159 Chapitre 6 : Les procurateurs romains
Les procurateurs romains (6-41 après Jésus-Christ)
Pour la détermination exacte de leurs pouvoirs, voir Gouverneur, Archélaüs ayant été déposé en 6 ap, Jésus-Christ, la Judée et la Samarie furent, dès cette date, administrées par Rome ; il en fut de même de la tétrarchie de Philippe, de 34 à 37, c’est-à-dire de la mort de Philippe jusqu’au moment où Caligula fit présent de cette tétrarchie à Agrippa. Quant à celle d’Antipas, elle passa directement des mains du prince envoyé en exil à celles de son accusateur Agrippa. Voici les noms des procurateurs : Coponius, Marcus Ambibulus, Annius Rufus, Valerius Gratus, Ponce Pilate, Marcellus, Marullus. Ils ne restèrent pas longtemps en fonction, à l’exception de Valerius Gratus et de Ponce Pilate, qui furent envoyés dans leur province par Tibère ; c’était un procédé dont celui-ci usait souvent, de conserver longtemps aux mêmes fonctionnaires la charge d’administrer les provinces, pour éviter qu’elles ne fussent pressurées à nouveau par un autre gouverneur.
Les procurateurs romains de 44 à 66 après Jésus-Christ
- Sous Cuspius Fadus (44- ?) eurent lieu de violents débats au sujet de la garde des vêtements du grand-prêtre, que Cuspius aurait voulu enlever aux prêtres, mais qui finalement leur resta, en vertu d’une décision de Rome.
- Sous Tibere Alexandre, Juif renégat, neveu de Philon, on crucifia les fils de Judas le Galiléen, dans la crainte qu’ils ne fomentassent la révolte comme l’avait fait leur père (Actes 5.37).
- À Ventidius Cunanus appartient le triste honneur d’ouvrir la série des procurateurs dont la brutalité et la cruauté devaient fatalement pousser les Juifs à la révolte de l’an 66.
- Antonius Felix (52-60). Tacite dit de lui : « Il exerça, avec les instincts d’un esclave et au milieu de tous les vices et de toutes les cruautés, la puissance d’un roi » (Hist., V, 9) et « il croyait, grâce à l’appui de Pallas, que l’impunité serait acquise à ses crimes » (Ann., XII, 54). Nombreuses furent les causes de troubles : d’abord les abominations des sicaires ou brigands qui poignardaient secrètement leurs ennemis ; les zélotes (voir ce mot) commencèrent la guerre civile ; les faux prophètes troublaient les esprits ; de violentes discordes s’élevaient entre Juifs et païens au sujet de l’égalité des droits des citoyens dans des villes comme Césarée. Ajoutons que son mariage avec une princesse juive, Drusille (voir ce mot), fut un effroyable scandale : les deux époux étaient mariés, et c’est sur ce double adultère que se fonda leur union. Sur les relations de Paul avec Félix, cf. Actes 23.23-24.27.
- Porcius Festus (40-42) trouva le pays bouleversé par les brigands qui incendiaient et pillaient tous les villages ; il intervint énergiquement, mais sans réussir à mettre fin à ces désordres ; il mourut en charge. Sur les relations de Paul avec lui, cf. Actes 24.27-26.32. C’est entre la mort de Festus et l’arrivée de son successeur qu’on mit à mort Jacques, frère du Seigneur (voir Jacques, paragraphe 3).
- L’administration d’Albinus (62-64) est dépeinte par Josèphe de la manière suivante : « Il n’y a pas un genre de scélératesse qu’il n’ait pratiqué ; il vola et pilla les biens des particuliers, accabla de contributions extraordinaires toute la nation ; ceux qui avaient été jetés en prison pouvaient, moyennant rançon payée par leurs parents, être délivrés de la prison, et nul n’était criminel que celui qui n’avait rien à donner. »
- Gessius Florus (64-66). « La patience… resta aux Juifs jusqu’à Gessius Florus ; c’est pendant qu’il était en charge que la guerre éclata » (Tac, Hist., V, 10). Il fut d’une insatiable cupidité ; il ne fit rien pour secourir les Juifs de Césarée, molestés par leurs compatriotes païens ; il pilla le trésor du temple : cet acte provoqua un soulèvement populaire qui fut étouffé dans le sang ; en vain Bérénice supplia-t-elle Florus de faire arrêter le carnage ; les soldats étaient si irrités qu’ils tuèrent sous ses yeux leurs captifs, et ce fut la guerre. Josèphe détermine la date précise de cet événement : 3 juin 66.