88 Chapitre 7 : Le prophète Nahum

Le prophète Nahum

7.1 – La personne du prophète

Nahum, le septième des petits prophètes, était d’Elkos, en Galilée. C’est tout ce que nous savons sur sa personne. Son nom veut dire Consolation. On peut supposer, d’après certaines allusions que son livre renferme, qu’il vécut en Judée et prophétisa à Jérusalem dans les dernières années d’Ézéchias. L’invasion de l’Assyrien Sankhérib aurait été l’occasion de sa prophétie, qui a pour objet le terrible jugement de Ninive, ou plutôt de l’empire des Assyriens dont elle était la capitale.

 

7.2 – Ninive, ville ennemie d’Israël. Ses fautes

Nous voyons, dans l’Ancien Testament, trois grands ennemis du peuple de Dieu : l’Égypte, Babylone et Ninive ; mais chacun nous est présenté avec un caractère particulier. L’Égypte représente le monde dans son état naturel, avec son prince Pharaon, figure de Satan ; le monde dont Dieu a délivré et fait sortir son peuple. Babylone est l’image de la corruption morale et religieuse, agissant avec puissance, et sous l’esclavage de laquelle est tombé le peuple de Dieu. Ninive, c’est la gloire orgueilleuse du monde, toute préoccupée d’elle-même et de son importance. Elle sera jugée comme tout le reste et disparaîtra pour toujours sous le jugement du Tout-Puissant.

Si vous vous reportez à l’article sur le prophète Jonas, vous y verrez que nous avons déjà dit quelques mots sur l’origine, la grandeur, la richesse et la corruption de la grande ville de Ninive.

Nous vous parlions là du prophète Jonas qui, plus d’un siècle avant Nahum, avait reçu de Dieu l’ordre d’aller à Ninive déclarer la ruine de cette orgueilleuse cité. À l’ouïe des redoutables paroles de ce prophète les Ninivites se repentirent, publièrent le jeûne, s’humilièrent, en sorte que Dieu, toujours plein de miséricorde et de long support, Dieu qui avait eu égard à l’humiliation momentanée de l’impie Achab (1 Rois 21 v. 27-29), Dieu se repentit du mal qu’il avait dit qu’il ferait aux Ninivites, et ne le fit point (Jonas 3 v. 10). Mais hélas, il paraît que cette repentance des habitants de Ninive ne fut pas de longue durée ou, du moins, que les générations qui suivirent celles qui avaient entendu Jonas retournèrent à leur méchant train.

Il est bien évident, d’après la prophétie de Nahum, qu’au temps de ce prophète Ninive était encore dans toute sa grandeur et sa prospérité. Son commerce était immense : « Tu as augmenté le nombre de tes marchands plus que les étoiles des cieux » (Nahum 3 v. 16). Elle était comme un réservoir où les eaux arrivent de toutes parts. Pourquoi donc devait-elle tomber ? Pourquoi l’Éternel veut-il la détruire ?

D’abord, parce qu’elle avait pensé et préparé du mal contre Dieu et contre le peuple de Dieu. On ne rabaisse pas impunément le Dieu vivant au niveau de prétendus dieux que l’homme invente, comme l’avait fait Rab-shaké au nom de son maître (Ésaïe 36 et 37). On ne porte pas impunément la main sur ceux que le Seigneur aime et reconnaît pour siens, or l’Assyrien avait formé le dessein de détruire Juda et le culte du vrai Dieu. Il avait emmené Israël en captivité. Aussi doit-il tomber comme on le voit (1:9-14).

Ensuite, c’est à cause de ses rapines ou, ce qui est la même chose, de ses conquêtes, que Ninive doit être détruite (2:11-13 à 3:1). L’Assyrien croyait rendre un vrai service aux peuples en les annexant à son empire (2 Rois 18:31, 32) ; mais Dieu en jugeait autrement, et il compare les conquérants aux bêtes féroces qui emportent leurs proies dans leurs tanières (2:12).

C’est encore à cause de la corruption des mœurs : Ninive est « une prostituée » ; l’opulence, en effet, énerve les hommes et, dans le temps du danger, les guerriers ne sont plus que « des femmes » (3:4, 13).

