5 Tout est question de relations

Les Quatre R – Respect, Relevance, Réciprocité, Responsabilité

En analysant, les raisons  pour lesquelles les établissements d’enseignement postsecondaire n’ont pas de représentation proportionnelle des peuples autochtones, Kirkness et Barnhardt (2001) ont développé le Cadre des 4R. « Ce cadre reconnaît la nature holistique et interconnectée des systèmes de connaissances autochtones et des apprenants autochtones» (Université Western, 2018) et met l’accent sur une approche centrée sur l’apprenant offrant une compréhension de la façon d’adapter un environnement d’apprentissage.
  • le respect de l’intégrité culturelle ;
  • la relevance par rapport aux perspectives et aux expériences;
  • la réciprocité dans l’apprentissage, la connaissance et la hiérarchie sociale; et
  • la responsabilité de faciliter une voix autochtone.
Les Quatre R peuvent servir de cadre directeur pour l’autochtonisation de l’éducation. Il est important de noter que les Quatre R sont un modèle eurocentrique. Certains peuples autochtones n’ont pas de « R» dans leur langue.
Cadre holistique autochtone (Pidgeon, 2014)
Activité: 
Plongez-vous dans l’outil d’auto-réflexion des 4R (Western University, 2018)
Outil ci-dessous :

 

Références

Pidgeon, M (2014). Moving Beyond Good Intentions:  Indigenizing higher education in British Columbia universities through institutional responsibility and accountability. Journal of American Indian Education, 53(2), 7-28.
Kirkness, V. J. and Barnhardt, R.  (2001). First Nations and Higher Education: The Four R’s – Respect, Relevance, Reciprocity, Responsibility. Knowledge Across Cultures: A Contribution to Dialogue Among Civilizations. R. Hayoe and J. Pan. Hong Kong, Comparative Education Research Centre, The University of Hong Kong http://www.ankn.uaf.edu/IEW/winhec/FourRs2ndEd.html
Western University. (2018). Guide for Working with Indigenous Students: Interdisciplinary Development Initiative in Applied Indigenous Scholarship. https://teaching.uwo.ca/pdf/teaching/Guide-for-Working-with-Indigenous-Students.pdf

Auto-localisation / Positionnalité

Auto-localisation

Les reconnaissances territoriales sont des protocoles traditionnels de rassemblement autochtone qui honorent et reconnaissent les peuples autochtones qui ont des liens historiques profonds et significatifs avec les terres où se déroule le rassemblement. Le protocole territorial est une pratique culturelle ancienne des nations autochtones à travers l’île de la Tortue (Amérique du Nord) et est essentiel pour démontrer notre engagement envers la réconciliation en inversant l’effacement forcé des peuples autochtones par le Canada colonial.

Ce protocole de reconnaissance est encore en pratique aujourd’hui entre les groupes autochtones en Amérique du Nord. Lorsqu’ils visitent le territoire d’un autre groupe autochtone, les visiteurs demandent la permission d’être sur la terre et de mener une certaine activité, offrant souvent un cadeau à un Aîné ou un leader local et respectant toujours les protocoles et traditions locaux.

Pierre (2022) propose des lignes directrices pour une reconnaissance territoriale ainsi que des méthodes pour élever une reconnaissance d’un niveau standard à un niveau réfléchi et transformateur. Une reconnaissance transformative est prononcée du cœur et « reconnaît des concepts tels que le colonialisme, l’antiracisme, la réconciliation et le pouvoir/privilège des colons et l’oppression institutionnelle (Pierre, 2022).

