165 Chapitre 12 : BERENICE
Bérénice (princesse de Judée)
Princesse | |
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Reine |
Naissance | |
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Décès |
Après 79
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Nom dans la langue maternelle |
Βερενίκη
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Cypros (en)
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Fratrie | |
Conjoints |
Marcus Julius Alexander (de 41 à 43)
Hérode de Chalcis (de 44 à 48) Marcus Antonius Polemo II (de 48 à 49) |
Enfants | |
Gens |
Bérénice, aussi connue comme Julia Berenice, née vers 28, est une fille du roi Agrippa Ier. Elle descend des dynasties hérodienne et hasmonéenne de Judée. Elle est mariée très jeune à Marcus Alexander, neveu du philosophe Philon d’Alexandrie et frère de Tibère Alexandre, qui sera procurateur de Judée de 46 à 48.
Après cette première union, Bérénice séjourne quelque temps à Alexandrie jusqu’à la mort de son époux Marcus. Elle est remariée encore jeune fille à son oncle Hérode, le roi de Chalcis (l’Iturée au sud-est de la Syrie romaine), dont elle a deux fils. Elle est à nouveau veuve vers 48 et se marie une troisième fois, avec Marcus Antonius Polemo II, roi client de Cilicie (sud de la Cappadoce), qu’elle quitte pour revenir à Jérusalem auprès d’Agrippa (II), son frère. À ses côtés, elle remplit les fonctions de reine, un statut qui lui est reconnu, alors qu’aucune épouse d’Agrippa n’est mentionnée dans les sources antiques.
Elle devient la maîtresse de Titus, le fils de l’empereur Vespasien, pendant qu’il commande certaines légions qui tentent d’éradiquer toute résistance en Galilée (67-68). Leur liaison se poursuit pendant que Titus écrase la révolte juive de 66 – 70. Titus rentre à Rome pour assister à son triomphe (fin 70 -début 71) et seconder son père. Bérénice le rejoint vers 75. En raison de rumeurs négatives concernant cette liaison, il la renvoie chez son frère en Galilée lorsqu’il devient empereur en 79.
Son histoire a inspiré la célèbre tragédie de Racine, la « comédie héroïque » de Corneille, ainsi que La Reine de Césarée, de Robert Brasillach.
Biographie
Bérénice descend des dynasties hérodienne et hasmonéenne, par son père Hérode Agrippa Ier et par sa mère Cypros1,2. Celle-ci est une fille que Phasaël frère d’Hérode le Grand a eue avec Salampsio, une des filles d’Hérode le Grand et Mariamne l’Hasmonéenne3.
Elle naît vraisemblablement à Rome vers 284. Son père Agrippa est un petit-fils d’Hérode le Grand et de Mariamne l’Hasmonéenne (exécutée sur ordre de son mari en 29 av. J.-C.)1,5. Bérénice a un frère aîné Hérode Agrippa II (né en 27) et deux sœurs plus jeunes, Mariamne (née en 34) et Drusilla (née en 38)6. Un de ses frères, Drusus, est mort alors qu’il n’était qu’un enfant7.
Union avec le fils de l’Alabarque Alexandre
Le 24 janvier 418, Caligula est assassiné par une conspiration de grande ampleur9. Si l’on en croit Flavius Josèphe et l’historien romain Dion Cassius9, Agrippa Ier, le père de Bérénice, joue un rôle non négligeable dans le choix du nouvel empereur10. C’est lui qui mène une escouade de la garde prétorienne au palais à la recherche de Claude qui s’y est dissimulé par peur d’être assassiné10. C’est aussi à son instigation que les prétoriens proclament Claude empereur car sans souverain, la garde perd sa raison d’être11. Il se rend ensuite au Capitole où les sénateurs sont réunis en conclave11 et joue les intermédiaires entre ceux-ci et Claude10. Il inspire à Claude une réponse à ces derniers, « conforme à la dignité de sa puissance12 » et il les persuade d’abandonner avec sagesse leur idée de république, faisant valoir qu’un nouvel empereur est acclamé par les prétoriens — dont il signale qu’ils encerclent la réunion — et que ceux-ci n’attendent rien d’autre que leur soutien enthousiaste11.
