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Par Aimable Ndejuru.

Les souvenirs et La mémoire envers nos parents, nos ancêtres, nos aïeux ont toujours fait partie d’une liturgie rwandaise (avec culte et rites) de vie, de geste et des pensées par leurs progénitures (descendants)et amis. Pourquoi tout cela, au fond ?

Un objet de notre temps, le GPS, peut servir d’exemple pour la compréhension. Il existe une ressemblance entre le fonctionnement d’un GPS et le déroulement de la vie. Dans un GPS, les données d’un point de départ et d’un point d’arrivé, constituent les éléments importants qui aident à déterminer la direction, la distance, et la durée du voyage.  Le GPS permet de voir le tracé du chemin à suivre avec les obstacles, les détours à faire pour arriver à la place que l’on veut atteindre. L’adage populaire exprime aussi le besoin de la recherche de sens de la vie et de la direction à prendre vers l’avenir, en ces termes : Si on ne sait pas, si (on ne garde pas en mémoire le passé), d’où l’on vient, on ne saura pas, vers où se rendre.

Les deux points importants dans le tracer du chemin, sont le point de départ et le point d’arrivé. Entre les deux points, se déroule le voyage et se joue la vie. Contrairement à l’exemple du GPS, dans la vie on connait le point de départ, alors que le point d’arrivée dépendra de beaucoup des facteurs et d’éléments dont :  les intentions, nourrit par la capacité de travail, de volonté, d’intelligence de choix, de motivation et surtout de sagesse, c’est-à-dire le recul, en soi -même face à la réalité dans le quotidien. L’expression actuelle en vogue et qui est remplit de sagesse se dit : Kwishakamo Ibisubizo. Ce kwishakamo ibisubizo signifierait que nous avons en nous un immense contenu, dans lequel on puise les pouvoirs et les solutions. Cette rentrée en soi à la recherche des solutions est un retour intérieur à la tradition ancestrale, finalement très lié à la culture et au passé.

Notre Père NDEJURU Pierre Claver est né en 1918, il a eu ses 100 ans en 2018.  Cette continuité d’une vie invisible pour certains, demeure présente et se propage dans ses enfants, ses petits-enfants et arrières petits-enfants. Cette expression d’un présent, voire d’une présence continuelle, indiquent la continuité de son être, de sa présence palpable dans sa famille, par l’attitude et le comportement de ses enfants et aux familles de ses enfants, et plus tard de ses arrières petits-enfants.

Le mot Kinyarwanda KUBAHO qui signifie VIVRE, il résume mieux la dynamique et le sens contenu dans le mot KUBAHO, c’est KUBA-AHO. Voulant dire que: Vivre ou Être, c’est être là, présent. De là le livre, Gratitude à Papa, qui est encore en chantier d’écriture, qui aidera les enfants, petits-enfants, à comprendre, le KUBAHO avec ses pourquoi et ses comment. En quoi nous sommes dédiés et peut-être le pourquoi de nos comportements et de notre existence.

NDEJURU Sénior est né, 24 ans après l’arrivée des premiers hommes de couleur rose, plutôt que de couleur blanche au RWANDA. Ils se sont choisi la couleur, c’était leur droit mais il devait y avoir une raison. Pour nous, ils nous ont octroyé, la couleur noire, alors qu’elle serait plutôt couleur chocolat. il doit y avoir aussi  une raison.

NDEJURU Papa, l’ancêtre, est né à GISEKE, tout prêt de NYANZA, la ville dans laquelle habitait les deux derniers rois du Rwanda, MUTARA RUDAHiGWA et KIGELI V – NDAHINDURWA. GiSEKE est un lieu mythiques fabuleux, imprégné des souvenirs de règne du Roi KIGELI-RWABUGIRI, l’avant dernier des rois guerriers.

Aussi bien les noms des rois, par exemple KIGELI que le nom du pays, RWANDA, sont des noms codés riches de sens et avec des raisons d’être. Ces rois guerriers avaient pour mission d’agrandir le pays, qui n’attendait que cela. En effet, le nom Rwanda, qui vient selon le grand philosophe Alex Kagame, du verbe kwa- anda devenir ample -grand – fort et puissant. Le nom du pays obligeait chaque dirigeant à accomplir ses devoirs et sa mission, selon le programme de son règne. L’Actuel Président du Rwanda, Son excellence, Paul Kagame, est un être qui a compris très bien sa mission et il accomplit parfaitement tous ses devoirs, de sa période de temps et selon les circonstances de son cycle de temps, le tout avec Brio. C’est le sort d’INTWALI du RWANDA qui sont toujours conscients de leurs missions. De son côté, le RWANDA qui a plus de mille ans d’histoire inspire toujours les véritables HEROS.

KIGELi- RWABUGILI avait construit ses palais, entourés de logements de ses sujets et de son armée à GISEKE. Les deux règnes du temps colonial, celui de MUTARA- RUDAHIGWA et de KIGERI V NDAHINDURWA qui ont eu lieu après l’arrivée des européens, n’ont duré que du 16 novembre 1931 au 25 juillet 1959 et du ……au  30 juin 1960, soit 29 ans  (1). Dans la généalogie des rois du Rwanda la moyenne de règne était de 25 ans. Kigeri V, le dernier roi du Rwanda a régné au Rwanda moins de 2 ans, pour ensuite partir en exil jusqu’à sa mort.