Il peut être utile de réfléchir et de se documenter sur des questions telles que :
■ Pourquoi est-ce que je partage cette reconnaissance ? Pourquoi est-ce que je choisis ce support/contexte pour le faire ?
■ Quelle est l’histoire de ce territoire ? Quels sont les impacts du colonialisme ici ?
■ Quelle est ma relation avec ce territoire ? Comment suis-je arrivé ici ? Comment mes ancêtres ou moi-même sommes-nous arrivés ici ? Mes ancêtres ont-ils toujours été ici ? Qu’est-ce que cela signifie pour moi ? Comment puis-je rester responsable ?
■ Quels sont vos engagements et obligations éthiques et politiques à l’égard de cette terre et des peuples autochtones ?
■ Quelles sont vos intentions de perturber et de démanteler le colonialisme au-delà de cette reconnaissance de territoire ?
(Queen’s University: Centre for Teaching and Learning, 2023)
Activité: Développer une reconnaissance territoriale transformative qui est personnelle pour la terre sur laquelle vous vivez, travaillez et jouez.

Positionnalité

« Déterminer votre positionnalité vous demande de réfléchir à vos multiples identités basées sur les groupes auxquels vous appartenez, les rôles et les valeurs personnelles, et de considérer comment vos expériences vécues et perceptions peuvent influencer vos questions de recherche, vos méthodes et la manière dont vous interprétez les résultats de recherche.» (Harrington, 2022)
D’après Harrington (2022) : Quelle est votre positionnalité en tant qu’instructeur?
Posez-vous les questions suivantes:
  • À quels groupes – race, sexe, orientation sexuelle, âge, classe sociale, religion, capacité et ainsi de suite – est-ce que je m’identifie et dans quelle mesure l’appartenance à chaque groupe est-elle saillante pour mon identité et les actions qui y sont liées en tant qu’instructeur ?
  • Quels rôles – autre personne significative, parent, frère ou sœur, enfant, ami, instructeur, érudit, auteur – ai-je et quel est l’impact de ces rôles sur mon identité et les actions qui y sont liées en tant qu’instructeur ?
  • Quel type de formation et d’expérience ai-je ? Comment ont-elles façonné qui je suis professionnellement aujourd’hui, et comment pourraient-elles avoir un impact positif ou négatif sur les populations marginalisées dans mes cours aujourd’hui ?
  • Quelles sont mes croyances ou valeurs et caractéristiques, et comment ont-elles un impact sur mon identité et les actions qui en découlent en tant qu’instructeur ?
  • De quelle manière mes identités représentent-elles un privilège ou une marginalisation, et comment peuvent-elles être comparées à celles de mes étudiants ? Comment pourrais-je m’engager dans des actions qui marginalisent ou découragent les étudiants ? Quelles sont les actions que j’entreprends pour promouvoir la réussite de tous les étudiants de mes classes ?
Activité: Rédigez vous-même une introduction et une déclaration de position.

Discussion:  Partagez et comprenez les points de vue uniques des uns et des autres.

Références

Harrington, C. (2022). Réfléchissez à votre positionnalité pour garantir la réussite des étudiants.[BLOG]. Inside Higher Ed. https://www.insidehighered.com/advice/2022/01/26/successful-instructors-understand-their-own-biases-and-beliefs-opinion
Pierre, L. (2022). Transformative Territory Acknowledgement Guide. https://www.lenpierreconsulting.com/_files/ugd/90c86d_b3aa5cd2564c4d77a72b7b397d96add0.pdf
Queen’s University: Centre for Teaching and Learning. (2023). Positionality Statement. Queen’s University. https://www.queensu.ca/ctl/resources/equity-diversity-inclusivity/positionality-statement

La vision à double perspective (Two-Eyed Seeing)

L’extrait suivant provient de :
Marshall, A. (2017). Two-Eyed Seeing – Elder Albert Marshall’s guiding principle for inter-cultural collaboration. Thinkers Lodge. Pugwash, NS: Climate Change, Drawdown & the Human Prospect: A Retreat for Empowering our Climate Future for Rural Communities http://www.integrativescience.ca/uploads/files/Two-Eyed%20Seeing-AMarshall-Thinkers%20Lodge2017(1).pdf
L’aîné Mi’kmaq Albert Marshall (qui vit dans la communauté d’Eskasoni, en Nouvelle-Écosse, sur le territoire traditionnel de Mi’kma’ki) a inventé il y a de nombreuses années l’expression anglaise « Two-Eyed Seeing » comme principe directeur trouvé dans les connaissances Mi’kmaq telles qu’elles se reflètent dans la langue. L’aîné Albert est un locuteur fluent du Mi’kmaq … la vision à double perspective dans sa langue est connu sous le nom d’Etuaptmumk.

