139 Chapitre 7 : MARIE-MADELEINE (SELON MARIA VALTORTA)
Marie de Magdala ou Marie-Madeleine.
La disciple passionnée.
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Présentation générale Myriam, surnommée familièrement « Miri » par sa sœur Marthe, naît à Antioche de Syrie vers l’an 4, d’un père syrien, Théophile, gouverneur local de la province, et d’Euchérie, une judéenne de la lignée royale de David. À Jérusalem, où ses parents s’installent, elle ne tarde pas à créer le scandale : « À peine pubère elle s’est montrée légère. Mais, depuis quatre ans !!! » rapporte Judas (EMV 98). Après son divorce (EMV 116.6), elle mène une vie dissolue à Magdala, dans la propriété qu’elle a héritée de ses parents, morts de chagrin. Elle y brûle sa vie en compagnie d’amants successifs et pousse l’un d’eux au meurtre par jalousie (EMV 183). Ce scandale permanent rejaillit aussi sur Lazare, son frère aîné, qui déserte son palais de Sion, à Jérusalem pour se réfugier dans la propriété de leur sœur Marthe, à Béthanie. Mais les rencontres avec Jésus – dont celle, provocatrice, du Sermon sur la Montagne (EMV 174) – et certains évènements dramatiques, dont le meurtre qu’elle occasionne, l’amènent à évoluer. C’est pour elle, qui écoute cachée derrière un muret, que Jésus dit la parabole de la brebis perdue[1] (EMV 233). Sa conversion intervient au terme de combats internes violents, tout à son image (EMV 231.3) : elle se précipite chez Simon, le pharisien où Jésus dîne[2]. Elle essuie de ses cheveux les pleurs qu’elle verse sur ses pieds (EMV 236). Bouleversée, elle se réfugie à Nazareth auprès de la Vierge Marie (EMV 237). À partir de ce moment, elle rejoint le groupe des femmes-disciples qui suivent épisodiquement la troupe apostolique et l’aide de leurs biens[3]. Son caractère fougueux, mis jusqu’ici au service de la vie dissolue, se retourne au service de Jésus avec la même intensité : elle affronte le mépris de ses anciens amants, l’hostilité grandissante du Sanhédrin, revit dans le délire de son frère Lazare mourant tout le mal qu’elle a fait. Elle connaît le dépouillement après la richesse : « Moi, je vous dis ce que vous ne savez pas : que tous les biens personnels de Marie (sœur) de Lazare sont pour les serviteurs de Dieu et pour les pauvres du Christ » (EMV 276). Jésus confie à Lazare : « Sais-tu qui, parmi mes plus intimes, a su changer sa nature pour devenir du Christ, comme le Christ le veut ? Une seule : ta sœur Marie. Elle est partie d’une animalité complète et pervertie pour atteindre une spiritualité angélique. Et cela par l’unique force de l’amour » (EMV 587). Son impétuosité, la force de son amour, la position sociale qu’elle occupe comme protégée de l’administration romaine dont son père était issu, en font un personnage de premier plan dans l’Évangile comme dans l’œuvre de Maria Valtorta. Elle choisit « la meilleure part » aux pieds de Jésus quand sa sœur Marthe s’active aux devoirs de l’hôtesse[4] (EMV 377). Elle prophétise la Passion par l’onction de Béthanie[5]. (EMV 586). Les soins qu’elle procure à son frère mourant, sont l’occasion d’une dernière purification : dans son délire, Lazare lui fait revivre toutes les étapes douloureuses de son passé honteux (EMV 544). Jésus lui avait confié : « Tu es une des âmes que Satan hait le plus, mais tu es aussi une des plus aimées de Dieu » (EMV 485). Impétueuse, elle tient tête au Sanhédrin, sur le Golgotha (EMV 609.10), par sa seule autorité. La même qui maintient le courage des femmes disciples dans les heures troubles qui suivent la mort de Jésus (du EMV 610, jusqu’au EMV 615). Elle est la première à voir le tombeau vide, Tout son amour éclate enfin dans son cri affectueux qui salue Jésus ressuscité : « Rabbouni ![6] » (EMV 619). Elle est aussi une des premières personnes à aller vénérer le Golgotha