83 Chapitre 2 : Le prophète Joël

Le prophète Joël

Joël, le deuxième des petits prophètes, était fils de Pethuel ; c’est là tout ce que l’on sait sur sa famille et son histoire. Son nom veut dire : « Dieu l’Éternel » ou « l’Éternel est son Dieu ». C’est dans le royaume de Juda, et pour ce royaume, qu’il exerça son ministère prophétique. On pense généralement qu’il prophétisait sous le règne de Ozias (ou Azaria), vers l’an 800 avant Jésus Christ.

 

2.1 – À propos d’une invasion de sauterelles

Dans les deux premiers chapitres, Joël décrit, de la manière la plus animée et la plus poétique, l’invasion d’une armée redoutable dans la Judée : « Car une nation est montée sur mon pays, forte et innombrable. Ses dents sont les dents d’un lion, et elle a les grosses dents d’une lionne…les champs sont ravagés, la terre mène deuil… la vigne a séché… tous les arbres des champs sont desséchés… devant lui le pays est comme le jardin d’Éden, et après lui, la solitude d’un désert… Leur aspect est comme l’aspect des chevaux… c’est comme un peuple puissant rangé en bataille… ils marchent chacun dans son chemin, et ne changent pas leurs sentiers… et ils ne se pressent pas l’un l’autre. Ils marchent chacun dans sa route ; ils se précipitent à travers les traits et ne sont pas blessés ; ils se répandent par la ville, ils courent sur la muraille, ils montent dans les maisons, ils entrent par les fenêtres comme un voleur. Devant eux la terre tremble, les cieux sont ébranlés, le soleil et la lune sont obscurcis, et les étoiles retirent leur splendeur. Et l’Éternel fait entendre sa voix devant son armée, car son camp est très grand, car l’exécuteur de sa parole est puissant ; parce que le jour de l’Éternel est grand et fort terrible ; et qui peut le supporter ? »

Ce ne sont là que quelques traits de la description que nous donne Joël de cette formidable armée que l’Éternel appelle son armée, parce qu’elle n’était qu’un instrument entre ses mains pour exécuter les jugements que les péchés du peuple juif avaient attirés sur lui. Eh bien ! Pouvez-vous croire que, dans un sens purement littéral, cette armée n’était pas autre chose qu’une multitude de sauterelles ? C’est ce qu’indique le verset 4 du chapitre 1.

Il faut vous dire que les sauterelles sont un des fléaux les plus redoutés et les plus terribles des pays chauds, de l’orient en particulier. Elles sortent du sol au printemps, surtout quand la sécheresse a favorisé la maturité des innombrables œufs qu’elles déposent dans la terre, et portées sur les ailes des vents, elles viennent s’abattre en tourbillonnant et comme d’épais nuages sur les plaines d’Égypte, de Palestine ou de Syrie. Ces nuages ont quelquefois 16 à 24 km de long, et de 8 à 12 km de large. Lorsqu’elles approchent, elles voilent le ciel, couvrent la terre de leur ombre, et font entendre au loin le bruit de leurs millions d’ailes et de pieds. Quand elles s’arrêtent (et l’on chercherait vainement à les en empêcher), elles forment sur la terre qu’elles cachent une couche épaisse qui parfois dépasse la hauteur d’un mètre ; en un clin d’œil, elles rongent alors de leurs dents aiguës, et avec un bruit qui rappelle la marche de la cavalerie, l’herbe, les feuilles, les fruits, surtout les raisins, et jusqu’à l’écorce et à la racine des arbres, mettant le sol dans le même état que si le feu y était passé. Lorsqu’elles ont tout dévasté, elles se remettent en marche, ne laissant derrière elles que leurs œufs et des corps morts qui répandent une telle infection qu’il en résulte souvent d’affreuses épidémies.