La vision à double perspective/ Etuaptmumk encourage la réalisation que des résultats bénéfiques sont beaucoup plus probables dans une situation donnée si nous sommes disposés à intégrer deux perspectives ou plus. En tant que tel, il peut être compris comme le don de la perspective multiple chéri par de nombreux peuples autochtones. Et notre monde aujourd’hui a de nombreux domaines où cette réalisation, ce don, est extrêmement pertinent, notamment l’éducation, la santé et l’environnement. L’aîné Albert est passionné par l’intégration dans ces domaines des perspectives et des connaissances du peuple Mi’kmaq, de tous les peuples autochtones, de sorte que des relations interculturelles et collaboratives mutuellement bénéfiques avec la société dominante et les sciences occidentales puissent être nourries et développées, et de nouvelles compréhensions mises au travail. Ainsi, il décrit la la vision à double perspective comme : « apprendre à voir d’un œil avec le meilleur ou les forces des connaissances et des manières de savoir autochtones […] et apprendre à voir de l’autre œil avec le meilleur ou les forces des connaissances et des manières de savoir de la société dominante (occidentale ou eurocentrique) […] mais surtout, apprendre à voir avec cette double perspective ensemble, pour le bénéfice de tous ». Marshall, A. (2017). Albert reconnaît que ce travail n’est pas facile et il insiste donc sur le fait qu’un voyage continu de co-apprentissage est à la fois nécessaire et essentiel pour développer les profondes compréhensions et capacités collaboratives que la vision à deux yeux encourage.

« Apprenez à voir d’un œil ce qu’il y a de mieux ou de plus fort dans les savoirs et les modes de connaissance autochtones […] et apprenez à voir de l’autre œil ce qu’il y a de mieux ou de plus fort dans les savoirs et les modes de connaissance dominants (occidentaux ou eurocentriques)[…]mais surtout, apprenez à voir avec ces deux regards ensemble, pour le bénéfice de tous » – Aîné Mi’kmaq Albert Marshall [Traduction libre]
En savoir plus :
  • Institute for Integrative Science & Health (2013): http://www.integrativescience.ca/
 – L’Institut pour la science et la santé intégratives est une organisation qui vise à intégrer un nouveau paradigme pour la science qui implique de multiples perspectives, cultures et communautés. La vision à double perspective est le principal principe directeur.
  • Thomas, R. (2016). Etuaptmunk: Two-Eyed Seeing. TEDxNSCCWaterfront https://www.youtube.com/watch?v=bA9EwcFbVfg&ab_channel=TEDxTalks
  • Provost, M. (2022). Unpacking the Indigenous Student Experience. TEDxSFU https://www.youtube.com/watch?v=2JmAlnEo27A&ab_channel=TEDxTalks
Activité: 
Réfléchissez individuellement dans un journal et/ou participez à une discussion de groupe sur les questions suivantes :
  • À quel point pensez-vous que la compréhension culturelle et la conscience de soi sont nécessaires pour que les individus autochtones et non autochtones contribuent efficacement à la vision à double perspective ?
  • Comment la vision à dvision à double perspective pourrait-elle influencer la vision du monde, les relations et l’approche de la résolution des problèmes d’une personne ? La vision à double perspective exige-t-elle ou inspire-t-elle une philosophie spécifique ?
  • Comment la pratique de la vision à double perspective pourrait-elle être intégrée dans votre vie quotidienne ? En quoi serait-elle différente dans divers contextes tels que la maison, le travail, les loisirs ? Quel genre de soutien ou de changement de l’environnement est nécessaire pour faciliter la vision à double perspective ?
  • Quelles sont les contradictions entre les manières occidentales de savoir et les manières autochtones de savoir ? Explorez des concepts tels que le temps, les relations avec les autres et la nature, ou la connaissance.
  • Comment arbitrer les différences entre les manières de savoir occidentales et les manières autochtones de savoir et les considérer comme toutes deux vraies et valides ? Comment ces points de vue différents peuvent-ils coexister ou se compléter dans divers secteurs comme l’éducation, les métiers ou la société ?
  • Partagez des expériences personnelles ou des exemples historiques de recherche où l’intégration de multiples perspectives a conduit à des solutions innovantes ou à une compréhension plus profonde. Quelles pratiques ou mentalités peuvent faciliter la réconciliation et la validation des deux systèmes de connaissances ?
Références 
Bartlett, C., Marshall, M., Marshall, A., & Iwama, M. (2015). Integrative Science and Two-Eyed Seeing: Enriching the Discussion Framework for Healthy Communities in Beyond Intractability: convergence and opportunity at the interface of environmental, health and social issues; edited by Lars K. Hallstrom, Nicholas Guehlstorf, and Margot Parkes. UBC Press. http://www.integrativescience.ca/uploads/files/Bartlett-etal-2015(Chap10).pdf
Institute for Integrative Science & Health. (2013). Integrative Science Home Page. Cape Breton University. http://www.integrativescience.ca/

