181 Chapitre 13 : SAINT LAURENT
10AOUT
SAINT LAURENT, DIACRE, MARTYR, MORT A ROME EN 258
PATRON DE LAURENT, BASSIN MAGNANT (GONAIVES), LES BASSES (CAYEMITES), BONCAN-MORAN (COTES-DE-FER), LACOMA (PORT-DE-PAIX)
Laurent de Rome
Laurent de Rome Saint chrétien |
|
Saint Laurent, par Francisco de Zurbarán (1639), musée de Cadix, Espagne. |
|
archidiacre, martyr | |
---|---|
Naissance | v. 225 Huesca, Tarraconaise, Empire romain |
Décès | 10 août 258 (v. 33 ans) Rome, Empire romain |
Vénéré à | basilique Saint-Laurent-hors-les-Murs, église San Lorenzo in Panisperna, basilique San Lorenzo in Lucina1. |
Fête | 10 août |
Attributs | gril, palme du martyre, dalmatique |
Saint patron | Rome, Rotterdam, Huesca ; diacres, pompiers, cuisiniers, rôtisseurs, charbonniers, torréfacteurs, bibliothécaires, archivistes, verriers |
Laurent de Rome est né entre 220 et 225 à Osca (aujourd’hui Huesca, Aragon, Espagne). Il est mort martyr sur un gril, en 258 à Rome, comme diacre du pape Sixte II. Il est célébré comme saint et martyr le 10 août (le 6 août en Suisse) par l’Église catholique.
Biographie
Sa vie
Son père s’appelle Orence (ou Orens dans le sud-ouest de la France), et sa mère Patience. Afin de compléter ses études humanistes et liturgiques, il est envoyé, tout jeune encore, dans la ville de Cæsaraugusta (aujourd’hui Saragosse), où il fait la connaissance du futur pape Sixte II.
Sixte II l’établit le premier des sept diacres attachés au service de l’Église romaine. Il a, en cette qualité, la garde du trésor de l’Église et est chargé d’en distribuer une partie des revenus aux pauvres.
L’empereur Valérien ayant repris les persécutions contre les chrétiens, Sixte II et ses sept diacres se cachent mais sont découverts. Le pape est immédiatement condamné à mort.
Laurent, dont le plus ardent désir est d’être associé au martyre de saint Sixte, le suit en versant des larmes et lui dit :
« Où allez-vous, mon père, sans votre fils ? Saint pontife, où allez-vous sans votre diacre ? ».
Le pape lui répond : « Je ne t’abandonne pas, mon fils ; une épreuve plus pénible et une victoire plus glorieuse te sont réservées ; tu me suivras dans trois jours ».
Après l’avoir ainsi consolé, le pape lui ordonne de distribuer aux pauvres toutes les richesses dont il est dépositaire, dans la crainte qu’elles ne tentent la cupidité des persécuteurs. Laurent distribue donc aux indigents tout l’argent qu’il a entre les mains, puis vend les vases et les ornements sacrés, et en emploie le produit de la même manière.
Avant de mourir, il aurait expédié la coupe utilisée par Jésus-Christ lors de la Cène (le Saint Calice), qui faisait partie de ce trésor, à ses parents vivant à Osca (aujourd’hui Huesca). Ce calice se trouve dans la cathédrale de Valence (Espagne). C’est la raison pour laquelle le saint, qui dispensait généreusement des aumônes, est le patron des pauvres.
-
La Consécration de saint Laurent comme diacre, Fra Angelico, série La Vie de saint Laurent, fresques de la chapelle Nicoline du Vatican (I).
-
Saint Laurent reçoit les trésors de l’Église, Fra Angelico (II).
-
Saint Laurent distribue l’aumône, Fra Angelico (III).
-
Condamnation de saint Laurent par l’empereur Valérien, Fra Angelico (IV).
-
Le Martyre de saint Laurent, Fra Angelico (V).
-
Le Martyre de saint Laurent, Auguste Marquiand, musée archéologique Saint-Laurent, Grenoble.
-
L’Enfant Jésus et Notre-Dame célébrant des saints dont Laurent (avec le gril), Fra Angelico, musée national San Marco, Florence.
