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par Radegonde Ndejuru.
Papa,
tu es parti il y a aujourd’hui 60 ans, mais ta mémoire est toujours avec nous.
Il y a 60 ans, ton départ nous a surpris, et le silence qui a suivi n’a pas aidé à y croire…
Je t’ai vu pour la dernière fois en janvier 1962, alors qu’on venait de te chasser de ta maison, le premier soir où tu venais à Bihana pour commencer des vacances bien méritées…
Tu as été chassé, de ta maison, privé de tes biens, et avec Maman Patricia, ta belle-mère Emma, ta belle-sœur Irène et ta petite dernière Assumpta, vous avez été obligés de vous enfuir. Vous avez marché de nuit, et vous avez trouvé refuge à 8 km de là, chez les sœurs Benebikira à Nyanza. C’est chez les sœurs que j’étais pensionnaire. Je venais d’avoir 10 ans! Tu m’as visitée le lendemain à mon école primaire et tu m’as dit au revoir.
Tu es alors retourné à ton lieu de travail, à Ngarama, et deux mois plus tard, tu fus tué, à Byumba, lâchement, par un commando de malpropres.
Comment a-t-on survécu après ton départ?
Nous avons été guidés par la maman et par la forte éducation que vous nous aviez donnés.
Nous avons travaillé fort pour survivre, pour nous entraider, pour garder les biens que tu avais acquis pour nous, ta petite famille, nous avons toujours voulu te rendre fier de nous. Et je crois que nous avons réussi.
De notre côté, nous avons peut-être tardé, mais nous sommes en train de préparer un livre pour te faire connaître de ta grande famille. Et ce livre sera notre façon de te donner une sépulture, Papa.
Nous te gardons dans notre cœur. Nous te sommes reconnaissants de tout ce que tu nous as donné.
Ton amour nous accompagne et nous le gardons toujours dans notre famille, comme le bien le plus précieux.
Merci Papa,
Ta fille R