après la Passion de Jésus : « Il y a déjà quelqu’un qui vous y a précédés, dit Jésus ressuscité à ses apôtres craintifs. sans craindre les moqueries et les vengeances, sans craindre de se contaminer. Et pourtant qui vous a précédés avait une double raison de craindre cela » (EMV 630). Jésus avait prophétisé la fin de vie érémitique de Marie de Magdala : « Il n’y a pas d’autre voie pour toi, Marie, que l’amour. En effet quelle que soit la voie que tu prendras, elle sera toujours amour. Amour si tu rends service en mon nom. Amour si tu évangélises. Amour si tu t’isoles. Amour si tu te martyrises. Amour si tu te fais martyriser. Tu ne sais qu’aimer, Marie. C’est ta nature » (EMV 550). Dans ce même dialogue, Marie de Magdala souhaite le martyre par l’amour. Il lui est accordé : « Quelle grâce de mourir d’amour pour Toi ! ». |
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Caractère et aspect Haut de page Marie a environ 23 ans quand elle croise, en compagnie de quelques fêtards, Jésus en Galilée. Elle est grande, blonde, avec des « tresses grosses comme le bras, descendant jusqu’aux genoux ». Sa voix de contralto, passionnée et chaude, est à l’unisson de son caractère fougueux. Sa beauté est servie par un regard très vif, des yeux et des mains splendides. Sa physionomie rappelle celle de sa mère, une sainte, selon l’avis de ceux qui l’ont connue (EMV 98). Les deux portraits reconstitués ci-dessous présentent des différences d’interprétation : le visage de Marie de Magdala reconstitué par des chercheurs brésiliens par photogrammétrie de sa relique de Saint-Maximin (à gauche), est représentée, brune aux yeux bruns. Celui réalisé par Lorenzo Ferri sous les indications de Maria Valtorta est blond aux yeux bleus. Mises à part ces différences, on ne peut qu’être frappé par les similitudes : visage rond, pommettes marquées, nez similaire, formes des yeux, de la bouche et des sourcils. À n’en pas douter, la relique de la basilique de Saint-Maximin (Provence, France), est bien la relique authentique du visage de Marie de Magdala, celle qui a vu le christ ressuscité au tombeau. Une fusion des deux reconstitutions révèlerait encore plus l’authentique visage. Nous avons fait un collage qui évoque ce que pourrait être cette fusion. |
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Reconstitutions du visage de Marie Madeleine : à gauche d’après la relique de Saint-Maximin. à droite d’après les indications de Maria Valtorta. au centre, fusion par collage. |
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La fin de vie de Marie Madeleine Les persécutions contre les chrétiens s’accentuent avec l’avènement d’Hérode-Agrippa 1er et la famille de Béthanie s’expatrie : « … avec une extrême douleur, ils se sont éloignés d’ici pour porter ailleurs la Parole divine qui ici aurait été étouffée par les juifs » (EMV 648). Ceci corrobore la tradition bien établie sur leur exil en Gaule : Lazare à Marseille, Marthe à Tarascon, Marie à la Sainte-Baume et leur intendant Maximin dans la ville qui porte son nom. D’ailleurs, dans une vision rapportée dans les Cahiers de 1944, Maria Valtorta voit la mort de Marie Madeleine dans une grotte qui semble être celle de la Sainte Baume (Provence). Jésus confirme qu’elle se situe en France[7]. Elle meurt aux alentours de l’an 80 de notre ère, probablement à l’âge de 75 ans environ[8]. On suppose que la fin de sa vie se passe dans la douleur si l’on en croit cette phrase de Jésus à Maria Valtorta : « Puis viendra le jour où je dirai comme à Marie de Magdala mourante : Repose-toi. Il est temps pour toi de reposer. Donne-moi tes épines. Il est temps de roses. Repose-toi et attends » (EMV 15.2). Ce chemin aboutit à la félicité finale : « Marie, une bonne servante pour Moi. Aujourd’hui plus qu’hier. Demain plus qu’aujourd’hui. Jusqu’à ce que je te dise : Cela suffit, Marie. C’est l’heure de ton repos. » – C’est dit, Seigneur, lui répond Marie Madeleine. Je voudrais que tu m’appelles, alors. Comme tu as appelé mon frère hors du tombeau. Oh ! appelle-moi, Toi, hors de la vie ! « – Non, pas hors de la vie, dit Jésus. Je t’appellerai à la Vie, à la vraie Vie. Je t’appellerai hors du tombeau qu’est la chair et la Terre. Je t’appellerai aux noces de ton âme avec ton Seigneur » (EMV 550.6). |
