« Profite de notre expérience » disent le père et la mère. « Je veux vérifier par moi-même » répond leur enfant. Combien de fois avons-nous vécu ces échanges ! Cette place irremplaçable de l’expérience est au cœur de la démarche scientifique. Elle l’est tout autant dans le domaine moral. Au-delà des grands principes, rien ne remplace l’expérience. A quelles conditions l’expérience peut-elle guider le comportement éthique du croyant ? C’est ce à quoi nous aide à réfléchir le livre des Proverbes.
Sens du livre des Proverbes
« Découvrir la sagesse » plus que « entendre des proverbes ». Le mot hébreu mashal veut dire « proverbe ». Mais il signifie aussi beaucoup plus de choses que le simple français « proverbe »: c’est aussi une sentence, une énigme, une parole de sagesse…
Le livre des Proverbes regroupe une grande collection de meshalim, composés selon les règles de la poésie hébraïque.
Ces collections de sentences étaient très répandues dans l’Ancien Orient. Cette littérature était très prisée dans le monde des scribes qui formaient l’ossature de l’appareil administratif.
Pour les auteurs des Proverbes, l’objectif est de fournir des conseils pratiques pour vivre en accord avec la loi.
Quelques thèmes reviennent fréquemment dans ce livre :
• L’opposition entre l’orgueil et l’humilité avec de nombreux avertissement pour mettre en garde contre l’orgueil qui est le plus sûr moyen de s’éloigner de Dieu: Yahvé arrache la maison des superbes mais il fait se dresser la borne de la veuve (15,25).
• La mise en garde contre la colère et la querelle. A l’inverse, la patience est considérée comme une qualité majeure: Qui est lent à la colère l’emporte sur un héros, qui est maître de soi sur un conquérant de ville (16,32).
• La femme : un grand péril pour l’homme. L’idéal féminin du livre des Proverbes est la ménagère travailleuse qui soigne son logement et son époux. A l’inverse, la belle écervelée ne trouve pas grâce aux yeux de l’auteur de cette maxime : Un anneau d’or au groin d’un porc, telle une femme belle mais privée de jugement (11,22).
• La langue : l’organe le plus dangereux du corps humain. Mort et vie sont au pouvoir de la langue (18,21). Elle peut faire le bien, mais trop souvent répand le mensonge et la discorde. Nombre de proverbes font l’éloge du silence, qui à tout prendre vaut mieux que des paroles insensées: Même le fou, s’il se tait, peut passer pour sage (17,28).
• La paresse : le pire des défauts. Elle conduit inéluctablement à la ruine et à la pauvreté: Un peu dormir, un peu somnoler, un peu croiser les bras pour se reposer, et en rôdant, viendra ta pauvreté et ton indigence comme un homme d’armes (24,33-34).
Histoire de la rédaction du livre des Proverbes
La section A, qui fait l’éloge de la Sagesse, a probablement été écrite après l’Exil à Babylone (- 597) (peut-être au début du 5ème siècle avant JC).
Les sections B et E sont traditionnellement attribuées à Salomon. Cela ne signifie toutefois pas qu’il en soit l’auteur réel. En effet, sa réputation a conduit à ce que toute la littérature de sagesse (qu’on appelle souvent « sapientielle ») lui soit rattachée.
La section E aurait été mise en forme par les scribes du roi Ezéchias (vers 700 avant Jésus-Christ). Cette section est considérée comme la plus ancienne du livre.
De nombreux autres proverbes d’origine inconnue ont aussi complété la collection.
Le processus de collecte et d’agencement des proverbes va de l’époque assyrienne à l’époque hellénistique, l’ensemble a été finalisé dans le cadre de l’école du Temple de Jérusalem.
Plan du livre des Proverbes :
Prologue (1,1-6)
A- Présentation de la sagesse (1,7-9,18)
B- Section des proverbes de Salomon (10,1-22,16)
C- Section des paroles des Sages (22,17-24,22)
D- Ajout aux paroles des Sages (24,23-34)
E- Deuxième collection de proverbes de Salomon (25,1-29,27)
F- Proverbes d’Agur de Massa (30,1-14)
G- Proverbes à structure numérique (30,15-33)
H- Proverbes de Lemuel, le roi de Massa (31,1-9)
I- Éloge de la femme vaillante (31,10-31)