148 Chapitre 3 : JOSEPH DE NAZARETH
Joseph (Nouveau Testament)
Joseph Saint chrétien |
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Saint Joseph avec l’Enfant Jésus, |
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Chef de la Sainte Famille | |
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Naissance | ier siècle av. J.-C. |
Décès | ier siècle Nazareth |
Vénéré par | toutes les Églises chrétiennes qui admettent le culte des saints |
Fête | 19 mars, 1er mai (saint Joseph artisan, patron des travailleurs) |
Attributs | Équerre, bâton fleuri, gourde, lys |
Saint patron | de l’Église catholique (proclamé par le pape Pie IX en 1870), des charpentiers, des travailleurs, des jeunes époux, des pères de famille et de la bonne mort, sur les cinq continents. |
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Joseph (יוֹסֵף (Yosef) en hébreu, ce qui signifie « il ajoutera » ; Ἰωσήφ (Iôséph) en grec), connu sous le nom de saint Joseph par les catholiques et les orthodoxes, est un personnage du Nouveau Testament mentionné pour la première fois dans les Évangiles selon Matthieu et selon Luc. Joseph apparaît aussi dans un texte plus tardif, le Protévangile de Jacques, composé au milieu du iie siècle ; cette version apocryphe est incompatible par certains aspects avec celle des évangiles canoniques.
D’après Matthieu et Luc, puis selon les auteurs chrétiens et notamment les Pères de l’Église, Joseph serait un lointain descendant d’Abraham et du roi David (Mt 1,1-17) de la tribu de Juda. Il est fiancé depuis quelque temps à Marie lorsque celle-ci se retrouve enceinte par l’action de l’Esprit saint. Il épouse alors Marie et, acceptant l’enfant, devient le père nourricier de Jésus, qui, de ce fait, appartient à sa lignée, celle de David. Les deux Évangiles insistent sur ce point, car pour eux Jésus est « le Messie fils de David ». Joseph est présenté comme un « homme juste » qui a accepté d’accueillir Marie et son enfant à la suite d’un message d’un « ange du Seigneur ».
Il est indiqué en Mt 13,55 que Joseph est « charpentier », sans que l’on sache s’il faut prendre ce terme au sens premier ou dans celui « d’homme sage ». Joseph est cité pour la dernière fois lors du pèlerinage familial à Jérusalem lorsque Jésus, âgé de douze ans, se trouve au Temple (Lc 2,41-50). La Tradition chrétienne ainsi qu’une partie de la critique historique en ont déduit qu’il était mort avant que Jésus n’entre dans la vie publique.
L’Église catholique lui dédie le mois de mars, surtout le 19 mars, où il est célébré. Le 1er mai est consacré à saint Joseph, travailleur.
Biographie
Récits néotestamentaires
Paul et Marc
Les Épîtres de Paul, qui sont les premiers documents chrétiens existants (vers l’an 50), ne font aucune référence à Joseph ni à un quelconque père biologique de Jésus, pas plus que l’Évangile selon Marc (vers l’an 70), considéré comme le plus ancien des quatre évangiles canoniques1.
La formulation de Marc2, pour lequel Jésus est « fils de Marie » et non « fils de Joseph », ne suggère pas une ascendance divine mais semble indiquer que sa mère est veuve ou que l’identité du père est douteuse, voire inconnue. Cette origine pourrait expliquer certaines attitudes de Jésus, qui se serait vu comme un enfant né de père inconnu3,4.
