LES EVANGILES
Les quatre Evangiles
Les évangiles ne sont pas les premiers en date des livres du Nouveau Testament. La plupart des épîtres ont. été écrites avant les Evangiles. Mais l’Evangile, la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ a été prêchée dès la Pentecôte. Pendant un temps, elle a été transmise oralement par les apôtres avant d’être mise par écrit. Il n’y a en fait qu’un Evangile. Mais quatre hommes différents en ont rendu compte, chacun à sa façon, en pensant sans doute à des lecteurs différents, mais toujours avec le même souci : faire connaître Jésus, le Christ au monde et appeler les hommes à la foi en lui.
On distingue dans l’Evangile, la prédication (en grec, kerygma) c’est-à-dire la Bonne Nouvelle annoncée aux foules. voilà ce que Jésus a fait, ce qui lui est arrivé, comment il a été mis à mort, comment il est ressuscité ; et l’enseignement (en grec, didaché), destiné surtout aux disciples pour les affermir dans la foi et les aider à vivre selon leur maître. Mais les deux aspects du message évangélique ne sont pas toujours séparables ; certaines paraboles par exemple s’adressent à la foule et cependant contiennent un enseignement : la parabole de l’ivraie (Mat. 13 :24-30 et 36-43).
Les évangiles synoptiques :
Les trois premiers » Evangiles « , nous l’avons vu (étude 2) ont de nombreux points communs. Des récits et des paroles de Jésus s’y retrouvent presque mot pour mot, si bien qu’on peut les reproduire sur trois colonnes parallèles. Synoptique veut dire : » qui voit ensemble ou qu’on peut voir ensemble « . En particulier, la quasi totalité de Marc se retrouve dans Matthieu et Luc.
L’évangile selon Matthieu
L’intention centrale de Matthieu est de présenter Jésus comme le Messie annoncé dans les Ecritures, celui qui accomplit la Loi et les prophètes et qui fait venir le Royaume de Dieu (Matthieu parle plutôt du Royaume des cieux, ce qui est sans doute une traduction littérale de l’araméen).
Les deux premiers chapitres sont une introduction qui a pour but de montrer que Jésus continue et résume en sa personne l’histoire du peuple élu. généalogie, enfance menacée (comme Moïse), exil en Egypte et retour d’Egypte.
La partie centrale de l’Evangile (du chapitre 3 au chapitre 25) peut se diviser en cinq sections, comprenant chacune un récit suivi de discours.
a) ch. 3 et 4 : récit – Jean-Baptiste ; baptême et tentation de Jésus ; débuts de son ministère public.
ch. 5 à 7 : Discours – le » Sermon sur la Montagne « , la loi du Royaume. Jésus apparaît comme le nouveau Moïse, supérieur à l’ancien.
b) ch. 8 à 10 :5. récit principalement constitué de miracles : » la royauté de Jésus manifestée « .
ch. 10 :5-42 : discours – instructions aux disciples : la prédication au Royaume.
c) ch. 11 et I2 : récit – différentes réactions devant Jésus. questions (Jean-Baptiste), incrédulité, hostilité. la royauté conteste.
ch. 13. discours – le mystère du Royaume et de sa croissance (sous forme de paraboles).
d) ch. 13 :53 à 17 :27 : récit – nouvelles réactions devant Jésus. incrédulité du peuple et de ses chefs. Foi des disciples. Annonce de la croix.
ch. 18 : discours – le peuple du royaume : humilité et pardon.
e) ch. 19 à 23 : récit (comprenant des paroles de Jésus) questions posées à Jésus, par des disciples, des sympathisants ou pièges tendus par ses adversaires. Entrée à Jérusalem. La tension monté.
ch. 24 et 25 : discours aux disciples – la fin des temps et 1a venue du Royaume. Nécessité de la vigilance.