Cet épisode fait du nouvel Empereur un obligé de son ami d’enfance9 et ce dévouement lui vaut une récompense de taille : Agrippa voit ses possessions augmentées de la majeure partie de l’ancien royaume d’Archélaos — la Judée, l’Idumée et la Samarie — mais aussi la ville d’Abila dans l’Anti-LibanNote 1 de telle sorte que le souverain règne désormais sur un territoire aussi vaste que celui de son grand-père Hérode le Grand11.
D’après Dion Cassius, Claude octroie en outre à son ami le rang consulaire et l’autorise « à paraître au sénat et à exprimer sa gratitude en grec ». Enfin, pour marquer le statut considérable du souverain, un traité est ratifié avec le Sénat et le peuple de Rome sur le Forum13, qui reprend les anciens traités d’amitié et d’alliance judéo-romaines9. Agrippa y est déclaré rex amicus et socius Populi Romani — comme l’avait été son grand-père en 40 av. J.-C. — et le texte est conservé sur des tablettes de bronze au temple de Jupiter Capitolin14. Pour sa part, l’oncle de Bérénice, qui sera son deuxième époux près la mort prématurée du premier9, Hérode reçoit également un titre royal. Claude lui attribue la principauté de Chalcis, précédemment rattaché au royaume d’Iturée15 et se voit honoré à Rome du titre de préteur13.
Claude fait aussi libérer l’alabarque — ou l’arabarque — Alexander d’Alexandrie, que Caligula avait fait mettre en prison9,16. Il unit aussi son fils, Marcus Julius Alexander, avec Bérénice14,17,18,Note 2, alors qu’elle n’a alors que 12 ou 13 ans19. Marcus est le neveu du philosophe Philon d’Alexandrie et frère de Tibèrius Alexander20, futur procurateur de Judée de 46 à 48, dont Flavius Josèphe dit qu’il n’est pas resté fidèle à la religion de ses ancêtres. Le père de l’époux de Bérénice, l’Alabarque Alexander, est un des amis très riche du père d’Agrippa Ier. Ils ont contribué ensemble à l’accession de Claude à l’Empire, et celui-ci parraine les fiançailles20.
Alexander avait, en effet, été administrateur des biens d’Antonia Minor, fille du triumvir Marc Antoine et de sa première épouse Octavie, la sœur d’Auguste, avant de gérer la totalité de la fortune que Marc-Antoine avait laissée en Égypte21. C’est aussi lui qui a prêté l’argent nécessaire à Agrippa, lorsque ce dernier s’était rendu à Rome, en 3622,23, pour défendre ses prétentions royales24, alors qu’il était en difficulté et devait d’énormes sommes d’argent à plusieurs créanciers, dont le trésor impérial25. Comme Agrippa, il soutient l’agitation juive provoquée par la volonté de Caligula de mettre sa statue dans les lieux de culte juifs, y compris dans le Saint des saints du Temple de Jérusalem26, violant l’aniconisme judaïque dans le lieu le plus sacré de cette religionNote 3. Il devient aussi le créancier compréhensif de grosses sommes à la famille de Claude20.
Le rôle joué par Claude lors des fiançailles de Bérénice avec Marcus souligne l’intérêt que le nouvel empereur porte à la communauté juive d’Alexandrie20, par opposition à son prédécesseur dont seul le meurtre a empêché une guerre entre les Romains et les Juifs. Outre l’affaire de la statue, Caligula avait en effet aussi pris parti pour les Grecs d’Alexandrie contre les Juifs de la ville20, y compris dans les émeutes anti-juives très sanglantes qui s’étaient déroulées à partir de l’été 38. Aussitôt arrivé au pouvoir, Claude rompt avec son prédécesseur et prend un ensemble de mesures pour calmer les tensions communautaires20. La nomination d’Agrippa comme roi de Judée, en reconstituant le royaume d’Hérode le Grand participe de cette politique, même s’il s’agit avant tout de récompenser Agrippa de l’aide décisive qu’il lui a fournie pour devenir empereur. Immédiatement, « par un édit Claude rappelle les privilèges reconnus aux Juifs alexandrins. Ceux-ci pourront vivre selon leurs lois; rien ne pourra les écarter de l’observance de la Torah27. » Peu après, un second édit est diffusé dans toutes les provinces de l’empire. Les privilèges accordés à la communauté d’Alexandrie sont étendus aux Juifs de la diaspora28.