Ce raccourcissement de la durée des règnes de deux derniers diminués de 50% les pouvoirs de l’autorité Royale, indique en soi, la confrontation insidieuse entre l’autorité coloniale et le pouvoir local.  Le pouvoir local était comme l’ascendant, une sorte d’écran, qui encaissait les conséquences des politiques coloniales. Par exemple, la chicote de 12 coups sur les fesses de chaque citoyens, désobéissant ou récalcitrant, aux exigences de l’administration Belge.

Cette punition corporelle à un être adulte était humiliante, tout comme le travail forcé qui répondait aux plans de développement de l’administration Belge. C’est l’autorité locale indigène, exécutrice des ordres qui portera les années plus tard, l’opprobre de l’administration coloniale belge, maître d’œuvre des plans d’administration et de développement du pays. Ce sont les sous chefs et les chefs qui commandaient la population aux travaux forcés, non-payés, de construction des routes et autres travaux communautaires, qui ont créé aussi une sorte de haine entre les populations Rwandaises. Le colonisateur avait le beau rôle, son jeu a été étalé devant les Rwandais, lors de la réclamation de l’indépendance. Pour la Belgique, l’indépendance aurait eu lieu d’après leur plan en 1985, soit 25 ans après la soi-disant indépendance de 1961.

NDEJURU Senior a fait partie des premières générations des jeunes qui ont connu la première influence des pères Blancs missionnaires en Afrique. Il fera ainsi parti des premières générations des jeunes qui ont vécu et reçu la formation des premiers missionnaires, les pères blancs.  Son père, sous -chef de Maza près de Save ou a été construite la première église du Rwanda, l’a envoyé très jeune suivre l’école à Save ou l’église venait d’être construite. Comme il avait été orphelin encore très jeune, son père l’aurait envoyé se faire éduquer par ses hommes et femmes qui débarquaient dans le pays. Ils avaient été décrits par des devins de l’époque comme : Des personnes qui débarquerons sans orteils, portant avec eux des bâtons qui crachent le feu. Ils envahiront le pays pour le diriger.

Papa revoyait parfois, les prêtres et les sœurs de son enfance qu’Il avait connue, étant jeune enfant à Save. Par exemple, le père Van Est et la sœur Mechtilde.  En 1950, Papa nous a présenté les deux missionnaires, mon frère Emile et moi, j’avais huit ans et mon frère Émile avait 6 ans, c’était à Astrida , aujourd’hui Huye.  Il y a probablement des fortes chances que dans son enfance, il ait servi aussi la messe.  Nous aussi jeune, Émile et moi, avons appris à servir la messe, à sa suggestion.

NDEJURU Senior, fait aussi parti des premiers jeunes qui n’ont pas été dans l’itorero à la cour des chefs d’armés. A L’arrivée des européens, il y avait encore des Intore qui faisaient leur service militaire. En effet, lors de la première guerre mondiale de 1914 à 1918, Le roi MUSINGA a envoyé son armée donner un coup de main aux Allemands pour se battre contre les belges et les Anglais qui pourchassaient les allemands.

Après son école primaire, NDEJURU   Pierre Claver, a été admis au Groupe scolaire tenu par les frères de la Charité. La Congrégation des Frères de la Charité est spécialisée, encore aujourd’hui, en éducation en général, mais aussi en éducation spécialisée des personnes avec des séquelles et des déficits, par ex :  des non- voyants, des mal -entendants, des personnes avec des déficits physiques et intellectuels de tout genre et de tout ordre. Probablement qu’en venant en Afrique, l’autorité coloniale s’attendait d’avoir un grand nombre des retardés mentaux et des déficits physiques de toutes les sortes. A cette époque ce sont les frères de la charité de Gand qui ont été choisi. Plus tard, d’autres congrégations comme les frères maristes, les frères des écoles chrétiennes qui sont venus s’y ajouter.

Dans l’imagerie occidentale, la jungle africaine hébergeait toutes sortes d’animaux dont les personnes humaines d’une catégorie spéciale.  Pour mémoire, dans les foires ou les expositions universelles des années 20 et même plus tard, les villages des noirs, dans ces expositions, faisaient partie des spectacles folkloriques et exotiques que les visiteurs venaient observer au Zoo humain, qui montrait des êtres exotiques noirs, presque nus qui vivaient dans la jungle africaine côte à côte avec les animaux.

Ici à Kigali, encore en 1963, à la porte d’entrée du club de tennis Belge il y avait encore une plaquette métallique avec l’inscription en petite lettre discrète : Interdit aux chiens et aux Noirs.

En 1940, à l’âge de 22 ans, NDEJURU Senior est sorti du groupe scolaire muni de son diplôme d’Assistant Médical, c’est-à-dire de l’homme à tout faire, dans le service de la santé en brousse. Il était conscient, qu’il était l’homme à tout faire. Avec ses cocktails de médicaments, il était connu pour ses guérisons spectaculaires, par exemple de la malaria. Déjà en 1947, au Bunyambiliri à Mugote, je me rappelle, des gens qui logeaient chez nous à la maison, en observation, dans l’attente de recevoir la dose appropriée d’une injection, dont Il avait trouvé une formule et la posologie pour les guérir de la malaria.

