87 Chapitre 6 : Le prophète Michée

Le prophète Michée

6.1 – Michée, le prophète

Michée veut dire : Qui est comme l’Éternel ? Près de deux cents ans avant celui dont nous allons nous occuper, à la demande de Josaphat roi de Juda, un prophète du même nom, fils de Jimla, avait été consulté par Achab sur l’issue de la campagne qu’ils allaient entreprendre contre la Syrie (voyez 1 Rois 22 ; 2 Chron. 18). Malgré les prédictions favorables que 400 prophètes de mensonge donnaient à l’impie Achab, malgré les coups qu’il reçoit de l’un d’eux, malgré les menaces du méchant roi d’Israël, l’homme de Dieu lui annonce avec une solennelle intrépidité la défaite de ses armées, la dispersion du peuple et sa mort à lui.

Quant à Michée, le sixième des petits prophètes auquel nous consacrons cette étude, nous n’avons sur sa personne et sa famille d’autres indices que ceux qu’il nous donne lui-même dans le premier verset de son livre. Il se dit Morashtite, ce qui signifie qu’il était originaire de Morésheth, ville de la tribu de Juda (1:14), et il prophétisa sous les règnes de Jotham, Achaz et Ézéchias, rois de Juda ; il était donc contemporain des prophètes Ésaïe, Osée et Amos. Les royaumes de Juda et d’Éphraïm, ce dernier surtout, passaient par des temps déplorables qui présageaient leur ruine. Shalmanéser s’avançait contre Samarie, Sankhérib contre Jérusalem, et malgré quelques délivrances momentanées et miraculeuses, les circonstances étaient bien sombres. Cependant le peuple n’y prenait pas garde, une fatale sécurité régnait sur les habitants des deux royaumes et les endormait. Il ne manquait pas, parmi eux, de faux prophètes disant : « Paix, paix ! » quand il n’y avait point de paix à attendre. De même, aux derniers jours, les hommes diront « Paix et sûreté ! » et alors une ruine subite fondra sur eux et ils n’échapperont point (1 Thess. 3:3).

En Israël et en Juda, les prophètes seuls veillaient et avertissaient le peuple en cherchant à le réveiller. Michée vient aussi, déclarant tour à tour à Jérusalem et à Samarie, à Juda et à Éphraïm, les châtiments qui les attendent, et les invitant à se repentir, à se convertir à Dieu et à se confier en Lui pour être sauvés ; mais il sait bien qu’on ne l’écoutera pas ; il le dit lui-même : « S’il y a un homme qui marche selon le vent et le mensonge, qui mente, disant : je te prophétiserai au sujet du vin et de la boisson forte ! il sera le prophète de ce peuple » (2:11).

 

6.2 – Plan du livre

Le style de Michée est vif, animé, pittoresque, et revêt par moments la forme du dialogue. Son livre peut se diviser en trois parties : 1) les chapitres 1 à 3 qui renferment la description de l’état moral du peuple, et les châtiments qui l’attendent : le jugement commencera par Samarie mais il s’étendra bientôt jusqu’aux portes de Jérusalem ; 2) les chapitres 4 et 5 sont une prophétie messianique, relative au Messie et aux bénédictions qu’il apportera ; c’est le coup d’œil dans l’avenir, la perspective des jours heureux ; 3) chapitres 6 et 7, retour à la première partie.

 

6.3 – Chapitres 1 à 3

Au reste, ici comme dans Ésaïe, les évènements arrivés dans le temps du prophète, ayant le même caractère moral que les évènements et le jugement définitif des derniers jours, sont employés pour représenter les grands actes de ce jugement ; c’est ce dont il faut se rappeler, en particulier, au sujet de l’Assyrien dont il est souvent question dans notre prophète. Au chapitre 2, après avoir rappelé les causes du jugement de Dieu, ou quelques-uns des traits de l’iniquité générale, l’Éternel invite ceux qui ont des oreilles pour entendre à se lever et à se séparer de toute cette iniquité, en ajoutant : « Car ce n’est par un lieu de repos, à cause de la souillure qui amène la ruine » (v. 10). Comment les saints de l’Éternel se reposeraient-ils dans la souillure ? Il en est de même du chrétien relativement au monde qui est tout entier plongé dans le mal. Dieu dit à son enfant de ne point aimer le monde, de ne pas en suivre le train, de se séparer de tout ce qui est impur, de se conserver pur des souillures du monde ; — aussi ce n’est pas non plus pour le croyant le lieu de son repos. Pour lui le repos est au ciel. Il reste un repos pour le peuple de Dieu. Puissiez-vous apprendre à le désirer, à le rechercher, en allant à Jésus qui vous dit : « Venez à moi, et je vous donnerai du repos ».