 Le domaine d’apprentissage spirituel 

 LaFever (2016) introduit une approche transformatrice et holistique de l’apprentissage ancrée dans la Roue Médicinale. La Roue Médicinale est un symbole puissant utilisé par de nombreux (mais pas tous) peuples autochtones d’Amérique du Nord pour représenter l’interconnexion de toutes choses. En appliquant ce cadre à l’apprentissage, LaFever offre un changement de paradigme profond qui va au-delà des modèles traditionnels d’éducation occidentale.

La spiritualité influence grandement les connaissances et perceptions autochtones comme en témoignent leurs langues, où les concepts de relation, de cœur et d’esprit sont profondément ancrés. Cette perspective spirituelle favorise une approche holistique de l’éducation et de la compréhension, où tous les aspects de la vie sont interconnectés et sacrés. Le cadre d’un domaine d’apprentissage spirituel de LaFever contredit les opinions occidentales/eurocentriques qui considèrent l’apprentissage dans des matières isolées et, surtout, séparées de la spiritualité. «Les expériences sont toutes interconnectées » (LaFever, 2016).

L’utilisation de LaFever (2016) peut aider à transformer les résultats d’apprentissage des cours, ce qui crée un moyen tangible d’intégrer les modes de connaissance autochtones. S’appuyant sur les domaines d’apprentissage présentés par Bloom  en 1956, à savoir les domaines physique, intellectuel et émotionnel, LaFever y ajoute le domaine spirituel :

Le cadre à quatre domaines de LaFever (2016)
Le domaine de l’apprentissage spirituel repose sur les éléments suivants:
  1. «Honorer : être conscient ou attentif d’un apprentissage qui ne se base pas sur des choses matérielles ou physiques, et qui transcende les intérêts étroits de soi-même ;
  2. Valoriser : construire des relations qui honorent l’importance, la valeur ou l’utilité de qualités liées au bien-être de l’esprit humain ;
  3. Connecter : établir/développer un sentiment d’appartenance (identité de groupe/cohésion) en classe, au sein de la communauté, de la culture, etc. ;
  4. Responsabiliser : fournir un soutien et se sentir soutenu par un environnement qui encourage la force et la confiance, surtout en contrôlant sa vie et en revendiquant ses droits ;
  5. S’Auto-Actualiser : capacité, en tant qu’entité unique dans le groupe, à devenir ce qu’on est destiné à être» (LaFever, 2016).
Lire l’article complet de LaFever : https://www.lincdireproject.org/wp-content/uploads/ResearcherShareFolder/Readings/Switching%20from%20Bloom%20to%20the%20Medicine%20Wheel.pdf