Pour bien réussir dans la carrière des guérisseurs ou des soignants, il faut avoir une grande empathie pour les humains. NDEJURU Senior en avait beaucoup pour tout être humain, Il aimait beaucoup porter secours aux personnes, surtout, les mal pris, de la vie et de la société. Sa génération vivait dans l’Ambiguïté du trait d’union, entre le passé encore palpable et connu, et la petite part de la modernité de leur temps, que sa génération incarnait. Ils devaient travailler en étroite collaboration avec le régime colonial, selon les règles fixées par ce dernier. Cette ambiguïté était palpable parce qu’elle était continuellement vécue dans le quotidien.

Entre les exigences et les attentes de l’autorité coloniale et la vraie vie sociale. Il y avait le côté artificiel des évolués, dans leur mode de vie, que NDEJURU Senior n’aimait pas et dont il était incapable de vivre ou de supporter.  Les autres enfants des évolués par exemple ne faisaient jamais les courses pour aller faire des achats ou des commissions, (Achats de sucre, de sel, acheter du pétrole, porter une lettre à la poste et acheter les timbres et l’envoyer, négocier avec les adultes étrangers).  Ce sont les employés de la maison, (Les boys) qui assumaient ce genre de travail. Chez nous à la maison, c’est nous les enfants qui faisions ce genre de travaux. Nous devions le faire pour apprendre, la réalité de la vie, sortir de son cocon familier, se frotter et échanger avec l’autre, l’étranger. Finalement les autres enfants, avec leurs employés nous accompagnaient parce que l’on était des joueurs invétérés ou parce qu’on était des grands copains. Il reste qu’ils ne portaient jamais rien, les employés étaient présents pour cela. Pour NDEJURU senior, c’était des comportements d’une éducation déficitaire et déracinée.

Les anciens et les nouveaux étudiants du groupe scolaire d’Astrida (HUYE) portaient le nom rwandais INDATWA, (ceux qui sont dignes d’être montrés) tandis que l’autorité coloniale les appelait les ÉVOLUÉS. Les évolués, vivaient à part dans des quartiers de nouvelles villes ou citées construits par l’autorité coloniale par exemple HUYE-Nyanza -Gitarama -Rubavu etc…Les évolués habitaient dans des maisons construites pour eux. Dans les provinces, il y avait des dispensaires, des maisons des agronomes, des vétérinaires, des assistant médicaux etc…Ils étaient des cadres professionnels du gouvernement Belge. Payés par le gouvernement Belge, Ils étaient sortis pratiquement du milieu social ancestral et devenaient une classe sociale à part qui conversait avec le pouvoir colonial, dans leur langue, le français. Ils avaient des comptes à rendre à l’autorité coloniale. On peut dire qu’ils étaient à cheval sur les deux mondes : l’ancestral connu d’eux, mais en mutation et l’ère coloniale jeune, en activité dans toute l’Afrique et dont les contours et l’avenir étaient flous, pour les citoyens.

Le personnel sorti du groupe scolaire (les évolués) a joué de grands rôles dans l’évolution du RWANDA, selon les domaines de compétences de chacun d’eux. Les enfants des anciens chefs entraient dans la Section administration. Ils devenaient plus tard des Chefs de territoire. Parmi eux plus tard, quelques-uns étaient sélectionnés, par les administrateurs belges pour entrer au conseil supérieur du Pays travailler avec le Roi. Les enfants des grands éleveurs des vaches entraient dans la Section Vétérinaire, ou dans la section agricole ou la Section Médicale. La plupart pour ne pas dire tous, venaient de chez les grands et moyens éleveurs des vaches ou alors de chef ou sous-chef d’un territoire.

Les finissants du groupe scolaire ont joué le grand rôle, de facteur de changement dans tout le pays, Ils exécutaient les ordres, prenaient les décisions et les mesures de commandements. Ils surveillaient des projets de développements agricoles, vétérinaires, ainsi que le rendement de réussite ou d’échec leur était imputé. L’arrivée de la monnaie a concurrencée la valeur sacrée de la vache. Les anciens du groupe scolaire, dont Senior Ndejuru faisait partie de ceux qui étaient payé, chaque mois en argent. Ils devaient être le fleuron qui devait mener la nouvelle société Rwandaise en mutation, vers le progrès d’une modernité encore floue. Ils constituaient une sorte de pont vers la modernité indéfinie, que seul le colonisateur détenait les clés.

On oublie que l’ère coloniale, avait une histoire très ancienne et des modèles de comportements millénaires, que le colonisateur mettait à jour ou expérimentait, dans chaque territoire ou pays, colonisé. Au fil du temps, surtout à partir des années 1956, les évolués se sont rendus compte, qu’ils étaient entre l’arbre et l’écorce. Ils transmettaient les ordres qui devaient être exécutés. Ce sont eux qui décidaient des punitions à attribuer, des mesures disciplinaires vis-à-vis des employés etc…

Il y avait parmi ces évolués, ceux qui étaient des inconditionnels de la modernité, qui étaient totalement partie prenante de la nouvelle culture occidentale, il y avait aussi des sceptiques, des attentistes, des opportunistes, mais tous étaient des courrois de transmission vers une ère nouvelle.