Enfin — et en ceci elle ressemble à Babylone — c’est à cause des séductions que cette ville riche, commerçante et corrompue exerçait sur les nations qui l’entouraient.

 

7.3 – Le jugement annoncé

Telle était la ville puissante et coupable dont Nahum annonçait la ruine qui devait avoir lieu 70 ans plus tard. L’Assyrien, destructeur des dix tribus, était la terreur de Juda. Dieu avait bien forcé Sankhérib à se retirer, mais l’empire ennemi n’était point renversé, et il pouvait, d’un instant à l’autre, envoyer de nouvelles armées contre Jérusalem. Alors le prophète venu de cette Galilée désolée par les Assyriens, élève la voix et annonce que Ninive tombera, et que la ruine qui l’attend sera complète et définitive ; « Il détruira entièrement ; la détresse ne se lèvera pas deux fois » (1:9). L’Assyrie ne s’est jamais relevée et, déjà au second siècle de notre ère, il ne restait plus de vestiges de Ninive.

Il y eut deux ruines de Ninive : dans l’une, après un siège inutile de trois ans par les Mèdes, le fleuve (le Tigre) grossi par des pluies continuelles, inonda la ville, renversa une partie des murailles et ouvrit un chemin à l’ennemi qui s’empara de la ville et la détruisit. Plus tard, elle se releva et recouvra un moment son ancien éclat ; mais elle fut prise une seconde fois par Cyaxare, roi des Mèdes, et Nabopolassar, roi de Babylone. Alors, entièrement pillée et consumée, elle tomba pour ne plus se relever. Le livre de Nahum contient les prophéties très claires relatives à ces deux destructions de Ninive. En voici quelques-unes : « Par une inondation débordante, il détruira entièrement son lieu, et les ténèbres poursuivront ses ennemis… Les portes des fleuves sont ouvertes, et le palais s’effondre (1:8 ; 2:6). « Quand même ils sont comme des ronces entrelacées, et comme ivres de leur vin, ils seront dévorés comme du chaume sec, entièrement… Là, le feu te dévorera, l’épée te détruira ; elle te dévorera comme l’yélek. Multiplie-toi comme l’yélek, multiplie-toi comme la sauterelle » (1:10 ; 3:15). « Pillez l’argent, pillez l’or ! Il n’y a pas de fin au splendide arroi de toute sorte d’objets d’agrément… [Elle est] vidée, et dépouillée, et dévastée ! Et le cœur se fond, et les genoux sont tremblants, et une poignante douleur est dans tous les reins, et tous les visages pâlissent (2:9 et 10).

Voici encore comment l’entière destruction et la désolation perpétuelle de Ninive sont décrites dans notre prophète : « Il (l’Éternel) détruira entièrement son lieu, et les ténèbres poursuivront ses ennemis. Qu’imaginez-vous contre l’Éternel ? Il détruira entièrement ; la détresse ne se lèvera pas deux fois…Où est le repaire des lions, et le lieu où se repaissaient les lionceaux, où se promenaient le lion, la lionne, [et] le petit du lion ? (1:8, 9 ; 2:11). Hélas ! Pendant plus de vingt-cinq siècles, ces prédictions ont été si bien accomplies que nul ne savait où chercher l’emplacement même d’une des plus grandes capitales du monde, de le riche métropole de l’Assyrie qui contenait dans ses murs plus de deux millions d’habitants. Ce n’est que depuis peu que des fouilles, habilement dirigées par des savants français et anglais, ont mis au jour six palais souterrains de l’ancienne Ninive, et divers objets retraçant, en partie, le culte, les mœurs, l’industrie et l’histoire des Assyriens. Plusieurs de ces objets ont été transportés et se voient maintenant au British Muséum à Londres et au Louvre à Paris. On a aussi découvert plusieurs inscriptions en caractères bizarres en forme de clous ou de coins ; après beaucoup de tâtonnements et d’efforts, quelques savants sont parvenus à pouvoir les lire, et elles ont servi à confirmer la vérité et l’exactitude de plusieurs faits rapportés par la Bible. Nous en citerons deux exemples.