Matthieu et Luc
C’est dans les évangiles selon Matthieu (Mt) et selon Luc (Lc), écrits vers l’année 85, que se trouve la première apparition de Joseph. Chacun des deux contient une généalogie de Jésus qui fait remonter ses origines à David, mais ils partent de deux fils différents de ce roi : Mt (Mt 1,1-16) suit la lignée aînée de Salomon, tandis que Lc (Lc 3,23-38) suit une ligne cadette, celle de Nathan (en), un autre fils de David et de Bethsabée. Il en résulte qu’entre David et Joseph tous les noms sont différents. Selon Mt « Jacob était le père de Joseph », tandis que, selon Lc, Joseph est dit être d’« Eli ». Certains théologiens concilient ces généalogies en considérant la lignée de Salomon selon Mt comme la lignée aînée de Joseph, et la lignée par Nathan dans Lc comme la lignée cadette de Marie5,6. Pour Charles Guignebert, ces deux récits de la Nativité ne résistent pas à l’examen critique et sont de toute manière inconciliables7. Pour Géza Vermes, l’ascendance royale de Joseph est un embellissement théologique de ces deux rédacteurs bibliques8.
Mt et Lc sont également les seuls à inclure les Évangiles de l’enfance et, là encore, ils diffèrent. Dans Lc, c’est à Nazareth que vit Joseph et il se rend à Bethléem pour obéir aux exigences d’un recensement ordonné par Rome9. C’est pourquoi Jésus y est né. Dans Mt, Joseph résidait à ce moment à Bethléem, et ensuite il s’est installé à Nazareth avec sa famille après la mort d’Hérode. Mt est le seul évangile qui relate le massacre des Innocents et la fuite en Égypte (Mt 2,13-16) : après la Nativité, Joseph reste à Bethléem pendant une durée indéterminée avant d’être forcé par Hérode de se réfugier en Égypte ; à la mort de celui-ci, Joseph retourne avec sa famille en Judée, puis s’installe à Nazareth10. À partir de ce moment, on ne trouve plus de référence à Joseph sous son nom, même si l’épisode de Jésus au Temple, dans sa douzième année, met en scène « ses deux parents ».
Joseph le charpentier
Matthieu et Luc décrivent Joseph comme un tektôn (τέκτων), mot grec que « charpentier » rend partiellement11. Or le terme grec a une signification plus large : il évoque un artisan travaillant le bois en général (charpente, meubles, outils), mais aussi les métaux ou la pierre, c’est-à-dire capable de participer comme maçon, voire comme architecte, à la construction d’édifices importants, comme le rappelle Maurice Sachot, qui ajoute que le terme de « charpentier » peut alors être synonyme d’« homme sage » dans le milieu où évolue Jésus12. Cette activité de tektôn nécessitait en effet une formation assez longue et des connaissances techniques approfondies. Les meilleurs artisans étaient très recherchés, notamment pour les travaux d’agrandissement et d’embellissement du Temple d’Hérode13.
Une tradition, moins répandue et qui n’a eu qu’une faible postérité, reprend le sens habituel du mot faber pour faire de Joseph un forgeron14. L’apologète Justin de Naplouse15 présente Jésus comme « fils de Joseph le charpentier », lui-même charpentier : il introduit des accessoires qui combinent le bois et le fer, pour faire de Jésus un fils qui comme son père « fabriquait ces ouvrages de charpentiers, des charrues et des jougs, enseignant à la fois les symboles de justice et la vie active »16.
Quoi qu’il en soit, s’il était loin d’être riche, Joseph ne devait pas compter parmi les habitants de Nazareth les plus démunis17.
Matthieu et Luc ne donnent que très peu d’informations sur Joseph18. On ne rapporte jamais ses paroles. Matthieu raconte quatre rêves dans lesquels Joseph est informé de façon surnaturelle avant et après la naissance de Jésus.
Dans le premier rêve, un ange confirme à Joseph que Marie est enceinte d’un enfant conçu par l’Esprit saint, et qu’elle mettra au monde un fils nommé Jésus, qui sauvera son peuple de ses péchés ; Joseph ne devrait donc pas hésiter à l’épouser (Mt 1,20). Dans le deuxième rêve, un ange dit à Joseph d’emmener Marie et Jésus en Égypte (depuis Bethléem) et d’y demeurer jusqu’à ce que l’ange en dise plus, car Hérode cherche à tuer Jésus (Mt 2,13). Dans le troisième rêve de Joseph, un ange ordonne à Joseph de retourner avec sa famille en terre d’Israël, ce qui implique qu’Hérode est mort (Mt 2,20). Cependant, Joseph apprend que le fils d’Hérode, Archélaos, règne sur la Judée, et il a peur de continuer le voyage. Dans le quatrième rêve, Dieu Lui-même avertit Joseph19 qu’il doit éviter de retourner en Judée (autrement dit, à Bethléem). Joseph s’installe alors avec Marie et Jésus à Nazareth, dans la province de Galilée.