NDEJURU Senior faisait le tri et gardait le meilleur des deux situations. Il a commencé par exemple, par le refus de sa première fiancée qui avait été recherchée et trouvée par sa famille, sans lui demander son avis. Il a lui-même trouvé sa fiancée, notre mère Patricia. Papa a donc connu le coup de foudre en voyant maman.  Gratitude à Papa, de m’avoir légué ce don de savoir reconnaitre, l’être qui partagera ta vie avec toi. C’est un moment exceptionnel quand on vit ce moment de grâce. C’est par coup de foudre que j’ai connu Rosalie.

Pour Papa, donner différents noms aux enfants d’une même famille ne renforçait pas le sens et l’appartenance familiaux. Tous ses enfants, portons son nom de famille NDEJURU plus un surnom acquis au fil du temps. Par exemple Ngufu Ya Leta pour mon frère Émile. Magara arasaza pour André, Rutwe pour Bellarmin, Ma Fille pour Radegonde et Tita (nique)pour la dernière.

NDEJURU Senior, était connu pour être une personne libre et pour sa droiture.  Il aurait été un excellent informaticien car les réponses à ses questions devaient être binaires : oui ou non. En étant incapable de ne pas répondre par un oui ou un nom, à une question claire, il y avait pour papa, anguille sous-roche. Il fallait être vrai.

Dans son armoire à squelette, Il avait un dossier peu reluisant, pour avoir battu à coup de poings dans les années 1946, un administrateur colonial, ce qui a constitué une grosse tâche sombre de l’évolué qui a donné une râclée à son maitre. Il était aussi bien enjoué que téméraire.

Voyant par exemple, le nombre croissant des gens qui n’arrivaient pas à suivre les transformations sociales, les nouvelles façons de vivre ensemble, le nombre croissant des personnes désorientées et perdues. Le constant de la chrétienté qui faisait bon ménage avec le paganisme dans les différentes sphères de la nouvelle société Rwandaise en rapide mutation, ont rendu papa un peu philosophe de l’autocritique de la société. IL s’est intronisé, lui-même, le Roi des INJIJI (des paumés, des perdus). Un guide, sauveur de ces gens- là.

L’affaire fut rapporté  à la cour du Roi RUDAHIGWA. Papa a dû montrer patte blanche au vrai Roi, de tous les Banyarwandas, même des Injiji. Le roi RUDAHIGWA, bon prince aussi, ne lui a pas porté ombrage. Papa pouvait demeurer discrètement Roi des injiji !

Aux princes et princesses ayant des Injiji pour sujets, je vous rappelle en l’année 2022 votre rang social, Soixante ans après le décès du Célèbre Roi des Injiji, demeurer des bons et bonnes princesses et princes. Noblesse oblige !

Papa voyait les incongruités du pouvoir colonial avec les fermetures de la mobilité sociale, et les fermetures de l’inclusion. Pour lui, cela ne pouvait mener qu’à la catastrophe. Dans le Rwanda ancien, c’est le pouvoir, ou le courage d’entreprendre, le savoir-faire ou la main heureuse de la personne, dans l’élevage de la vache et finalement, un mariage dans une famille aisée, qui sortait n’importe quelle personne de son statut inférieur à un nouveau statut supérieur.  C’était la voie ascendante. L’inverse était aussi vrai. L’appauvrissement, la perte de pouvoir et le mariage avec une femme d’un rang inférieur, rendaient la personne membre de ce rang inférieur. Le système traditionnel des banyarwanda permettait cette mobilité sociale, il permettait aussi d’adopter n’importe qui pour lui donner un nouvel rang social. Ce genre de système flexible facilement intégrateur possède plusieurs merveilles, dont celle d’être aussi protecteur de la société qui l’adopte en la rendant aussi stable qu’elle est flexible.

La création de l’école avec des sections pour uniquement les enfants des chefs qui excluait des enfants des autres citoyens, qu’il soit hutu ou tutsi était la première grosse brèche dans l’inclusion sociale des Banyarwanda. Finalement la société coloniale a figé la flexibilité d’intégration et d’adoption avec la création des cartes d’identités avec des ethnies artificielles. Il y a eu la catégorisation de la société Rwandaise.

 

Il est fort probable, que Papa, ressentait ou appréhendait que sa vie serait courte. Dès les années 1947, il a acquis une propriété, à BIHANA près de NYANZA et GISEKE, son lieu de naissance. Dix ans, plus tard, en 1958, alors qu’il était muté à Rubona à 25km de Bihana, il a senti que c’était le moment de construire en vitesse sa maison. C’est pendant les grandes vacances de 1958-59 que la maison familiale de Bihana a été commencé et construite.

Entre temps, il avait bien préparé l’éducation et la formation scolaire de tous ses enfants, en payant les frais de scolarité élevés à l’époque, pour l’Éducation de ses 4 garçons, dans le pensionnat Charles Rwanga, tenu par les frères de la charité, dont il appréciait l’éducation et la discipline, puisqu’il était passé par là. Il a aussi toujours fait un suivi rigoureux dans l’éducation de ses enfants. Nos efforts scolaires étaient suivis à la loupe.

Senior NDEJURU, aurait certainement aimé et apprécié que l’ainé de ses enfants, suive ses traces en étudiant la médecine. Pendant les vacances, j’étais toujours à ses côtés, je suivais et connaissais ses diagnostiques, ses questions aux malades pour établir un diagnostic. Je savais différencier dans le microscope différentes maladies, les vers, ascaris, les amibes, la malaria, etc …  je l’accompagnais dans ses visites des patients hospitalisés.