Dans notre seconde étude sur le roi Ézéchias, nous avons vu que le roi assyrien Sankhérib qui avait envahi le pays de Juda avec une armée formidable, lui imposa un tribut de trente talents d’or et 300 talents d’argent, et qu’Ézéchias consentit à lui payer cette somme considérable, même en disposant des trésors du temple. Puis nous avons rappelé la harangue arrogante et blasphématoire de l’envoyé de Sankhérib sous les remparts de Jérusalem. Or, on a découvert, profondément enterré, le superbe palais couvert, comme les autres, de nombreuses inscriptions relatives à son règne. L’une d’elles confirme pleinement le récit de la Bible et indique exactement le nombre de talents d’or et d’argent (1 Rois 18:14).

Dans une autre salle du même palais, on voit sur une dalle un bas relief représentant le siège de Lakis. Sankhérib est assis sur son trône devant les murs de la ville ; des femmes et des enfants demandent miséricorde, et des soldats font subir aux Juifs d’atroces cruautés. Au dessus du trône du roi on lit ces mots : « Sankhérib, roi des Légions, roi du pays d’Assur, assis sur le trône du jugement devant la ville de Lakis. — J’ai donné permission de les massacrer ». Voilà comment, outre la meilleure preuve de la vérité et de la divinité des Écritures, qui consiste dans les effets moraux qu’elles produisent sur la conscience, sur les cœurs de tous ceux qui la lisent avec simplicité et avec prière, Dieu trouve bon de faire, en quelque sorte, sortir de terre des confirmations matérielles de leur perfection.

 

7.4 – Deux passages encourageants

Rappelons en terminant deux passages du prophète Nahum que nous demandons à Dieu de bénir pour vos âmes. Au milieu de dénonciations de menaces et de jugement contre la ville sanguinaire, on rencontre avec joie, comme dans tous les autres prophètes, des paroles propres à encourager et à réjouir ceux qui ont le bonheur de les croire. Au verset 15 du chapitre 1 nous lisons : « Voici sur les montagnes les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, de celui qui annonce la paix ! ». Dans son sens premier et littéral, cela pouvait se rapporter à ceux qui apporteraient à Juda la nouvelle de la destruction de la cruelle Ninive, de cette féroce ennemie du peuple de Dieu. Mais ces paroles ont pour nous un sens spirituel et bien important. Vous en retrouverez de toutes semblables dans Ésaïe 52 verset 7 : « Combien sont beaux sur les montagnes les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui annonce la paix, qui apporte des nouvelles de bonheur, qui annonce le salut, qui dit à Sion : Ton Dieu règne ! ». L’apôtre Paul les rappelle dans Romains 10:15, et en même temps il les applique à leur vraie portée pour nous. Ce sont les messagers envoyés de Dieu, les évangélistes donnés par le Seigneur qui maintenant annoncent de bonnes nouvelles et publient la paix, la bonne nouvelle du salut par Christ et la paix de Dieu donnée par grâce à toute âme qui reçoit avec foi l’évangile ou la bonne nouvelle. Cette bonne nouvelle vous est annoncée depuis longtemps. L’avez-vous reçue, la croyez-vous ? Avez-vous la paix qu’elle procure ?

Enfin, nous lisons : « L’Éternel est bon, un lieu fort au jour de la détresse, et il connaît ceux qui se confient en lui » (1:7). Avez-vous goûté combien le Seigneur est bon (1 Pierre 2:3) ? L’aimez-vous, en sorte que cette déclaration puisse, en toute vérité, s’appliquer à vous : « Si quelqu’un aime Dieu, celui-là est connu de lui » (1 Cor. 8:3) ? Peut-on dire de vous ce que l’apôtre disait des Galates : « Maintenant, ayant connu Dieu, mais plutôt ayant été connus de Dieu » (4:9) ? Quel bonheur d’être connu de Dieu, d’être, par conséquent, du nombre de ses bien-aimés enfants, du nombre de ceux dont il est dit : « Le Seigneur connaît ceux qui sont siens » (2 Tim. 2:19) ! Pour cela, il faut croire et vous confier en Lui ; car, dit Nahum, « Il connaît ceux qui se confient en Lui » (1:7).

 

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PERSONNAGES DE LA BIBLE© par campionpierre. Tous droits réservés.

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