Introduction de CICan
De brèves remarques sur les raisons pour lesquelles nous abordons le changement climatique avec une double perspective dans les métiers du bâtiment
Dans notre monde actuel, nous sommes confrontés, parmi beaucoup d’autres, à deux vérités indéniables :
- Il est urgent pour nous d’agir pour le climat
- Il est urgent pour nous d’agir par rapport à la vérité et à la réconciliation.
Quoique ces deux questions soient extrêmement importantes et vitales chacune de leur côté, nous ne pouvons pas ignorer le fait qu’il existe de nombreuses possibilités de chevauchement lorsque nous commençons à intégrer les deux questions dans les métiers de la construction. En effet :
Les mécanismes institutionnels qui ont conduit à la colonisation et au génocide de nos communautés autochtones et de leurs membres sont les mêmes que ceux qui ont conduit à la dévaluation et à la dégradation de notre environnement et à la destruction de notre stabilité climatique.
Ces modules de développement professionnel destinés aux formateurs en construction visent à être un point de départ pour rendre les métiers du bâtiment plus respectueux de l’environnement grâce à Etuaptmumuk, en langue Mi’kmaq, Two-Eyed Seeing en anglais ou vision à double perspective en français. Albert Marshall, un aîné Mi’kmaq respecté qui a introduit ce concept, déclare: «La double perspective consiste à apprendre à voir d’un œil avec les forces des modes de connaissance autochtones et de l’autre œil avec les forces des modes de connaissance occidentaux, et à utiliser ces deux yeux ensemble » (Bartlett, Marshall, & Marshall, 2012, p. 335).Grâce à ces modules développés, qui intègrent la double perspective ou Etuaptmumuk, nous invitons nos membres à prendre des mesures en faveur de la vérité et de la réconciliation, ainsi qu’envers la carboneutralité, et ce, de plusieurs manières. La vérité et la réconciliation au Canada consistent à dire la vérité sur la manière dont les colonisateurs ont traité et continuent de traiter les populations autochtones, et à s’engager à se réconcilier en accordant des réparations et en allant de l’avant dans le respect, ce qui implique de faire de la place aux populations autochtones, à leurs voix, à leurs personnes, à leurs choix, à leurs cultures, à leurs coutumes, à leurs perspectives, connaissances et à leurs approches.
L’objectif de la carboneutralité, quant à lui, consiste à faire fonctionner une société, une économie en n’émettant aucune émission de gaz à effet de serre ou en compensant ces émissions.
Alors, avec ces modules, nous visons à commencer l’intégration à la fois de la carboneutralité et de la vérité et réconciliation dans les métiers de la construction et la façon dont ils sont enseignés, et à justifier la logique de faire les deux en même temps :
- Dans le contexte de vérité et de réconciliation, nous sommes appelés à créer des occasions pour les peuples autochtones d’être éduqués de la manière qu’ils choisissent. Nous devons nous assurer que nos établissements sont inclusifs. Si nous voulons écologiser les métiers, nous devons également faire de la place aux approches autochtones en matière d’écologisation des métiers. Les approches autochtones de l’apprentissage se sont avéré bénéfique pour tous les apprenants, qu’ils soient autochtones ou non (Rebecca Thomas,2016).
- Nous sommes appelés à accueillir les communautés, les approches et les modes de pensée autochtones, par le fait même que nous soutenons les communautés, les approches et les modes de pensée qui sont responsables de la protection de plus de 80 % de la biodiversité mondiale. Ceci est important parce que la biodiversité est l’un de nos meilleurs outils pour atténuer le changement climatique.
- Nous sommes appelés à faire de la place pour les voix et les approches autochtones, qui favorisent la réciprocité et la valorisation des relations et qui sont intrinsèquement alignées sur la carboneutralité – un objectif que le monde s’est engagé à atteindre. Comme le dit Darrion Letendre, éducateur inspiré de la terre au NorQuest College (l’appris de son kokum Shirley Letendre),) : « Quand vous prenez quelque chose, vous devez donner quelque chose en retour. Alors, quand nous retirons le carbone du sol, que pouvons-nous faire pour donner quelque chose en retour? ».
- Nous sommes appelés à protéger et à soutenir la santé et la durabilité des terres autochtones, en tant que lien direct au soutien et à la protection de la culture et des traditions autochtones. Les impacts climatiques créent toutefois des difficultés et modifient les relations que les gens entretiennent avec la terre. Donc, la lutte contre le changement climatique passe donc par une meilleure protection des terres et des traditions autochtones.
- Nous sommes appelés à respecter et à prendre en considération les connaissances, la science et les histoires autochtones fondées qui ont été transmises de génération en génération. Nous les considérons comme égales aux approches occidentales et non autochtones. Ce qui signifie que nous intégrons TOUTES les informations que nous voyons beaucoup plus largement que si nous n’utilisions qu’un seul œil, que nous avons une vue d’ensemble également connue sous le nom de double perspective.
- En fin de compte, alors que nous ouvrons à une nouvelle façon de voir les choses et que nous faisons de la place aux points de vue autochtones et à la priorité accordée à un avenir écologiquement sûr, nous ouvrons la porte au changement. Nous avons la possibilité de mieux construire et de créer l’avenir que nous souhaitons tous pour nous-mêmes et nos enfants.
Sources citées:
Bartlett, C., Marshall, M., Marshall, A. (2012). Two-eyed seeing and other lessons learned within a co-learning journey of bringing together indigenous and mainstream knowledges and ways of knowing. Journal of Environmental Studies and Sciences, 2, 331–340.
TEDx Talks. (2016, June 13). EtuaptMumk: Two-Eyed Seeing | Rebecca Thomas | TEDxNSCCWaterfront [Video]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=bA9EwcFbVfg
Version originale:
Darrion Letendre, “When you take something, you give something back. So when we take carbon out of the ground, what can we do to give something back?”