Son martyre
Le préfet de Rome (qui selon les versions serait Dacien, ou pour Jacques de Voragine Dèce qui a commandé le martyre), informé que l’Église possède des trésors, fait venir Laurent et lui enjoint de les livrer pour les besoins publics (car l’empereur en a besoin pour ses troupes). Le saint diacre demande un peu de temps :
« J’avoue que notre Église est riche et que l’empereur n’a point de trésors aussi précieux qu’elle ; je vous en ferai voir une bonne partie, donnez-moi seulement un peu de temps pour tout disposer. »
Finalement, il se présente devant le préfet de Rome les poches vides en lui montrant une foule de malades, d’estropiés et de sans-le-sou qui l’accompagnent, en disant : « Voici les trésors de l’Église, sans compter les vierges et les veuves consacrées à Dieu. »
À cette vue, le préfet entre en fureur, et, croyant intimider le saint diacre, lui dit que les tortures qu’il aura à souffrir seront prolongées et que sa mort ne sera qu’une lente et terrible agonie. Ayant ordonné qu’on dépouille Laurent de ses habits, il le fait fouetter sévèrement, puis le fait mettre en prison. Là, Laurent guérit un aveugle et convertit le chef de la garde, nommé Hippolyte.
Enfin, il connaît son supplice trois jours après la mise à mort du pape Sixte II. Il est étendu et fixé sur un gril, de manière que les charbons placés au-dessous et à demi allumés ne consument sa chair que peu à peu.
Les calendriers anciens retiennent la date de son martyre, qui correspond à sa fête liturgique : le 10 août 258.
À la fin du ive siècle, saint Ambroise de Milan et Prudence (dans le Peristephanon) consacrent des hymnes à ce martyr très célèbre. La tradition rapporte qu’il subit son martyre sans plainte, priant Dieu jusqu’à son dernier soupir. Lors de son agonie, la tradition constante lui prête ces paroles, lancées au bourreau :
« Voici, misérable, que tu as rôti un côté ; retourne l’autre et mange », ou : « Voici, ce côté est maintenant bien rôti ; retourne-moi, pour que l’autre cuise aussi » 2.
C’est vraisemblablement pour ces paroles qu’il est considéré comme un personnage plein d’esprit. La tradition populaire fit de lui, plus tard, le saint patron des cuisiniers et des rôtisseurs3.
Reliques
Après son martyre, le corps de saint Laurent est recueilli par deux prêtres, Hyppolite et Justin, qui l’enterrent dans un champ en dehors de la ville appartenant à une veuve nommée Cyriaque à qui l’archidiacre avait rendu la santé. L’empereur Constantin fait élever une église au-dessus de son tombeau, sur la voie Tiburtine, Saint-Laurent-hors-les-Murs, qui abrite la majeure partie du corps du martyr.
Preuve que ses reliques étaient très précieuses, l’un de ses bras fut placé dans la chapelle Sancta Sanctorum avec de nombreuses autres de première importance. La chapelle s’appelait alors oratoire Saint-Laurent et servait au pape notamment à carême. Au ve siècle, l’impératrice Pulchérie décide d’une église en son honneur à Constantinople que l’empereur Justinien agrémente. Le pape Pélage II, vers la fin du vie siècle, ajoute des reliques de saint Étienne le Protomartyr à celle majeure de l’église Saint-Laurent-hors-les-Murs pour unir les deux diacres dans la vénération de l’Église.
À la fin du viiie siècle, le pape Adrien Ier donne à Charlemagne d’autres reliques offertes à l’église de Strasbourg à l’origine de la construction d’une chapelle dédiée à son nom. Au xiiie siècle, une relique est rapportée de Hongrie par un chanoine à l’abbaye Saint-Martin de Laon et déposée plus tard dans l’église4. Au xvie siècle, le site royal de Saint-Laurent-de-l’Escurial est érigé par le roi Philippe II à la suite de sa victoire à la bataille de Saint-Quentin le jour de la Saint-Laurent et pour expiation d’avoir tué des civils dans une église dédiée au diacre martyr.
Sa tête (son chef), considérée comme l’une des reliques les plus importantes de l’Église, est conservée dans le Trésor des reliques du Vatican depuis le pontificat de Sixte V. Elle est parfois exposée à la vénération des fidèles le jour de la fête de saint Laurent dans l’église Sainte-Anne-des-Palefreniers5. Selon la tradition, le légendaire gril serait conservé à la basilique San Lorenzo in Lucina. Et l’église San Lorenzo in Panisperna — Panisperna signifie en latin « pain (pani) et jambon (perna) » — rappelle les dons distribués aux pauvres par saint Laurent. À l’église Santa Maria Assunta à Amaseno, un reliquaire contenant des résidus ensanglantés connaît une liquéfaction tous les 10 août6.