Quand il a appris que j’avais choisi l’enseignement, je lui ai expliqué le motif de mon choix. La formation de scientifique B choisie, me permettait d’avoir deux possibilités : travailler tout de suite comme enseignant aux secondaires, ou suivre plus tard l’Université dans les sciences. Je n’ai pas eu des commentaires sur mes choix. Certainement, qu’il n’a pas apprécié mon choix, encore moins, ma réponse, qui contenait deux choix. il était un inconditionnel de la réponse unique. Vrai ou faux, ou alors oui ou non.

Vers cette époque de mes 17 ans, j’ai remarqué quelque chose de merveilleux chez Senior NDEJURU-papa. Au fur et à mesure que l’on vieillissait, il devenait plus proche de chacun de nous, un copain, un ami spécial adroit, avec chacun de ses garçons, alors que sa fille, Radegonde était au Piédestal, quant à Assumpta, sa plus jeune fille, était la cadette, qui occupe une position spéciale, de passe-droits chez des parents.

Parfois, il me demandait mon avis, sur une position à prendre ou un comportement à suivre, son approche et les conversations qui suivaient me rendait très fier d’avoir un tel papa. La main de fer savait porter les gants de velours pour discuter et formater ses garçons pour en faire des hommes et non de les châtrer. Ce qui est un art en éducation, pour les pères des garçons.

Notre retour de l’internat à la maison après quatre ou six mois d’école à l’internant, était un vrai festival, on devenait carnassier. Une fois après des vacances, de retour à l’école mon frère Émile n’a pas été reconnu par le frère surveillant, il avait grandi et grossi de plus de 10kg. Papa essayait de nous faire rattraper ce que nous avions manqué à l’internant, en nourriture, sommeil, mouvements, joie. Il était heureux de nous revoir et surtout de nous faire changer de métier et de travail.

Pendant les vacances scolaires, le travail manuel devait remplacer le travail scolaire. Il fallait aussi se faire des muscles, toujours torse nue(vitamine D), en préparant le bois de chauffage ou de cuisine. Senior NDEJURU, était un rêveur et un romantique à ses heures, surtout devant les flammes du feu de son foyer. Pendant les vacances, il fallait préparer le bois de chauffage, des stèles de bois qui allait servir pendant notre absence.

Il adorait aussi provoquer de petites batailles entre ses garçons, à l’insu de notre mère. IL semait une petite controverse ou une petite zizanie entre nous et la bataille entrait en jeu, le tandem était toujours le même: Émile & André contre Aimable & Bellarmin. Lors des pleurs ou de cris, à la suite des coups bien placés, furtivement, Papa se glissait rapidement en retrait, et fuitait le lieu de bataille rapidement vers le dispensaire, alors que Maman essayait de savoir pourquoi, un tel pleurait, l’origine du mal et pourquoi au fond, les batailles.

Senior NDEJURU grâce à son comportement, de père vigilant a compris parfaitement ce qu’il fallait faire et comment le faire pour que l’éducation qu’il donnait à ses enfants porte fruits, et que surtout ses enfants soient conscients de cette transmission reçue pour que eux aussi fassent la même chose avec leurs enfants.

Finalement, le vieux Senior NDEJURU a réussi à créer et à permettre à ce que ses enfants, deviennent des socles solides sur lesquels se sont fixés des ponts, des antennes de transmission et de communication, qui ont permis à tous ses six enfants d’être à la hauteur et d’être capable de créer des liens humains, de trouver des solutions justes par des échanges, et des communications diverses avec des personnes de tout origine, sans complexe et avec dignité.

À partir de 1947 tout s’est accéléré très vite avec l’Indépendance de l’inde qui avait vécu 300 ans sous le joug des Anglais. La deuxième guerre mondiale venait juste de se terminer en 1945. Gandhi et ses alliés savaient lire la qualité du temps et le sens du bon timing pour les négociations et les discussions de leur Indépendance.

Le même sens du timing s’était mis en marche forcée en Afrique du Nord avec l’Algérie, qui entre en guerre contre la France en 1945 avec une répression qui aurait fait entre 15.000 et 45.000personnes.   (Algérie chronologie historique, Monde diplomatique). On retrouvera aussi le Ghana qui s’inspirera de l’inde pour acquérir son indépendance. Que ce soit, le nord, le sud, l’est et l’ouest, un vent de l’indépendance en l’air soufflait, ses particules de liberté était en l’air. Les colonisateurs n’étaient pas en reste.

En 1950, il y a eu un jubilé des 50 ans, pour souligner et fêter l’existence de 50 ans de l’Église Catholique, au Rwanda. C’est une date importante, mon frère Émile figurait comme un petit ange au près de la vierge Marie, dans un carrosse tiré par des bœufs. L’Église Catholique du Rwanda a montré dans ce jubilé que la religion Catholique au Rwanda avait atteint une masse critique suffisante et diversifiée dans le pays. Pendant la période antérieure, l’Église avait eu un grand besoin de recruter et de convaincre les leaders politiques de l’époque à se faire baptiser. Certains des grands leaders convertis étaient souvent des têtes fortes, parfois en désaccord avec les structures ou les comportements de l’autorité royale de l’époque. Le baptême de certains leaders, ouvrait la vanne de celui des sujets qui suivaient, leurs chefs dans leurs nouvelles croyances. Le baptême du Roi RUDAHIGWA a permis à l’Église d’avoir des milliers des conversions. C’est à cette époque que le Roi RUDAHIGWA a offert aussi son royaume au Christ -Roi.