À la suite de ce premier mariage, Bérénice séjourne à Alexandrie jusqu’à la mort de son jeune époux. On sait peu de chose à son sujet. Les ostraca des archives de Nicanor montrent toutefois qu’il commerce dans la région de Coptos et les ports de Bérénice et Myos Hormos sur la mer Rouge29, région de l’activité de ceux qui, comme son père, portent le titre d’arabarque et où exerce aussi son frère Tiberius Julius Alexander, nommé épistratège de Thébaïde à partir de 4230,31. Un consensus se dessine chez les historiens pour définir l’alabarque ou l’arabarque, comme un contrôleur général des douanes32,33 de la frontière arabique34 ou un officier financier chargé de lever les taxes sur les transports35. Les ostraca font apparaître une activité de Marcus dans la région à partir de 37 jusqu’en 4322. Un reçu d’un de ses esclaves adressé à Nicanor dans la ville de Bérénice (port égyptien sur la mer Rouge), témoigne que Marcus était encore vivant à une date équivalente au 14 juillet 4336.
En l’an 44, Agrippa est pris de violentes douleurs abdominales et meurt de manière inopinée après cinq jours d’agonie, à l’âge de cinquante-trois ans37. Les causes précises de sa mort sont inconnues, mais dès cette époque, les bruits d’empoisonnement circulent37. À la même époque, Bérénice perd aussi son mari. Elle est remariée encore jeune fille à son oncle Hérode, le roi de Chalcis4 (au sud de la Syrie), dont elle a deux fils, Bérénicien et Hyrcan38. Lorsque leur père Agrippa se meurt à Césarée (vers 4339 ou 44)40, les effigies de Bérénice et de ses sœurs Drusilla et Mariamne sont la cible de la risée et de la vindicte des habitants grecs de Césarée et samaritains de Sébaste dont les plus audacieux enlèvent les statues des jardins royaux pour leur faire subir des outrages dans des lupanars41,42.
« Reine » aux côtés de son frère
Hérode de Chalcis meurt vers 4843 ou 504 et Bérénice est à nouveau veuve43 à l’âge d’environ 22 ans4. L’empereur Claude nomme alors son frère Agrippa II comme roi à la place du défunt mari de Bérénice qui était aussi leur oncle. Agrippa reçoit de plus l’administration du Temple de Jérusalem.
Bérénice reste alors aux côtés de son frère pour y jouer le rôle de reine43, représentant ainsi une sorte de continuité. On ne sait rien de l’épouse d’Agrippa II, pendant tout son règne c’est Bérénice qui est présentée comme reine à son côté43. À cause des rumeurs d’inceste avec son frère qui circulent à son sujet, elle propose à Marcus Antonius Polemo II44, roi client de Cilicie (au sud de la Cappadoce), de l’épouser. Polémon accepte car Bérénice a le statut de reine et surtout, d’après Flavius Josèphe, parce qu’elle est très riche43. Des deux côtés, il ne s’agit que d’une alliance pour accroître leur pouvoir. Polémon fait toutefois une concession de taille, il se convertit au judaïsme et se fait circoncire43. Mais très vite, elle l’abandonne ou en divorce4 pour revenir à Jérusalem « par légèreté dit-on » précise Flavius Josèphe.
En 55 qui suit son accession au trône, Néron procède à des redistributions de territoires. L’empereur reprend à Hérode Agrippa II le royaume de Chalcis et le donne à Aristobule de Chalcis, qui devient donc roi de Chalcis (l’Iturée) comme l’avait été son père43. Hérode Agrippa II demeure roi et reçoit en échange les territoires de l’ancienne tétrarchie de Philippe augmentés de la Pérée et une partie de la Galilée43.
Au moment où sa sœur aînée Bérénice quitte son mari Polémon, sa sœur « Mariamne, après avoir quitté Archelaüs, s’unit à Démétrius, le premier des Juifs d’Alexandrie par la naissance et la fortune, qui était alors Alabarque45 » de la ville46.
