

• mais aussi, le roi perse lui est redevable d’avoir dévoilé la traîtrise de son ministre.

Esther est un personnage très proche du patriarche Joseph : elle représente le judaïsme implanté en Mésopotamie, comme Joseph représente le judaïsme installé en Égypte.

Les personnages principaux du livre d’Esther : Esther, le roi, Aman, Mardochée

Esther : le nom vient peut-être d’Ishtar, la déesse mésopotamienne, jolie juive vivant à Suse, elle épouse le roi Assuérus. A la demande de son cousin Mardochée, elle sauve le peuple juif d’un massacre que projetait le ministre Aman. Ce dernier est tué, les deux jours de réjouissance qui s’en suivent sont à l’origine de la fête de Pourim.

Le roi : Le roi achéménide de Perse, Khshayarsha Ier (485-465), est connu sous le nom grec de Xerxès, et dans l’Ancien Testament sous le nom hébreu latinisé d’Assuérus (le nom hébreu du roi est Ahashwérosh). Célèbre pour ses luttes contre les Grecs (victoire des Thermopyles, défaite de Salamine), il réprima une révolte en Égypte, et une autre à Babylone.

Aman : ministre du roi de Perse, il veut exterminer les Juifs, mais il sera finalement tué.

Mardochée : le nom vient peut-être de Marduk, dieu mésopotamien. Cousin et père adoptif d’Esther, c’est sur les conseils de ce Juif que la reine Esther va sauver les Juifs de Suse et de l’empire perse.

 

 

 

Histoire de la rédaction du livre d’Esther

La rédaction du texte est difficile à dater. Des différentes références qui sont faites, on peut supposer une rédaction au cours du deuxième siècle. Le livre d’Esther présente une particularité : dans le texte hébreu, il ne comporte aucune mention du tétragramme divin (seul le texte grec incorpore une prière de Mardochée et d’Esther (en Est 4,17). Il a donc été longtemps considéré comme un livre profane, une sorte de roman sans valeur religieuse. Cela a beaucoup freiné son admission dans le canon des Ecritures (c’est à dire la liste des livres reconnus comme inspirés). C’est finalement sa popularité qui a forcé la main aux rabbins du IIème siècle.

 

 

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