Références

Bloom, B. (1956). Taxonomy of Educational Objectives Handbook I: Cognitive Domain. New York: David McKay.
LaFever, M. (2016). Switching from Bloom to the Medicine Wheel: creating learning outcomes that support Indigenous ways of knowing in post-secondary education. Intercultural Education. 27:5, 409-424, DOI: 10.1080/14675986.2016.1240496

Pensée Écologique

La pensée écologique remet en question l’approche dominante (occidentale ou eurocentrique) de la pensée « linéaire » et centrée sur l’humain. Dans la pensée écologique, il est nécessaire d’abandonner l’approche « linéaire » qui considère les événements se produisant de manière séquentielle, met l’accent sur la cause à effet, et suppose que les problèmes ont une solution claire.
La pensée écologique est une approche systémique où des interrelations complexes, impossibles à isoler, existent. Molderez (2020) paraphrase Benyus (1997) dans Biomimicry : Innovation Inspired by Nature, qui considère « la nature comme un modèle, une mesure et un mentor, au lieu de considérer que la nature n’a de valeur que parce qu’elle est une source de matières premières ». Du Plessis et Brandon (2015) identifient « trois thèmes principaux de la vision écologique du monde : la globalité, la relation et le changement ».
La pensée écologique utilise la nouvelle philosophie matérialiste qui souligne que toutes les choses, humaines, non humaines, animées et inanimées, ont une agence, une autonomie et un pouvoir (Toohey, 2018). Toutes les choses jouent un rôle dans la définition des autres et de l’environnement, développant ainsi des interrelations complexes et un enchevêtrement les unes avec les autres (Toohey, 2018 ; Charterisa, Smardona, & Nelson, 2017). «Le nouveau matérialisme considère que les personnes, les discours, les pratiques et les choses sont continuellement en relation, en construction et en évolution, devenant différents de ce qu’ils étaient auparavant » (Toohey, 2018).
Barad (2007) a expliqué que cette contradiction apparente n’est pas seulement due à notre instrumentation ; elle a plutôt fait valoir que la lumière ne devient pas « une chose » tant qu’elle n’est pas mesurée, et que l’instrument de mesure (ainsi que le mesureur) est enchevêtré avec le phénomène » (Toohey, 2018).
 »Il est évident que l’on ne peut pas isoler les choses les unes des autres car leur existence même peut être fondamentalement définie par le contexte et peut devenir quelque chose de différent dans un nouveau contexte. Ainsi, une perspective holistique est nécessaire et il est important de réfléchir aux conclusions qui pourraient être incorrectement extrapolées d’un contexte à un autre ».
Beer, T. (2014). La pensée écologique. Ecoscénographie. https://ecoscenography.com/ecological-thinking/
La pensée écologique nécessite un élargissement de l’identité dans la manière dont nous nous voyons en relation avec le monde qui nous entoure. Hes et Du Plessis expliquent que « à mesure que l’identité de chacun s’élargit, son point de vue sur le monde s’élargit également. Avec ces perceptions modifiées viennent également un changement de valeurs, de comportements et de points de levier possibles » (2014). Sean Esbjörn-Hargens (2010) décrit ce « l’élargissement de l’identité s’accompagne d’un élargissement de la vision du monde. Ces nouvelles perceptions s’accompagnent également d’un changement de valeurs, de comportements et de points d’appui possibles » (2014). Sean Esbjörn-Hargens (2010) décrit cet « élargissement de l’identité » comme une transition de « moi » (égocentrique) à « mon groupe » (ethnocentrique) à « mon pays » (sociocentrique) à « nous tous » (mondialocentrique) à « tous les êtres » (planétocentrique) pour finalement « toute la réalité» (kosmocentrique). Dans la pratique artistique, cela pourrait être interprété comme un élargissement de l’identité du « moi » en tant qu’artiste pour envisager comment je pourrais créer des œuvres qui s’engagent activement avec les communautés ainsi que le «monde vivant».
Quelques pratiques directrices :
  • Humilité : Regardez au-delà de soi. Soyez humble et reconnaissez profondément que les humains ne peuvent pas tout savoir. Acceptez les limites de votre compréhension ainsi que celles de votre groupe, de votre communauté, de votre société et des connaissances de l’humanité. Accueillez d’autres modes de connaissance.
  • Considérez toutes les choses (animées et inanimées) comme pertinentes, puissantes et ayant une autonomie.
  • Évitez les dichotomies : Dessiner des lignes et diviser les choses peut simplifier à l’excès et entraver une compréhension complexe. Souvent, les dichotomies sont l’étiquetage de caractéristiques spécifiques qui peuvent passer à côté de l’ensemble de la situation.
  • Ne pas identifier de cause à effet : évitez les formulations déterministes car un système est toujours en évolution et il est très, très difficile de déterminer une cause à effet. Étiqueter quelque chose de manière concluante met souvent fin à l’exploration du sujet.
Pour en savoir plus :
● Watson, J. (2020). How to build a resilient future using ancient wisdom. TED. https://www.youtube.com/watch?v=_DOOJx7AZfM&ab_channel=TED
● June, L. (2022). 3000-year-old solutions to modern problems. TEDxKC. https://www.youtube.com/watch?v=eH5zJxQETl4
● Humboldt PBLC. (2019). Traditional Ecological Knowledge & Place-based Learning Communities. https://www.youtube.com/watch?v=liKV74avPso&ab_channel=HumboldtPBLC