Pour Christian-Georges Schwentzel, « tous ces mariages résultent d’une même stratégie matrimoniale d’ensemble qui consiste à trouver l’époux le plus riche et le plus puissant. Selon Flavius Josèphe, les trois sœurs d’Agrippa II auraient sans cesse été en concurrence et Bérénice aurait été particulièrement jalouse de Drusilla lors de l’union de celle-ci avec Félix46. »
Le rôle de Bérénice, nouvelle Judith
Bérénice joue un rôle important dans la propagande d’Agrippa II47. Elle semble jouir d’une certaine popularité que son frère ne manque pas d’exploiter à son profit47, surtout que lui semble plutôt méprisé de ses compatriotes48. Bérénice accompagne son frère dans ses déplacements importants49. « Elle fait son entrée en grande pompe dans la salle d’audience où elle siège aux côtés d’Agrippa II, lors de la comparution de Paul de Tarse à Césarée, en 60. Après le procès, elle participe à la délibération entre le roi et le gouverneur Festus50,47. »
Une inscription en latin de Béryte (Beyrouth) rappelle le rôle de Bérénice aux côtés de son frère dans la rénovation et l’embellissement de la ville47 de Syrie romaine. Bérénice joue également le rôle d’évergète à Athènes, poursuivant ainsi une tradition qui remonte à son arrière-grand-père Hérode le Grand51. Son « dévouement » lui vaut l’érection d’une statue par décision du « Conseil de l’Aréopage, la Boulé des six-cents et le peuple » d’Athènes, comme le révèle la dédicace gravée sur la base de la sculpture51.
« Cependant, le rôle de Bérénice ne se limite pas à de la figuration aux côtés de son frère, ni à un évergétisme traditionnel. Selon Flavius Josèphe, elle intervient au péril de sa vie auprès du procurateur de Judée, Gessius Florus52, » lors de la répression qui va être le déclencheur de la révolte (66). Elle envoie d’abord ses officiers supplier Florus de mettre un terme à la répression53. Puis, devant l’échec de la démarche, après une nuit sans sommeil, elle vient elle-même devant le tribunal du procurateur, pieds nus comme une suppliante, en risquant sa vie car les soldats romains ne ralentissent en rien leur action du fait de sa présence, mais rien n’y fait53.
Pour Christian-Georges Schwentzel, « il serait naïf d’expliquer l’intervention de la reine par une réelle piété et un attachement sincère à la Torah. La reine entend surtout incarner la parfaite héroïne juive qui n’a de cesse de prendre la défense de son peuple. Le personnage dont elle joue le rôle correspond à un type féminin popularisé par les livres d’Esther et de Judith52 »54.
Après la reconquête de la Galilée par les Romains, elle protège Juste de Tibériade dont Vespasien réclame l’exécution, pour son engagement aux côtés des révoltés juifs. Elle obtient alors de son frère Agrippa II que celui-ci en fasse son secrétaire pour le mettre à l’abri. Agrippa s’en séparera peu après55.
Titus et Bérénice
La liaison entre le futur empereur Titus et la reine Bérénice, universellement connue grâce à la tragédie de Racine (Bérénice, 1670) et à la « comédie héroïque » de Corneille (Tite et Bérénice, 1670), n’est évoquée que très rapidement par trois historiens antiques : Tacite (Histoires II.2), Suétone (Titus, 7, 1) et l’historien tardif Dion Cassius (Histoire Romaine, LXVI, 15)56. Juvénal en parle aussi dans ses Satires (Satires, VI). « Flavius Josèphe n’en dit rien, car proche d’Agrippa II et de sa sœur, il ne veut pas rappeler à celle-ci un souvenir particulièrement humiliant56. » De plus Flavius Josèphe a besoin de l’imprimatur de Titus puis de son frère l’empereur Domitien pour pouvoir publier.