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Son nom
En hébreu Miriâm מרים. Ce nom répandu peut désigner l’amertume ou « celle qui est élevée », « Prophétesse » ou le féminin de « Seigneur ». La tradition chrétienne joue, notamment pour la Vierge Marie, du rapprochement avec « mar yam », goutte d’eau de mer, ce qui est traduit en latin par le vocable Stella Maris, l’étoile de la mer. |
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Où en parle-t-on dans l’œuvre ? Marie de Magdala fait partie des personnages fondamentaux évoqués plus de 50 fois dans l’œuvre. Tome 1 : 1.22. |
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Dictionnaire des personnages de l’Évangile, d’après Maria Valtorta. Marie de Magdagala inspire les lecteurs : |
En savoir plus sur ce personnage Marie Madeleine est fêtée le 22 juillet. Chaque année, à cette date, l’ostentation de ses reliques (sa tête) a lieu à la Basilique de Saint-Maximin en Provence. Ce personnage fascinant a donné lieu de tous temps à de nombreux écrits. La Légende Dorée de Jacques de Voragine (XIIIème siècle) fait écho à certains éléments repris dans Maria Valtorta : « Marie, surnommée Magdeleine, du château de Magdalon, naquit des parents les plus illustres, puisqu’ils descendaient de la race royale. Son père se nommait Syrus et sa mère Eucharie. Marie possédait en commun avec Lazare, son frère et Marthe, sa sœur, le château de Magdalon, situé à deux milles de Génézareth, Béthanie qui est proche de Jérusalem, et une grande partie de Jérusalem. Ils se partagèrent cependant leurs biens de cette manière : Marie eut Magdalon d’où elle fut appelée Magdeleine, Lazare retint ce qui se trouvait à Jérusalem, et Marthe posséda Béthanie[9]« . Ce même ouvrage, se référant à Hégesippe, un historien du IIème siècle, atteste « qu’elle vint au territoire d’Aix, s’en alla dans un désert où elle resta inconnue l’espace de trente ans[10]« . Dès le début du Vème siècle, Jean Cassien qui établit une communauté monastique à la Sainte Baume, à 20 km de Saint-Maximin, confirmait cette tradition. Pour Anne-Catherine Emmerich, la famille de Béthanie s’est bien exilée en Gaule[11]. Selon Jean Aulagnier[12], cette présence des saints de Béthanie explique l’évangélisation précoce de la Gaule qui ne peut se référer à aucun apôtre contrairement aux autres régions de l’empire romain. La Basilique de Saint-Maximin s’honore d’abriter les tombeaux d’autres saints liés, selon Maria Valtorta, à la famille de Béthanie: Suzanne, la jeune épouse de Cana, et une des femmes qui suivaient Jésus[13], Marcelle la servante de Marthe, Sidoine l’aveugle-né[14], et plus loin en Provence, Sara, une des femmes-disciples. Une partie des reliques de Marie Madeleine, transportées au 11ème siècle en Bourgogne, à Vézelay, a fondé la célèbre Basilique Sainte-Madeleine et ses pèlerinages. Ceux de Saint-Maximin trouvent un regain d’intérêt, au 13ème siècle, avec la découverte de tombeaux perdus de vue pendant les siècles. Celui de Marie-Madeleine est découvert en 1279 par Charles II d’Anjou, le neveu du roi Saint-Louis : l’emplacement lui a été indiqué par la Sainte elle-même ! Avec l’appui du pape Boniface VII, il fait construire sur sa tombe une basilique et un couvent. Le chantier entrepris en 1295, dura trois siècles et vit s’épanouir le plus grand édifice gothique de Provence, toujours debout. |