Les derniers chapitres de l’Evangile comprennent le récit de la passion (26:1 à 27:66) et de la résurrection (28), se terminant par l’ordre de mission donné aux disciples. prêcher la Bonne Nouvelle dans le monde entier.
Il semble bien que Matthieu ait écrit son Evangile principalement pour des Juifs. Le lieu et la date de sa rédaction ne nous sont pas connus. On pense généralement que cet évangile a été écrit vers l’année 70.
La tradition a très tôt attribué cet Evangile à Matthieu. En fait, ce livre n’est pas signé (le titre que nous trouvons dans nos Bibles n’est pas d’origine). Un évêque du début du IIè siècle, Papias, a déclaré. » Matthieu a rassemblé les » logia » (=paroles) en langue hébraïque (sans doute araméen) et chacun les traduisit de son mieux « . Certains pensent que Papias parle de l’Evangile, d’autres qu’il évoque un recueil de paroles de Jésus, utilisé par l’évangéliste. Rien ne nous permet de trancher la question (qui n’a pas d’importance pour la foi).
L’évangile selon Marc
Le plus court des quatre Evangiles est sans doute aussi le plus ancien. Il semble en effet que Matthieu et Luc ont largement utilisé Marc, puisque des morceaux entiers de cet Evangile se retrouvent dans les deux autres.
Marc est le seul à donner le titre d’Evangile à son livre (1:1).
Après une très courte introduction, qui situe le ministère de Jésus (1:15) par rapport à celui de Jean-Baptiste, Marc résume la prédication de Jésus.
Les récits et paroles de Jésus qui composent la plus grande partie de l’Evangile (jusqu’à la passion) ne suivent pas un plan aussi précis que chez Matthieu. On ne peut y discerner un ordre chronologique stricte surtout dans le détail. Mais Marc ne cherche pas à faire oeuvre d’historien ou de biographe. Il annonce une Bonne Nouvelle. Le kerygma (prédication) tient la plus grande place dans son livre (l’enseignement y est plus réduit).
On peut cependant distinguer deux grandes parties dans son récit du ministère de Jésus.
a) de 1 :14 à 8:26 : Jésus se manifeste publiquement par ses paroles, ses miracles, ses attitudes. Partout, il suscite l’étonnement. » Qui est celui-ci ? D’où lui vient cette autorité ? » (1 :22, 1 :27, 2 :7, 4 :41, 6 :2-3, 6 :14-16, 6 :51, 7 :37…). Marc met l’accent sur les réactions de ceux que Jésus rencontre. Les uns reconnaissent que son autorité vient de Dieu et deviennent ses disciples ; les autres s’interrogent sans se prononcer (la foule) ; d’autres contestent (sa famille, ses concitoyens, mais surtout les scribes et les pharisiens). Quand il parle de lui-même, il emploie le titre énigmatique de » fils de l’homme « . Quand un esprit impur le proclame » fils de Dieu » il lui impose le silence (3 :12). La question demeure : » Qui est cet homme? »
b) le tournant de l’Evangile se situe à Césarée de Phi lippe. t8:27-33) Jésus lui-même pose la question à ses disciples : » Qui dites-vous que je suis ? « . Pierre confesse sa foi : » Tu es le Christ « . Mais aussitôt après Jésus commence à annoncer sa mort. Pierre ne comprend pas, résiste. Il va falloir que Jésus révèle à ses disciples quel genre de Messie il sera. Cette seconde partie de l’Evangile est une marche vers la croix. L’hostilité grandit. La prédication aux foules cède le pas aux discussions avec les adversaires et à l’enseignement aux disciples (centre principalement sur l’abaissement du Fils de l’homme et sa mort prochaine (8 :31, 9 :31, 10 :45, 12 :1 ). A Jérusalem, les événements s’accélèrent : les adversaires de Jésus ne lui pardonnent pas son entrée triomphale et son intervention dans le Temple.
c) nous en arrivons donc à la Passion (ch. 14 et 15). Ce récit tient une place relativement importante dans Marc : Jésus est le Messie crucifié. Il fallait qu’il souffre pour le salut des hommes (10:45, 9:12).
d) le récit de la résurrection dans Marc est court. le moment de la Résurrection n’a pas d’importance. Ce qui compte, c’est de l’attester et la proclamer.