Cette relation dura plus de dix ans, de 68 à 79, avec une période de séparation d’au moins quatre ans (71 à 75)56. Pendant « l’année des trois empereurs (68) » (Galba, Othon, Vitellius), Vespasien envoie son fils à Rome pour y saluer Galba le nouvel empereur qui vient de succéder à Néron56. En route pour Alexandrie, Titus apprend que Galba vient d’être assassiné par Othon. Il décide alors de rebrousser chemin, la désignation d’Othon remettant en cause sa mission56. Titus veut s’entretenir de la situation nouvelle avec son père. Il lui paraît hasardeux de poursuivre son voyage vers Rome, il craint qu’Othon ne le retienne prisonnier57. Après cet exposé, Tacite ajoute: « certains racontent qu’il rebroussa chemin à cause de son désir de revoir la reine Bérénice. » La relation existe donc depuis au moins 6857. Elle a probablement commencé pendant la campagne de Vespasien en Galilée (67-68), à laquelle Agrippa II participe à la tête de troupes auxiliaires57. Titus est alors veuf et âgé de 29 ans, tandis que Bérénice en a 4057.
Le 1er juillet 69, le préfet d’Égypte Tibère Alexandre — ex beau-frère de Bérénice, qui avait été procurateur de Judée de 46 à 48 — fait jurer fidélité à Vespasien par ses légions. Selon Tacite, Bérénice fait alors de riches cadeaux à Vespasien57. Le vieil empereur aurait lui-même succombé au charme de la reine décrite comme « à la fleur de l’âge et de la beauté », pour une Bérénice probablement encore très belle à quarante-deux ans57.
Tandis que Vespasien attend à Alexandrie, le gouverneur de Syrie Mucien marche sur Rome et fait proclamer Vespasien empereur le 20 décembre 69. Vespasien administre l’Empire depuis Alexandrie, laisse Titus à la tête de ses légions, en lui adjoignant Tiberius Alexander et attend la chute de Jérusalem pour rentrer à Rome. Le 29 août 70, le Temple de Jérusalem est livré aux flammes, et la Judée perd ce qui lui restait d’autonomie.
Titus rentre à Rome pour assister à son triomphe (fin 70 ou début 71). À partir des écrits de Dion Cassius, on apprend que Bérénice n’a pas suivi son amant à Rome57. Elle ne vient le retrouver que quelques années plus tard en 75, à la faveur d’un voyage de son frère57. Cela donnait probablement à sa visite le caractère d’un voyage officiel, mais à l’issue du voyage elle s’installe au palais où elle vit maritalement avec Titus58.
Depuis 71, Titus est associé au pouvoir par Vespasien qui l’a désigné comme héritier de la couronne impériale58. Bérénice est alors au sommet de sa puissance, mais en l’absence de mariage avec le prince sa position demeure fragile58. Selon Dion Cassius, « elle attendait qu’il l’épouse et se comportait en toutes occasions comme si elle avait été sa femme59 »58. Suetone parle de la « célèbre passion » de Titus pour Bérénice « à laquelle, dit-on, il avait même promis le mariage60 »57.
En 79, quand Titus devient empereur après la mort de son père, il demande à Bérénice de quitter Rome57 et elle retourne en Galilée. Suétone et Dion Cassius donnent la raison de cette rupture : Titus se rend compte que de nombreux romains sont opposés à son union avec Bérénice58,57. Il renvoie Bérénice, « malgré lui, malgré elle » — invitus invitam, écrit Suétone. Cette phrase est à l’origine des tragédies de Corneille et de Racine57.
Virginie Girod est beaucoup plus prudente concernant cette liaison. Selon elle, si Bérénice est reçue avec les égards dus à son rang, elle demeure une étrangère à Rome et il est difficile de déterminer avec certitude si les deux souverains se sont aimés. Les Flaviens savaient parfaitement qu’une telle union aurait porté un coup fatal à leurs efforts pour consolider leur dynastie et ne pouvaient que la renvoyer61.
Titus meurt après seulement deux ans de règne, en septembre 81, sans avoir voulu revoir sa maîtresse.
Fin de vie
« Bérénice meurt à une date inconnue, vraisemblablement dans le palais de son frère62. » Agrippa II disparaît en 101 ap. J.-C., troisième année du règne de Trajan selon Photios Ier de Constantinople qui cite Juste de Tibériade63,62. L’épitaphe d’un soldat découverte dans le Hauran confirme qu’Agrippa est mort sous Trajan62.