Les années 1950 à 1959 allaient devenir des années de chambardement, de tension et des restructurations de la société traditionnelle Rwandaise-avec l’élimination de l’UBUHAKE, une institution millénaire qui fixait le contrat social entre le Patron et son client par la vache. Il y a eu aussi naissance et structurations des parties politiques selon des allégeances ethniques.

Face aux souffles du vent fort et violents des indépendances, le RWANDA a servi de paratonnerre à la Belgique pour sa colonie le Congo et plus tard, il devait servir de vitrine alléchante et de modèle pour la coopération post indépendance.  Les Belges avaient une formule toute faites grâce à leur devise : L’union fait la force. Si l’union fait la force, la désunion crée des catastrophes.  La question identitaire était un outil puissant facilement utilisable. Rapidement il y a eu la création de l’Institut de Recherche scientifique de l’Afrique centrale (IRSAC) à Astrida aujourd’hui -Huye.

L’Ethnographie allait scientifiser la question ethnique des banyarwanda.  Alors que les premières cartes d’identité affichaient comme ethnie, les clans des Banyarwanda. Ex Abatsobe, abagesera, Abazigaba, Abega etc… Chaque clan du Rwanda comprenait aussi bien les éleveurs, les agriculteurs et les potiers.  L’ethnographie Rwandaise réussira à créer et à faire valoir les ethnies, rwandaises malgré que les éléments clefs qui sont à la base de l’identification, de la définition et de la composition ethnique des Banyarwanda ne se retrouvent pas dans le contexte le mode de vie des Banyarwandas.

En effet, les trois ethnies parlaient la même langue, les lieux d’habitations n’excluaient personne et il y avait des mariages entre les trois groupes.  Après plus de mille ans d’histoire ensemble, il est compréhensible que le cas du Rwanda est un cas d’espèce. Dans les cas du Rwanda   il y a lieu de voir la composition sociale en termes de classe sociale modulé et régis par la possession et le savoir-faire dans l’élevage de la vache. Le système rwandais a réussi tout ces milliers d’années parce qu’il était flexible, inclusif et surtout volontaire. Pour les scientifiques, Il était plus facile d’ethniser l’Afrique que de le considérer sous l’angle des classes sociales africaines, surtout que l’occident et ses alliés étaient en lutte idéologique entre les communistes et les capitalistes.

Les nouveaux maîtres du Rwanda, l’Église et la colonisation belge, ont travaillé main dans la main, chacun veillant à soigner ses intérêts propres tout en sachant que, chacun avait besoin du savoir et savoir-faire et des moyens de l’autre. Les pères blancs missionnaires semblent être une congrégation taillée sur mesure pour travailler adéquatement avec le pouvoir colonial civil dans le cadre de son évangélisation, alors que le gouvernement Colonial structurait et était à la recherche, depuis les années 1947 des solutions face aux indépendances des pays africains. Il ne fallait pas surtout perdre pied au Congo Belge et au Rwanda Burundi, surtout les deux petits pays stratégiquement couchés sur les abdominaux du gros ventre congolais, bourré de matières premières convoitées pour des siècles à venir. Les enjeux étaient de taille et le peuple minoritaire tutsi étudié sous tous les angles à l’aide de l’ethnologie science coloniale par excellence, prouvait qu’ils étaient des étrangers et plus colonialistes que l’administration coloniale Belge. Ils ont été tué, on a brûlé leurs maisons et ils sont devenus les premiers réfugiés de l’Afrique Centrale. Chercher l’erreur !?

Le 25 juillet 1959, lors de l’annonce de la mort du Roi MUTARA-RUDAHIGWA, une chappe de silence très lourd et totale régnait sur et dans tout le pays. Je m’en rappelle, comme si c’était hier. Dans ce lourd silence on se demandait ce qui allait suivre. Entre les années 54 -58 des gros changements s’étaient manifestés. Des partis politiques avaient vu le jour. Le parti UNAR qui regroupaient l’élite Tutsi dont la majorité étaient de fonctionnaires réclamait l’indépendance tout de suite, avec le départ des européens. L’UNAR partie Nationaliste était très mal vu aussi bien par, l’Église Catholique que le gouvernement colonial. L’église voyait les mains communistes à l’œuvre dans le parti UNAR, elle devait survivre après le départ du gouvernement colonial. Quant au gouvernement colonial, il avait réussi avec succès, par ses politiques et tactiques, de faire voir les tutsi comme les colonisateurs. Il avait si bien fait que le Parti Parmehutu voulait que le système colonial Belgique reste et qu’ensemble ils travaillent ensemble pour bâtir le nouveau Rwanda post colonial.

En coulisse, l’Église catholique avec le gouvernement colonial ont fait signe à l’élite du partie politique des Hutus, le Parmehutu, pour qu’ils revendiquent l’emploi avec tous leurs membres scolarisés mais sans emploies. Environ 10 milles Tutsi avaient été des fonctionnaires de l’état colonial Belge. Les Hutu voulait aussi de la manne Belge, et surtout, l’Indépendance grondait fortement dans toute la région.