Leur marche est très régulière (Prov. 30:27 ; Joël 2:7, 8) ; elles volent par colonnes et droit devant elles, de jour seulement ; le soir elles s’établissent sur la terre. Rien ne les arrête ; elles évitent tous les dangers, et ne sauraient être évitées. Elles pénètrent jusque dans les habitations, et en rongent non seulement les ustensiles en bois, mais encore les boiseries, les planches et les poutres (Ex. 10:4-6). Fatiguées de leur vol, elles s’abattent sur les eaux comme sur la terre (Ex. 10:19 ; Joël 2:20), et leurs légers cadavres, entraînés vers les rivages, viennent bientôt y apporter la peste, et les désoler par leur mort, après les avoir désolés par leur vie. La tête des sauterelles ressemble à celle du cheval ; aussi ont-elles été comparées à des chevaux dans l’Écriture (Voyez Joël 2:11 et Apoc. 9:7-9).

 

2.2 – Le jour de l’Éternel

Cependant, il ne faut pas croire que les paroles du prophète ne s’appliquent qu’à des sauterelles. Ici, comme ailleurs dans l’Écriture et surtout dans les livres prophétiques, Joël ou plutôt l’Esprit de Christ qui était en lui (1 Pierre 1:11), prend occasion d’une disette sans pareille, causée par l’invasion d’innombrables armées d’insectes, pour réveiller l’attention du peuple à l’égard de la journée de l’Éternel.

« Hélas, quel jour ! Car le jour de l’Éternel est proche, et il viendra comme une destruction du Tout-Puissant (1:15). Que tous les habitants du pays tremblent, car le jour de l’Éternel vient ; car il est proche, un jour de ténèbres et d’obscurité, un jour de nuées et d’épaisses ténèbres (2:1, 2). Ces mots : « le jour de l’Éternel » se traduisent dans le Nouveau Testament par : « le jour du Seigneur ». Ils désignent un jour de jugement et de vengeance. Malachie en parle ainsi : « Car voici, le jour vient, brûlant comme un four ; et tous les orgueilleux, et tous ceux qui pratiquent la méchanceté seront du chaume, et le jour qui vient les brûlera, dit l’Éternel des armées, de manière à ne leur laisser ni racine, ni branche » (4:1). De même l’apôtre Paul dit aux Thessaloniciens : « car vous savez vous-mêmes parfaitement que le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit. Quand ils diront : « Paix et sûreté », alors une subite destruction viendra sur eux… et ils n’échapperont point (1 Thess. 5:2, 3 ; lisez aussi 2 Pierre 3:10:12).

Ce jour dont il est souvent question dans l’Ancien Testament, cette redoutable journée, ce grand jour du Dieu Tout-Puissant dont il est si souvent dit qu’il est proche et qui, en effet, est toujours plus rapproché, est encore à venir. Chez les Thessaloniciens, il y avait de faux docteurs qui, ne comprenant pas ce que l’apôtre avait écrit, ou même lui prêtant leurs propres idées, osaient affirmer que le jour du Seigneur était là parce que les fidèles de cette assemblée souffraient de persécution, et ainsi ils étaient encore ébranlés et troublés. Dans la seconde épître, l’apôtre a surtout en vue de combattre ces assertions erronées. Le jour du Seigneur ne peut pas être arrivé parce que, s’il était là, les saints ne seraient pas dans la tribulation, ils seraient avec le Seigneur qui viendra avec eux. Ceux qui les persécutent seraient punis ; car « c’est une chose juste devant Dieu que de rendre la tribulation à ceux qui vous font subir la tribulation, et [que de vous donner], à vous qui subissez la tribulation, du repos avec nous dans la révélation du Seigneur Jésus du ciel avec les anges de sa puissance, en flammes de feu, exerçant la vengeance contre ceux qui ne connaissent pas Dieu, et contre ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus Christ ». « Il viendra pour être, dans ce jour-là, glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru » (2 Thess. 1).

Chers lecteurs, il faut que vous fassiez partie ou de ceux qui seront alors jugés et punis, ou de ceux qui seront avec le Seigneur, lequel sera glorifié en eux. Avec lesquels seriez-vous si le jour du Seigneur était là ? Avec lesquels voudriez-vous être ? Il faut avoir été avec Jésus, avoir marché avec lui pendant sa vie, si l’on veut être avec lui quand il descendra du ciel pour juger les méchants. Alors on peut aller en avant avec confiance ; alors on peut, de tout son cœur, répéter le cri de l’Église : « Amen ; viens, Seigneur Jésus ! » Le livre de Joël expose, de la manière la plus sublime, la scène du jugement des vivants, et avant cela il indique très clairement comment un pauvre pécheur peut échapper au jugement. Écoutez ce qu’il dit d’abord sur ce dernier sujet, et que Dieu vous donne des oreilles pour entendre, une intelligence éclairée d’en haut pour comprendre, et des cœurs ouverts pour recevoir ces paroles de grâce !