Une ancienne tradition, rapportée par Papias, déclare que Marc a été l’interprète de Pierre et qu’il a noté dans son Evangile ce que Pierre racontait. Nous pouvons croire qu’il en a été ainsi. L’auteur du deuxième Evangile est donc ce Jean-Marc, dont parlent les Actes (12:12, etc…) et plusieurs épîtres (Philémon 24, 1 Pierre 5 :l 3, etc…). Il a vraisemblablement écrit son livre à Rome vers l’année 60.
L’Evangile selon Luc
Luc est le seul des quatre évangélistes à expliquer son intention dans un prologue (1:1-4). Nous pouvons y noter trois choses :
1 – Luc écrit afin que le lecteur connaisse » la certitude des enseignements qu’il a reçus « .
2 – Il a fait des recherches sérieuses en interrogeant les témoins des événements qu’il rapporte, c’est-à-dire les apôtres.
3 – Il s’est efforcé de présenter ces événements d’une manière suivie.
Selon une coutume de l’époque, le livre est dédié à une personnalité. Mais il ne fait pas de doute que Luc vise un public beaucoup plus vaste. Son Evangile s’adresse en réalité au monde grec de son temps. Il situe la vie de Jésus dans l’histoire profane de l’époque ( 1 :5, 2 :1, 3 :1 ). Il fait davantage oeuvre d’historien que les autres évangélistes. Mais le sujet de son livre reste l’Evangile, la prédication apostolique. La langue de Luc est plus grecque, moins sémitique que celle des autres évangélistes. Elle est aussi plus travaillée ainsi, par exemple, dans les récits de l’enfance, Luc imite le style de la Septante (l’Ancien Testament grec).
Dans les chapitres 1 et 2, les récits de la naissance et de l’enfance de Jésus ont pour but de montrer que l’attente d’Israël a pris fin (1 :32-33, 1 :54, 1 :68; 2:11, 2:29-32). Mais la venue de Jésus concerne aussi les nations (les païens) 2:14, 2:30-32. D’emblée, il nous est révélé, par des visions ou des messages prophétiques, qui sera ce Jésus : le Fils de Dieu (1:32 et 35, 2:49), le Sauveur (1:69 et 77, 2:11), le Seigneur et le Messie (2 :11 ).
Du ch. 3 :l à 9 :50, Luc rapporte le ministère de Jésus en Galilée. La plupart des récits et des paroles de Jésus se retrouvent dans Marc et Matthieu. Mais il y a des différences significatives, en particulier la prédication à Nazareth (4:16-30). le sens de la mission de Jésus y est révélé dans une prophétie d’Esaïe 61. Il y est question de la grâce de Dieu, de sa bonté envers les pauvres, les petits, les pécheurs. Luc souligne fortement cet aspect de l’Evangile par exemple dans 7:36-50.
Mais le message de Jésus rencontre défiance et hostilité, surtout quand il est question du salut des païens (4:25-27).
Dans la section suivante (9:51, 19:28), Luc raconte le voyage de Jésus vers Jérusalem, donc vers la croix (9 :51 ). On y trouve nombre de récits et de paraboles qui sont sans parallèles dans les deux premiers Evangiles. Pour les récits : 9:51-56, 10:38-42, 13:1-5, 13:10-17, 19:1-10. Pour les paraboles. 10:29-37, 11 :5-8, 12:16-21, 15:1-32, 16:1-12, 16 :19-31, 17 :7-10, 18 :1-14. Jésus se heurte à une hostilité croissante : il monte à Jérusalem de propos délibéré (9 :51, 13:31-33) ; il pleure sur la ville qui va le rejeter (13:34-35 et 19:41-44).
