89 Chapitre 8 : Le prophète Habakuk

Le prophète Habakuk

8.1 – Généralités

La Bible ne nous fait connaître que son nom. Comme il parle d’une prochaine invasion des Chaldéens, on peut en conclure qu’il vivait et prophétisait à peu près à la même époque que Sophonie.

Le livre d’Habakuk se distingue d’entre tous les écrits prophétiques par la grande place que l’auteur y occupe. Nous y lisons ses tristesses, ses plaintes, ses doutes, ses espérances, ses joies ; nous le voyons chercher la cause des dispensations divines, la demander à Dieu et recevoir la réponse d’en haut. Puis il nous met dans la confidence des impressions intimes qu’ont produites sur lui les révélations qu’il a reçues : en un mot il nous fait lire dans le cœur d’un prophète.

Le plan de son livre est bien simple. Le premier chapitre contient ses plaintes sur ce qui est pour lui une énigme. Dans le chapitre deux, on trouve la réponse de Dieu ou la solution de l’énigme. Le chapitre trois est un cantique du prophète.

 

8.2 – Chapitre 1

Premièrement donc, nous avons les plaintes et même les reproches que le prophète adresse à son Dieu au sujet de la corruption du peuple et de l’oppression de la part des méchants sous laquelle gémissent les justes, le résidu pieux, les vrais Israélites, ceux avec lesquels il s’identifie et au nom desquels il parle. « Jusques à quand, Éternel, crierai-je, et tu n’entendras pas ? Je crie à toi : Violence ! et tu ne sauves pas. Pourquoi me fais-tu voir l’iniquité, et contemples-tu l’oppression ? La dévastation et la violence sont devant moi, et il y a contestation, et la discorde s’élève. C’est pourquoi la loi reste impuissante, et le juste jugement ne vient jamais au jour ; car le méchant cerne le juste ; c’est pourquoi le jugement sort perverti » (1:2 à 4).

À cette plainte, l’Éternel répond en annonçant et décrivant la venue des Chaldéens qui, depuis bien des siècles, avaient envahi les riches plaines de la Babylonie, et qui vont devenir les fondateurs de la première des quatre grandes monarchies dont parle Daniel. Dans son premier chapitre, Habakuk les dépeint tels qu’ils étaient alors. C’étaient des hordes de nomades à demi sauvages, qui dévastaient la terre sans distinguer les états qu’ils renversaient. Ils dévoraient, sans se donner la peine de les examiner, tous les poissons qui se trouvaient pris dans leurs filets (1:14, 15). Ils allaient fouler aux pieds la Judée sans soupçonner que ce fût une terre sainte, sans s’enquérir du Dieu qui y était adoré.

Un autre caractère des Chaldéens, c’est leur insolente confiance en leurs forces, leur joie brutale à la vue de leurs succès, leur mépris pour ce que les peuples civilisés révèrent (1:10), le sommeil profond de leur conscience , leur incrédulité pratique, leur impiété irréfléchie. Ils amassent des prisonniers comme le vent brûlant enlève le sable du désert (v. 9). Ils croient que leur pouvoir et leurs succès procèdent d’eux ; aussi leur force est-elle leur dieu, et ils encensent leur propre puissance (v. 7, 11, 16)

Ce sont des fils du désert, des peuples à cheval, intrépides, durs, féroces. Tandis que les Assyriens avaient une certaine dignité royale, quelque chose du lion (Nahum 2:11, 13), les Chaldéens ne sont que des essaims de loups qui se répandent le soir dans les campagnes (Hab. 1:8).

Mais que signifie cette réponse que fait l’Éternel au prophète qui demandait la délivrance des justes en Israël bien plus que le châtiment des méchants, et à qui il est dit simplement que plusieurs pays vont être dévastés par une nation barbare ? Écoutons Habakuk qui reprend la parole : « Toi, n’es-tu pas de toute ancienneté, Éternel, mon Dieu, mon Saint » (1:12) ? Tu nous protègeras dans cette extrémité ; en châtiant les pécheurs, tu te souviendras des justes, et nous, le vrai résidu d’Israël, nous ne mourrons pointTu as établi le Chaldéen pour exercer les jugements sur tes ennemis ; toi, qui es notre rocher et notre haute retraite, tu l’as préparé pour châtier les coupables. Ainsi le prophète a reçu une réponse pleinement satisfaisante à ses premières plaintes : les opprimés en Israël seront délivrés des mains de leur impies concitoyens, et épargnés quand le châtiments fondra sur les méchants.

Mais une nouvelle difficulté se présente à son esprit : les Chaldéens que Dieu appelle pour infliger ce châtiment sont autant et plus coupables que les Hébreux qu’ils veulent punir, preuve en est la description que Dieu lui-même vient de faire de leur cruauté, de leur arrogance, de leur orgueil impie : « Tu as les yeux trop purs pour voir le mal, et tu ne peux contempler l’oppression. Pourquoi contemples-tu ceux qui agissent perfidement, [et] gardes-tu le silence quand le méchant engloutit celui qui est plus juste que lui ? » (1:13). Habakuk considère en esprit ces Chaldéens parcourant la terre en la ravageant, et s’emparant des nations comme si elles n’avaient point de maîtres pour les défendre : « Tu rends aussi les hommes comme les poissons de la mer, comme la bête rampante qui n’a personne qui la gouverne. Il les fait tous monter avec l’hameçon » (1:14, 15), et le Chaldéen triomphe de ses succès et s’encense lui-même.