 

2.3 – La délivrance — l’Esprit répandu

Le peuple de Dieu, convié à la repentance et humilié, est entendu et délivré par l’Éternel qui rend l’abondance au pays ; l’armée venue du nord qui ravage la terre comme des sauterelles est jugée à cause de son orgueil, elle est chassée et poussée vers l’orient. Alors les enfants de Sion se réjouissent devant l’Éternel leur Dieu. Mais outre les bénédictions temporelles qui leur sont de nouveau accordées, il y a une grâce toute nouvelle qui leur sera donnée. Voici ce que dit l’Éternel : « Et il arrivera, après cela, que je répandrai mon Esprit sur toute chair, et vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards songeront des songes, vos jeunes hommes verront des visions ; et aussi sur les serviteurs et sur les servantes, en ces jours-là, je répandrai mon Esprit. Et je montrerai des signes dans les cieux et sur la terre, du sang, et du feu, et des colonnes de fumée ; le soleil sera changé en ténèbres, et la lune en sang, avant que vienne le grand et terrible jour de L’Éternel. Et il arrivera que, quiconque invoquera le nom de l’Éternel sera sauvé. Car sur la montagne de Sion il y aura délivrance, et à Jérusalem, comme l’Éternel l’a dit, et pour les réchappés que l’Éternel appellera » (2:28-32).

 

2.3.1 – Citation par Pierre en Actes 2

Cette prophétie est citée en Actes 2 par l’apôtre Pierre pour expliquer le grand fait que Dieu venait d’opérer à Jérusalem le jour de la Pentecôte. Le Saint Esprit répandu sur les disciples comme bientôt sur les convertis d’entre les nations, c’était là un commencement d’accomplissement du remarquable oracle de Joël ; mais évidemment les grands et effrayants prodiges dont il est question n’ont pas encore eu lieu, et doivent précéder plus ou moins immédiatement le jour grand et terrible du Seigneur lequel est encore à venir. Quoi qu’il en soit, il y a là une parole bien encourageante qui demeure toujours vraie. Que celui qui craint le jour grand et terrible du Seigneur qui s’approche, se confie en cette bonne parole et agisse en conséquence : « Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé ».

 

2.3.2 – Citation par Paul en Romains 13

Elle est aussi citée par l’apôtre Paul (Rom. 10:13). Mais il ajoute : « Comment invoqueront-ils celui en qui ils n’ont point cru » ? C’est tout simple, pour appeler le Seigneur à son aide, il faut avoir confiance en sa puissance et en son amour. Confiez-vous donc en Celui qui est amour, qui est le Tout-Puissant et qui veut que vous soyez sauvés. Sans cela vous auriez affaire avec ce terrible jour du jugement dont notre prophète parle au dernier chapitre de son livre : « Que les nations se réveillent et montent à la vallée de Josaphat, car là je m’assiérai pour juger toutes les nations, de toute part. Mettez la faucille, car la moisson est mûre ; venez, descendez, car le pressoir est plein, les cuves regorgent ; car leur iniquité est grande. Multitudes, multitudes, dans la vallée de jugement ! car le jour de l’Éternel est proche dans la vallée de jugement » (3:12-14). Mais alors même, l’Éternel sera un asile à son peuple, et la force des enfants d’Israël. Puissiez-vous tous, dès à présent, trouver dans le Seigneur par la foi et votre asile et votre force. C’est Lui qui nous a délivrés de la colère à venir et qui nous met à l’abri du jugement. Allez à Lui et vous n’aurez rien à craindre ; allez à Lui, et vous ne serez pas jugés, mais sauvés.

 

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PERSONNAGES DE LA BIBLE© par campionpierre. Tous droits réservés.

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