Un excellent auteur Rwandais, Antoine MUGESERA a produit une Œuvre en cinq volumes qui fait clairement comprendre l’histoire spéciale du 20eme siècle rwandais. Dans le volume 2: RWANDA, 1959-1962. Une Révolution manquée p. 275, MUGESERA décrit la solution trouvée par le gouvernement Colonial à l’élite Parmehutu. C’est une sorte de cadeau de Noel, puisque, » à la Noël 1959, en plein troubles, le gouvernement belge sort un décret intérimaire qui préconise la mise en place de nouvelles institutions. …   … accompagnées de nouvelles appellations : les communes remplacent les sous-chefferies, un Résident général est mis à la place du gouverneur général. Les chefferies sont maintenues mais perdent leur caractère politique. Des élections sont prévues à tous les échelons. Bref une réorganisation politique et administrative du Rwanda -Urundi est mise en place à partir du mois de janvier 1960. Le tout concerne le Ruanda -Urundi et non le Rwanda seul »

Six mois après la mise sur pied des nouvelles institutions, au mois de juin 1960 le nouveau roi KIGELI V NDAHINDURWA au trône depuis juillet 1959 quitte le pays. Le premier gouvernement de KAYIBANDA fut mis sur pied aussi en 1960 suivi du coup d’État de Gitarama en 1961

C’est dans ce cadre de transformation des institutions et du personnel mis en place par le gouvernement colonial, que tous les fonctionnaires devaient prêter le serment d’allégeance aux nouvelles institutions. NDEJURU Senior devait lui aussi prêter serment d’allégeance à la nouvelle République. Une occasion de faire le nettoyage entre les monarchistes et les républicains.  Les gens qui voulaient prêter serment se mettaient dans la rangée de droite et ceux qui ne le voulaient pas prenaient la rangé de gauche. NDEJURU Senior a pris la rangée de droite, celui de prêteur de serment d’allégeance à la République. Il y a eu un murmure d’étonnement dans la foule. Lors de son tour pour le serment, il a levé, sa main droite, pour dire que lui NDEJURU P.C. ne peut pas prêter serment alors que les points en litiges sont encore devant les nations unies pour être éclaircies. Il y a eu des cris d’allégresse et des applaudissements nourris du public.

Après une détention de quelques heures ou jours (je ne me rappelle pas) Il est retourné à son travail à Rubona.  Dans les mois qui ont suivi, il a eu une mutation probablement disciplinaire pour aller travailler à Kibungo. Arrivé à Kibungo un groupe des manifestants l’attendait et réclamait à haut cris, pour qu’il aille soigner les gens d’ailleurs. Les réseaux du parti Parmehutu avaient été à l’œuvre pour inciter la population à la manifestation contre l’agent du gouvernement qui n’a pas voulu prêter serment à la république.

Il a par la suite été transféré à NGARAMA prêt de Gatsibo parce que son prédécesseur, aussi assistant médical avait fui le RWANDA vers l’OUGANDA. La dernière fois que j’ai vu papa, c’était pour qu’il signe le document permettant au petit frère Bellarmin de s’inscrire à une section du Groupe scolaire. J’ai passé trois jours magnifiques avec lui. Il m’a signé le document et je suis reparti.

C’est finalement dans la nuit du 27 mars 1962 notre père NDEJURU Seignor a été assassiné.  Sur cet assassinat, trois mois plus tard, le 1er Juillet lors de la fête de l’obtention de l’indépendance du Rwanda, Antoine Mugesera cité plus haut dans le texte écrit : « En assistant avec un certain optimisme aux festivités de l’indépendance, nous n’ignorions pas le passé très récent du Parmehutu : Incendies, vols, viols et massacres. En plus, trois mois à peine avant la date du 1er Juillet 1962, un écho persistant du massacre de 2.000 Tutsi de Byumba nous était parvenu assez discrètement. Ce massacre nous avait semblé horrible, même si le pouvoir n’en parlait pas mais un petit bulletin du parti UNAR en avait écrit un mot. A l’époque, l’idée de massacrer autant de personnes était encore impensable, inimaginable.  Il y avait donc doute quant à la véracité de ce massacre. Du moins nous ne voulions pas y croire. Mais le racisme naissant du Parmehutu nous était apparu capable de tout. »

Ce jour -là, dans la nuit du jour de l’indépendance, j’ai eu une pensée à mon père qui aurait aimé fêter l’indépendance du Rwanda. Pensant à lui, l’homme libre, il méritait de fêter l’indépendance du Rwanda qu’il aimait. Des larmes de tristesse, de compassion, ont coulé dans mon oreiller.

Une dizaine de jours plus tard après son assassinat, j’ai reçu une lettre de mon père que l’on disait mort. Je l’ai ouverte le cœur dans le cerveau, tellement il battait fort. La lettre était de quelques lignes, avec son écriture spéciale, Papa me demandait de m’occuper de mes frères et de la famille. Cette attention et cette pensée de sa famille dans un moment de sa vie, m’a toujours émerveillé. Il avait un incroyable sens de l’attachement et de l’attention à l’autre, et à sa famille. Pendant plus de trente ans sa lettre a semé le doute en moi sur sa mort. Je le croyais parti se réfugier quelque part, et qu’un jour, il me fairait signe.  Le dénie de sa mort a survécu en moi, très longtemps, un fait qui est courant et logique et qui arrive souvent quand on n’a pas vu le corps de la personne. Mon dernier rêve de lui, était sa visite, éclair, il y a cinq ou six ans  il passait précipitamment me voir, il se rendait à la ville de Québec a 200 km de Montréal pour un rendez- vous, qu’il ne pouvait rater.

