84 Chapitre 15 : SAINT YVES

Issu d’une famille aisée, il est prêtre, juge ecclésiastique, et avocat.

Décédé en 1303, il sera canonisé le 19 mai 1347 par le pape Clément VI. Depuis, l’Église le fête chaque année, le 19 mai. Son corps repose maintenant dans la cathédrale Saint-Tugdual de Tréguier.

Patron de la Bretagne, des avocats, et de toutes les professions de justice et de droit, Saint Yves fait l’objet chaque année aux alentours du 19 mai d’une grande fête, à l’occasion de l’évènement du Grand Pardon de Saint Yves Tréguier, qui réunit souvent des milliers de fidèles avec la messe, et une grande procession, avec oriflammes et bannières. Ajoutons aussi que le séminaire diocésain de Rennes qui forme les futurs prêtres est aussi appelé Séminaire Saint-Yves.

Partons donc à la rencontre de Saint Yves : découvrons notamment sa vie, son rayonnement et ce qu’il peut encore nous dire aujourd’hui.

Que peut-on retenir de Saint Yves ?

Saint Yves, le défenseur de la justice et de l’équité

Saint Yves est le patron de toutes les professions de justice et de droit, notamment de la profession d’avocat. Chaque année, une délégation d’avocats est présente aux environs du 19 mai, à l’occasion de la fête de la Saint-Yves.

Si Saint Yves est le patron de la justice et de l’équité, c’est d’abord parce qu’il a été avocat et juge ecclésiastique. Mais c’est évidemment grâce à sa forte sensibilité pour défendre toutes injustices, que ce soit dans ses fonctions de juge, en représentant souvent des pauvres devant les juridictions, et en dénonçant, et voulant rétablir lui-même les injustices.

Patron des avocats, Yves se distinguait par son approche. Ses contemporains le décrivent comme un homme ayant à cœur de rendre la justice d’une manière sainte et juste, et ce, « sans faire de choix ni de différences entre les personnes » et faisant « tous ses efforts pour ramener [les parties] à la paix et à la concorde ».

Yves, était vu comme un exemple à suivre, pour plusieurs juristes, qui avaient à cœur que leur activité reste ancrée au service de la Justice, activité dont la vocation est d’empêcher la société d’être sous la soumission du « règne de la puissance brute, au pur arbitraire ou à la simple utilité » (P. RAYMANDE/S. RIALES, PUF PARIS 1996, Dictionnaire de philosophie politique).

Saint Yves, une vie incarnée avec et pour les pauvres

Sans le comparer à Saint François d’Assise, Saint Yves a cherché à vivre la pauvreté à sa manière, après avoir été inspiré par des franciscains. Il a partagé ses biens, comme son argent (en n’hésitant pas à vendre son cheval) ou ses vêtements avec les personnes les plus pauvres. De plus, il invitait régulièrement les pauvres à manger chez lui. Il a aussi hébergé deux orphelins, se privant même pour les nourrir.

Yves a vécu aussi la pauvreté, en essayant de vivre une vie d’ascèse. C’est ainsi que dans ses dernières années, il mangeait très peu, se nourrissant principalement de pain et légumes, et ne buvant que de l’eau. Des témoins racontent qu’il jeûnait au pain et à l’eau trois jours par semaine. Enfin, il préférait parfois le sol à un lit pour dormir.

Il s’est aussi servi de ses compétences comme avocat en acceptant de représenter des pauvres devant des juridictions sans demander d’honoraires. De plus, il plaidait aussi à l’intention des auxiliaires de justice pour réduire les frais.

Pour illustrer son dévouement pour les pauvres, Saint Yves est souvent représenté avec une bourse dans une main, pour rappeler l’argent qu’il a donné aux pauvres au cours de sa vie.

Qu’est-ce que Saint Yves peut nous apporter aujourd’hui ?

Patron de la justice et de l’équité, Saint Yves peut nous rappeler l’importance de la justice, par le biais de notre charge prophétique en vertu du baptême. Être prophète peut consister à dénoncer les injustices dans le monde et la société et à être proche de ceux qui vivent des injustices.

Défendre la justice à la manière de Saint Yves, cela peut être aussi de consoler les affligés, ceux qui ont faim et soif de justice, etc.

Pour approfondir Saint Yves

Ouvrages sur Saint Yves

Découvrez ci-dessous cet ouvrage qui peut vous permettre d’approfondir Saint Yves.

Jean-Christophe Cassard, Saint Yves de Tréguier : un saint du XIIIe siècle.

Prier avec Saint Yves

Prière à Saint Yves Hélory attribuée à Dom Béranger :

Puissant serviteur de Dieu, vous à qui la voix du peuple chrétien a décerné le beau nom d’Avocat des pauvres, écoutez l’humble prière des fidèles qui viennent aujourd’hui remettre entre vos mains la cause de leur salut. Vous avez été cher au Christ, « notre Avocat auprès du Père » (I Johan. II, I.), parce que vous avez été comme lui le protecteur du faible contre l’oppresseur (Psalm. LXXI, 12-14.) ; Vous avez attiré sur vous les regards miséricordieux de Marie, que la sainte Eglise appelle « notre Avocate » ; plaidez maintenant en notre faveur en présence du fils et de la mère. Votre charité si vive et si agissante ici-bas est plus ardente encore dans les cieux ; nous la réclamons en ce jour où vous avez quitté la terre de l’exil pour la patrie. Tant de prodiges opérés à votre glorieux tombeau montrent assez que vous êtes demeuré attentif et compatissant aux besoins des habitants de la terre. Nous vous demandons d’élever nos cœurs jusqu’à Jésus ressuscité que vos yeux contemplent maintenant, et vers lequel vous avez constamment aspiré ici-bas. Obtenez que nous soyons affranchis comme vous des convoitises terrestres, et que nous aimions la justice comme vous l’avez aimée. Inspirez aux magistrats qui recourent à vous le sentiment que vous éprouviez vous-même sur votre tribunal, en pensant à la suprême judicature du Christ qui doit, au dernier jour, réviser toutes les sentences de la terre. Suscitez des défenseurs qui plaident la cause de l’opprimé, non pour un vain renom d’éloquence ou pour un intérêt mondain, mais pour rendre hommage au bon droit. Aimez toujours, Ô grand Yves, la noble terre qui vous a produit pour l’Eglise et pour le ciel. Jusqu’ici votre protection l’a maintenue catholique et fidèle ; en retour du culte fervent et patriotique dont elle vous honore, demandez au Seigneur qu’il lui conserve la foi, qu’il la préserve de la séduction, qu’il la maintienne ferme et loyale dans un temps où les caractères défaillent parce qu’ils sont moins chrétiens. La Bretagne est demeurée votre héritage ; ne la laissez pas déchoir. Ainsi soit-il.