LES ACTES DES APOTRES

 ACTES DES APÔTRES

Second tome d’une œuvre unique, attribuée à Luc, dont le premier est le troisième Évangile canonique. Les articulations entre les deux livres sont nombreuses. L’un et l’autre débutent par un prologue à l’adresse d’un même personnage, Théophile : manière hellénistique de composer l’histoire qu’accompagne l’habitude contemporaine d’écrire les « Actes » des grands personnages (par exemple, les « Actes » d’Alexandre). Un double récit de l’Ascension, l’un terminant l’Évangile et l’autre inaugurant les Actes, constitue une charnière, narrative et théologique, articulant entre eux les deux écrits : les récits relatifs au « temps de Jésus » (Évangile) étant orientés vers Jérusalem, les récits relatifs au « temps de l’Église » (Actes) partant de la Ville sainte pour s’ouvrir aux perspectives de la Terre entière.

La symétrie est donc grande entre les deux livres, qu’il faudrait pouvoir lire en superposition : les récits de l’Annonciation et du Baptême étant à l’événement de la Pentecôte ce que le Baptiste est à Étienne et ce que Jésus est à Paul. L’unité des thèmes et du vocabulaire est également frappante. Retenons simplement les deux faits suivants. D’abord, Luc a presque l’exclusivité dans tout le Nouveau Testament (il a cependant en cela une nette complicité avec Paul) des mots « sauveur » et « salut », réservés à l’époque au culte de l’empereur. Il s’adresse aux élites et aux masses de culture grecque dont il adopte le langage. D’autre part, une vigoureuse théologie de l’Esprit-Saint organise l’ensemble de son œuvre. Le mot « don » (de l’Esprit) désigne la Pentecôte, à plusieurs reprises, dans les Actes (II, 38 ; VIII, 20 ; X, 45 ; XI, 17) et, sous la forme d’une annonce, déjà dans l’Évangile (Luc, XI, 13) : c’est le terme grec dôréa, qui désigne le bien donné à ne jamais restituer. À partir de cette observation, on peut désigner comme jalons dans la progression originale des Actes l’enchaînement de quatre Pentecôtes successives : à Jérusalem, avec le groupe initial des judéo-chrétiens (II) ; en Samarie, avec le premier groupe de schismatiques convertis (VIII) ; chez Corneille, avec le premier groupe de pagano-chrétiens (X) ; à Éphèse, avec un groupe de juifs convertis sur une terre païenne (XIX). Le livre se présente donc comme une véritable marcotte pentecostale — à chaque étape, l’intervention apostolique venant authentifier par le geste rituel de l’imposition des mains l’existence d’une communauté nouvelle. On assiste chaque fois à un déplacement territorial et racial. À Éphèse, la médiation de Paul est la preuve que sa qualité d’apôtre est définitivement acquise.

Paul est le héros de la moitié du livre des Actes, lequel décrit le cadre historique où prennent place la plupart des Épîtres de l’apôtre. On peut diviser le livre en cinq parties, précédées d’une introduction (I, 1-11) : la communauté primitive à Jérusalem (I, 12-V, 42), sa vie, économique, morale et liturgique à partir de la Pentecôte ; les premières missions (VIXII) — la mort d’Étienne, l’évangélisation de la Samarie et la conversion de Saul (Paul) ; la mission de Barnabé et de Paul (XIII, 1-XV, 35) — premier voyage missionnaire en Asie Mineure, retour pour le concile de Jérusalem présidé par Jacques ; les missions de Paul (XV, 36-XIX, 10) — en Grèce, deuxième voyage missionnaire, retour à Jérusalem et première phase du troisième voyage ; la fin des missions (XIX, 21-XXVIII, 29) — vers Jérusalem, seconde phase du troisième voyage, emprisonnement de Paul à Jérusalem, à Césarée, voyage vers Rome, détention romaine.

La date des Actes est discutée. Il convient de ne pas remonter trop

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