Dans le récit des derniers jours à Jérusalem, (19:29 à 21:38), comme dans celui de la Passion, (ch. 22 et 23) Luc suit Marc d’assez près.
Par contre le ch. 24, qui proclame la résurrection, rapporte seul la belle histoire des pèlerins d’Emmaüs qui.
comme les autres disciples plus tard (24:44-45) comprennent le sens de la croix à la lumière des prophéties (24 :27). L’Evangile se termine par ce qui sera le début du livre des Actes : la promesse du Saint-Esprit (24:49-50 = Actes 1 :4-5).
Qui est l’auteur de cet Evangile ? Il y a lieu de faire confiance à la tradition qui attribue l’Evangile et le livre des Actes à Luc, le compagnon de Paul, le médecin bien aimé (Col. 4 :14 ; 2 Tim. 4 :11 ). La date de la rédaction est incertaine – sans doute un peu avant l’an 70.
L’Evangile selon Jean
Jean nous dit lui-même ce qui l’a poussé à écrire (20 :31 ). Le but qu’il poursuit ne diffère pas de celui des autres évangélistes (que Jean connaissait sans doute) : amener ses lecteurs à la foi en Christ. Mais Jean s’y prend d’une façon différente. Il met l’accent sur tout ce qui aide à comprendre plus profondément la personne et l’oeuvre de Jésus. Il ne rapporte que peu de miracles, par exemple, mais il montre comment chacun d’eux est un signe de ce que Jésus est venu accomplir pour les hommes : par la multiplication des pains, Jésus est révélé comme le pain de vie. Chaque signe est suivi d’une explication, sous forme de dialogue (avec Nicodème ou la femme Samaritaine) ou de discussions avec ses adversaires, dans laquelle Jésus pro clame qui il est et comment il apporte aux hommes la Vie éternelle.
Le ch. 1er est une introduction en deux parties : Jean présente dès l’abord Celui dont il va parler. Jésus. Le prologue tl-18) le désigne comme la Parole Dieu, qui était avec Dieu dès le commencement. La divinité de Jésus est donc affirmée. Mais cette parole a été faite chair (v. 14) : l’humanité de Jésus est alors soulignée. » Nous avons vu, (c’est un témoin qui parle) sa gloire « . Tout l’Evangile va raconter comment cette gloire s’est manifestée, principalement sur la croix (12:16 et 23).
Le prologue est suivi d’une série de témoignages (Jean Baptiste, les premiers disciples), par lesquels Jésus est présenté au lecteur (v. 29, 36, 41, 45, 49). Le dernier verset du chapitre (51 ) annonce ce qui va suivre, en se référant à la vision de Jacob (Gen. 28 :10-17). le ciel ouvert, c’est le ministère de Jésus. Dieu y est révélé mieux que dans l’Ancien Testament (1:17). Ce sera là aussi un des grands thèmes de Jean.
Le livre des signes
Tel est le titre qu’on peut donner à la partie centrale de l’Evangile (jusqu’au chapitre 23).
Ch. 2 l’eau changée en vin et la purification du temple. suivis de deux entretiens : Nicodème (ch.3) le Judaïsme ne peut donner la vie éternelle ; elle est un don de Dieu par le Saint-Esprit à qui croit en Jésus ; la femme Samaritaine (ch.4) : c’est Jésus qui donne l’eau qui fait vivre et non 1e puits de Jacob (le judaïsme) ou la religion samaritaine.
Ch. 5. guérison d’un paralytique, suivie d’une controverse, où Jésus montre que c’est lui qui accomplit l’oeuvre de Dieu en donnant la vie aux hommes. Notons que chaque signe est un appel à la foi. Les uns croient ; les autres s’opposent à Jésus. La croix se dresse déjà à l’horizon.