Traditions biographiques
L’Église catholique reprend une tradition orale, liée à Jérôme de Stridon qui relate que Joseph s’était consacré à Dieu avant de connaître la Vierge Marie, et explique donc que les termes de « frères et sœurs » de Jésus cités dans les Évangiles doivent être compris comme étant des cousins proches par le sang, l’affection et les relations, selon l’usage de ces mots.
Une doctrine orthodoxe non canonique enseigne de son côté que Joseph était veuf quand il s’est fiancé à Marie ; il aurait eu des enfants de son premier mariage, dont Jacques le Juste. Cette tradition s’appuie sur le Protévangile de Jacques, où il est dit que Marie est consacrée au Seigneur par ses parents (Protév. Jc 4,1) et qu’un prêtre ordonne à Joseph de l’épouser, malgré ses réticences : « J’ai des fils, je suis un vieillard et elle est une toute jeune fille. Ne vais-je pas devenir la risée des fils d’Israël ? » » (Protév. Jc 9,1-2). Toutefois, il s’agit d’un texte apocryphe et non canonique.
Cette interprétation permet de comprendre, entre autres, que Jacques soit appelé le « frère du Seigneur » (par Paul dans l’Épître aux Galates | Ga 1,19). Toutefois, l’Évangile de Matthieu affirme clairement que Jacques et son frère Joseph sont les fils « d’une autre Marie » (Mt 5,27 – 28,1). Le terme « frère du Seigneur » est donc à prendre dans son sens coutumier de l’époque, c’est-à-dire que Jacques appartenait à l’entourage proche de Jésus.
Dans l’iconographie traditionnelle, Joseph est souvent représenté comme un homme plus âgé que Marie, parfois même comme un vieillard, mais cet usage ne s’appuie sur aucun texte néotestamentaire. Pour Charles Perrot, il était jeune au moment de son mariage car les filles « étaient mariées entre douze et quinze ans et les garçons n’étaient guère plus vieux »30.
Saint patron
Joseph est le saint patron des familles, des pères de famille, des artisans (menuisiers, ébénistes, charpentiers, charrons, bûcherons, barilliers, tanneurs et tondeurs), des travailleurs, des voyageurs et exilés, des fossoyeurs et des mourants. Le culte de Joseph patron des agonisants et de « la Bonne Mort » est issu d’une tradition qui veut que Joseph reçoive une mort douce, assisté de Jésus et de Marie. Ce culte provient d’Italie et s’impose en France à partir des années 164046.
Il est devenu le patron des affaires matérielles. Des catholiques confient à sa prière leurs affaires matérielles sérieuses : une recherche d’emploi, une recherche de logement, etc.47. Par ailleurs, en raison de sa qualité d’homme juste, beaucoup de catholiques demandent son intercession pour discerner leur vocation, rencontrer le bon époux, la bonne épouse, etc.
Il est également le protecteur et le saint patron à divers degrés de nombreuses villes, régions et pays, notamment de la Belgique, de la Chine, du Canada, du Vietnam, des États-Unis, de la Russie, de l’Autriche, de la Croatie, de la Corée du Sud, du Mexique et du Pérou48.
Jean-Paul II a considéré saint Joseph comme étant le modèle du témoin du Royaume de Dieu, en l’appelant « minister salutis » dans son exhortation apostolique Redemptoris Custos : « le serviteur du salut »49,50. Pour cette raison, il l’a voulu patron du troisième millénaire51,50 et patron de la nouvelle évangélisation52,50.
Il est aussi un modèle pour les prêtres.