 

6.4 – Chapitre 4

Les trois premiers versets du chapitre 4 de Michée sont une reproduction presque littérale d’Ésaïe 2:2-4, ou plutôt probablement ces paroles ont précédé celles d’Ésaïe ; elles annoncent un temps de grande bénédiction, le retour de la gloire en Sion, et se rapportent au millénium. Alors les peuples des sauvés s’encourageront à monter à la montagne de l’Éternel et à la maison du Dieu de Jacob (le temple à Jérusalem d’où sortira la parole de l’Éternel). Cet heureux état viendra à la suite de terribles jugements sur de grandes nations ; après lesquels il n’y aura plus de guerres entre les peuples.

Chacun, dans un parfait repos, s’assiéra sous sa vigne et son figuier, et il n’y aura personne qui les épouvante ; car la bouche de l’Éternel des armées a parlé. Ces mille ans de paix, de bonheur et de gloire sur la terre seront dus à la présence du Seigneur Jésus Christ et à son règne sur le trône de David, son père selon la chair ; ils seront la conséquence bénie de sa première venue et de sa mort sur la croix ; ils seront l’accomplissement de cette parole de 1 Jean 2:2 : « Lui est la propitiation pour nos péchés… mais aussi pour le monde entier ». Quand la terre jouira de ces bénédictions, tous ceux qui par la grâce, par la foi, auront fait partie de l’Église, corps de Christ, auront part à une plus grande et plus glorieuse félicité, dans le ciel. « Alors ces justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père » (Matth. 13:43). Dieu veuille, en vous donnant la foi, vous faire la grâce de faire tous partie un jour de cette assemblée des premiers-nés écrits dans le ciel !

 

6.5 – Chapitre 5 et l’annonce du Messie

Vous vous rappelez sans doute l’un des évènements merveilleux qui accompagnèrent la naissance à la fois si obscure et si merveilleuse de Jésus Emmanuel ; il nous est rapporté au commencement du chapitre 2 de l’évangile de Matthieu (2:1-6). Cette prophétie qui, de l’aveu des docteurs juifs, indiquait exactement le lieu de naissance du Messie, se trouve dans Michée 5:2. Seulement, dans le prophète, l’oracle cité par les sacrificateurs est suivi de ces mots : « duquel les origines ont été d’ancienneté, dès les jours d’éternité » magnifique témoignage rendu à la divinité éternelle du Sauveur, qui pourtant s’est volontairement abaissé jusqu’au point que, au premier verset du même chapitre, il est dit de lui : « ils frappent le juge d’Israël avec une verge sur la joue » — ce qui aussi fut accompli à la lettre, comme vous pouvez le voir dans Matthieu 27:30, Marc 14:65, Luc 22:63, 64, Jean 19:3. Puis Michée dit encore : « Il se tiendra et paîtra son troupeau avec la force de l’Éternel, dans la majesté du nom de l’Éternel, son Dieu. Et ils habiteront en sûreté, car maintenant il sera grand jusqu’aux bouts de la terre. Et lui sera la paix ». Un jour il fera la paix en Israël sur lequel il règnera comme Roi de justice et Roi de paix. Quant aux vrais chrétiens, la paix est déjà faite pour eux par le même Seigneur, Prince de Paix, qui, étant mort et ressuscité, dit aux siens réunis en son nom : « Paix vous soit ». « Ayant fait la paix par le sang de sa croix » et « c’est lui qui est notre paix…Et il est venu et a annoncé la bonne nouvelle de la paix à vous qui étiez loin et la bonne nouvelle de la paix à ceux qui étaient près » (Col. 1:20 ; Éph. 2:14-17). Que Dieu vous donne des oreilles pour entendre et des cœurs pour comprendre et croire cette bonne nouvelle de la paix !