Ch. 6 : le signe des pains. Jésus est le pain de vie, qui donne la vie au monde.
Ch. 9 : la guérison d’un aveugle révèle à la fois que Jésus est la lumière du monde (déjà annoncée au ch. 8) et que ses adversaires se rendent aveugles. Le thème du jugement revient : ne pas croire, c’est être jugé.
Ch. 11 : la résurrection de Lazare. Jésus est le vainqueur de la mort.
A côté de ces signes, des entretiens et discours de Jésus (7, 10 et 12) apportent de nouvelles lumières sur la personne et l’oeuvre de Jésus (par exemple, le bon berger. Jésus donne sa vie pour que ses brebis aient la vie abondante).
Les ch. 13 à 17 contiennent les derniers entretiens de Jésus avec ses disciples. Le sens de sa vie, de sa mort et de sa résurrection, la promesse du Saint-Esprit, la mission des disciples en sont les principaux thèmes.
Le récit de la passion (ch. 18 et 19) est la partie de l’Evangile qui se rapproche le plus des synoptiques.
Les récits de la résurrection ont des points communs avec ceux des autres évangiles, mais aussi des aspects originaux ; l’épisode de Thomas insiste sur la nécessité de la foi ; le chapitre 21 montre que le Christ ressuscité est bien le même Jésus que les disciples ont connu et qu’ils continuent à lui faire confiance pour mener à bien la mission qu’il leur a confiée (voir 20 :21 ).
Jean (la tradition attribue à ~1’apôtre Jean le quatrième évangile ; ce qui est vraisemblable, bien que non prouvé) écrit aussi bien pour les Juifs que pour les païens. Il semble avoir connu les grands courants de pensée de son temps. Il s’efforce de traduire le message évangélique de façon à être compris par tous. En mettant en valeur des symboles simples, mais riches de sens, comme l’eau vive, la lumière, le berger, le pain, la vigne, le jugement, il se met à la portée de tous, juifs ou grecs, savants ou ignorants. Le quatrième évangile a probablement été écrit vers la fin du 1er siècle. Il reste étonnement actuel. C’est vraiment n évangile universel.
Comment les Evangiles ont été écrits
Il s’est écoulé une trentaine d’années entre la mort de Jésus et la rédaction du premier » Evangile « . Le fait est que l’Evangile a été prêché avant d’être écrit. Il suffit de lire le livre des Actes pour s’en rendre compte. Le passage de la prédication orale à la rédaction des quatre livres que nous connaissons ne s’est pas fait du jour au lendemain. Il est intéressant de comprendre comment les apôtres ont été amenés à écrire l’Evangile pour répondre aux besoins des Eglises du 1er siècle (et de tous les siècles).
Nous vivons au XXè siècle. Le » Jésus » historique est loin de nous. Le seul lien entre lui et nous, c’est le texte de nos quatre » Evangiles « . Pour que nous puissions connaître Jésus et croire en lui, il faut que ces livres nous rapportent fidèlement ce que Jésus a fait et dit.
Le tableau ci-dessous aide à saisir la continuité entre Jésus et les Evangiles écrits :
1 – Prédication, enseignement, actes de Jésus. Sa mort. Sa résurrection. Les apôtres sont témoins de ces événements (1 Jn 1 :1-2 ; Act. 3 :l 5, 4 :20)
2 – Mission que Jésus confie à ses disciples : annoncer la bonne nouvelle, être ses témoins (Matthieu 28:18-20 ; Marc 16 :15 ; Luc 24 :47 ; Jn 20 :21 ; Act. 1 :8) rendue possible par l’intervention du Saint-Esprit (Jn 14 :26, 16 :l 3, 20 :22 ; Act. 1 :7-8).
3 – Prédication des apôtres (Act. 2:14-39, 3:11-26, 10:34 43, etc…)
4 – Transmission et répétition dans les Eglises du message reçu des apôtres (1 Cor. 15:1-5) – d’abord oralement (tradition orale).
