90 Chapitre 9 : Le prophète Sophonie

Le prophète Sophonie

9.1 – Généralités

Nous lisons au premier verset du livre de ce prophète que la parole de l’Éternel lui fut adressée au temps de Josias, fils d’Amon, roi de Juda. Il nous semble utile de vous conseiller de lire conjointement l’étude sur le roi Josias.

Le nom de Sophonie, en hébreu : Tsephanyah, signifie « celui que Dieu cache ou protège » ou « celui à qui l’Éternel a révélé les choses cachées ». Ce neuvième des petits prophètes était fils de Cushi dont l’arrière grand-père était Ézéchias, probablement le roi de Juda, sans cela on n’aurait pas fait remonter la généalogie si haut. Il prophétisa, vraisemblablement, avant la dix-huitième année de Josias ou avant l’achèvement des réformes opérées par ce prince, comme on peut le conclure des menaces qu’il prononce contre les idolâtres et leurs pratiques ; voyez, par exemple, au chapitres 1 versets 4 à 6 et 3 verset 4. Malgré le zèle et la piété du jeune roi Josias et d’un petit nombre d’individus qui pensaient comme lui, l’indifférence de la multitude, en Juda, était des plus déplorables. On y voyait toute espèce de religions réunies pêle-mêle, ce qui témoignait de la mort spirituelle dans laquelle le peuple était plongé. Il y avait (1:4 à 6) « des restes de Baal », c’est à dire des adorateurs des Baalim dont Manassé avait relevé les autels et des « prêtres de ces faux dieux ». D’autres « se prosternent sur les toits ou les terrasses des maisons devant l’armée des cieux » ou les étoiles ; c’était là encore un culte nouveau introduit par Manassé (2 Rois 21:3). À côté de ces sectateurs des cultes païens, se trouvent d’autres gens « qui se prosternent devant l’Éternel, qui jurent par lui et qui jurent par leur roi (ou Malcam) » (Sophonie 1:5), c’est-à-dire par Moloch, l’idole des ammonites (2 Rois 23:13). Une autre classe de personnes comprend ceux « qui se détournent de l’Éternel » par pure indifférence. Enfin viennent encore ceux « qui ne s’enquièrent point de l’Éternel et ne le recherchent point », ceux dont le cœur ne s’est point encore tourné vers Dieu et qui, au fond, ne croient à rien. Tout cela existe tout autour de vous, dans la chrétienté : vous y voyez de vrais idolâtres, par exemple, des avares qui ont fait de l’argent leur dieu ; des sensuels qui font de leur ventre leur dieu. Vous y voyez des peuples entiers qui adorent le vrai Dieu extérieurement, mais qui en même temps adorent des créatures : la vierge et les saints, et se prosternent devant la pierre et le bois. Vous y voyez surtout et partout une foule d’indifférents qui ne se soucient pas de Dieu et qui vont au-devant de l’éternité en ne croyant à rien d’autre qu’à ce qui leurs tombent sous les yeux. Pour être toujours plus généraux, ces divers états d’âme n’en sont pas moins affreux ; car tous ils témoignent de l’abandon, de l’éloignement, du mépris de Dieu, de ce Dieu qui à dit : « car ceux qui m’honorent, je les honorerai ; et ceux qui me méprisent seront en petite estime » (1 Samuel 2:30). Que le Seigneur vous garde et qu’Il vous préserve du danger de demeurer loin de Celui qui est la source de tout bonheur et l’auteur de toute grâce ; qu’Il vous amène tous à Lui par Jésus-Christ.