 

8.3 – Chapitre 2

L’Éternel se tait pour un temps devant ces nouvelles plaintes de son serviteur, qui attend sa réponse, l’esprit en train de guetter, tel qu’une sentinelle sur sa tour (2:1).

Bientôt l’Éternel donne cette réponse et révèle la chute des Chaldéens dans une vision, qu’Habakuk reçoit l’ordre d’écrire sur des tablettes si distinctement qu’on puisse la lire couramment ou même en courant. L’accomplissement de cette vision peut être encore différé un certain temps car l’Éternel y parle aussi de ce qui arrivera À LA FIN, et il ne mentira point. « Si elle tarde, attends-la, car elle viendra sûrement, elle ne sera pas différée » (2:3). Telle était l’attitude morale que devait prendre le prophète en se confiant en la promesse de son Dieu ; telle est aussi l’attitude morale que le Seigneur Jésus demande à tous ceux qui croient en Lui, savoir une attente habituelle et pleine de confiance en leur Sauveur, de celui qui a dit : « Je vais vous préparer une place. Et si je m’en vais et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi ; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi » (Jean 14:2, 3) ; de Celui qui dit encore : « Oui, je viens bientôt » (Apoc. 22:20) ; de Celui auquel le Saint Esprit (dans Hébreux 10:37, 38) applique précisément ce passage de notre prophète et celui qui le suit (2:3, 4) en disant : « Car encore très peu de temps, et celui qui vient viendra, et il ne tardera pas ». Puissiez-vous tous être amenés à Christ ou fortifiés dans la foi afin que vous aussi vous puissiez attendre avec bonheur et avec joie le Seigneur Jésus, Celui qui vient, et que par l’Esprit et avec l’Épouse (l’Église), vous puissiez dire de cœur : « Amen ! viens, Seigneur Jésus ! ».

Puis le Seigneur promet la vie au juste qui croit, ou à celui qui est juste par la foi, et c’est là la pensée principale de tout le livre d’Habakuk : « Voici, son âme enflée d’orgueil n’est pas droite en lui ; mais le juste vivra par sa foi » (2:4). Sans doute cela a rapport, tout premièrement, à la délivrance du résidu qui compterait sur Dieu à travers tout. Mais dans ces paroles, il y a plus encore ; c’est, au sein de l’ancienne alliance qui concernait toute une nation, poser un principe évangélique qui ne concerne que les individus : l’unique justice qui fait vivre est celle du croyant. Ce principe : « le juste vivra par sa foi » est le texte, choisi par Paul, de toute l’épître aux Romains (1:17), dans laquelle il établit la justification gratuite du pécheur, par la foi en Christ, sans œuvre de loi. En effet, Jésus dit : « Celui qui croit [en moi], a la vie éternelle ; mais il est passé de la mort à la vie. Les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendue vivront » (Jean 6:47 ; 5:24, 25). Que Dieu vous fasse à tous la grâce de faire l’heureuse expérience de la vérité de ces déclarations du Rédempteur.

Cependant, si Dieu permettait que son peuple fût écrasé par l’injustice et l’oppresseur, à cause de ses péchés, la conduite de l’oppresseur criait à Lui et appelait le jugement sur sa tête. Malheur à lui, car Dieu est celui qui juge la terre et la délivre de l’oppresseur et du méchant. L’image taillée ou l’idole ne profiterait de rien aux Chaldéens. Mais l’Éternel était dans le lieu saint, dans son temple ; toute la terre devait se taire devant Lui : elle serait, un jour, par la présence du Seigneur, remplie de la connaissance de sa gloire, comme le fond des mers des eaux qui les couvrent.

 

8.4 – Chapitre 3

Cette réponse rappelle au prophète toute la gloire de l’Éternel, lorsqu’il sortit jadis pour délivrer son peuple, et qu’Il renversa tous les obstacles pour établir Israël dans sa bénédiction. C’est là le sujet de la troisième partie ou du chapitre trois, qui renferme un magnifique chant de louanges.

En pensant à la puissance de l’Éternel et à tout ce qu’Il lui a fait entendre, le prophète est d’abord saisi de crainte. Il demande à Dieu d’accomplir son œuvre (de jugement) durant ces années, c’est-à-dire bientôt. Mais, ajoute-t-il, dans ta colère contre les peuples coupables, souviens-toi d’avoir compassion de tes faibles serviteurs.

Il termine sa prophétie en exprimant le beau résultat de toutes les leçons qu’il a reçues, savoir une parfaite confiance en l’Éternel. Si toute bénédiction vient à manquer, « Mais moi, je me réjouirai en l’Éternel, je m’égayerai dans le Dieu de mon salut » (3:18). Dieu lui-même est sa force et sa joie. Il le place sur les lieux élevés de la bénédiction, en lui donnant comme des pieds de biches pour y monter.

N’est-ce pas que ce sont là de belles et réjouissantes pensées. Que Dieu vous fasse la grâce de les comprendre si bien que vous puissez, avec bonheur, obéir à cet ordre de l’évangile : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; encore une fois, je vous le dirai : réjouissez-vous » (Phil. 4:4).

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PERSONNAGES DE LA BIBLE© par campionpierre. Tous droits réservés.

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