Références

Beer, T. (2014). Ecological Thinking. Ecoscenography. https://ecoscenography.com/ecological-thinking/
Benyus, J.M. (1997), Biomimicry. Innovation Inspired by Nature, Harper Collins, Glasgow.

Du Plessis, C. & Brandon, P. (2015). An ecological worldview as basis for a regenerative sustainability paradigm for the built environment. Journal of Cleaner Production. 109. P. 53-61. ISSN 0959-6526. https://doi.org/10.1016/j.jclepro.2014.09.098. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959652614010385

Jennifer Charterisa, Dianne Smardona and Emily Nelson (2017) Innovative learning environments and new materialism: A conjunctural analysis of pedagogic spaces. Educational Philosophy and Theory, 49, No. 8, pp. 808–821 https://doi.org/10.1080/00131857.2017.1298035

Molderez, I. (2020). How transformative learning nurtures ecological thinking. Evidence from the Students Swap Stuff project. International Journal of Sustainability in Higher Education. 22 (3). pp. 635-658. Emerald Publishing Limited. DOI 10.1108/IJSHE-05-2020-0174

Toohey, Kelleen (2018) « New materialism and language learning », chapitre 2 dans Learning English at School (2nd edition) Multilingual Matters: Bristol

Pédagogie Holistique

Si nous observons certaines pédagogies importantes et influentes, il y a une évolution de l’élargissement de la sphère d’influence. Le comportementalisme se concentre sur le changement des comportements externes des élèves par le renforcement et la punition des enseignants. Avec le constructivisme, les apprenants développent leur propre compréhension avec les enseignants comme guides. Le comportementalisme détient le pouvoir d’enseigner avec l’enseignant, tandis que le constructivisme cède une partie du pouvoir aux apprenants. La pédagogie ouverte implique davantage les étudiants en pratiquant l’ouverture « dans tous les aspects de la pratique pédagogique; y compris la conception des objectifs d’apprentissage, la sélection des ressources pédagogiques, et la planification des activités et de l’évaluation», (Paskevicius, 2016). La pédagogie holistique se préoccupe d’enseigner l’étudiant dans son ensemble, en incluant des valeurs spirituelles et humanistes (Rudge, 2016). L’expérience éducative de la pédagogie holistique peut être orientée par l’apprenant, la culture, la communauté et le lieu. À titre de référence, les écoles Waldorf et Montessori pratiquent l’éducation holistique (Rudge, 2016).