Le livre de Sophonie, comme ceux d’Ésaïe et d’Ézéchias, peut se diviser en trois parties :

1. Les menaces et les exhortations adressées au peuple de Dieu, chap. 1 à 2:3.

2. L’annonce des jugements de Dieu contre les peuples païens, chap. 2:3 à 3:7.

3. Les prophéties relatives à la délivrance et à la bénédiction d’Israël par le retour du Messie, chap. 3:8 à 20

 

9.2 – Menaces et exhortations au peuple de Dieu, ch. 1 à 2:3

Nous avons déjà vu énumérées (1:4 à 6) les différentes classes de pécheurs qui vont être retranchées, et qui attirent sur leur pays la ruine qui vient d’être prédite. C’est comme une liste de tous les péchés contre Dieu dont l’homme puisse se rendre coupable. Si Juda veut se plaindre d’une telle sévérité de Dieu, et mettre en avant ses anciens privilèges et ses essais tout récents de réformes, Sophonie le prévient en lui criant : « Fais silence, devant le Seigneur, l’Éternel ! Car le jour de l’Éternel est proche ; car l’Éternel a préparé un sacrifice, il a sanctifié ses conviés » (Sophonie 1:7).

En ce jour là seront frappés ou détruits : 1° les princes, les fils du roi (et non le roi lui-même) (2 Chron. 34:23 à 28), et les serviteurs des grands qui se permettent toute espèce de fraude et de violence pour être agréables à leurs maîtres (1:8 et 9). — 2° La ville entière de Jérusalem, mais surtout la partie basse de la ville, que le prophète nomme Mactès ou le Mortier, où demeuraient les marchands ou Cananéens (1:10 et 11). — 3° Les riches, pleins de sécurité et d’une impiété pratique (1:12 et 13), ces « hommes qui reposent sur leurs lies, — qui disent dans leur cœur : L’Éternel ne fera ni bien ni mal ». Au verset 12, Dieu dit : « Et il arrivera, en ce temps-là, que je fouillerai Jérusalem avec des lampes », or l’historien juif Josèphe nous raconte que, lors de la prise de Jérusalem, les princes, les grands et les sacrificateurs furent retirés par les ennemis des cavernes, des égouts et des sépulcres où ils s’étaient cachés, et où ils espéraient en vain échapper « au flambeau de L’Éternel » cherchant les coupables pour les punir.

Juda sera donc détruit, le peuple de Dieu sera consumé ! Il y aurait cependant un moyen de détourner le jugement, de conjurer le ruine : ce serait la repentance. Le prophète y exhorte son peuple, cette « nation sans honte » (2:1), ou qui ne sais pas ce que c’est qu’avoir honte de ces péchés. Puis, sentant bien que ses exhortations resteraient sans effet, il s’adresse au petit résidu fidèle, « aux débonnaires du pays », qui font ce que Dieu ordonne, en les invitant à l’humilité et à la justice, « peut-être serez-vous à couvert au jour de la colère de l’Éternel » (2:3). Dieu veuille, de même vous mettre par sa grâce au nombre de ceux qui, de nos jours, constituent le résidu fidèle, le « petit troupeau » de ceux qui, par la foi, ont saisi la vie éternelle en Jésus-Christ, qui nous délivre de la colère qui vient (1 Thess. 1:10).

 

9.3 – Annonce des jugements de Dieu contre les peuples païens, chap. 2:3 à 3:7

Viennent ensuite les jugements prononcés contre les gentils, jugements qui auraient dû apprendre aux Hébreux comment Dieu punit l’idolâtrie, et qu’en se rendant eux-mêmes idolâtres, ils ne pouvait qu’encourir les mêmes châtiments. Le prophète énonce d’abord ces jugements aux deux peuples voisin de Juda : les Philistins, à l’occident (2:4 à 7) ; les Moabites et les Ammonites, à l’orient (2:8 à 10). Puis son regard s’étend au loin sur la terre, jusqu’aux îles des nations ou l’Europe. Il voit les Cushites, au sud, succomber sous l’épée divine. À l’est, l’Éternel étend sa main et Ninive devient un désert, un repaire de bêtes sauvages, elle qui, dans son orgueilleuse confiance, disait en son cœur : « Moi, et à part moi, nulle autre ! » (2:11 à 15).

