19 Chapitre 7 : Les livres de Samuel

Les livres de Samuel : créer le royaume de Dieu sur terre, est-ce possible ?

Les deux livres de Samuel n’en forment en réalité qu’un seul. Ils racontent le passage progressif d’un état d’anarchie des tribus d’Israël à l’organisation d’un État fort regroupé autour de son roi. Au début, Israël se trouve dans la même situation que celle décrite dans le livre des Juges.
Le prophète Samuel rêve cependant de faire des Hébreux un peuple de purs. Pour cela, il a d’abord organisé une réforme religieuse et une certaine unité autour du sanctuaire de Silo. Mais face à la menace des Philistins – et malgré ses réticences car pour lui seul Dieu est le Roi d’Israël – il va désigner un chef de guerre en la personne de Saül. Cependant ce choix se révélera malheureux : si l’œuvre de Saül est importante pour l’unification d’Israël, il entre vite en conflit avec Samuel. Il mourra lors d’une bataille contre les Philistins.
Vient alors le temps du roi David. Après avoir été proche du roi Saül, il en deviendra l’un des ennemis. David prend le pouvoir dans sa propre tribu de Juda puis dans l’ensemble des tribus d’Israël. Il crée l’unité autour d’une nouvelle capitale : Jérusalem qui devient aussi le centre du culte.
David a de grandes capacités. Il a aussi de graves défauts. Mais il sait reconnaitre ses péchés et demander pardon à Dieu. David symbolise ainsi l’homme élu par Dieu. C’est pour cela que dans la Bible, celui qui viendra redonner sa gloire à Israël est appelé « un nouveau David ». Il restera comme celui qui a rédigé une partie des psaumes.

Sens des livres de Samuel

L’instauration de la monarchie. Les livres de Samuel relatent dans le détail une phase critique de l’histoire d’Israël : le passage de la période des Juges à celle des Rois. Il s’agit d’un véritable bouleversement qui s’explique pour une part à cause du passage du nomadisme à la sédentarisation. Installé en montagne, Israël a du mal à s’imposer en plaine, notamment face à la menace des Philistins. Ces derniers constituent une force unie contre laquelle aucune tribu ne peut lutter seule. Israël va faire un pas décisif vers la royauté qui constitue alors la forme de pouvoir centralisé capable d’assurer l’unité des tribus.

Les personnages principaux des livres de Samuel : Samuel, Saül, Jonathan, David, Absalom

Samuel : en hébreu, « son nom est El », fils d’Elqana et de sa femme Anne qui était stérile. Consacré à Dieu dès l’enfance, il grandit au temple de Silo. Prophète, on peut également le considérer comme le dernier des juges d’Israël. Lorsque le peuple d’Israël demande un roi, Samuel confère l’onction royale à Saül. Quand ce dernier fut rejeté par Dieu, il choisit David parmi les fils de Jessé.

Saül : de la tribu de Benjamin, premier roi du royaume unifié d’Israël, vers 1030-1010 av. J.-C. Rejeté par Dieu, le titre de roi passe à David. Il devient très opposé à l’amitié de son fils Jonathan pour David et tentera plusieurs fois de faire mourir celui-ci, en particulier pendant sa nuit de noce avec Mikal, sa propre fille. Il meurt, avec trois de ses fils, au cours de la bataille de Gelboé.
Jonathan : fils de Saül, ami de David, il a involontairement violé le jeûne qui avait été imposé avant un combat. Il est condamné à mourir, mais le peuple le rachète. Apprenant la mort de Jonathan, tué par les Philistins, David pleure celui dont « l’amitié était plus merveilleuse que l’amour des femmes » (cf. 2 S 2,26). David recueille chez lui Méribaal, le fils de Jonathan, et transfère les ossements de son ami dans le tombeau familial.
David : de la tribu de Juda, petit-fils de Ruth la Moabite et de Booz, fils de Jessé, ancêtre de Jésus, roi d’Israël de 1010 à 970 av. J.-C.. Il entre au service de Saül comme musicien à la cour. Il tue d’un seul coup de fronde le géant philistin Goliath. Ami de Jonathan, le fils de Saül, et époux de Mikal, la fille de Saül, il devient malgré tout l’objet de la jalousie du roi. Une fois Saül mort, David est reconnu roi à la fois par les tribus du Sud et les tribus du Nord. Il choisit alors Jérusalem comme capitale politique et religieuse où il fait venir l’Arche d’Alliance. David est présenté comme un homme courageux et d’une grande piété. Cependant sa passion adultérine pour Bethsabée lui vaut les reproches du prophète Nathan. A la fin de sa vie, il devra faire face aux révoltes de son fils Absalom. Avant sa mort, il fait sacrer roi son fils Salomon, né de Bethsabée.
Absalom : troisième fils de David, pour venger le viol de sa sœur Tamar, il fait tuer son demi-frère Amnon. Après avoir conspiré contre son père David, il doit fuir Jérusalem. En fuite, sa chevelure importante se prend dans les branches d’un arbre. Alors qu’il est suspendu par ses cheveux à cet arbre, Joab, son cousin, général de David, le tue, malgré les ordres de ce dernier.

Histoire de la rédaction des livres de Samuel

Ce sont des rédacteurs deutéronomistes qui ont composé les livres de Samuel en reprenant certains ensembles narratifs préexistants comme le « récit de l’arche » (1 S 4,1b-7,1 ; 2 S 6) témoignant de la théologie pro-Sion du VIIe siècle av. J.-C., récit écrit par des scribes de la cour judéenne ; le « récit de l’ascension de David » (1 S 16-2 S 5) écrit à la cour de Jérusalem après la disparition du Royaume du Nord à la fin du VIIIe siècle av. J.-C. et le « récit de la succession de David » (2 S 2,12-4,12 ; 9-20 [+ 1 R 1-2]) composé à la cour de Jérusalem dans le courant du VIIe siècle av. J.-C..

Différentes traditions sur David (2 S 21-24) ont été ajoutées par un éditeur post- deutéronomiste. Les listes des guerriers de David (2 S 21,15-22 ; 23,8-39) proviennent des archives royales de Jérusalem. Le « psaume de David » et sa prière finale (2 S 22 ; 23,1-7) sont postexiliques.
Les traditions pré-dtr sur Saül (1 S 9,1-10,16* ; 11* ; 13-14*) devaient être conservées en Benjamin, peut-être à Miçpa.
L’école deutéronomiste a rassemblé ces différents ensembles narratifs pour constituer un récit cohérent : les livres de Samuel. Elle a également composé des chapitres de transition comme 1 S 3 ; 7 ; 8 ; 10,17-27 ; 12 ; 15 ; 16,1-13 ; 2 S 7.
Aux États-Unis, l’école de Franck Moore Cross situe l’essentiel de la rédaction deutéronomiste à l’époque de Josias (641-609). En Allemagne, l’école de Göttingen (Timo Veijola, Walter Dietrich) repère trois rédacteurs deutéronomistes appelés DtrH (H pour historien) ; DtrN (N pour nomiste) et DtrP (P pour prophétique) qui remontent à l’époque néo-babylonienne. Récemment, Thomas Römer a proposé une hypothèse avec trois rédactions deutéronomistes successives : une rédaction à l’époque assyrienne, une autre rédaction à l’époque néo-babylonienne ; une dernière enfin à l’époque perse. Le débat est complexe et il n’y a pas encore de consensus.

 

 

Licence

LES LIVRES DE LA BIBLE© par campionpierre. Tous droits réservés.

Partagez ce livre