5 – Rédaction de ce message oral, sans doute sous des formes différentes : recueils de paroles de Jésus, de récits de miracles, de prophéties de l’Ancien Testament se rapportant à Jésus.
6 – Rédaction des quatre Evangiles.
On peut remarquer tout de suite que la chaîne qui va de Jésus aux quatre Evangiles actuels n’est jamais interrompue.
Les points 4, 5 et 6 demandent des explications :
4 – Après le passage des apôtres dans une Eglise, il fallait que leur message continue à être annoncé. Il en était de même quand des missionnaires qui n’étaient pas eux-mêmes des apôtres évangélisaient une région. Il fallait se souvenir de ce qu’on avait entendu. A une époque où l’imprimerie n’existait pas, où les livres étaient rares et chers, on faisait confiance à sa mémoire et à la parole. Mais ce dont les chrétiens se souvenaient encore, ce qu’ils gardaient avec le plus de soin, c’est ce qui les aidait à vivre et à partager leur foi. Un tri s’est donc opéré entre toutes les histoires et toutes les paroles de Jésus. Pour le culte, la prédication, l’enseignement des convertis, les controverses avec les Juifs, les problèmes de la vie de Jésus. Tout ce qui aidait les chrétiens dans leur vie et leur témoignage était conservé avec soin.
5 – La mémoire humaine a des limites. Quand on ne peut pas se déplacer, on écrit. Pour que le souvenir de ce que Jésus a dit et fait, dure et qu’il soit accessible à un plus grand nombre, certains chrétiens ont commencé à recueillir par écrit les récits entendus, la tradition orale de la première Eglise. Nous avons vu que Papias parle de » logia » (paroles) de Jésus rassemblées par Matthieu. S’agit-il de l’Evangile, ou comme certains le pensent d’un recueil de paroles du Seigneur ? Un tel recueil a certainement existé. Il faisait partie des sources dont Luc s’est servi (Luc 1:1-2), ainsi que Matthieu. En mettant ces deux évangiles en parallèle, on voit qu’ils rapportent souvent les mêmes paroles de Jésus, dans les mêmes termes. L’explication la plus plausible, c’est que les deux évangélistes ont utilisé ne même source (tout comme ils ont utilisé Marc).
On pense aussi que les premiers chrétiens ont très vite constitué une collection de prophéties de l’Ancien Testament relatives à Jésus. Certains passages, en effet, reviennent souvent sous la plume des apôtres : Es. 28 :16 ; Ps. 118 :22 par exemple.
6 – Au moment d’écrire leurs Evangiles, les quatre évangélistes avaient donc à leur disposition des documents et des traditions. Ils pouvaient aussi se renseigner à la source, c’est-à-dire auprès des apôtres, des témoins des événements de la vie de Jésus (comme Marc auprès de Pierre), s’ils n’étaient pas eux-mêmes apôtres (Matthieu et Jean). Les Evangiles reflètent non seulement le travail de quatre auteurs, mais la vie et le témoignage de l’Eglise du premier siècle. Cependant chaque évangéliste a marqué son oeuvre de sa personnalité. Tous cherchent à annoncer Jésus Christ et à susciter la foi en Lui. Mais à partir des mêmes faits et des mêmes paroles, chaque auteur met l’accent sur des aspects différents de l’oeuvre et du message de Jésus. Nous sommes donc en présence de quatre témoignages à propos d’un même événement. Il y a des différences, mais pas de contradictions. C’est bien le même Jésus que nous présentent les témoins. Nous pouvons leur faire confiance.
La promesse de Jésus à ses disciples : » Le Saint-Esprit vous rappellera ce que je vous ai dit » (Jn 14 :26) s’est réalisé dans la rédaction des Evangiles comme dans la prédication apostolique (que nous rapporte le livre des Actes).