Puis Sophonie s’adresse de nouveau à Jérusalem, dont il rappelle brièvement les iniquités : sa rébellion contre Dieu, les violences et les injustices de ses chefs, les mensonges et les sacrilèges de ses prophètes et de ses sacrificateurs (3:1 à 4). Et cependant « L’Éternel juste est au milieu d’elle ; … chaque matin il met en lumière son juste jugement », soit par sa parole, soit par la prophétie, soit aussi par des faits, par ses châtiments sur les nations. « J’ai dit : Crains-moi seulement, reçois l’instruction », mais tout a été inutile, ils se sont hâtés de se corrompre toujours plus (3:5 à 7).

 

9.4 – Prophéties sur la délivrance et la bénédiction d’Israël par le retour du Messie, ch. 3:8 à 20

Jérusalem sera donc détruite, Juda aura le sort des Gentils dont il imite les égarements. S’il en est ainsi, quelle espérance peut-il rester encore au prophète et aux vrais serviteurs de Dieu ? Cesseront-ils de croire aux promesses d’un temps de délivrance, de paix et de sainteté pour le peuple de Dieu, ici bas ? Que doivent-ils attendre ?

« Attendez-moi, dit l’Éternel » (3:8)

Mais quand viendra l’Éternel, ou le Fils de Dieu ?

« C’est pourquoi, attendez-moi, dit l’Éternel, pour le jour où je me lèverai pour le butin. Car ma détermination c’est de rassembler les nations, de réunir les royaumes pour verser sur eux mon indignation, toute l’ardeur de ma colère » (Sophonie 3:8).

Mais au milieu de cette ruine universelle et de ces jugements contre toute la terre, le prophète voit apparaître un peuple nouveau dont il prend plaisir à nous décrire le caractère.

D’abord, ce n’est plus un peuple unique qui adorera l’Éternel, ce seront plusieurs peuples dont Dieu dit : « Car alors, je changerai la [langue] des peuples en une langue purifiée, pour qu’ils invoquent tous le nom de l’Éternel pour le servir d’un seul cœur » (Sophonie 3:9).

Tout les dispersés d’Israël seront rassemblés dans leur terre des pays les plus lointains (2:7 ; 3:10, 18 à 20). Jérusalem ne pensera plus à sa honte ; ses transgressions seront absolument effacées. Les orgueilleux seront ôtés du milieu d’elle ; un peuple humble et chétif sera là, dont la retraite sera le nom de l’Éternel. Ce résidu ne fera point d’iniquité, ne profèrera pas de mensonges, il se reposera en sécurité, sans que personne l’épouvante (3:11 à 13).

Les versets 14 à 17 renferment un cantique de louange, que l’Esprit enseigne à Sion qu’il invite à chanter avec action de grâce à l’Éternel, qui a aboli sa condamnation, qui est au milieu d’elle, qui se réjouit à cause d’elle d’une grande joie et qui se repose avec délices dans son amour pour elle. Tous ceux qui avaient été désolés à cause de l’opprobre dans lequel Sion était tombé et qui soupiraient après les assemblées solennelles, seront rassemblés, ses ennemis seront détruits, et ses enfants seront en admiration partout où ils avaient été en opprobre. Israël sera un sujet de louange parmi tous les peuples de la terre.

Que ce coup d’œil du prophète est grand et sublime ! Qui pourrait méconnaître la divine inspiration chez cet homme de Dieu, qui annonce à ses frères leur ruine prochaine malgré toutes les apparences d’une régénération nationale, et qui leur prédit leur gloire future malgré l’effrayante tempête qui va les enlever ; chez cet homme qui sait que le temple de son Dieu va être détruit, et qui néanmoins annonce qu’il n’est point d’empire si puissant qui ne s’écroule sous sa main, point de nation si éloignée qui ne se prosterne un jour devant Lui.

 

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PERSONNAGES DE LA BIBLE© par campionpierre. Tous droits réservés.

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