Très jeune et très beau dans un costume clair en Lain, couleur café au lait avec une chemise brun clair Il avait hâte de partir. Mon invitation à passer à la maison  voir mes enfants et ma femme a été refusé par manque de temps. Il est reparti en vitesse et je me suis réveillé très heureux et en sourire d’avoir un père si jeune.

Après sa mort, notre mère et sa mère Emma et nous les six enfants et une tante avons vécu à Bihana, dans la maison paternelle. Alors que l’on disait tout autour de nous, que l’on avait tué le serpent, mais que les œufs de vipère étaient présents. Il a fallu garder la tête froide. Être serein, lucide et patient. NDEJURU Senior, nous avait appris que l’on pouvait s’auto suffire, se débrouiller, ne pas avoir peur de travailler surtout, manuellement et physiquement. Nous étions prêts à collaborer avec les voisins, dans n’importe que travail humain, pour le bien-être de la communauté. Plus tard à Bihana nous y avons crée un service communautaire, une minoterie qui facilitait le travail aux femmes, qui utilisaient, le système de l’âge de la pierre pour avoir la farine de sorgho.

Aujourd’hui, soixante années plus tard la famille des NDEJURU est devenue une famille multi raciale—(nombres petits enfants-arrières petits-enfants, des gendres.)  Le va et vient de ses enfants, un peu partout dans le monde :  Belgique, Allemagne, Canada, Les États-Unis, Rwanda, Congo, Uganda, Kenya, Burundi, Guinée Bissau, Côte d’Ivoire, Burkina Fasso, Cameroun ont permis à ses descendants, ses belles filles, la création des liens humains empreint d’honnêteté, d’affection, de dignité et d’ouverture d’esprit envers les autres humains de tout genre. Habité de l’empathie et de la sensibilité ancestrales du senior NDEJURU, ses descendants ont essayé à leur tour de mettre en place des structures qui assurent des échanges et qui permettent la mise en place d’une société meilleure, éduquée, sensible à la dignité humaine de l’autre, à la justice et au bien-être de tout être, qui qu’il soit, pour un meilleur avenir de tout être humain.

PS Après ton départ physique papa, et avant d’aller loin, je dois reconnaitre, que ton départ n’était que physique, car tu es resté toujours proche de nous tous.  le Rwanda a connu une très, très longue Nuit, une nuit toute noire dans lequel on pouvait reconnaître difficilement l’être humain. Les tragédies de cette longue nuit rwandaise a été sa durée, sa noirceur et les acteurs qui se sont spécialisés de faire le mal  dans la longue et triste nuit. Nous avons eu des spécialistes des coups bas dans la nuit, Il faut le faire! La fin de cette longue nuit de 33 années, a été un génocide horrible, ou la mère hutu tuais son enfant parce que tutsi de père. L’horrible dans tout cela, ce que tout le monde savait, qu’il allait avoir lieu.  Ce qui l’ont su et ceux qui devaient les savoir, qui étaient responsables, ont tous fermé les yeux, parce qu’il faisait nuit et pas n’importe quelle nuit. Oui c’est vrai, mais l’humain n’a pas seulement un seul sens. Il y a la vue, l’ouïe, l’odorat… et le mélange et la résultante de tous ces éléments qui construisent le savoir. Kayibanda, le père du parti Parmehutu, avait dit dans un de ses discours qu’ils ne craindront pas de retourner jusque deux ou trois cents ans en arrière.

Mission accompli, Monsieur le président Kayibanda, ce ne sont pas seulement deux cents ou trois cents ans de recul, mais c’est le retour jusqu’à l’âge de la pierre, que vous avez réussi, si on peut parler de réussite. Au moins ces gens de l’antiquité, se lançaient les pierres.  Ici au Rwanda, c’était les grenades et pas du n’importe quoi ! signe que nous n’avons rien appris. Or on évolue par l’apprentissage et le stockage actif des choses apprises, très prêt de leurs utilisations ou extériorisation. Le Rwanda actuel a réussi de renaitre de ses cendres. La renaissance Rwandaise est vraiment présente, toutefois, les séquelles, les traumas, sont souvent plus forts que tout, elles demeurent aussi longtemps présentes, elles font partie de la vie, elles sont composées des substances très intimes de la vie interne de chacun de nous. Comme pour nous rappeler de notre composition. La blessure des émotions est la pire des blessures.  Ce sont le genre de blessures que l’on encaisse aussi profondément dans la nuit. C’est pourquoi la guérison est si longue et si difficile.  L’affection, la croyance malgré tout, que l’être humain est bon et beau. La force des émotions possède un pouvoir inouï, il est apparenté à la résilience. Toute une famille en forme !!!  La résilience rwandaise sauvera peut-être le monde. Encore faut-il savoir l’exploiter, pour son grand bien, et sa mission.

Affections à vous tous. Vive le roi des Injiji, vive papa et maman et vive nous !!!

Chacun a le droit de corriger, de compléter…. Attention parler avec MUTAMU , La marcheuse des milles collines . (je suis poli se soir ),  je pense qu’il faut mettre sur un blogue , mais pas n’importe quoi …. Vaccinées , trois fois et le reste. Cordiale et fraternelles salutations.   Mabilisi

 

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