Note : Les dates mentionnées ci-dessus ne sont qu’un guide pour comprendre les personnes, les lieux et les sociétés où ces idées ont gagné en popularité dans le monde occidental. Il est très difficile de déterminer l’origine de telles idées car elles ont été prévalentes sous une forme ou une autre depuis des centaines d’années.

Il n’existe pas de « meilleure » pédagogie. Chaque pédagogie a des forces et des faiblesses et convient à des activités et à des résultats d’apprentissage différents. Les éducateurs sont constamment confrontés à la difficile tâche de sélectionner et d’intégrer une pédagogie bénéfique dans leurs activités d’apprentissage. L’intention de présenter la pédagogie holistique est de permettre aux éducateurs de se familiariser avec et d’adopter des aspects de la pédagogie holistique pour le bon contexte personnel.

Vue d’ensemble

Les relations sont au premier plan de la pédagogie holistique. « L’éducation holistique est principalement préoccupée par le développement global (physique, intellectuel, émotionnel et spirituel) de l’individu » en mettant l’accent sur l’unité et/ou l’interdépendance (Rudge, 2008). «L’éducation holistique intègre les idées idéalistes de l’éducation humaniste avec des idées spirituelles et philosophiques ; elle incorpore des principes de spiritualité, d’unité et d’interdépendance ainsi que ceux de liberté, d’autonomie et de démocratie.» – Rudge, 2008
Rudge (2016), à travers une méta-analyse, souligne huit principes divisés en deux catégories :
Spirituelle / Holistique Humaniste
●Spiritualité
● Respect de la vie/de la nature
● Interconnexion
● Intégralité humaine
● Unicité individuelle

● Relations bienveillantes

● Liberté/autonomie

● Démocratie

Inconvénients de la pédagogie holistique :

Mettre en œuvre l’éducation holistique est long et coûteux. Il faut beaucoup de temps et d’efforts pour comprendre vraiment le contexte dans lequel les apprenants évoluent. La collaboration avec d’autres est un aspect crucial de la mise en œuvre de l’éducation holistique, ce qui peut également prendre du temps. Une collaboration efficace implique de travailler avec une variété d’individus, dont des éducateurs, des administrateurs, des parents et des membres de la communauté, pour créer une vision commune de l’éducation. L’accent mis sur l’apprenant peut parfois entraîner un désintérêt pour la réussite académique, ce qui peut rendre difficile son intégration aux programmes scolaires traditionnels. La focalisation sur le bien-être et la croissance personnelle de l’apprenant peut parfois être en opposition avec les matières et objectifs académiques standards. Trouver le bon équilibre entre ces deux approches peut être difficile, mais indispensable pour que l’éducation holistique soit réussie. Une autre difficulté de l’éducation holistique est l’intégration des composantes spirituelles et humanistes. Ces composantes spirituelles et humanistes nécessitent une manière de penser différente et peuvent ne pas s’insérer dans le cadre académique traditionnel. Cependant, intégrer ces composantes est crucial pour créer une éducation qui réponde aux besoins des apprenants de manière holistique. L’éducation holistique est une approche complète qui peut mener à une éducation équilibrée pour les apprenants, mais qui nécessite beaucoup de temps, d’efforts et de ressources pour être mise en œuvre.
En savoir plus :
● Canadian Council of Learning. (2007). First Nations Holistic Lifelong Learning Model https://firstnationspedagogy.com/CCL_Learning_Model_FN.pdf
● Nehinuw (Cree) Pedagogy
https://trc57speakerseries.ca/speakers/linda-goulet-keith-goulet/
● Redvers, T. (2017). Creating environments for Indigenous youth to live & succeed. TEDxKitchenerED https://www.youtube.com/watch?v=zwLR23fHBQU&ab_channel=TEDxTalks
Activité : 
Réfléchissez individuellement dans un journal et/ou participez à une discussion de groupe sur les questions suivantes :
● Pouvez-vous partager des exemples où vous avez observé ou personnellement vécu une amélioration significative du parcours académique des étudiants grâce à des mesures de soutien ? Quelles stratégies de soutien spécifiques ont été mises en place, et comment ont-elles contribué à l’amélioration de l’expérience d’apprentissage, de l’engagement ou des résultats académiques des étudiants ?
● Quels défis anticipez-vous lorsque vous introduisez la pédagogie holistique dans la culture académique de votre institution, et quelles stratégies pourraient efficacement surmonter ces obstacles ?