 

6.6 – Chapitre 7

Au chapitre 7, le prophète se place comme intercesseur devant Dieu, au nom du peuple, en rappelant à celui-ci en même temps sa ruine et ses iniquités. Le prophète cherche, en désirant le trouver, au milieu de son peuple, quelque chose qui convienne au titre de peuple de Dieu : hélas, il ne voit que fraudes et tromperies, des embûches pour verser le sang et pour faire le mal des deux mains. « Le meilleur d’entre eux est comme une ronce, le plus droit pire qu’une haie d’épines ». Puis, chose bien frappante, ce que Michée décrit comme le comble de l’iniquité : « Le fils flétrit le père, la fille s’élève contre la mère, la belle-fille contre sa belle-mère, les ennemis d’un homme sont les gens de sa maison », est cité par le Seigneur Jésus (Matth. 10:35, 36), comme devant être l’une des conséquences de la prédication de l’évangile, à cause de l’opposition qu’elle rencontrerait dans le monde. Telle est l’iniquité du cœur que la lumière de la grâce provoquerait une haine qui détruirait même les affections naturelles !

Ce qu’il voit autour de lui porte le prophète à regarder vers l’Éternel, à attendre le Dieu de sa délivrance : « Mais moi, je regarderai vers l’Éternel, je m’attendrai au Dieu de mon salut ; mon Dieu m’écoutera ». Il termine son livre par ces belles et touchantes paroles : « Qui est un Dieu comme toi, pardonnant l’iniquité et passant par-dessus la transgression du reste de son héritage ? Il ne gardera pas à perpétuité sa colère, parce qu’il prend son plaisir en la bonté. Il aura encore une fois compassion de nous, il mettra sous ses pieds nos iniquités ; et tu jetteras tous leurs péchés dans les profondeurs de la mer. Tu accompliras envers Jacob ta vérité, envers Abraham ta bonté, que tu as jurées à nos pères dès les jours d’autrefois ». Voilà ce qu’un jour Dieu fera envers « le reste de son héritage » ou le résidu fidèle ; voilà ce qu’il a déjà fait et qu’il fait encore envers son Église et tous ceux qui, par la foi, en sont membres. Puissiez-vous le comprendre et le croire.

 

6.7 – Citation de Michée dans Jérémie

Encore un mot sur une circonstance qui se rattache au prophète Michée et qui nous paraît fort intéressante. Si vous lisez Jérémie 26, vous verrez ce dont je veux parler. Jérémie était menacé de mort pour avoir dénoncé les jugements de Dieu aux malheureux Juifs en leur déclarant que, s’ils n’écoutaient pas la voix de l’Éternel et n’obéissaient pas aux paroles des prophètes, ses serviteurs, leur ville et leur temple seraient détruits. Jérémie répond à ses adversaires que c’est l’Éternel qui l’a envoyé pour prononcer toutes ses paroles ; il les conjure de corriger leur conduite et leurs actions, et d’écouter la voix de leur Dieu, et l’Éternel, ajoute-t-il, se repentira du mal qu’il a prononcé contre vous. Pour moi, dit-il encore, me voici entre vos mains, — mais si vous me faites mourir, vous mettrez du sang innocent sur vous et sur cette ville. « La réponse douce apaise la fureur » dit Salomon (Prov. 15:1). C’est ce qui eut lieu en cette occasion, car les princes et tout le peuple dirent aux sacrificateurs et aux prophètes : « Cet homme ne mérite pas la mort ; car il nous a parlé au nom de l’Éternel, notre Dieu. Et quelques hommes des anciens du pays se levèrent, et parlèrent à toute la congrégation du peuple, disant : Michée, le Morashtite, prophétisait dans les jours d’Ézéchias, roi de Juda, et a parlé à tout le peuple de Juda, disant : Ainsi dit l’Éternel des armées : Sion sera labourée comme un champ, et Jérusalem sera des monceaux de pierres, et la montagne de la maison, les lieux hauts d’une forêt. Ézéchias, le roi de Juda, avec tout Juda, le fit-il donc mourir ? Ne craignit-il pas l’Éternel, et n’implora-t-il pas l’Éternel de sorte que l’Éternel se repentit du mal qu’il avait prononcé contre eux ? Et nous ferions un grand mal contre nos âmes » (Jér. 26:16-19). Ainsi, chose remarquable, cent ans après Michée, une parole de ce prophète (3:12), contribua à sauver la vie de son fidèle successeur Jérémie.

 

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PERSONNAGES DE LA BIBLE© par campionpierre. Tous droits réservés.

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