 

Références :

Rudge, L. (2008). Education Holistique : Analyse de son application pédagogique. [Thèse de doctorat, Université de l’Ohio].

Rudge, L. (2016). Pédagogie Holistique dans les Écoles Publiques : Une Étude de Cas de Trois Écoles Alternatives. Other Education: The Journal of Educational Alternatives ISSN 2049-2162 5 (2). pp. 169-195

Paskevicius, M. (2016). Conceptualisation des Pratiques Éducatives Ouvertes à travers le prisme de l’Alignement Constructif. Actes Sélectionnés de la Conférence Mondiale de l’Éducation Ouverte 2017. Open Praxis. 9 (2). pp. 125–140. https://doi.org/10.5944/openpraxis.9.2.519

Personnes bispirituelles 

La personne bispirituelle trouve son origine dans les traditions autochtones anciennes, étant même représentée dans certains des artefacts les plus anciens connus (Laframboise & Anhorn, 2008). Ces croyances racontent une histoire d’une compréhension que le genre est non binaire, embrassant des rôles de genre croisés. Dans le langage courant, les personnes bispirituelles peuvent également s’identifier à des termes tels que fluide de genre, queer de genre, ou transgenres, mais ce terme peut même être utilisé de manière plus large pour englober l’ensemble de la communauté LBGTQ2S+ dans un contexte autochtone.

« Le démantèlement systématique des religions autochtones, de l’éducation et des structures sociales a conduit à une homophobie, une transphobie et un sexisme internalisés et externalisés que les personnes bispirituelles contemporaines doivent affronter en plus de la xénophobie, du racisme et du classisme des grandes sociétés américaines. » (Pizzi, 2013). La sensibilité culturelle et la sécurité culturelle sont essentielles pour offrir à cette communauté un espace pour surmonter ces nombreux obstacles. Il faudra un effort communautaire collectif pour soutenir ce groupe vers l’autonomisation.

Pour en savoir plus:
  • ● Prudan, H. (2013). Two-Spirit Resource Directory. National Confederacy of Two-Spirit Organizations and NorthEast Two-Spirit Society. https://idlenomore.ca/native-youth-sexual-health-network/
    ● Laframboise, S., & Anhorn, M. (2008). The Way Of The Two Spirited People: Native American concepts of gender and sexual orientation. Dancing to Ragle Spirit Society. http://www.dancingtoeaglespiritsociety.org/twospirit.php
    ● Makokis, J., & Walters, K. (2021). Two Spirit and Indigiqueer cultural safety: Considerations for relational practice and policy. Indigenous Cultural Safety Collaborative Learning Series. https://www.icscollaborative.com/webinars/two-spirit-and-indigiqueer-cultural-safety-considerations-for-relational-practice-and-policy
    ● Driskill, Q. (2022). Cherokee Queer and Two-Spirit Memory – Stories of Asegi. Learning with Syeyutses. Nanaimo Ladysmith Public School & UBC Press. https://trc57speakerseries.ca/speakers/qwo-li-driskill/

Références:

Pizzi, D. (2013). Model of Change: Two Spirit Population. SW6010: Race, Gender, and Inequality in Social Work. http://www.dancingtoeaglespiritsociety.org/essays/model_for_change.pdf
Laframboise, S., & Anhorn, M. (2008). The Way Of The Two Spirited People: Native American concepts of gender and sexual orientation. Dancing to Ragle Spirit Society. http://www.dancingtoeaglespiritsociety.org/twospirit.php

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